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« Ce qui semble avoir changé dans la consommation d’alcool des adolescents d’aujourd’hui, c’est qu’ils sont plus nombreux depuis 10 ans à utiliser l’alcool comme une drogue, c’est-à-dire à s’en servir exclusivement pour son effet psychotrope ». Ce constat, Marie Choquet, psychologue, épidémiologiste, présidente du comité scientifique de l’IREB (Institut de recherches scientifiques sur les boissons), spécialiste de la santé des ados, le nuance : « Ce phénomène semble s’estomper avec l’âge mais peut avoir des répercussions immédiates, voire à long terme, sur le cerveau. Enfin, la prévention est possible et efficace si elle se fonde sur les compétences de vie, si elle se développe précocement en milieu scolaire et si elle associe parents et éducateurs ».
Comment les jeunes usent-ils de l’alcool ? Tous ne font pas d’excès mais certains modes d’alcoolisation progressent depuis 10 ans, telles cette alcoolisation ponctuelle importante (API), version française du fameux binge drinking, et les ivresses répétées, en augmentation à 17 ans. Les autres modes de consommation n’ont pas ou peu évolué : baisse de la consommation régulière et de l’expérimentation de l’ivresse, âge de la première cuite. L’usage toxicomaniaque de l’alcool progresse, mais faute de données anciennes peut-on dire qu’il est réellement nouveau. Des scientifiques ont montré que, chez l’animal comme chez l’homme, les alcoolisations ponctuelles importantes ont des effets négatifs sur le SNC, notamment mémoire et apprentissages, ce qu’on n’observe pas avec des consommations régulières… alors que la quantité d’alcool
© RUNZELKORN
Alcool, nouvelle toxicomanie des jeunes ?
bue est la même. La réversibilité de ces effets reste encore mal connue ; dans certaines études, l’arrêt des alcoolisations importantes permet une récupération des fonctions cérébrales altérées. Il existe aussi une plus grande sensibilité des femmes à ces effets, comme à toute addiction, et une grande variété interindividuelle de sensibilisation aux alcoolisations importantes. Ces conduites à risque sont favorisées par des événements traumatisants de l’enfance et de l’adolescence. Les interventions précoces en famille chez le jeune enfant ont montré leur efficacité. Elles sont fondées sur l’attachement, agissent sur des bases
éducatives et sur le modèle parental, en incitant par exemple à participer à la vie de l’enfant. Les interventions à l’école sont efficaces si elles sont fondées sur les compétences : apprendre à dire non, à gérer ses émotions, en associant parents et éducateurs. En conclusion, il y a nécessité de poursuivre les recherches et d’améliorer les connaissances, tant sur les effets à court et moyen terme des alcoolisations ponctuelles sur le cerveau que sur l’évaluation des stratégies de prévention.| Y.-M. D. Source 3e Journée scientifique 2012 de l’IREB. www.ireb.com
vaccinologiel
Le recul du suivi des patients vaccinés contre les HPV oncogènes permet d’évoquer une protection antivirale durable. À l’appui 2 études de Gardasil® (Sanofi Pasteur MSD) développé contre les HPV 6, 11, 16 et 18 responsables de cancers génitaux externes, du col de l’utérus et de verrues génitales. Des données ont été présentées à la 28e Conférence internationale sur le Papillomavirus. Constat : les jeunes femmes et les adolescent(e)s vacciné(e)s [certains pays vaccinent aussi les garçons] sont protégé(e)s pendant au moins 8 ans, l’immunité
restant élevée pendant au moins 9 ans. Ces études ont été menées en Suède, au Danemark, en Norvège et en Islande, l’une chez des jeunes femmes de 16 à 23 ans, l’autre des adolescent(e)s de 9 à 15 ans, tous devant être suivis pendant au moins 14 ans. Pour Benoît Soubeyrand, directeur médical Sanofi Pasteur MSD Europe, « d’après ces données, Gardasil® peut protéger efficacement contre les maladies à HPV pendant l’intégralité de la période au cours de laquelle ils sont le plus à risque, c’est-à-dire entre l’adolescence et le début de l’âge adulte.
Cela représente une protection de presque 10 ans, qui pourrait contribuer à sauver de nombreuses vies ». L’étude chez les jeunes femmes a évalué l’efficacité du vaccin en vie réelle en prévention des lésions précancéreuses du col de l’utérus, de la vulve et du vagin. Elle montre une protection continue sans maladie. Le suivi se poursuivra 10 ans au moins, soit un total de 14 années après la vaccination. L’étude chez 1 781 adolescent(e)s de 10 à 15 ans sexuellement inactifs a suivi sécurité, immunogénicité et efficacité en vie réelle du vaccin à mesure que cette population devenait sexuellement active. Une forte
OptionBio | mardi 12 février 2013 | n° 484
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Vaccin anti-HPV, preuve de protection durable
réponse immunitaire aux HPV 6, 11, 16 et 18 persiste pendant 8 ans, aucun cas de maladie n’a été rapporté. Les participants seront suivis pendant au moins 10 ans après vaccination.| Y.-M. D. Source Sanofi Pasteur MSD. www.spmsd.com
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