Vaccin contre la dengue : le butest proche

Vaccin contre la dengue : le butest proche

Vaccin contre la dengue : le but est proche La dengue est une infection endémique en régions tropicales et subtropicales, touchant chaque année quelqu...

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Vaccin contre la dengue : le but est proche La dengue est une infection endémique en régions tropicales et subtropicales, touchant chaque année quelque 400 millions de sujets, dont environ un quart vont développer des manifestations cliniques parfois sévères. La maîtrise de cette virose constitue un problème majeur de santé publique, qui pourrait être idéalement résolu par la disponibilité d’un vaccin efficace contre les 4 sérotypes infectant l’Homme. Outre cette variabilité antigénique, le développement d’un tel vaccin se heurte à la physiopathologie particulière, encore mal comprise, de l’infection, qui se caractérise par la sévérité des surinfections des sujets déjà immunisés par un virus de sérotype différent. Le candidat vaccin CYD-TDV développé par Sanofi Pasteur serait une réponse à ces difficultés. Après deux essais préliminaires menés en Asie, il vient d’être évalué dans un vaste essai de phase 3, mené dans cinq pays d’Amérique latine où le virus est endémique. L’essai a inclus 20 869 enfants de 9 à 16 ans, randomisés en double aveugle pour recevoir 3 injections (à 0, 6 et 12 mois) du vaccin tétravalent ou d’un placebo (avec un ratio 2 :1 respectivement). Il faut noter une séroprévalence pour au moins un des

4 sérotypes élevée au départ (79.4 %) chez ces enfants, donnée habituelle dans les pays concernés. Le suivi des enfants était de 25 mois, le critère de jugement principal étant l’efficacité du vaccin vis-à-vis des formes symptomatiques de dengue virologiquement confirmées.

CYD-TDV apparaît efficace et bien toléré dans une population exposée aux virus dans des pays de haute endémie.

Mais la protection conférée s’observe encore plus nettement sur les formes graves de dengue, puisque seul un cas sur les 12 relevés a été observé dans le groupe des enfants vaccinés (efficacité : 95,5 %). La conséquence en est bien sûr un nombre moindre d’hospitalisations requises pour les enfants vaccinés. Le profil de tolérance du vaccin est satisfaisant (taux d’effets indésirables similaire à celui observé avec le placebo), même si un suivi à plus long terme s’impose pour vérifier que cette bonne tolérance persiste au long cours et/ou au décours d’autres expositions naturelles au virus. Le vaccin CYD-TDV apparaît donc comme efficace et bien toléré dans une population déjà exposée au virus, dans des pays de haute endémie. Seuls d’autres essais permettront de connaître son efficacité dans d’autres groupes à risque mais non immunisés, tels les militaires ou les voyageurs.

L’efficacité vaccinale a été estimée à 60,8 % (IC9 5 % : 58,7-69,8) en per-protocole, avec 176 cas de dengue diagnostiqués chez les enfants ayant bénéficié du vaccin contre 221 cas chez les enfants du groupe placebo. Cette efficacité varie selon le sérotype : 50,3 % pour le sérotype 1, Luis Villar L, Dayan GH, Arredondo-García JL 42,3 % pour le sérotype 2, 74 % pour le et al. N Engl J Med 2014; nov. DOI: 10.1056/ sérotype 3, et 77,7 % pour le sérotype 4. NEJMoa1411037.

Éradication du pian : un objectif à notre portée ? En 2013 l’OMS a classé le pian dans sa liste de maladies susceptibles d’être éradiquées. Cette affection, qui fait partie des maladies tropicales dites négligées, est provoquée par le Treponema pallidum pertenue, une bactérie à Gram négative proche de l’agent de la syphilis (Treponema pallidum pallidum). En l’absence de traitement, elle évolue à l’instar de la syphilis, en différentes phases pouvant aboutir à des formes chroniques très agressives pour les extrémités et l’oropharynx. Le pian est endémique dans certains pays d’Afrique centrale, d’Asie du Sud-est et de la région du Pacifique, et c’est dans 28 villages de Papouasie-Nouvelle Guinée qu’a été conduit un vaste essai de traitement communautaire systématique, qui pourrait constituer l’intervention centrale d’une future stratégie d’éradication. Entre 2013 et 2014, l’essai a pu inclure

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13 302 des 16 092 habitants (82,7 %) de villages, qui ont reçu une dose unique d’azithromycine (30 mg/kg/j), un antibiotique très efficace contre l’agent responsable du pian. Les femmes enceintes et les sujets allergiques aux macrolides recevaient par voie intramusculaire de la pénicilline G. Les objectifs principaux étaient la réduction des atteintes actives, confirmées par la sérologie, et la régression de la prévalence des formes latentes, également confirmées, ce dernier point étant évalué sur un sous-groupe d’enfants de 1 à 15 ans. Une évaluation clinique et sérologique était réalisée avant l’intervention, puis 6 et 12 mois à l’issue de celle-ci. La prévalence des formes actives du pian est passée de 2,4 % à l’initiation de l’essai à 0,3 % un an après le traitement-minute des participants (p < 0,001). La fréquence des formes latentes chez les enfants a de même diminué significativement, passant

// REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JUILLET/AOÛT 2015 - N°474

de 18,3 % à 6,5 % (p < 0,001). Il faut en particulier noter la quasi-disparition de ces formes latentes chez les enfants les plus jeunes, ceux de moins de 5 ans. Des effets indésirables, essentiellement digestifs, ont été observés chez 17 % des participants, mais ils restaient d’intensité modérée. Aucune émergence de formes résistantes n’a été constatée. Ce travail confirme donc l’efficacité rapide d’un traitement-minute systématique d’une population exposée, tant sur les formes actives que latentes de la maladie. L’extension de ce type d’intervention à l’ensemble des pays concernés sera au centre de la stratégie d’éradication du pian, développée par l’OMS.

Mitjà O, Houinei W, Moses P, et al. N Engl J Med 2015;372:703-10. DOI: 10.1056/ NEJMoa1408586.