Validation du questionnaire d’Oxford en langue française sur le genou

Validation du questionnaire d’Oxford en langue française sur le genou

Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique (2011) 97, 260—265 MÉMOIRE ORIGINAL Validation du questionnaire d’Oxford en langue franc ¸aise su...

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Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique (2011) 97, 260—265

MÉMOIRE ORIGINAL

Validation du questionnaire d’Oxford en langue franc ¸aise sur le genou夽 Validation of a French version of the Oxford knee questionnaire J.-Y. Jenny ∗, Y. Diesinger Centre de chirurgie orthopédique et de la main, hôpitaux universitaires de Strasbourg, 10, avenue Baumann, 67400 Illkirch, France Acceptation définitive le : 13 juillet 2010

MOTS CLÉS Genou ; Cotation ; Questionnaire de qualité de vie

Résumé Introduction. — Les questionnaires de qualité de vie auto-administrés sont devenus un instrument d’évaluation indispensable en chirurgie orthopédique car ils représentent fidèlement le ressenti du patient. Le questionnaire d’Oxford adapté au genou est très utilisé dans la chirurgie de la gonarthrose. La validation d’une version en franc ¸ais était l’objet de ce travail, en comparant les résultats à la cotation clinique et fonctionnelle de l’International Knee Society (IKS). Hypothèse. — Il existe une corrélation négative entre les cotations selon le questionnaire d’Oxford et selon le score de l’IKS. Patients et méthodes. — Cent patients en attente d’une prothèse de genou ont été sélectionnés pour cette étude. Les réponses au questionnaire d’Oxford ont été analysées et comparées à la cotation clinique et fonctionnelle de l’IKS. Résultats. — Aucune difficulté de compréhension des questions n’a été rencontrée. Le score moyen du questionnaire d’Oxford était de 43,7 (extrêmes de 21 et 56, DS 6,9). La distribution pouvait être considérée comme normale. Il n’existait pas d’effet plancher (0 %) ; il existait un effet plafond de faible importance (7 %). La cohérence interne du questionnaire d’Oxford était excellente. Il existait une corrélation négative entre le score du questionnaire d’Oxford et le score genou, le score fonctionnel et le score global de l’IKS.

DOI de l’article original : 10.1016/j.otsr.2010.07.009. Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc ¸aise de cet article, mais celle de l’article original paru dans Orthopaedics & Traumatology: Surgery & Research, en utilisant le DOI ci-dessus. ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J.-Y. Jenny). 夽

1877-0517/$ – see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.rcot.2010.11.009

Validation du questionnaire d’Oxford en langue franc ¸aise sur le genou

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Discussion. — Les résultats de notre étude sont très similaires, à la fois aux résultats princeps de la version anglaise du questionnaire d’Oxford pour le genou et aux résultats des procédures de traduction de ce questionnaire dans d’autres langues. Le questionnaire d’Oxford pour le genou dans notre traduction franc ¸aise est une manière fiable d’évaluer la fonction globale du genou d’un patient en attente d’une prothèse, comme l’est sa version originale en anglais. Son caractère auto-administré, sa simplicité d’emploi, la possibilité d’obtenir les réponses par voie postale sont des éléments intéressants dans une surveillance à grande échelle. Niveau de preuve. — Étude cas-témoin, niveau III. © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Introduction L’évaluation de l’état clinique et fonctionnel des patients est fondamentale dans le contrôle de la qualité des soins prodigués. Dans la chirurgie de la gonarthrose, de nombreux scores ont été proposés [1,2,3] ; le plus utilisé et le plus consensuel à ce jour est sans doute le score de l’International Knee Society (IKS) [4], avec ses deux composantes clinique et fonctionnelle. Il est toutefois avéré que de telles évaluations, réalisées par le personnel de soins et souvent par le chirurgien concerné, ont tendance à différer de fac ¸on sensible de l’appréciation réalisée par le patient lui-même, notamment après une intervention chirurgicale [5]. Les questionnaires de qualité de vie, dits « auto-administrés », c’est-à-dire remplis par le patient sans intervention du personnel de soins, sont décrits comme plus objectifs [6], car ils représentent plus fidèlement le ressenti du patient. Les questionnaires de qualité de vie dit « génériques », comme le WOMAC [7] ou le SF36 [8], s’appliquent à toutes les situations, mais ils sont d’emploi lourd en pratique clinique quotidienne [9], même dans leur version simplifiée [10]. De ce fait, ont été développés des scores spécifiques à une situation clinique. Le questionnaire d’Oxford adapté au genou [11] est un exemple très utilisé dans la chirurgie de la gonarthrose. Ce questionnaire a été rédigé initialement puis validé en anglais. Il a été secondairement traduit et validé dans différentes langues [12—15]. À notre connaissance, la validation d’une version franc ¸aise n’a jamais été réalisée. Cette validation était le but de ce travail, comparant la traduction franc ¸aise du questionnaire à la cotation du score de l’IKS établie par l’équipe chirurgicale avant implantation d’une prothèse de genou. L’hypothèse étudiée était la suivante : il n’existait pas de corrélation entre les cotations selon le questionnaire d’Oxford et selon le score de l’IKS.

Patients et méthodes Le questionnaire d’Oxford pour le genou [11] Ce questionnaire a été mis au point par des chirurgiens orthopédistes sur la base d’un questionnaire similaire concernant la hanche [16]. Il s’agit d’un questionnaire dit « auto-administré » : le patient doit répondre aux questions sans intervention du personnel soignant. Il comporte 12 questions sur la vie quotidienne : 1◦ douleurs habituelles, 2◦ gêne à la toilette et l’habillage, 3◦ gêne pour les trans-

ports, 4◦ douleurs à la marche, 5◦ douleurs de démarrage, 6◦ boiterie, 7◦ accroupissement, 8◦ douleurs nocturnes, 9◦ douleurs dans les activités habituelles, 10◦ instabilité, 11◦ gêne pour faire ses achats, 12◦ gêne dans les escaliers. Chaque question a cinq niveaux de réponse, depuis une fonction normale (cotée 1) jusqu’à une gêne majeure (cotée 5). Le score global est calculé par l’addition des 12 scores élémentaires. Le meilleur score est donc de 12 points et le plus mauvais de 60 points. Des scores partiels ont été également définis, concernant la douleur (questions 1, 4, 5, 8 et 9) (de 5 à 25 points), la mobilité (questions 2, 3, 7 et 12) (de 4 à 20 points) et la marche (questions 4, 6, 9, 10 et 11) (de 5 à 25 points).

Le score de l’International Knee Society [4] Ce questionnaire est rempli par le personnel soignant après interrogation et examen du patient. Il comporte deux scores élémentaires : le score clinique et le score fonctionnel, chacun noté de 0 à 100 points, la note étant d’autant plus élevée que l’état du genou est meilleur. Le score clinique comporte quatre questions donnant des points positifs : douleurs (sur 50 points), flexion (sur 25 points), stabilité médiolatérale (sur 15 points), stabilité antéropostérieure (sur 10 points) ; et trois questions donnant des points négatifs : désaxation (sur 25 points), flexum (sur 15 points), déficit d’extension active (sur 15 points). Le score fonctionnel comprend deux questions donnant des points positifs : marche (sur 50 points), pratique des escaliers (sur 50 points) ; et une question donnant des points négatifs : utilisation de cannes ou de supports (sur 20 points).

La population d’étude Cent patients ont été sélectionnés pour cette étude de fac ¸on consécutive dans les années 2008 et 2009. Tous les patients étaient dans l’attente d’une intervention pour prothèse totale ou unicompartimentale du genou pour gonarthrose. Ont été enregistrés l’âge, le sexe, le côté atteint, le poids, la taille, l’indice de masse corporelle, l’existence d’autres atteintes orthopédiques pouvant retentir sur la cotation.

Méthodes Le questionnaire original en langue anglaise a été traduit par l’un d’entre nous, chirurgien orthopédiste spécialisé en chi-

262 rurgie du genou, parlant l’anglais de fac ¸on courante (Annexe 1). Le questionnaire d’Oxford en franc ¸ais a été remis au patient lors de la consultation chirurgicale où était décidée l’intervention ou au plus tard la veille de l’intervention. Le patient était informé sur la nécessité de remplir ce questionnaire lui-même ou éventuellement aidé de ses proches. Le questionnaire était recueilli lors de l’admission la veille de l’intervention. C’est à ce moment qu’un des membres de l’équipe chirurgicale remplissait le questionnaire du score de l’IKS (score genou, score fonctionnel, score global). Toutes les données ont été saisies sur le logiciel tableur Excel, puis transférées pour analyse statistique dans un logiciel spécialisé (Statview 9.0, SAS Institute France, Grégysur-Yerre, France). Les données élémentaires ont été étudiées par des statistiques descriptives classiques (moyenne, écart-type, maximum et minimum). La normalité des distributions a été analysée par un test de Shapiro-Wilk. La faisabilité du questionnaire a été étudiée par le pourcentage de patients n’ayant pas pu le compléter. L’existence d’un effet plancher et plafond a été étudiée par le pourcentage de réponses comprises entre le score maximal diminué d’un écart-type (effet plafond) et le pourcentage de réponses comprises entre le score minimal augmenté d’un écart-type (effet plancher). La cohérence interne de construction du questionnaire a été analysée par calcul du coefficient alpha de Cronbach. La liaison entre les données démographiques et le score d’Oxford a été analysée, pour les données qualitatives par le test de Student et le test U de Mann et Whitney, et pour les données qualitatives par le calcul du coefficient de corrélation linéaire et du coefficient de corrélation de Spearman. La liaison entre le score d’Oxford global et le score de l’IKS (score global, score genou et score fonctionnel) a été analysée par le calcul du coefficient de corrélation linéaire et du coefficient de corrélation de Spearman. La même analyse a été réalisée pour les questions élémentaires concernant la douleur (questions 1, 4, 5, 8 et 9 du questionnaire d’Oxford et item douleur du score de l’IKS), la mobilité (questions 2, 3, 7, 12 du questionnaire d’Oxford et item flexion du score de l’IKS), et la marche (questions 4, 6, 9, 10 et 11 du questionnaire d’Oxford et item marche du score de l’IKS). Tous les tests statistiques ont été analysés au seuil de 5 %.

J.-Y. Jenny, Y. Diesinger

Figure 1

Résultats : score d’Oxford global.

Figure 2 Résultats : corrélation entre le score d’Oxford global et le score clinique de l’International Knee Society.

être considérée comme normale (p = 0,06). Il n’existait pas d’effet plancher (aucun score inférieur à 19) ; il existait un effet plafond de faible importance (7 scores supérieurs à 53) (Fig. 1). Il n’y avait pas de liaison entre le score du questionnaire Oxford et l’âge, le sexe, la taille, le poids, l’indice de masse corporelle, l’existence d’une pathologie orthopédique associée. Il existait une corrélation négative entre le score du questionnaire d’Oxford et le score genou de l’IKS (Fig. 2) (r = −0,33/p = 0,004), le score fonctionnel de l’IKS (Fig. 3) (r = −0,47/p < 0,001) et le score global de l’IKS (Fig. 4) (r = −0,44/p < 0,001). La cohérence interne du questionnaire d’Oxford était excellente, avec un coefficient alpha de Cronbach de 0,88.

Résultats L’étude a regroupé 36 hommes et 64 femmes, d’un âge moyen de 69 ans (extrêmes de 48 et 86 ans, DS neuf ans). Le côté droit était impliqué dans 50 cas. Le poids moyen était de 83 kg (extrêmes de 42 et 144 kg, DS 17 kg). La taille moyenne était de 166 cm (extrêmes de 149 et 193 cm, DS 9 cm). L’indice de masse corporelle moyen était de 30,1 kg/m2 (extrêmes de 17,3 et 49,3 kg/m2 , DS 5,3 kg/m2 ). Aucune difficulté de compréhension des questions n’a été rencontrée. Tous les patients ont été capables de répondre à toutes les questions, éventuellement avec l’aide de leurs proches. Le score moyen du questionnaire d’Oxford était de 43,7 (extrêmes de 21 et 56, DS 6,9). La distribution pouvait

Figure 3 Résultats : corrélation entre le score d’Oxford global et le score fonctionnel de l’International Knee Society.

Validation du questionnaire d’Oxford en langue franc ¸aise sur le genou Tableau 1

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Résumés des études de validation des versions originale et traduite du questionnaire d’Oxford. Anglais [11]

Faisabilité (%) Cohérence (Cronbach), ␣ Effet plancher (%) Effet plafond (%) Corrélation IKS clinique, r Corrélation IKS fonctionnel, r Corrélation IKS total, r

100 0,87

−0,47 −0,54

Allemand [14]

Chinois [15]

Franc ¸ais

92 0,83 2 0 −0,28 −0,57 −0,50

100 0,81 0 0

100 0,88 0 0 −0,33 −0,47 −0,44

Néerlandais [13] 0, 94

Thaïlandais [12] > 0, 80

IKS : International Knee Society.

Le score moyen du questionnaire d’Oxford sur la douleur était de 19,1 (extrêmes de 10 et 25, DS 2,9). La distribution ne pouvait pas être considérée comme normale (p = 0,01). Il n’existait pas d’effet plancher (aucun score inférieur à 7). Il existait un effet plafond (26 scores supérieurs à 22). Il n’y avait pas de liaison entre le score du questionnaire d’Oxford et l’âge, le sexe, la taille, le poids, l’indice de masse corporelle, l’existence d’une pathologie orthopédique associée. Il existait une corrélation négative entre le score douleur du questionnaire d’Oxford et le score genou de l’IKS (p < 0,03), le score fonctionnel de l’IKS (p < 0,01), le score global de l’IKS (p < 0,01). Il existait une corrélation négative entre le score douleur du questionnaire d’Oxford et le score douleur de l’IKS (p = 0,01). Le score moyen du questionnaire d’Oxford sur la mobilité était de 14,3 (extrêmes de 6 et 18, DS 2,3). La distribution ne pouvait pas être considérée comme normale (p < 0,001). Il n’existait pas d’effet plancher (1 score inférieur à 7). Il n’existait pas d’effet plafond (1 score supérieur à 17). Il n’y avait pas de liaison entre le score du questionnaire d’Oxford et l’âge, le sexe, la taille, le poids, l’indice de masse corporelle, l’existence d’une pathologie orthopédique associée. Il existait une corrélation négative entre le score mobilité du questionnaire d’Oxford et le score clinique de l’IKS (p = 0,02), le score fonctionnel de l’IKS (p < 0,001) et le score global de l’IKS (p = 0,003). Il existait une corrélation négative entre le score mobilité du questionnaire d’Oxford et le score mobilité de l’IKS (p = 0,001). Le score moyen du questionnaire d’Oxford sur la marche était de 17,9 (extrêmes de 8 et 25, DS 3,7). La distribution pouvait être considérée comme normale (p = 0,06). Il

Figure 4 Résultats : corrélation entre le score d’Oxford global et le score global de l’International Knee Society.

n’existait pas d’effet plancher (1 score inférieur à 9). Il existait un effet plafond (17 scores supérieurs à 21). Il n’y avait pas de liaison entre le score du questionnaire d’Oxford et l’âge, le sexe, la taille, le poids, l’indice de masse corporelle, l’existence d’une pathologie orthopédique associée. Il existait une corrélation négative entre le score marche du questionnaire d’Oxford et le score clinique de l’IKS (p = 0,001), le score fonctionnel de l’IKS (p < 0,001) et le score global de l’IKS (p < 0,001). Il existait une corrélation négative entre le score marche du questionnaire d’Oxford et le score marche de l’IKS (p < 0,001).

Discussion L’adaptation d’un questionnaire de qualité de vie à une langue différente de la langue originelle est un processus potentiellement complexe, mais actuellement bien codifié. Notre étude est très similaire dans sa méthodologie à celle effectuée récemment par Delaunay et al. [17]. Cependant, nous avons délibérément omis la procédure de traduction très lourde, pourtant internationalement reconnue [18]. En effet cette procédure nous est apparue comme inutilement compliquée et d’un rapport coût-efficacité extrêmement mauvais, s’apparentant à l’application du principe de précaution, où l’on utilise volontiers des procédures extrêmement lourdes et complexes pour aboutir à un résultat évident d’emblée. Notre propre procédure de traduction, par un chirurgien orthopédique bilingue, a duré environ 30 minutes, sans doute sans commune mesure avec la procédure utilisée par Delaunay et al. [17], mais aussi à un coût incomparablement inférieur. Pourtant les résultats de notre étude sont très similaires, à la fois aux résultats princeps de la version anglaise du questionnaire d’Oxford pour le genou [11], aux résultats des procédures de traduction de ce questionnaire dans d’autres langues [12—15], mais aussi aux résultats de l’étude de Delaunay et al. [17] sur le questionnaire similaire pour la hanche (Tableau 1). Cela tend à prouver que notre traduction, même réalisée de fac ¸on artisanale, est parfaitement valide. Certes les termes utilisés dans notre étude sont quelque peu différents de ceux utilisés par Delaunay et al. pour la hanche [17]. Mais le simple bon sens fait supposer que l’utilisation du terme « douleurs que vous ressentez habituellement » (notre traduction) ou de « douleurs que vous avez habituellement ressenties » (traduction de Delaunay et al. [17]) ne modifiera pas de fac ¸on substantielle les réponses des patients. D’ailleurs Delaunay et al. [17] suggéraient que la proximité culturelle entre les

264 patients anglais et franc ¸ais rendait le processus de traduction relativement aisé. Comme pour le questionnaire originel et les traductions déjà validées, nous avons observé une excellente cohérence interne du questionnaire, et une corrélation significative entre le score d’Oxford global et les scores élémentaires par aillleurs, et l’évaluation par le score de l’IKS. Le caractère négatif de la corrélation n’est dû qu’au fait que les deux systèmes sont inversés : le meilleur résultat correspond aux valeurs les plus élevées du score de l’IKS et aux valeurs les moins élevées du score d’Oxford. Nos résultats sont ainsi similaires à ceux d’autres études de traduction [12—15] (Tableau 1). Cela signifie que le questionnaire d’Oxford pour le genou dans notre traduction franc ¸aise est une manière fiable d’évaluer la fonction globale du genou d’un patient en attente d’une prothèse, comme l’est sa version originale en anglais. Son caractère auto-administré, sa simplicité d’emploi, la possibilité d’obtenir les réponses par voie postale sont des éléments intéressants dans une surveillance à grande échelle, où le contact physique personnalisé et prolongé avec chaque patient est souvent difficile à obtenir et demande une dépense de temps et d’énergie appréciable. Nous avons volontairement omis de réaliser une validation de la reproductibilité de ce questionnaire. La méthodologie nécessaire nous en paraît en effet très discutable. Si l’on redonne le questionnaire au patient deux à trois jours après le remplissage initial, comme l’ont fait par exemple Delaunay et al [17], il est vraisemblable que l’état du patient n’aura pas changé, mais il est tout aussi vraisemblable qu’un effet de réminiscence des questions et des réponses persistera. Si l’on choisit un délai plus long, de quelques semaines par exemple, cet effet aura disparu, mais on courra alors le risque d’une modification significative de l’état clinique, surtout dans la gonarthrose qui est une maladie évoluant par poussées. L’existence d’un effet plafond signifie qu’un nombre significatif de patient ont avant l’intervention un score très élevé, et donc une fonction très mauvaise de leur genou. Cela signifie aussi qu’une éventuelle aggravation de leur état ne pourra pas être détectée. Par chance cette éventualité est extrêmement rare en pratique, et cela ne peut donc pas être retenu au débit de la méthode. En revanche l’absence d’effet plancher permet d’affirmer que toute amélioration de la situation clinique pourra être détectée par cette technique de mesure. Ce raisonnement ne peut toutefois s’appliquer qu’à la période préopératoire immédiate et on peut par exemple imaginer que, dans la période postopératoire, l’amélioration du score pourrait conduire à l’apparition d’un effet plancher rendant l’appréciation d’une amélioration subtile plus difficile voire impossible. Cet aspect fait l’objet d’une étude actuellement en cours.

Conclusion Les résultats de notre étude sont très similaires, à la fois aux résultats princeps de la version anglaise du questionnaire d’Oxford pour le genou et aux résultats des procédures de traduction de ce questionnaire dans d’autres langues. Le questionnaire d’Oxford pour le genou dans notre traduction franc ¸aise est une manière fiable d’évaluer la fonction globale du genou d’un patient en attente d’une prothèse,

J.-Y. Jenny, Y. Diesinger comme l’est sa version originale en anglais. Son caractère auto-administré, sa simplicité d’emploi, la possibilité d’obtenir les réponses par voie postale sont des éléments intéressants dans une surveillance à grande échelle.

Conflit d’intérêt Aucun.

Annexe 1. Questionnaire d’Oxford pour le genou — traduction franc ¸aise. 1) Comment décrivez-vous la douleur que vous ressentez habituellement dans votre genou -

Nulle Très légère Légère Modérée Sévère

2) Avez-vous des difficultés pendant la toilette et l’habillage à cause de votre genou ? -

Aucune Très légères Légères Importantes Activité impossible

3) Avez-vous des difficultés à rentrer ou sortir d’une voiture ou à utiliser les transports en commun à cause de votre genou ? -

Aucune Très légères Légères Importantes Activité impossible

4) Pendant combien de temps pouvez-vous marcher sans ressentir des douleurs importantes du genou ? -

Plus de 30 minutes De 16 à 30 minutes De cinq à 15 minutes Moins de cinq minutes Les douleurs apparaissent immédiatement

5) Après être resté assis longtemps, avez-vous des douleurs du genou lorsque vous vous relevez ? -

Aucune Très légères Légères Importantes Insupportables 6) Est-ce que vous boitez à cause de votre genou ?

Validation du questionnaire d’Oxford en langue franc ¸aise sur le genou -

Jamais ou rarement Parfois Souvent Le plus souvent Toujours 7) Pouvez-vous vous accroupir et vous relever

-

Facilement Avec des petites difficultés Avec des difficultés moyennes Avec beaucoup de difficultés C’est impossible 8) Avez-vous des douleurs du genou pendant la nuit ?

-

Jamais Parfois Souvent Le plus souvent Toujours

9) Est-ce que les douleurs de votre genou gênent vos activités habituelles ? -

Jamais Un peu Modérément Beaucoup Les activités sont impossibles 10) Avez-vous l’impression que votre genou est instable ?

-

Jamais Parfois Souvent Le plus souvent Toujours 11) Pouvez-vous faire vos achats vous-même ?

-

Facilement Avec des petites difficultés Avec des difficultés moyennes Avec beaucoup de difficultés C’est impossible 12) Pouvez-vous descendre les escaliers ?

-

Facilement Avec des petites difficultés Avec des difficultés moyennes Avec beaucoup de difficultés C’est impossible

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