Journal Européen des Urgences et de Réanimation (2019) 31, 102—103
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CAS CLINIQUE
Vous avez dit priapisme ? Do you say priapsim? L. Thomas Hôpital d’Instruction des Armées Bégin, SAU, 69, avenue de Paris, 94160 Saint-Mandé, France ut 2019 Rec ¸u le 20 novembre 2018 ; accepté le 26 aoˆ Disponible sur Internet le 27 septembre 2019
MOTS CLÉS Priapisme ; Non-ischémique ; Artériel
KEYWORDS Priapism; Non ischemic; Low flow
Résumé Voici le cas d’un jeune homme de 25 ans présentant un priapisme artériel. Le priapisme artériel ou priapisme non-ischémique est un cas rare qu’il ne faut pas méconnaître, car son traitement diffère de celui du priapisme ischémique. Le diagnostic est principalement clinique. Le but de cet article est de rappeler les différences cliniques pour reconnaître les priapismes, ainsi que les différences d’étiologies et de traitements. Les priapismes nonischémiques sont extrêmement rares. Ils représentent moins de 5 % des cas de priapismes. Ce n’est pas une urgence chirurgicale à l’inverse des priapismes ischémiques, mais ils nécessitent une embolisation dans 40 % des cas. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.
Summary We present the case of a young man of 25 years with an arterial priapism. Arterial priapism or non-ischemic priapism is a rare case that should not be ignored because the treatment differs from that of ischemic priapism. The diagnosis is mainly clinical. The purpose of this article is to present the clinical differences to recognize priapisms, as well as the differences of etiologies and treatments. Non-ischemic priapism is extremely rare. They represent less than 5% of priapism cases. This is not a surgical emergency as ischemic priapism, but they require embolization in 40% of cases. © 2019 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
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Vous avez dit priapisme ? Un jeune homme de 25 ans, sans antécédents particuliers, se présente aux urgences de l’hôpital pour une érection semi-rigide qui dure depuis plus de 6 heures. Il rapporte un traumatisme périnéal récent( chute à califourchon sur une barrière en fer la veille). Les constantes vitales sont normales : tension artérielle (TA) à 145/77 mmHG, FC à 118, T à 37,4 ◦ C. Le priapisme est non douloureux, semi-rigide, avec un gland mou. L’aspect est typique d’un priapisme artériel, non-ischémique. Après 24 heures d’observation, le patient bénéficie d’une embolisation d’une fistule artério caverneuse avec succès initial. La récidive du priapisme le lendemain conduit à une nouvelle embolisation de la fistule avec occlusion obtenue. Il existe 3 types de priapismes différents : le priapisme ischémique (« low flow »), le priapisme non-ischémique (« high flow ») et le priapisme intermittent [1]. Le plus fréquent est le priapisme ischémique (95 % des cas) qui se caractérise par une érection particulièrement rigide et douloureuse résultant de l’absence du drainage veineux des corps caverneux. Les étiologies principales sont idiopathiques, hématologiques (drépanocytose, leucémie, thalassémie), toxiques (cocaïne, marijuana), médicamenteuses (antipsychotique, antidépresseur, anticoagulant, alpha-bloquant, prostaglandine en intra-caverneux), néoplasiques, neurologiques (lésion de la mœlle épinière), infectieuses par toxine (piqûre de scorpion) et métaboliques (goutte, amylose) [1,2]. Dans un premier temps, et si l’érection dure depuis moins de 24 heures, le traitement ¸age, antalgie, éjaprivilégie les mesures conservatrices (glac culation). L’étape suivante est l’aspiration de l’hématome. Si celle-ci échoue, le traitement repose sur l’instillation d’alpha-agonistes dans les corps caverneux. Le drainage chirurgical est réservé à l’échec des deux dernières méthodes [3]. Le priapisme non-ischémique se caractérise comme dans le cas présenté ci-dessus par une érection semi-rigide et non
103 douloureuse. L’érection est due au flux artériel. L’étiologie principale est le traumatisme pénien ou périnéal. Le priapisme non-ischémique est spontanément résolutif dans 60 % des cas. Dans les autres cas, le traitement est l’embolisation artérielle sélective. Au niveau du pronostic fonctionnel, un trouble de la fonction érectile est noté chez 40 % des patients concernés dans les 1 à 3 mois après l’embolisation, et chez 16 % à 3—6 mois ; moins de 10 % des patients auront une dysfonction érectile permanente [1,2,4]. Le priapisme non-ischémique (« high flow » ou artériel) est une identité rare avec une présentation clinique typique dont le traitement diffère complètement du priapisme ischémique (« low flow ») [3]. L’étiologie du priapisme intermittent est mal connue mais la présentation clinique et le traitement sont équivalents à ceux du priapisme ischémique [4].
Déclaration de liens d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références [1] Kazuyoshi Shigehara, Mikio, Namiki. Clinical management of priapism: a review. World J Mens Health 2016;34:1—8. [2] Jeffrey Bassett, Jacob, Rajfer. Diagnostic and therapeutic options for the management of ischemic and nonischemic priapism. Rev Urol 2010;12:56—63. [3] Ridgley J, Raison N, Iqbal Sheikh M, Dasgupta P, Shamim Khan M, Ahmed K. Ischaemic priapism: a clinical review. Turk J Urol 2017;43:1—8. [4] Carnicelli D, Akakpo W. Priapism: diagnosis and management. Prog Urol 2018.