Éditorial
Vous avez dit verre dépoli ? E. Lemarié
L
Service de Pneumologie, Inserm U 618, IFR 135, CHU Bretonneau, Tours, France. Correspondance : E. Lemarié Service de Pneumologie, Inserm U 618, IFR 135, CHU Bretonneau, 37044 Tours Cedex.
[email protected] Réception version princeps à la Revue : 30.10.2007. Acceptation définitive : 31.10.2007.
Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 1255-6 Doi : 10.1019/200720195
a découverte d’un nodule partiellement ou totalement en verre dépoli est devenue de pratique courante depuis l’avènement de la tomodensitométrie (TDM) haute résolution. Les séries les plus importantes sont japonaises car la tomodensitométrie de dépistage a été généralisée dans ce pays, depuis plus de 10 ans, à la fois chez les femmes et les hommes, fumeurs et non fumeurs. Ainsi, nous avons appris que ces plages de verre dépoli pouvaient correspondre à une hyperplasie adénomateuse atypique, à un carcinome bronchiolo-alvéolaire, à un processus lymphoprolifératif, à une pneumonie organisée ou encore à un processus fibreux [1-3]. Certains nodules associent hyperplasie adénomateuse atypique, carcinome bronchiolo-alvéolaire et adénocarcinome. Le problème essentiel est de faire le diagnostic d’un cancer bronchique et de le réséquer, sans pour autant intervenir s’il s’agit d’une pathologie bénigne. La prise en charge des nodules solides a fait l’objet de recommandations largement admises [4]. Par contre, la prise en charge des plages de verre dépoli n’est pas encore codifiée. On sait que les étiologies, le pronostic, la croissance, les critères morphologiques tomodensitométriques et les explorations complémentaires de ces plages de verre dépoli, sont différents de ceux des nodules solides et justifient une prise en charge particulière. C’est toute l’analyse remarquable de Ferretti et coll. dans ce numéro [5]. Les auteurs soulignent plusieurs points essentiels et qui ne sont pas détaillés dans les recommandations portant sur les nodules pleins. Tout d’abord, le risque de cancer est plus élevé avec les plages en verre dépoli qu’avec les nodules pleins. Ensuite, il existe une forte corrélation entre l’aspect en TDM haute résolution, le type histologique et le pronostic. C’est la concertation entre pneumologues et radiologues qui doit nous aider dans la décision. Nous avons longtemps pensé que le cancer bronchique avait toujours un temps de doublement très court. Les programmes de dépistage et de suivi des nodules pulmonaires nous ont montré que certaines tumeurs avaient un temps de © 2007 SPLF. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
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doublement lent. Ceci est particulièrement vrai pour les plages en verre dépoli. Le temps de doublement des cancers sous forme de nodules pleins, essentiellement des adénocarcinomes, varie de 30 à 400 jours. Celui des plages en verre dépoli peut atteindre 800 jours. Il ne faut donc pas se fier à une stabilité sur deux scanners successifs, séparés de 3 à 6 mois, voire un an. L’autre notion essentielle développée par Ferretti et coll. [5] est celle du pronostic des nodules mixtes, à la fois solides et en verre dépoli. Ceux-ci sont plus agressifs que les nodules en verre dépoli pur et comportent plus souvent des métastases ganglionnaires. Leur traitement rejoint ainsi celui des nodules pleins, avec la nécessité d’un curage ganglionnaire. Quoi qu’il en soit, le traitement chirurgical n’est pas entièrement codifié. Beaucoup d’auteurs considèrent qu’une résection atypique est suffisante en présence d’un nodule en verre dépoli pur avec toutefois une certaine prudence. La tomographie par émission de positrons (TEP) peut être d’un grand apport. Si les faux négatifs sont fréquents en cas de carcinome bronchiolo-alvéolaire ou d’adénocarcinome bien différencié, l’absence de fixation ganglionnaire médiastinale peut inciter à une résection atypique, sans curage [6]. Toutefois, l’attitude n’est pas encore codifiée.
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