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Abstracts / La Revue de médecine interne 30S (2009) S385–S479
l’automne 2007 apparaissent une conjonctivite puis un œdème matinal, fluctuant, touchant le visage (paupières, nez et lèvres), accompagné d’un prurit. Un traitement antihistaminique est donné, sans résultat. Début 2008 un bilan allergologique est effectué qui conclut à une allergie à la moutarde. Son éviction n’améliore pas les symptômes. Un bilan néphrologique en octobre 2008 est négatif. La patiente nous est adressée en novembre 2008. Les photos présentées attestent de l’œdème du visage. Les différents bilans sanguins déjà effectués objectivent une hyperéosinophilie à 2000 fin 2007, non retrouvée depuis. Une parasitose est suspectée. Résultats.– Parasitologie des selles négative ; bilharziose, anguillulose, trichinellose, distomatose, toxocarose, cysticercose : sérologies négatives. Celle de la gnathostomose est elle positive en immunoblot pour Gnathostoma spinigerum (laboratoire du Dr Paron Dekumyoy, université Mahidol, Bangkok, Thailande). Un traitement par Ivermectine 0,2 mg/kg (soit 12 mg) délivré 2 jours consécutifs fait disparaître la symptomatologie sans récidive depuis. Discussion.– La gnathostomose est une zoonose parasitaire alimentaire le plus souvent due à G. spinigerum ; les 2 principaux foyers sont situés en Asie du sud-est (Thaîlande en particulier) et au Mexique. Le chat et le chien sont les hôtes définitifs principaux. Après émission des œufs dans les selles, les larves sont ingérées par un mollusque du genre Cyclops ; après son ingestion par un poisson, un amphibien ou autre, les larves migrent vers les muscles où elles s’enkystent. L’homme est un hôte accidentel (consommation de poisson peu cuit ou cru. . .). Les larves y migrent dans les tissus sous-cutanés mais aussi dans des organes profonds (œil, système nerveux central. . .) entraînant œdèmes intermittents migratoires, dermatites rampantes et plus rarement uvéites et méningites à éosinophile. L’hyperéosinophilie est marquée mais inconstante. Le diagnostic biologique est sérologique (Elisa et immunoblot de la bande 24-kDa spécifique). Le traitement repose sur une double dose d’ivermectine (0,2 mg/kg, 2 jours de suite) de préférence à l’albendazole (400 à 800 mg/j, 21 jours) à l’exception des méningites dont le traitement n’est pas défini. Conclusion.– La gnathostomose doit être suspectée chez des voyageurs venant de zone d’endémie en particulier s’il y a eu ingestion de poisson cru ou mariné. Pour en savoir plusRamirez-Avila L, et al. Clin Infect Dis 2009;48:322–7.Clément-Rigolet MC, et al. Presse Med 2004;33:1527–32.Develoux M, et al. Med Mal Infect 2006;36:340–2. doi:10.1016/j.revmed.2009.10.291 CA130
Cellulite compliquée de bactériémie à Campylobacter fetus dans un contexte d’hypogammaglobulinémie acquise : à propos de 2 cas M. Brun a , L. Chiche a , E. Bernit a , S. Brah a , S. Branger a , A. Toro b , V. Veit a , N. Schleinitz a , J.-M. Durand a , J.R. Harle a a Service de médecine interne, hôpital de la Conception, Marseille, France b Laboratoire de bactériologie-virologie-hygiène, CHU la Timone, Marseille, France Introduction.– Les bactériémies à Campylobater fetus sont peu fréquentes et surviennent essentiellement sur des terrains pathologiques sous-jacents (cirrhose, patients âgés, immunodépression). Ce type d’infection a été documenté dans le cadre de certains déficits humoraux primitifs comme la maladie de Bruton [1] ou le déficit immunitaire commun variable [2]. Nous rapportons deux observations d’infections sévères à C. fetus survenant dans le cadre d’hypogammaglobulinémies acquises. Patients et méthodes.– Cas no 1.– Un homme de 77 ans, atteint d’une leucémie lymphoïde chronique non traitée avec hypogammaglobulinémie (IgG = 3,2 g/l ; IgA = 0,4 g/l) est hospitalisé pour sepsis sans point d’appel clinique évident. Les hémocultures documentent une bactériémie à C. fetus, traitée par ceftriaxone et metronidazole, puis azithromycine pour une durée totale de 16 jours. La coproculture est stérile. Un mois plus tard, le patient présente un nouvel état septique associé à une cellulite cutanée abdominale au point d’injection de son insuline. Le C. fetus est de nouveau mis en évidence dans les hémocultures. Il rec¸oit alors un traitement par tazocilline puis azithromycine pour une durée respective de 10 et 28 jours et une substitution par immunoglobulines intraveineuses (IGIV) mensuelles est instaurée. Aucune récidive ne sera notée avec un recul de plus d’un an.
Cas no 2.– Un homme de 58 ans, suivi pour un syndrome de SHARP avec hypogammaglobulinémie secondaire aux traitements immunosupresseurs (cyclophosphamide notamment), est hospitalisé pour sepsis associé à une cellulite du membre supérieur gauche sans autres point d’appel. Les hémocultures (5/5) sont positives à C. fetus. La guérison a été rapidement obtenue sous tazocilline et azythromycine pour une durée de 42 jours, sans récidive avec un recul de 2 mois. Le patient recevait une substitution par IGIV mensuelles depuis 4,5 ans avec des IgG à 6 g/l au moment de l’infection. Résultats.– Les 2 cas rapportés illustrent l’absence déjà rapportée des symptômes digestifs et la fréquence de l’atteinte cutanée (cellulite) qui fait partie avec l’endothélium vasculaire des localisations extra-digestives les plus fréquentes. La survenue d’une bactériémie à C. fetus est rare, favorisée par l’immunodépression, volontiers récidivante et nécessitant donc une antibiothérapie prolongée [3]. Le premier patient n’a plus présenté de récidive après instauration d’une substitution par IGIV, le second, déjà substitué, n’en a présenté aucune. Le rôle d’un déficit de l’immunité humorale (hypogammaglobulinémie) dans la survenue, la sévérité et/ou le caractère récidivant de ces infections est discuté. Conclusion.– Les hypogammaglobulinémies acquises pourraient favoriser la survenue ou la récidive d’infections sévères à C. fetus. Références [1] Van der Hilst JC, et al. Neth J Med 2002;60:140–7. [2] Oksenhendler E, et al. Clin Infect Dis 2008;46:1547–54. [3] Pacanowski J, et al. Clin Infect Dis 2008;47:790–6. doi:10.1016/j.revmed.2009.10.292 CA131
Impact de la non observance au ritonavir, utilisé comme « booster » des antiprotéases du VIH, sur la réponse virologique au traitement S. Lacassie a , C. Michaux b , S. Pedeboscq a , I. Louis b , M.A. Vandenhende b , J. Roger-Schmeltz c , N. Bernard b , P. Mercie c , M. Hessamfar b , F. Bonnet b , P. Morlat d , J.-P. Pometan a a Pharmacie, hôpital Saint-André, Bordeaux, France b Service de médecine interne et maladies infectieuses, hôpital Saint-André, Bordeaux, France c Médecine interne et maladies tropicales, hôpital Saint-André, Bordeaux, France d Service de médecine interne, groupe hospitalier Saint-André, Bordeaux, France Introduction.– œ dose non antirétrovirale, le ritonavir (Norvir® ) est recommandé en co-prescription des autres antiprotéases anti-VIH afin de ralentir la métabolisation de celles-ci au niveau du cytochrome p450 hépatique et se comporter ainsi en « booster » pharmacocinétique de ces molécules dont l’efficacité en est significativement améliorée. Un certain nombre de patients (pts) considère cette molécule « adjuvante » comme secondaire au sein du traitement antirétroviral. L’exacerbation de certains effets secondaires (en particulier, digestifs ou métaboliques) ainsi que la nécessité de son stockage entre 0 et 4◦ peuvent de plus constituer un frein à l’observance des patients vis-à-vis de cette molécule. Patients et méthodes.– L’objectif de notre étude est de déterminer les conséquences de la non-observance spécifique au ritonavir sur la réponse virologique. Il s’agit d’une étude observationnelle débutée en 2005 et prévue sur cinq ans, incluant les pts : (1) suivis en ambulatoire au sein de notre structure ; (2) dont les antirétroviraux (ARV) sont exclusivement rétrocédés par les pharmacies du CHU (suivi des délivrances avec le logiciel de rétrocession PHARMATIP® ) ; (3) spécifiquement inobservants au ritonavir (quantité de médicament délivrée < 90 % des jours théoriques de traitement sur un an). Nous souhaitons à terme comparer, selon l’observance au ritonavir, le pourcentage de pts : (1) ayant présenté un ou des rebonds virologiques au cours du suivi (charge virale [CV] < 40 copies/ml puis devenant détectable sur 2 bilans consécutifs espacés de 3 mois) ; (2) ayant présenté un ou des échecs virologiques (2 CV détectables à 3 mois d’écart) ; (3) en succès virologique au dernier suivi (CV < 40 copies/ml). Résultats.– Nous présentons ce jour une analyse intermédiaire portant sur 80 pts suivis entre 2005 et 2008 et séparés en 2 groupes selon l’observance au ritonavir.