Daurade Sparus aurata L. reproduite artificiellement et daurade sauvage. Expériences paralleles en diverses conditions d'élevage

Daurade Sparus aurata L. reproduite artificiellement et daurade sauvage. Expériences paralleles en diverses conditions d'élevage

Aquaculture, 72 (1988) 273-285 Elsevier Science Publishers B.V., Amsterdam 273 - Printed in The Netherlands Daurade Sparus aurata L. Reproduite Ar...

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Aquaculture, 72 (1988) 273-285 Elsevier Science Publishers B.V., Amsterdam

273 -

Printed

in The Netherlands

Daurade Sparus aurata L. Reproduite Artificiellement et Daurade Sauvage. Experiences Paralleles en Diverses Conditions d’Elevage

A. FRANCESCON’,

A. FREDDI’,

A. BARBARO’

et R. GIAVENNI’

‘Istituto di Biologia de1 Mare, CNR, Riva 7 Martiri 1364/A, 30122 Venezia (Italy) ‘Servizi Tecnici in Maricoltura (STM), Via Durer 38,35132 Padova (Italy) (Accept6 le 1 fevrier 1988)

ABSTRACT Francescon, A., Freddi, A., Barbaro, A. and Giavenni, R., 1988. Parallel trials between hatcherybred and wild-caught gilthead seabream (Sparus aurata L.) under different rearing conditions. Aquaculture, 72: 273-285 (in French). A comparison between gilthead seabream (Sparus aurata) obtained by artificial reproduction and wild ones is reported for extensive, semi-intensive and intensive rearing conditions. Growth, survival, food conversion factor and production were similar for both populations. A considerable percentage (19-48% ) of deformed individuals was found in the artificial fish population. The condition factor of these fish was not suitable for investigating their “well-being”. If population type is discarded, significant growth differences are related more to the three culture systems than to artificial or wild populations. RESUME Francescon, A., Freddi, A., Barbaro, A. et Giavenni, R., 1988. Daurade Sparus aurata L. reproduite artificiellement et daurade sauvage. Experiences paralleles en diverses conditions d’elevage. Aquaculture, 72: 273-286. Des daurades (Sparus aurata) obtenues par reproduction artificielle et elevees selon les trois systemes actuellement les plus utilises (extensif, semi-intensif et intensif) ont et6 comparees avec des daurades sauvages. On n’a pas constate de differences essentielles entre les populations artificielles et sauvages, en ce qui concerne la croissance, la survie, le facteur de conversion alimentaire et la production atteinte. Un nombre considerable d’individus deform& ont pu btre observes dans la seule population artificielle. On souligne que le facteur de condition nest pas approprie a l’estimation du “bien-8tre” de ces poissons artificiels. Si l’on fait abstraction du type de population, des differences significatives apparaissent dans la croissance, en fonction des divers systimes de culture adopt&.

0044-8486/88/$03.50

0 1988 Elsevier Science Publishers

B.V.

214 INTRODUCTION

Depuis longtemps, le nombre d’alevins sauvages de daurade (Sparus aurata L. ), l’une des especes de poissons les plus utisdes dans la “vallicoltura” nationale, apparait comme trop limit4 pour repondre a la demande des Qleveurs. Aujourd’hui, ces limites pourraient &re depassees grace a l’emploi d’alevins obtenus par reproduction artificielle. Toutefois, si, dune part, des recherches sont encore necessaires pour perfectionner, au niveau industriel, les techniques de reproduction artificielle et d’elevage des larves de daurade, il est, en m&me temps, utile de leur adjoindre d’autres etudes, afin de mettre en evidence l’aptitude de ces populations a Qtre Qlevees selon les trois systemes actuellement les plus utilises: les Qlevages extensif, semi-intensif et intensif. Dans ce but, on a Qleve, selon ces trois systemes, des populations de daurade (S. aurutu) obtenues par reproduction artificielle, en dvaluant la croissance, la survie, le taux de conversion et la pathologie jusqu’a la fin de la premiere saison de grossissement, ainsi que la production atteinte en conditions d’elevage. En meme temps, on a suivi de man&e analogue mais seulement dans des conditions d’elevage extensif et d’elevage intensif des populations de daurades sauvages pechees en mer. On a realisd jusqu’a present une comparaison entre les populations artificielles et les populations sauvages, en intensif (Rend, 1974) et en extensif (Barbaro et al., 1983-1984,1986), mais ces experiences n’ont jamais place les populations dans les m8mes conditions experimentales d’elevage. MATERIEL ET METHODES

On a utilise des populations de daurades (Spurus uurcztu) obtenues par reproduction artificielle, en fevrier, dans un Qlevage de poissons (Societa Industriale per la Riproduzione Artificiale de1 Pesce, Pellestrina Venezia). Ces daurades issues de reproduction artificielle ont Qte &levees d’avril h novembre dans trois conditions differentes: a l’interieur de l’etablissement, en cuves de vetroresine (intensif; Tableau 1); h l’exterieur, en bassins de terre (semi-intensif; Tableau 1 ), cuves et bassins &ant tous aliment&s par l’eau de mer; dans le bassin saumatre (de 2 ha environ ) dune “valle” de p&he (Valle Doga) de la lagune septentrionale de Venise, avec une densite initiale de 1700 alevins/ ha (extensif ) . Les poissons ont Qte aliment& seulement en conditions intensives et semiintensives; en conditions semi-intensives, ils pouvaient aussi s’alimenter grace aux organismes presents dans le bassin de terre. L’aliment, distribue manuellement quatre fois par jour, pendant la periode diurne, Ctait constitue de granules du commerce melanges a de l’aliment frais (poissons, crabes et moules); la quantite d’aliment frais (exprimee en poids set) a Qte graduellement reduite, dun maximum de 30% durant les premieres phases d’elevage, jusqu’a 2%. La

TABLEAU 1 Conditions d’klevage intensif et semi-intensif

(en bassin de terre de 500 m3) de la daurade, Sparus

aurata

Semi-intensif

Intensif Nombre

Avril Mai Juin Juillet Aoiit Septembre Octobre Novembre

J

Bassin (m3)

Chang. d’eau

RA (W)

Nombre A

14 10 9 9 9 9

8 5 5 5 3

5000 4925*

9

2

4823* 4752 * 4670* 4587

A

S

725 663 640 637 568 561

725 668 586 573 538 534

1 43 72 101 142 169

0,5 1,2 4 4 4 4

560

521

210

4

J

Chang. d’eau

RA (So)

1 31

1 1

9

73 102 136 170

1 1 1 1

4 4 3 1

A = Artificielles; S = sauvages; J = journkes d’6levage; chang. d’eau = nombre de changements d’eau par jour; RA = ration alimentaire journal&e; * = nombres obtenus en partageant Qgalement la mortalit survenue durant toute la p&iode d’hlevage. ration alimentaire journalike, entre deux Qchantillonages successifs (Tableau 1) a BtB calculke comme le rapport (en pourcentage) entre la qua&it& totale

de nourriture (exprimde en poids set ) distribuee chaque jour et le poids moyen de la biomasse des poissons. Les daurades (S. auratu) utiliskes pour les Qlevages ,intensifs et extensifs ont 6tB choisies au hasard, dans une population initiale unique, alors que, pour 1’6levage semi-intensif, elles ont Qtk selection&es, en choisissant les poissons les plus grands, dans une autre population. Pendant l’dlevage, les poissons ont QtB soumis ti la photop&iode naturelle et aucun traitement prophylactique n’a BtB effect&. Toutes les 5 semaines environ, on a relev6, dans les trois sortes d’hlevage, les parametres de croissance individuelle des poissons (longueur B la fourche et poids total frais ) . Dans les Qlevages intensif et semi-intensif, on aprelevb comme khantillon et. anesth&G (MS 222) de 60 B 200 daurades, alors que dans l’dlevage extensif, en raison de plus grandes difficult& de capture (capture effect&e au filet tramail ), le nombre des individus recenses a varik d’un minimum de 15 h un maximum de 136. La population de Poisson n’a 4th &al&e num&iquement dans sa totalit& & chaque Bchantillonage, que dans l’dlevage intensif seulement. A la fin de l’exphrience, (en novembre) aussi bien dans l’dlevage intensif que dans le semi-intensif, on a calcule la production totale et releve les malformations visibles extkrieurement, de la bouche (prognathisme ou brachignathisme ) , des opercules branchiaux (manque total ou partiel) et du tronc. 11 n’a pas Qtk possible d’obtenir des renseignements analogues dans 1’Qlevage extensif, dans la mesure oti un brusque et soudain abaissement de la tempdrature a permis B l’avifaune pr&

276

sente dans la “valle” de p&he d’exercer une predation presque totale sur les daurades deja mortes ou paralysees par le froid. Deux populations de daurades sauvages, pkhees en mer, en mars, ont dte Qlevees de la m6me maniere que les populations issues de reproduction artificielle. En intensif (Tableau l), on a utilisk des bassins contigus, aliment& par le m&me circuit d’eau et, en extensif, on a introduit des alevins a la m&me densitd initiale (1700/ha), dans un petit bassin contigu, de surface identique a celui des populations artificielles; ces deux bassins rksultent de la division d’une aire de “valle” initiale unique. Avec des populations naturelles, on n’a pas essay& le test d’elevage en semi-intensif. Dans les trois conditions experimentales, la temperature de l’eau a suivi une progression saisonniere typique avec des maxima en juillet-aoixt (intensif: 29” C, semi-intensif et extensif: 30°C) et des minima en novembre (14, 12,8”C, respectivement); la salinite est variee de 26 a 35%0 en intensif, de 30 a 36%0 en semi-intensif et de 28 a 41%~ en extensif. Dans le texte, les moyennes sont suivies avec un intervalle de confiance de *P < 0,05. RESULTATS Durant la periode d’elevage (avril-novembre ), la croissance des daurades (Sparusaurata) obtenues par reproduction artifkielle, prdsente une progression identique dans les trois conditions experimentales (Fig. 1). Les augmentations absolues de longueur et de poids les plus importantes ont 6th enregistrees de juillet a septembre, avec un ralentissement en octobre, au moment de l’abaissement de la temperature de l’eau. Les daurades artifkielles, bien que de taille initiale identique (2,0?0,1 cm; 0,l +O,Ol g) ont montre un accroissement constamment plus Qleve, dans les conditions d’elevage extensif. Elles y ont atteint, a la fin de l’automne, une longueur (17,2 + 0,4 cm) et un poids ( 112 + 6 g ) significativement plus Qlevds que ceux obtenus en Qlevage intensif (13,9 + 0,4 cm; 76 + 6 g). En conditions semi-intensives, les valeurs obtenues sont des valeurs intermddiaires (15,6 _t 0,2 cm; 89 2 4 g). La population de daurades sauvages montre une augmentation de croissance similaire dans les deux conditions experimentales examinkes (intensif et extensif; Fig. 1) avec des accroissements plus importants de juillet a septembre. La longueur ( 17,2 + 0,2 cm ) et le poids (97 2 5 g) atteints dans l’elevage extensif se &v&lent significativement plus dleves que dans l’elevage intensif (15,5 ? 0,3 cm; 82 +-4 g) ou, durant toute la periode d’elevage, la croissance des poissons s’effectue plus lentement. Aussi bien pour la population de daurades reproduites artificiellement que pour la population sauvage, une meilleure croissance est done obtenue en conditions extensives si on la compare a celle obtenue en conditions intensives. Les poids obtenus par la population artificielle durant les divers stades de croissance, en Qlevage extensif, ne different pas significativement de ceux present& par la population sauvage, a l’exception du poids final, plus Qlevk pour les daurades artificielles. En Qlevage intensif les deux populations

ARTIFICIELLES Longueur

tcm

1

SAUVAGES Longueur

(cm)

5 i

A

M

J

J

A

S

0

N

Fig. 1. Populations artifkielles et populations sauvages de Sparus aurata Blevkes en intensif (), semi-intensif (-. -. - ) et extensif (------); paramhtres de croissance individuelle (moyennes et intervalles de confiance ) .

atteignent productions finales identiques (lo,6kg/m3), les memes accroissements individuels moyens (0,39 g/jour ) et le meme facteur de conversion (2,4; Tableau 2). La mortalite des daurades artificielles (22,8% ) a Qtd de peu inferieure que celle de la population sauvage (2&l% ) . En absolu, cependant, avec les daurades en conditions d’elevage semi-intensif on a obtenu la meilleure survie (environ 92% ) ainsi qu’un accroissement individuel moyen jusq’a 0,51 gpar jour et un facteur de conversion, en moyenne, plus favorable (2,l; Tableau 2). La brusque augmentation de ce facteur s’est verifiee, dans toutes les conditions experimentales, lors de l’abaissement de la temperature de l’eau et elle est plus accent&e en semi-intensif, 06 la baisse thermique est plus soudaine. La relation longueur-poids (Tableau 3) indique que la daurade (S. aurata) aussi bien artificielle que sauvage, presente dans toutes ces conditions experimentales, une croissance allometrique caracteristique, avec un coefficient de regression b significativement plus grand que 3,000 (*P < 0,05 ) . L’examen de l’aspect morphologique externe des daurades Qlevees dans des conditions intensives et semi-intensives, a mis en evidence la presence d’indi-

278 TABLEAU

2

Paramhtres individuels de croissance, de production, de conversion et de mortaliti et des populations sauvages de Sparus aura& en 6levage intensif et semi-intensif Longueur (cm)

Intensif Artificielles Avril Mai Juin Juillet AoiX Septembre Novembre

2,0+0,1 4,3 f 0,2 6,3 f 0,2 8,3?0,2 11,9 + 0,3 13,8 f 0,3 13,9?0,4

Poids (g)

Biomasse (kg@)

0,l + 0.01

1,5+0,2 4,3 f 0,4 11,711,2 38,4 4 3,4 66,9 f 4,9 75,9?6,1

02 ‘33 0,7 199 594 994 10,6

Accroissement individuel absolu (g/ jour)

2,9+0,1 4,4*0,1 6,6 + 0,2 9,4f0,2 12,8?0,3 14,3 * 0,2 15,5?0,3

0,3 * 0,02 1,3fO,l 4,7 + 0,5 15,141,1 42,3 + 2,8 60,9? 3,2 81,6+3,6

O-4 037 0,7 2,2 6,O 8,l 10.6

5,1+ 0,2 6.4 & 0,2 10,8*0,3 12,8f0,3 15,3?0,4 15,6?0,2

2,440,3 5,2-t 0,5 26,0+2,1 47,043,O 86,2+5,7 89,3+3,6

FC

Mortaliti cumulde (%)

099 198 4,7 14,4 15,7 4,9

1,7 278 795 30,o 24.6 36,2

1,9 1,6 1,6 2,l 1.6 7,4

8,6 11,7 12,l 21.7 22,6 22,8

~~ C 42,4

0,02 0,12 0,36 0,66 0.69 0,50 x 0,39

Semi-intensif Artificielles Mai Juin Aoiit Septembre Octabre Novembre

Aliment (kg)

artificielles

(kg)

0,03 0,lO 0,26 0,65 1,06 0,22 x 0,39

Intensif Sauvages Avril Mai Juin Juillet Aoiit Septembre Novembre

Gain poids total absolu

des populations

097 1,9 599 14,l 998 10,o ,.Z 42,4

2102,8

1,7 2,4 798 34,0 23,l 32,8 2101,8

2,4*

2,4 1.3 1,3 2,4 2,4 3,3

7,9 19,2 21,0 25,8 26,3 28,l

2,4*

0.02 13,3 99,4 97,9 179,3 793

0,09

038

0,50 0,72 1,15 0909

51 138 203 301 154

3,8 194 2,l 197 21,l

8,2

-x 0,51

w97,2

2847

FC = Facteur de conversion (nourriture/gain de poids ); x= moyenne pour toute la p&ode tirbes du rapport des sommatoires respectives.

2,l’ d’blevage; baleurs

vidus deform& (Tableau 4). Ces individus pouvaient rep&enter jusq’a 48% des populations artificielles, alors qu’ils Qtaient exceptionnels (1% ) dans la population sauvage. Les malformations les plus communes Ctaient causees par des deviations de la colonne vertebrale (xyphose, lordose, scoliose) et/au par des raccourcissements du corps des vertebres (brachyspondilose) (Fig. 2). La longueur et le poids atteints par les daurades deform&es (Tableau 4) pour les deux populations ont Qte inferieurs a ceux des individus normaux. En compa-

279 TABLEAU

3

Relation longueur (L)-poids ( W) des populations Sparus aurata en diffkrentes conditions d’klevage

artificielles

W=a Lb

r

W=aLb

r

L3*3= W=O,O126 L3*223 w=o,o107 L3.260

0,9995 0,9998 0,9999

W=O,OO84 L3J49 -

0,9998 -

W=O,OO72 L3s363

0,9998

avec l’axe y; b = coefficient

de regression;

w=0,0101

Intensif Semi-intensif Extensif

TABLEAU

sauvages de

Sauvages

Artificielles

a = Intersection

et des populations

r= coefficient

de correlation.

4

Populations artificielles et populations sauvages de Sparus aurata, elevees en intensif et en semiintensif. Tableau Btabli sur la base de difformitis et de moyennes (avec les intervalles de confiance) des parametres de croissance, rel&& B la fin de l’experience en novembre Artificielles

Sauvages

Intensif

Semi-intensif

Intensif

N

%

N

%

N

Daurades normales Daurades deform&es

289 271

52 48

747 176

81 19

516 5

99 1

Malformations Bouche Opercule Tronc

0 3 268

0 1 99

2 0 174

1 0 99

0 0 5

0 0 100

Longueur (cm) Normales Deformees

14,9 f 0,6 13,l + 0,4

15,9 f0,3 14,7 +0,3

15,6 t 0,3 14,3 + 3,l

Poids (g) Normales Deform&es

88,6 f 10,l 64,8 k 6,3

92,7 f4,4 78,4 +4,8

82,l f 3,7 66,2 f32,8

Facteur de condition Normales Deform&

allomkrique K ( % ) 1,00 f 0,06 1,13f 0,05

N= Nombre de poissons examirks;

1,19 k 0,06 1,33 * 0,05

K=poids/longueurb

%

0,82k 0,90*

0,05 0,21

(pour les valeurs de 6, voir le Tableau 3).

raison de la population sauvage, un facteur de condition K toujours plus QlevC est propre aux daurades artificielles, aussi bien normales que ddformhes (Tableau 4); ces dernikres, B son tour, prdsentent le valeur de K plus grand, c’est

Fig. 2. Radiographies de Sparus aurata, reproduite artifkiellement: xypholordose de la colonne vertkbrale, vue la&ale (en haut); scoliose, vue ventrale (au milieu) et brachyspondilose, vue latkrale (en baa).

281

h dire elles ont, P egalite de poids avec les individus normaux, des longueurs inferieures. Dans le plus mauvais cas, 12% des daurades deformees ne sont pas commercialisables (evaluation subjective du marche local) alors que le reste est vendu a la moitie du prix des individus de morphologie normale. DISCUSSION

A la fin de la premiere an&e d’elevage, le tours de la croissance, la survie, le facteur de conversion et la production atteinte par la population de Sparus aurata, obtenue par reproduction artificielle, se rev&lent presque semblables B ceux de la population sauvage p&h&e en mer et Qlevee dans les mtmes conditions experimentales. D’autre part, un plus grand pourcentage d’individus deform& et un facteur de condition plus Qleve, aussi bien des daurades normales que des daurades deformees, ont caracterise la population artificielle. Les individus deform& semblent etre, actuellement, une composante toujours presente dans les populations de sparides obtenues par reproduction artificielle, mQme si leur pourcentage se revele variable (Barbaro et al., 1986 ). Par contre, les cas de difformites dans les populations sauvages, sont exceptionnels (Dawson, 1964). Les pourcentages variables de poissons deform& presents dans les Qlevages semi-intensif ( 19% ) et intensif (48% ) sont attribuables, non pas tant au type d’elevage, qu’a la selection operde sur la population de daurades utilisees pour le semi-intensif (voir Materiel et Methodes). En excluant les plus petits, on a probablement Qlimine une bonne partie des individus deform& qui, par rapport a des poissons normaux, ont constamment des tailles moindres (Tableau 4). Seuls ou associes, divers facteurs ont et& supposes responsables de l’apparition de malformations du squelette: facteur genetiques, d’ambiance, nutritionnels, traumatiques, etc. (voir, par exemple, Hickey, 1973 ). Toutefois, l’application de conditions experimentales identiques dans l’elevage intensif des daurades artificielles et des daurades sauvages nous permet d’exclure le fait que l’alimentation, au moins a partir de la phase post-larve puisse avoir entrain& ces difformites. Leur origine devra plutot @tre recherchee dans les phases precddentes de l’elevage. La majeure partie des deformations (99%) touchaient le tronc et dtaient causees, comme les radiographies l’ont mis en kvidence (Fig. 2)) par des phenomenes pathologiques de lordose, xyphose, scoliose et brachyspondilose de la colonne vertebrale. Si leg&es, ces malformations du squelette n’ktaient decelables qu’a la radiographie; en consequence, un nombre d’individus deform& pourrait Qtre present chez les daurades artificielles Qval&es normales lors de l’examen externe des poissons, comme indique leur facteur de condition K,plus Qleve que ce des daurades sauvages. L’utilisation de ce facteur, dont les valeurs plus Qlevees sont normalement associees au “bienetre” des poissons (Ricker, 1975 ), est peu appropriee a Y&valuation de leur qualite, lorsque beaucoup d’individus deform& sont presents dans la population. C’est seulement l’application de conditions experimentales t&s similaires

282

qui nous a permis d’attribuer les differences et les ressemblances rencontrees, aux caracteristiques des types de population (artificielle ou sauvage) plutot qu’aux autres variables de l’elevage. Des etudes compares sur les daurades artificielles et les daurades sauvages ont deja Qte rapportdes en litterature. Toutefois, en raison des conditions d’dlevage frequemment non comparables, les ressemblances et les differences ne peuvent 8tre attribuees directement au type de populations utilisees (intensif, Rend, 1974; extensif, Barbaro et al., 19831984,1986). En faisant abstraction du type de population, des differences significatives sont apparues entre les trois types d’elevage. Dans l’elevage extensif pratique dans la “valle”, on a obtenu une croissance plus rapide et on a atteint des tailles plus &levees (Fig. 1). Toutefois, ce milieu est sujet, en automne, a des abaissements de temperature de l’eau, plus rapides et plus accent&s et les operations de recolte, pour l’hivernage des daurades, espece peu tolerante aux basses temperatures, ne sont pas encore optimisees. Cela presente parfois un risque de mortalite massive, en particulier dans les bassins de dimension limitee, comme ceux que nous utilisons pour nos recherches (voir Materiel et Methodes). Dans des conditions normales dans de tels bassins, la survie obtenue est peu superieure a 60% (Tableau 5 ) . MQme si les poids atteints par les daurades Qlevees en conditions extensives (97 et 112 g) sont superieurs a ceux de l’intensif et du semi-intensif, ces valeurs se situent parmi les plus faibles rapport&es en littdrature pour des daurades de milieux saumatres mediterraneens et atlanTABLEAU 5 Paramktres individuels de croissance (moyennes et intervalles de confiance) des populations artificielles et des populations sauvages de Sparus auruta, B la fin de la l&e saison d’elevage, en extensif, dans la Valle Doga An&e

Artificielles 1982 1983 1984 Sauvages 1983 1984 1985 1982 1983 1984 1985

Alevins (N/ha)

Longueur (cm)

Poids (9)

Survie (%)

3 2 2

1500 1700 850

17,5 +0,1 17,2 kO,4 15,5+0,3

105f2 112f6 91f3

62 0’ 0*

2 2 2 400 400 400 400

1700 850 1140 300 -

17,2 + 0,2 17,6+0,1 17,5 I!I0,2 19,2fO,l 17,6f0,3 18,5 k 0,l 19,2 k 0,l

97f5 98k2

Bassin (ha)

‘Voir Mat&e1 et Methodes. -, Non d&ermind.

-

95f3

129*2 118+5 122f3 140+4

0*

66 0* 59

-

283

tiques (70-250 g, Barbaro et al., 1986). De telles differences sont probablement imputables aux bassins d’elevage qui, presentant des volumes d’eau limit&, sont davantage sujets a des conditions d’environnement critiques pour l’esp&e. Dans la mQme “valle”, en fait, les daurades Qlevees dans des bassins plus grands ont toujours atteint des poids plus &eves (Tableau 5). En outre, dans des bassins de 2-3 ha, la disponibilite de la nourriture ne semble pas avoir influence negativement la croissance, puisqu’h une quantite d’alevins dimin&e de moitie de la densite initiale, correspondent aussi, a la fin, des poids identiques sinon plus faibles. Des effets negatifs sur la croissance se manifestent sans doute, seulement a une densitk beaucoup plus Qlevee. Dans les regions meridionales (Egypte; Eisawy et Wassef, 1984)) le poids atteint, en novembre, par des daurades &levees en extensif, Qtait seulement de 78 g, en relation pourtant avec une charge initiale d’au moins 7143 alevins/ha. Dans la forme d’elevage ou l’apport energetique depend exclusivement (intensif) ou partiellement (semi-intensif) de l’homme, on n’a pas encore atteint une gestion optimale, en ce qui concerne les daurades. 11 manque, en fait, l’acquis de nombreux elements parmi lesquels la connaissance des exigences de nutrition de cette espece, qui peuvent varier en fonction de l’age ( Alliot et Pastoureaud, 1984 ). Comme cela le confirme, les croissances pond&ales rapport&es dans la litterature pour des daurades QlevQes en intensif et en semi-intensif, sont plutot faibles. Bien qu’on obtienne exceptionellement un poids de 140 g, atteint en novembre par des daurades &levees dans une ferme du Canal de Sic&e (Mazzola et Rallo, 1981), les poids sont normalement, a la fin de la premiere an&e (octobre-novembre) compris entre 70 et 89 g (Tableau 6). Ces valeurs, en TABLEAU

6

Sparus auruta Blevhe en conditions intensives et en conditions fin de la Ike saison de croissance (octobre-novembre) Volume du bassin (m’) 4 4

500 60 60 60 400 0,21 0,21 Cage

Nombre de poissons au debut

Poids (g)

Biomasse

725 725 5000 500 1000 2000 6000’ 24 24 552*

76 82 89 70 70 71 140* 79 82 120*

10,6 10,6 098 0,6* 1,2* 2,4* 1,7 9,1* 9,3* 28,8*

semi-intensives:

production

h la

FC

Survie (So)

Localisation

1,6- 7,4 1,3- 3,3 1,4-21,l 232 292 271 197 5,1-11,6 2,9- 5,7 5J

77 72 92 99 99 99 82* 100 100 -

N.Adriatico ( 1) N.Adriatico (1) N.Adriatico (1) Ionio (2) Ionio (2) Ionio (2) CSicilia (3) N.Adriatico (4) N.Adriatico (4 ) Mar Rosso (5)

(kg/m3)

FC = Facteur de conversion; valeurs calculkes; (1) p&sent travail; (2) L. Corbari, communication personnelle, 1984; (3) Mazzola et Rallo, 1981; (4) Kraljevic, 1984; (5) Porter, 1980.

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outre, ne semblent pas en relation avec les productions finales de biomasse. La survie, au contraire, dans ces formes d’elevage est, en general, tres Qlevee (> 90% ) et les valeurs plus basses que nous avons obtenues en Qlevage intensif (7.2 et 77% ) pourraient 6tre expliquees par les manipulations rep&es auxquelles ont Qte soumis les poissons au tours des releves mensuels des parametres de croissance. Les resultats atteints pendant cette experimentation sont, done, a considerer comme assez encourageants, si on les rapporte a la biomasse &levee obtenue (lo,6 kg/m3). On a signale en fait des productions de plus du double (28,8 kg/m3) avec des poissons de 120 g, seulement dans les eaux tropicales de la Mer Rouge, pour des daurades placees en cages flottantes (Porter, 1980). Les basses valeurs de conversion de la daurade (Tableaux 2 et 6), de mai a septembre, periode durant laquelle la temperature de l’eau ne descend pas, en moyenne, au dessous de 21 ‘C, indiquent a quel point cette espece est particulierement capable d’utiliser la nourriture pour sa croissance. D’autre part, de faGon analogue a ce qui est rapport6 au sujet des daurades elevees dans le nord de 1’Adriatique (Kraljevic, 1984)) les brusques augmentations du facteur de conversion se verifient toujours, en relation avec l’abaissement de la temperature de l’eau, quand la croissance des poissons est fortement ralentie. Toutefois, si la temperature hivernale de l’eau ne descend pas en dessous de 21 “C, l’utilisation de la nourriture par les poissons continue et ils peuvent croitre de maniere ininterrompue jusqu’a ce qu’ils atteignent la premiere saison naturelle de reproduction, comme cela a Qtk constate pour des daurades dlevees en Mer Rouge (Pitt et al., 1977; Kadmon et al., 1985). CONCLUSIONS

Dans les divers systemes d’elevage, il n’est pas apparu de differences essentielles entre les populations artificielles et les populations sauvages de Sparus aurata,en ce qui concerne le tours de la croissance, la survie, le facteur de conversion alimentaire et la production atteinte. L’unique probleme apparu pour les populations artificielles est la presence d’un nombre important d’individus deform& qui reduit la valeur commerciale du produit. Si l’on exclut le fait que de telles deformations surgissent durant la phase d’elevage des post-larves et des jeunes, les etudes sur leur etiologie peuvent, d&s a present, etre reduites a l’histoire de l’individu qui precede la phase post-larvaire jusq’aux reproducteurs. On souligne, en outre, que l’utilisation du facteur de condition est appropriee a l’estimation du “bien-etre” des populations obtenues par reproduction artificielle, a condition, toutefois, que les animaux ne soient pas malformds. Si l’on fait abstraction du type de population, artificielle ou sauvage, des differences significatives apparaissent dans la croissance, en fonction des divers systemes de culture adopt&. Les poids plus faibles obtenus en intensif et en semi-intensif semblent indiquer l’inadaptation actuelle des techniques d’Q-

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levage et en particulier des regimes artificiels qui ne conviennent cette espece. Enfin, on doit souligner la capacitk de la daurade n’importe quel type de culture.

pas encore a a s’adapter a

REMERCIEMENTS

Les auteurs remercient la Societe Industrielle pour la Reproduction Artificielle du Poisson et les proprietaires de la Valle Doga, pour leur hospitalite et leur collaboration. 11sadressent un remerciement tout particulier a Mr. G. Antonini, pour son aide technique efficace. L’equipe du Professeur R. Peloso, (Ospedale al Mare, Lido Venezia), a aimablement execute les radiographies. Ce travail a Qte financie par le C.N.R. (Italie), avec une contribution speciale I.P.R.A., Sousprojet 1.

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