S~ANCE DU 1-2 DI~CEMBRE 1970
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Discussion gl p r o p o s des c o m m u n i c a t i o n s de J. F. Foncin, F. Cathala et or. L . L a n d a u - F e r y et coll.
P. BUSER. Laboratoire de Neurophysiologie comparde, Facultd des Sciences, 9, quai St-Bernard, F. 75 Paris-05. Combter le foss6 entre l'61ectroencdphalographie et une neurophysiologie plus analytique n'est jamais chose ais6e, et iI n'est pas 6vident qu'un physiologiste, m e m e intdress6 par les probl6mes physiopathologiques, puisse utilement intervenir, aprbs un r a p p o r t aussi riche en donndes cliniques et 61ectroencdphalographiques que celui de GACHES. Mort r61e se bornera h souligner trois points, & i m p o r t a n c e tr6s indgale, on va le voir. 1 o On s'interroge bien stir quant aux mdcanismes impliquds clans les paroxysmes pdriodiques et, dans sa communication, M me LANDAU nous a rappel6 que la ddaffdrentation corticale pouvait effectivement constituer l'une des explications possibles. Toutefois l'anatomie pathologique n'autorise pas en gdn6ral cette conclusion et GACHES, de son c6t6, a illustr6 des cas de ldsions essentiellement sous-corticales. E n fait, cette difficult6 concernant l'6ventuel impact, cortical ou profond, de Faction pathogene n'est pas pour 6tonner le physiologiste ; il voit 6merger des problbmes qui, depuis les premiers temps de l'6lectrophysiologie des centres nerveux, h a n t e a t les tentatives d'interprdtation. Le rythme ~ de l ' h o m m e , c o m m e aussi les <>corticaux de l'animal, sont-ils d'origine corticale ou profonde ? Le cortex n'est-il que le reflet d'dvdnements sous-corticaux, ou bien la profondeur ne reflbte-t-elle que l'activite de voles corticifuges en retour ? Ou enfin, dans quelle mesure est-il justifi6 de s6parer les deux niveaux, s'il est vrai qu'ils contractent des interactions mutuelles telles que le probl6me ainsi pos6 n'ait finalement pas de sens ? I1 ne m'appartient pas bien sftr de prendre position dans un probl6me physiopathologique que je ne connais pas ; je conclurai simplement en mettant en garde contre toute hypothese exag6rdment simplificatrice ; il me paralt en tout c a s q u e la seule analyse chronologique des rythmes est trop peu sfire et trop peu prdcise pour autoriser quelque conclusion que ce soit. 2 ° Le rapporteur a, ~ juste titre, insist6 sur les difficult6s que suscite la comparaison chronologiqne entre paroxysmes corticaux et clonies pdriphdriques ; l'observation simultan6e prouve en effet que ces rapports sont fluctuants, ce qui est ddroutant pour qui veut voir dans le paroxysme l'antdcddent causal du mouvement. Deux cat6gories de faits me paraissent pouvoir etre rappeldes ici : a) Ii nous semble illusoire de considdrer le paroxysme recueilli sur le scalp, meme dans la zone centrale, c o m m e le reflet fid61e des 6v6nements qui se d6roulent en chaque point du cortex moteur, en particulier celui d ' o ~ n a k la clonie. Des explorations systdmatiques, par 61ectrodes corticales multiples, effectu6es chez des patients atteints d'dpilepsie partielle continue (syndrome de Kojewnikov) nous ont enseign6 que les activitds paroxystiques recueillies /t divers niveaux du cortex moteur, quelques centimbtres de distance, avaient elles-m6mes des rapports chronologiques tout aussi inconsrants et ddroutants avec la clonie p6riphdrique ; seul le paroxysme effectivement recueilli au niveau du point moteur de la zone musculaire en 6tat clonique offre les correspondances strictes que l'on attendrait. It n'est donc pas 6tonnant que I'E.E.G. de scalp, traduction ddformde des 6vdnements sous-jacents, soit ~t cet 6gard fort imparfaite.
Tirds d part : P. BUSER (~t l'adresse ci-dessus).
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SOCII~TI~D'E.E.G. ET DE NEUROPHYSIOLOGIE CLINIQUE DE LANGUE FRAN~AISE
b) La recherche d ' u n e correlation chronologique stricte cortico-musculaire repose par ailleurs sur un prEalable ; il est admis en effet que toute clonie est d'origine pyramidale. Or ce n'est l~t q u ' u n e possibilit6 parmi d'autres : ~, supposer que d'autres voies motrices soient raises en jeu par l'interm6diaire d ' u n relais (noyau rouge, formation rEticulEe, etc...), il n'est pas du tout Evident que la cadence des clonies suive celle des paroxysmes corticaux, le relais intermEdiaire pouvant, le fait n'est pas impensable, imposer son rythme et sa chronologie propres. 3 ° Aux yeux du neurophysiologiste, la signification des activitEs paroxystiques pose de multiples problEmes des lots qu'il est conscient des limites de la mEthodologie 61ectrophysiologique. FONC~N nous a illustr6 la complexit6 des alterations cytologiques qui accompagnent certaines encEphalopathies ; M me CATHALA a r~sum6 pour nous le point de r u e du virologue. On ne peut s'emp~-cher de s'interroger sur la signification des paroxysmes : repr.Esentent-ils une distorsion de l'61ectrogdnEse individuelle sous l'effet d ' u n e alteration de leur biochimie propre ? S'agit-il, bien plus, d ' u n e synchronisation pathologique des 61ectrogEn~ses neuronales, parce que des interneurones inhibiteurs ont cess6 d'Etre fonctionnels, ou que des barriEres intercellulaires ont 6t6 rompues par le processus pathogEne ? Peut-~tre une exploration micro~,lectrophysiologique donnera-t-elle la clef du problEme ; pent-Etre aussi faudra-t-il plut6t attendre l'explication d'autres mSthodologies, dont nous ne pouvons qu'entrevoir l'importance actuellement.