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Résumés des présentations aux JFN de Marseille 2015 / Nutrition clinique et métabolisme 31 (2017) 30–82
∗
Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (Y. Bouferkas)
Introduction et but de l’étude Au cours des dernières décennies, la stratégie la plus efficace pour contrôler la pression artérielle a été l’inhibition de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA). Les inhibiteurs chimiques de l’ECA tels que le captopril, l’énalapril, le ramipril et le trandolapril ont été largement utilisés en clinique pour réduire le taux de mortalité chez les patients atteints de l’hypertension artérielle (HTA). En plus des médicaments préventifs et thérapeutiques, une attention accrue a été accordée à l’identification de composés alimentaires (bioactifs) qui peuvent contribuer à la prévention et le traitement de l’HTA sans effets indésirables connus. Dans notre travail, nous nous sommes intéressés à la recherche et l’évaluation d’une préalable activité inhibitrice des hydrolysats pepsiques de la fraction des gliadines totales de la farine de blé sur l’ECA. Matériel et méthodes Les échantillons de gliadine extraite de la farine du blé et de gliadine commerciale ont été hydrolysés par la pepsine. Les hydrolysats obtenus sont analysés par électrophorèse SDS-PAGE et RP-HPLC. L’activité inhibitrice de l’ECA est mesurée selon la méthode de Cushman et Cheung (1971). Résultats et analyse statistique La teneur en protéine totale dans l’extrait de gliadines lyophilisée a été estimée à 0,3105 mg/ml, notant que ce taux est égal à celui trouvé dans l’échantillon commercial sigma. Le profil électrophorétique des gliadines et de leurs hydrolysats révèle une similarité entre les gliadines commerciales et celles extraites au laboratoire. Le taux d’inhibition de l’enzyme de conversion de l’angiotensine obtenu suite à l’hydrolyse peptique des gliadines extraites au laboratoire et commerciale–sigma sont respectivement de 49,45 % vs. 50,55 % à 120 minutes, 43,41 contre 45,05 % à 60 minutes et 34,41 et 37,69 % pour les gliadines contrôles (T0). Conclusion Ces résultats préliminaires indiquent que les peptides issus de l’hydrolyse pepsique de gliadines possèdent une activité inhibitrice de l’ECA. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.10.048 P310
Translocation bactérienne intestinale chez des rats malnutris : effet d’un blé fermeté traditionnel en phase de réalimentation S. Bousbahi 1,∗ , B.-M. Benakriche 1 , P. Gérard 2 , O. Kheroua 1 , A. Chekroun 1 Laboratoire de physiologie de la nutrition et de la sécurité alimentaire, université d’Oran 1, Oran, Algérie 2 Micalis, Inra, Jouy-en-Josas, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : s
[email protected] (S. Bousbahi) 1
Introduction et but de l’étude Historiquement, le blé fermenté traditionnel type Hamoum (BFH) a fait l’objet d’un produit préventif contre de nombreuses complications physiopathologiques intestinales. Le but de notre travail est de vérifier si un protocole de réalimentation à base de blé fermenté entraîne une restructuration de la barrière intestinale et le rétablissement de l’équilibre de la flore bactérienne après une translocation bactérienne intestinale chez des rats malnutris. Matériel et méthodes Nous avons utilisé 24 rats Wistar âgés de quatre semaines répartis en quatre groupes. Le premier groupe constituant le groupe témoin a rec¸u un régime standard (20 %de protéines), le deuxième groupe malnutri a rec¸u un régime de malnutrition protéique (2 % protéines). Les troisième et quatrième groupes subi une phase de malnutrition protéique suivie d’une phase de réalimentation. Le troisième groupe a été réalimenté avec un régime enrichi en Hamoum et le quatrième avec le régime standard. Nous avons évalué le taux de pullulation des entérobactéries au niveau cæcal et l’incidence de la translocation des bactéries endogènes viables dans les ganglions lymphatiques mésentériques (GLM), le foie et la rate. Résultats et analyse statistique Nos résultats montrent que la malnutrition protéique entraîne une diminution de la croissance pondérale, une pullulation des entérobactéries et une translocation bactéries endogènes viables vers les GLM, la rate et le foie dans le groupe malnutris par rapport au groupe témoin. Après une phase de réalimentation par le BFH, nous avons constaté une reprise
de la croissance pondérale, une diminution de la pullulation des entérobactéries et une diminution de l’incidence de la translocation bactérienne dans les GLM (p < 0,005), le foie et la rate. Le BFH par sa richesse en bactéries lactiques et d’autres métabolites nutritionnels exerce un effet positif dans le maintien de l’équilibre de la flore bactérienne intestinale et le rétablissement de la structure épithéliale intestinale. Conclusion Le BFH à l’état naturel et grâce a ses processus de fermentation par sa flore bactérienne endogène pourrait contribuer au bon fonctionnement des mécanismes physiologiques de l’intestin dans les situations physiopathologiques. Il pourrait être utilisé comme adjuvant nutritionnel et diététique dans un but préventif contre les septicémies causées par la translocation bactérienne intestinale chez l’enfant malnutris. D’autres études complémentaires sont en cours pour en comprendre les mécanismes cellulaires en vu de son application. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.10.049 P311
Effet de la chirurgie bariatrique sur la biodisponibilité des protéines chez le rat obèse O. Bruneau 1,∗ , J.-B. Cavin 2 , L. Ribeiro-Parenti 2 , N. Khodorova 1 , D. Tomé 1 , A. Bado 2 , M. Le-Gall 2 , C. Gaudichon 1 1 UMR PNCA, Inra-AgroParisTech, France 2 UMRS1149, Inserm, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (O. Bruneau) Introduction et but de l’étude La chirurgie bariatrique est un traitement efficace de l’obésité morbide et de ses complications métaboliques. Cependant, elle peut entraîner des carences nutritionnelles, dont la carence protéique, avec toutefois de grandes disparités de prévalence entre les études. La malabsorption protéique peut être un facteur de risque de la dénutrition protéique, mais il n’existe pas de données claires à ce sujet. L’objectif de notre étude était de comprendre l’origine de la dénutrition protéique en évaluant chez le rat l’impact de deux chirurgies bariatriques, l’une restrictive : la gastrectomie verticale (SGV) et l’autre restrictive et malabsorptive : la dérivation Roux-en-Y (RYGB) sur la biodisponibilité des protéines. Matériel et méthodes Des rats, rendus obèses par un régime hyperlipidique, ont été opérés de RYGB (n = 9) ou SGV (n = 7). Une mortalité importante chez les RYGB a réduit le nombre final d’animaux à 3. Deux groupes contrôles (n = 4) ont été opérés à blanc et ont rec¸u la même quantité de nourriture que les groupes opérés (pair-fed). La composition corporelle a été quantifiée avant et après chirurgie à l’aide d’un scanner EchoMRI 900. L’albumine a été mesurée dans le plasma. Deux semaines après l’opération, la digestibilité des protéines a été mesurée 6 h après l’ingestion d’un repas test contenant des protéines intrinsèquement marquées à l’azote 15 N. Après sacrifice de l’animal et dissection du tube digestif, l’azote alimentaire a été déterminé dans les contenus des différents segments (estomac, intestin grêle, cæcum, côlon) par spectrométrie de masse à ratio isotopique couplé à un analyseur élémentaire. Une étude histologique de l’intestin grêle a été réalisée. Les résultats sont exprimés en moyennes (± ESM) et analysés par des Anova à deux facteurs. Des tests post-hoc de Bonferonni ont été réalisés (seuil : p < 0,05). Résultats et analyse statistique Quinze jours après l’opération, la prise alimentaire est diminuée de 49 % chez les RYGB et de 36,5 % chez les SGV (p < 0,001). La perte de masse grasse est de 32 % chez les rats RYGB et SGV et de 21 % dans les groupes contrôles (p = 0,07). La perte de masse maigre est de 10 % pour les RYGB et 4 % pour les contrôle-RYGB (NS). Ces pertes sont accompagnées d’une hypo-albuminémie dans les 4 groupes. Six heures après l’ingestion du repas test, il n’y a pas de différences notables intergroupes du pourcentage d’azote ingéré retrouvé dans les différents segments du tube digestif, excepté dans le côlon où cette valeur est supérieure chez les rats RYGB comparé aux rats SGV (2,8 ± 0,3 vs. 1,1 ± 0,2 %, p = 0,01). Cependant, la digestibilité protéique est équivalente dans les 4 groupes et est de 93 ± 1,3 %. L’analyse morphologique révèle une hypertrophie du jéjunum chez les rats RYGB et SGV et de l’iléon chez les rats RYGB.
Résumés des présentations aux JFN de Marseille 2015 / Nutrition clinique et métabolisme 31 (2017) 30–82 Conclusion Notre étude ne révèle pas de malabsorption protéique exacerbée 15 jours après une chirurgie bariatrique, SGV ou RYGB. L’hypertrophie de la muqueuse de l’intestin grêle a pu contribuer à compenser la réduction de la surface d’absorption et à préserver la biodisponibilité des protéines. Ce résultat doit être confirmé avec un nombre plus important d’animaux. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.10.050 P312
Importance du choix du pH et de l’origine de la lipase pour simuler la digestion gastrique in vitro L. Sams 1,2,∗ , J. Paume 1 , J. Giallo 1 , F. Carrière 2 1 Germe SA, France 2 Laboratoire d’enzymologie interfaciale et de physiologie de la lipolyse UMR 7282, CNRS, Marseille, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (L. Sams) Introduction et but de l’étude Le développement de modèles de digestion in vitro représentatifs des conditions physiologiques humaines est lié à la disponibilité de données obtenues in vivo, comme les quantités et concentrations d’enzymes digestives produites ou les variations de pH au cours du repas dans le système digestif. Le mode de collecte des échantillons est crucial : les sécrétions enzymatiques doivent être mesurées au cours de repas car à jeun, les enzymes sont vite dégradées. Le stockage des échantillons est une étape sensible, la congélation-décongélation affectant souvent la stabilité des enzymes. Une fois ces points critiques identifiés, les données fiables peuvent être utilisées pour modéliser la digestion in vitro via des modèles dynamiques prenant en compte les variations temporelles de paramètres ou statiques avec un seul jeu de paramètres considérés comme représentatifs. Ces derniers modèles sont les plus utilisés car ils sont simples à mettre en œuvre, moins coûteux et rapides. Mais lors de l’utilisation de ce type de modèle, il faut choisir une valeur fixe, pour chaque paramètre, représentative du compartiment donné. Un grand nombre de publications décrivent des modèles pour lesquels les paramètres gastriques varient énormément. Le plus souvent, un pH acide est utilisé (1,4–3) alors qu’in vivo, c’est seulement en conditions basales ou lorsque la majeure partie du repas a été vidangée que l’on observe un pH aussi acide. En outre, la lipase gastrique est souvent remplacée par des lipases microbiennes dont l’équivalence n’a jamais été démontrée. Les propriétés biochimiques ainsi que la spécificité de la lipase gastrique, comme sa stéréospécificité pour la position sn-3 des triglycérides (TG) ou son pH optimum d’activité sur les TG à longues chaînes de 4 à 5,4, sont des caractéristiques spécifiques, qui la rendent difficilement remplac¸able. Matériel et méthodes La récolte de données in vivo a été effectuée chez l’homme et le chien au cours de repas test après une intubation permettant les prélèvements gastriques et intestinaux. Un repas leur est administré puis des prélèvements gastriques sont réalisés. Le pH et la concentration en lipase sont mesurés au cours du temps et en fonction de la vidange gastrique. Résultats et analyse statistique La valeur de pH utilisé dans 55 % des modèles in vitro (pH 2) correspond à une vidange gastrique de 95 %. Il se rapproche plus des conditions physiologiques du jeun que des conditions observables durant la digestion gastrique. Au cours de la digestion, 9 à 25 mg de lipase gastrique sont sécrétés. Un choix judicieux serait de se placer à 50 % de la vidange gastrique où le pH est de 5,5 et la concentration en lipase gastrique est de 17 g/mL. Conclusion La valeur du pH et l’utilisation d’une lipase gastrique sont déterminant pour un modèle réaliste de digestion in vitro. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.10.051
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Santé publique P313
Une perte de masse non grasse augmente le risque de mortalité chez les sujets de 65 ans et plus C.-E. Graf 1,∗ , F. Herrmann 1 , A. Spoerri 2 , A.-M. Makhlouf 3 , T. Sørensen 4 , S. Ho 3 , V.-L. Karsegard 3 , L. Genton 3 1 Médecine interne, réhabilitation et gériatrie, hôpitaux universitaires de Genève, Genève, Suisse 2 Institut de médecine sociale et préventive, université de Berne, Berne, Suisse 3 Nutrition clinique, hôpitaux universitaires de Genève, Genève, Suisse 4 Preventive Medicine, Bispebjerg and Frederiksberg Hospital, Copenhagen, Danemark ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (C.-E. Graf) Introduction et but de l’étude Chez les sujets de plus de 65 ans, un indice de masse non grasse (FFMI) bas prédit la mortalité chez les hommes, mais pas chez les femmes, alors que l’indice de masse grasse (FMI) n’a pas d’effet. En revanche, l’impact des changements de composition corporelle sur la mortalité est inconnu. Cette étude rétrospective évalue la relation entre les changements de composition corporelle et la mortalité chez des sujets ≥ 65 ans. Matériel et méthodes Nous avons inclus toutes les mesures de composition corporelle par bioimpédance électrique effectuées aux hôpitaux universitaires de Genève (HUG) entre 1990 et 2011 chez des sujets ≥ 65 ans. Nous avons exclu les sujets résidant hors de Suisse, dont les comorbidités étaient inconnues, ceux décédés dans le mois suivant la deuxième mesure de composition corporelle et ceux avec seulement deux mesures de composition corporelle dans un intervalle < 1 mois. Les dates de décès jusqu’en décembre 2011 ont été relevées sur le registre de l’état civil du canton de Genève et la cohorte nationale Suisse. Les comorbidités au moment de la mesure ont été rapportées sous forme de « Cumulative Illness Rating Score » (CIRS). Pour chaque sujet, nous avons calculé les pentes de régression pour l’indice de masse corporelle (BMI), FFMI et FMI. Les pentes positives significativement différentes de 0 (p < 0,05) ont été définies comme « gain », les pentes négatives comme « perte » et les autres pentes comme « maintien ». Nous avons évalué l’impact des changements de BMI, FFMI et FMI séparément par trois régressions de Cox ajustées pour le sexe, l’âge et le CIRS à l’inclusion. Résultats et analyse statistique Nous avons inclus 791 sujets (318 ♀) parmi lesquels 425 (159 ♀) sont décédés. Lors de leur dernière mesure de composition corporelle, ils présentaient les caractéristiques suivantes : âge 75,3 ± 6,8 ans, BMI 24,6 ± 6,0 kg/m2 , CIRS 12,0 ± 7,1. Le suivi depuis la dernière mesure de composition corporelle jusqu’à la censure était de 3,0 ± 3,0 ans. Les résultats des régressions de Cox sont présentés dans le Tableau 1. Une perte de FFMI, mais pas de FMI, est associé à une mortalité plus précoce. Conclusion Une perte de FFMI est associée à une mortalité plus précoce après ajustement pour l’âge et le sexe. Des études futures devraient évaluer si la prévention de la perte de FFMI améliore la survie. Tableau 1 Évaluation de la relation entre les changements de composition corporelle et la mortalité chez des sujets âgés de 65 ans ou plus. BMI
Maintien Gain Perte
FFMI
FMI
n
HR (95 %CI)
n
HR (95 %CI)
n
HR (95 %CI)
695 50 46
1,00 0,89 (0,59, 1,36) 1,12 (0,76, 1,64)
719 46 26
1,00 1,17 (0,79, 1,75) 2,02 (1,28, 3,19)
697 49 45
1,00 1,05 (0,70, 1,58) 0,87 (0,57, 1,34)
BMI : indice de masse corporelle ; FFMI : indice de masse non grasse ; FMI : indice de masse grasse. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.10.052