Presse Med 2005; 34: 25-8
Pierre Tourneux1 Denis Dufillot2 Marie Belloy3 Franck Boralevi4 Lorena Cevallos1 Gérard Krim1
1 - Service de médecine néonatale et réanimation pédiatrique polyvalente, Hôpital Nord, CHU Amiens (80) 2 - Service de pédiatrie, CH de Bigorre, Tarbes (65)
Correspondance : Pierre Tourneux, Médecine néonatale et réanimation pédiatrique polyvalente, CHU Amiens, Hôpital Nord, 1, place victor Pauchet 80054 Amiens cedex 1. Tél. : 03 22 66 82 86 Fax : 03 22 66 82 81 pierre_tourneux@ hotmail.com
Reçu le 23 mars 2004 Accepté le 18 octobre 2004
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Épidémiologie de la maladie de Kawasaki en Guadeloupe
Summary
Résumé
Kawasaki disease: epidemiology in Guadeloupe
Objectif Étudier l’incidence de la maladie de Kawasaki au sein de la population antillaise. Méthode Cinquante-six enfants ont été inclus entre le 1er janvier 1995 et le 31 décembre 2000, dans cette étude rétrospective sur l’ensemble de la Guadeloupe, selon les critères diagnostiques de l’American Heart Association. Résultats Il y avait 31 garçons et 25 filles. L’âge moyen au moment diagnostic était de 26,5 ± 22 mois. L’incidence moyenne était de 25,4 /100 000 enfants de moins de 5 ans par an. Une atteinte cardiaque était observée chez 17,8 % des patients durant les 3 premiers mois, d’évolution favorable chez tous les enfants suivis. Conclusion L’incidence de la maladie de Kawasaki en Guadeloupe est élevée. L’absence de critères épidémiologiques, cliniques ou biologiques prédictifs d’atteinte cardiaque doit inciter à utiliser précocement les immunoglobulines, en particulier dans les présentations atypiques de la maladie.
Objective To study the incidence of Kawasaki disease in the population of the French West Indies. Methods Fifty-six children where enrolled between January 1, 1995 and December 31, 2000), in this retrospective study in Guadeloupe (French West Indies), according to the diagnostic criteria of the American Heart Association. Results There were 31 boys and 25 girls. Their mean age at the time of diagnosis was 26.5 ± 22 months. The mean incidence was 25.4/100000 children aged under 5, per year. Cardiac involvement was noted in 17.8% of the cases during the first 3 months, with good outcome in all the children followed-up. Conclusion The incidence of Kawasaki disease in Guadeloupe is high. The absence of epidemiological, clinical or biological predictive criteria of cardiac involvement should prompt the early use of immunoglobulins, notably in atypical presentations of the disease. P. Tourneux, D. Dufillot, M. Belloy, F. Boralevi, L. Cevallos, G. Krim Presse Med 2005; 34: 25-8 © 2005, Masson, Paris
3 - Service de pédiatrie, CH de Gonesse (95) 4 - Département de pédiatrie Hôpital Pellegrin, CHU Bordeaux (33)
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© 2005, Masson, Paris
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n 1967,T. Kawasaki décrivait le syndrome adénocutanéo-muqueux caractérisé par une fièvre prolongée, une conjonctivite, un exanthème, une atteinte des extrémités (œdème et érythème, puis desquamation) et de la cavité buccale (chéilite principale1 ment),et des adénopathies .Certains pays,où l’incidence de cette vascularite était élevée, ont rapidement disposé de données épidémiologiques et cliniques précises.Au Japon l’incidence était de 111,7/100 000 enfants de 2 moins de 5 ans en 1998 . Aux États-Unis, elle était de 3 10/100 000 ,plus élevée chez les enfants américains ori3,4 ginaires d’Asie (33,3 à 44/100 000) . En France, une étude rétrospective (1990-1994) retenait 550 dossiers et évaluait le nombre de nouveaux cas par an en France à 5 200 . La première étude épidémiologique prospective (mars 1995-février 1996) estimait l'incidence à 6 2,99/100 000 . Une influence ethnique et géographique existe, avec un risque élevé pour les populations asiatiques (Japonais et Coréens), intermédiaire pour les 4,7-10 . Le populations noires, faible pour les Caucasiens pronostic de la maladie de Kawasaki est lié aux complications cardiaques, 12 à 25 % des patients non traités développant une atteinte coronaire (dilatations et ané-
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3,8-11
.Ce chiffre diminue de 2 à 7 % lors d’un traivrismes) tement par immunoglobulines polyvalentes intravei2,12 neuses (IGIV) . L’incidence de la maladie de Kawasaki dans la population antillaise est mal connue ; seuls 11 cas ont été 13 décrits . Nous avons évalué rétrospectivement l’incidence de la maladie de Kawasaki en Guadeloupe.
Méthodes Cette étude rétrospective a été réalisée sur 6 ans (19952000). En Guadeloupe, seuls 3 services (pédiatrie A et B de l'hôpital de Pointe-à-Pitre, pédiatrie générale de l'hôpital de Basse-Terre) disposaient d’IGIV et accueillaient les enfants suspects de maladie de Kawasaki.Les critères de l’American Heart Association ont été utilisés pour 14 sélectionner les dossiers .Tous les évènements ont été datés (en nombre de jours depuis le début de la fièvre (température rectale supérieure à 38°C) : épidémiologiques, cliniques, biologiques, radiographies, électrocardiogrammes, échocardiographies, traitements administrés (IGIV et aspirine) et consultations. La Presse Médicale - 25
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Épidémiologie de la maladie de Kawasaki en Guadeloupe
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Selon les cas, les tests de χ , Student ou le test exact de © Fisher étaient utilisés à partir des logiciel Excel ou ® SuperAnova 1.1 .
Résultats Cinquante-six dossiers ont été obtenus. En moyenne 9,3 ± 4,2 cas/an ont été observés entre 1995 et 2000 (extrêmes 4 en 1997 à 14 en 1999). Des variations saisonnières ont été observées (figure 1).Le sex-ratio (M/F) était de 1,24/1 : 31 garçons (55 %) et 25 filles (45 %). L’âge moyen au moment du diagnostic était de 26,5 ± 22 mois (extrêmes : 3 à 67 mois). Cinquante-deux enfants (92,9 %) avaient moins de 5 ans et 34 (60,7 %) moins de 2 ans. Parmi les 56 enfants inclus,48 avaient 5 ou 6 critères diagnostiques de la maladie de Kawasaki (tableaux 1 et 2). Pour les 8 autres,le diagnostic a été fait devant au moins 3 de ces critères, associés à une échographie cardiaque anormale. Neuf enfants (16,0 %) ont eu des signes cliniques cardiologiques : un souffle cardiaque dans 8 cas et un bruit de galop chez un enfant. 10 9 8
Nombre de cas cumulés
7 6 5 4 3 2 1
Décembre
Novembre
Octobre
Septembre
Août
Juin
Période : mois
Juillet
Mai
Avril
Mars
Février
Janvier
0
Figure 1 Distribution mensuelle cumulée de la maladie de Kawasaki au cours de la période 1995-2000 en Guadeloupe
Concernant les examens complémentaires (tableau 3), un examen cytobactériologique des urines a été réalisé 5 chez 46 enfants (82 %). Une leucocyturie (> 10 leucocytes/ml) a été observée chez 28 enfants (61,0 %) et une hématurie 8 fois (17,4 %).Les cultures étaient stériles.La ponction lombaire réalisée 16 fois (28,6 %) était normale. Les sérologies virales (virus Epstein Barr, cytomégalovirus, virus Herpès simplex, Parvovirus, Coxsackies, virus de la dengue) prélevées chez 24 enfants (1 à 2 semaines après le début de la fièvre) étaient négatives sauf une positivité (Ig M) pour le virus de la dengue.Dix enfants (17,9 %) ont eu une échographie abdominale 26 - La Presse Médicale
(moyenne 8,5 ± 3,1 jours) sans anomalie notable (pas d’hydrocholécyste). Deux enfants parmi 54 (3,6 %) avaient un index cardio-thoracique supérieur à 0,60 sur la radiographie du thorax.L’électrocardiogramme réalisé chez 30 enfants (53,6 %) ne montrait aucune anomalie spécifique. Tous les enfants ont eu une échographie cardiaque au cours du premier mois de la maladie.Dix enfants (17,8 %) avaient une dilatation des artères coronaires.Le diagnostic e était posé en moyenne au 30 jour (± 30 jours,extrêmes 9 jours à 3 mois). Dans 4 cas, l’échocardiographie précoce e e (4 au 19 jour) était normale,avec apparition secondaire de dilatations coronaires 1 à 3 mois plus tard. Chez 7 enfants,elles ont régressé en 6,6 mois en moyenne (± 4,8, extrêmes 1 à 14 mois).Une dilatation des coronaires sans anévrisme persistait dans un cas à 11 mois d’évolution. Les deux autres enfants ont été perdus de vue. Un épanchement cardiaque (inférieur à 5 mm) a été noté pour 3 des 10 enfants ayant eu une atteinte coronarienne et chez 7 autres enfants. Il a été régressif 9 fois en 2 à 8 semaines et 1 fois en 4 mois.Il n’a pas été observé d’atteinte valvulaire ou d’anomalie de la fonction cardiaque. Tous les enfants ont eu un traitement par aspirine à la posologie moyenne de 76 ± 12,3 mg/kg/j (extrêmes 50 à e 100). Il était initié en moyenne au 6 jour, maintenu pendant 2 à 3 semaines et poursuivi ensuite à dose antiagrégante. Cinquante et un enfants (91,1 %) ont été traités par immunoglobulines. Les protocoles thérapeutiques ont évolué au cours de la période étudiée, au fur et à mesure des recommandations : 5 enfants (9,8 %) ont eu une posologie d'immunoglobulines de 400 mg/kg/j pendant 4 jours consécutifs, 22 (43,1 %) 1 g/kg, 2 jours de suite et 24 (47,1 %) 2 g/kg en une injection. Les enfants sans complication cardiaque avaient été traités en e e moyenne à partir du 7 jour contre le 10 lors d’atteinte cardiaque (p = 0,14). Parmi les 5 enfants n’ayant pas eu d’immunoglobulines,2 (hospitalisés après 7 et 8 jours de fièvre) étaient apyrétiques en 24 h ;l’un a développé une e dilatation coronaire (échocardiographie faite au 10 jour) puis a été perdu de vue, l’autre n’a pas eu de complication.Les 3 autres enfants étaient restés fébriles.Deux ont eu une dilatation des coronaires régressive en 12 à 24 mois. Parmi ces 5 enfants n’ayant pas reçu d’immunoglobulines, 3 ont développé des complications cardiaques contre 7 chez les 51 enfants traités (test exact de Fisher : p = 0,04). Le nombre moyen de consultations de suivi était de 2±1,8 par enfant (extrêmes 0 à 8), la dernière consultation étant effectuée en moyenne à 4,8 ± 5,6 mois après le diagnostic (recul de 12 mois pour les derniers enfants inclus). Une seconde échocardiographie était réalisée 3 mois après le début de la maladie, autorisant l’arrêt de l’aspirine en cas de normalité (80 % des enfants ayant 15 janvier 2005 • tome 34 • n°1
P.Tourneux, D. Dufillot, M. Belloy, F. Boralevi, L. Cevallos, G. Krim
une atteinte cardiaque ont été contrôlés contre seulement 61 % dans l’autre groupe). En cas d'anomalies, des contrôles échographiques étaient proposés tous les 3 mois. À 1 an de l’épisode initial, 60 % des enfants avec atteinte coronaire ont eu une échocardiographie contre 20 % dans l’autre cas.
Tableau 1
Signes cliniques nécessaires au diagnostic de la maladie de Kawasaki parmi les 56 cas, au cours de la période 1995-2000 en Guadeloupe Critères de diagnostic
Nombre d’enfants (%) avec le signe clinique
Date moyenne d’apparition (en jours à partir du début de la fièvre)
Discussion L’incidence annuelle moyenne de la maladie de Kawasaki était de 25,4/100 000 enfants de moins de 5 ans, et respectivement de 17,7,17,7,5,9,35,3,41,1 et 34,8 pour les années 1995 à 2000. Elle était élevée par rapport à l’étude menée en France métropolitaine par Borderon et 6 al. (2,99/100 000) . L’incidence chez les Afro-Caribéens, plus élevée que chez les caucasiens, a été évaluée entre 6,75 et 23,4/100 000 dans différentes séries améri4,7,10 . Mise à part une étude de 11 cas13, nous caines n’avons pas trouvé dans la littérature de données épidémiologiques pour l’arc antillais ou les populations africaines. L’augmentation de l’incidence de la maladie au cours de la période étudiée était probablement liée à 2,6,15 , bien une meilleure sensibilisation des médecins qu’une augmentation réelle,indépendante de ce facteur, 2 ai été notée en Asie . Il n’y avait pas, dans cette étude, de relation avec les conditions climatiques locales (thermiques ou hygrométriques), contrairement à d’autres 3,8,9 . séries Le sex-ratio était proche de celui rapporté dans la litté2-6,15,16 . rature, variant de 1,5 à 1,9 dans les autres études L’âge moyen de 26,5 ± 22 mois était plus bas que dans 5,6,15 , proche de les séries françaises (35,6 à 41,6 mois) 2,3 celui observé au Japon .En Guadeloupe,les enfants les plus jeunes étaient les plus touchés :61 % avaient moins de 2 ans.Au Japon, 55 % des enfants avaient moins de 2 2 5 9,11 ans contre 47 % en France et 32 % aux États-Unis . Les caractéristiques cliniques et biologiques étaient com3,7,9 parables à celles de la littérature . L’association entre virus de la dengue et maladie de Kawasaki chez un enfant a été décrite et semblait fortuite en zone d’endé17 mie de dengue . Les facteurs de risque épidémiologiques,cliniques et biologiques d’atteinte cardiaque décrits (âge, sexe, fièvre prolongée, hyperleucocytose, hyperplaquettose lors de e la 2 semaine, vitesse de sédimentation et protéine C réactive élevées,délai de mise en place du traitement par 3,5,10,11,18 ) ont été étudiés en comparant les groupes IGIV “sans” et “avec” atteinte cardiaque. Mise à part la durée de la fièvre (7,9 ± 3,3 jours dans le groupe sans atteinte cardiaque contre 11,8 ± 3,9 jours dans l’autre groupe, p = 0,02), aucun autre critère n’a permis d’isoler une population à risque de complication cardiaque. Le faible effectif de cette étude est suffisant pour rappe15 janvier 2005 • tome 34 • n°1
Fièvre
56 (100)
Hyperhémie conjonctivale
50 (89,3)
5,2 ± 3,2
Modification de la cavité buccale Chéilite Langue framboisée Pharyngite Exanthème
56 (100) 51 (91,1) 26 (46,4) 34 (60,7) 46 (82,1)
5,8 ± 2,7 5,7 ± 2,3 3,8 ± 3,4 3,4 ± 2,7
Atteinte des extrémités Érythème extrémités Desquamation extrémités Œdème extrémités
50 (89,3) 32 (57,1) 39 (69,6) 27 (48,2)
5,0 ± 3,1 14,5 ± 5,1 6,7 ± 2,9
Adénopathies
31 (55,4)
5,4 ± 3,0
Tableau 2
Signes cliniques associés à la maladie de Kawasaki parmi les 56 cas, au cours de la période 1995-2000 en Guadeloupe Signes cliniques associés
Nombre d’enfants (%) ayant eu le signe clinique
Date moyenne d’apparition (en jours)
Digestifs Vomissement Diarrhée Douleur abdominale
18 (32,1) 16 (28,6) 9 (16,1)
2,9 ± 1,9 3,7 ± 2,0 3,3 ± 2,2
Dermatologiques Desquamation du siège Érythème du siège
20 (35,7) 10 (17,9)
8,5 ± 2,9 5,6 ± 4,0
15 (26,8)
2,7 ± 3,1
11 (19,6)
2,5 ± 1,9
11 (19,6) 8 (14,3) 1 (1,8)
5,8 ± 2,2 6,3 ± 3,0 5,0
8 (14,3) 7 (12,5)
4,1 ± 3,0 6,6 ± 2,9
10 (17,9) 7 (12,5)
6,7 ± 2,8 6,1 ± 2,9
Respiratoires Toux ORL Rhinite, otite, sinusite Cardiologiques Tachycardie Souffle Galop Neurologiques Irritabilité Syndrome méningé Rhumatologiques Arthralgie Myalgie
ler le bénéfice des immunoglobulines, en particulier 12,19,21 . Il n’a pas été lorsque le traitement est précoce trouvé d’anévrisme géant et toutes les lésions coronaires ont disparu en 12 à 24 mois (2 perdus du vue). Avec quelques réserves (faible recul de l’étude, quelques perLa Presse Médicale - 27
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Épidémiologie de la maladie de Kawasaki en Guadeloupe
Tableau 3
Moyennes globales (± écart-type) des données biologiques pour les périodes J1 à J9 et J10 à J30 pour 56 enfants atteints de la maladie de Kawasaki Intervalle J1-J9
Intervalle J10-J30
p
Hémoglobine (g/dL)
10,0 ± 1,4
9,7 ± 1,2
0,10
Hématocrite (%)
30,0 ± 4,1
28,8 ± 4,9
0,07
Leucocytes (103/mm3)
15,7 ± 7,2
14,8 ± 6,9
0,38
Neutrophiles (%)
59,0 ± 18,4
48,7 ± 19,6
< 0,001
Lymphocytes (%)
31,4 ± 17,0
39,0 ± 19,1
Plaquettes (103/mm3)
365,2 ± 154,7
633,8 ± 241,9
< 0,001
0,004
CRP (mg/L)
< 0,001
115,0 ± 102,1
63,8 ± 66,0
VS (mm à la 1e h)
70,2 ± 35,7
69,7 ± 39,9
0,95
TGO (UI/L)
57,8 ± 84,3
56,0 ± 95,0
0,93
TGP (UI/L)
53,4 ± 5,3
62,7 ± 136,0
0,76
CRP = protéine C réactive ; VS = vitesse de sédimentation ; TGO = transaminases glutamo-oxalo-acétiques ; TGP = transaminases glutamo-pyruviques
dus de vue, absence de cardio-pédiatre spécialisé), on peut raisonnablement penser que les complications cardiaques sévères étaient rares dans notre étude, comme 16 dans celle de Chantepie et al. ,à la différence des popu2,18 lations japonaises et américaines . Parmi les différents facteurs prédictifs de complications cardiaques déjà rapportés,seule la durée de la fièvre était significative dans notre série, ne permettant pas d’isoler une sous-population à risque.Cette observation doit inciter à l’utilisation précoce et large des immunoglobulines, en particulier dans les formes atypiques. ■
CE QUI ÉTAIT CONNU La maladie de Kawasaki est une vascularite touchant principalement les enfants de moins de 5 ans. L’incidence de la maladie est plus élevée dans la population asiatique, en particulier au Japon. Le diagnostic reste clinique et le pronostic, principalement lié à la survenue éventuelle d’anévrismes des artères coronaires. • L’introduction d’un traitement par immunoglobulines polyvalentes à la posologie de 2 g/kg en 1 injection permet de diminuer le risque de complications cardiaques, en association à un traitement salicylé.
•
CE QU’APPORTE L’ARTICLE
• L’incidence de la maladie de Kawasaki était en moyenne
de 25,4/100000 enfants de moins de 5 ans par an pour la période 1995 à 2000 en Guadeloupe. • Cette incidence était élevée par rapport aux données françaises, s’approchant plus de celles des populations afroaméricaines. • Les enfants atteints étaient jeunes, 61 % avaient moins de 2 ans. • Un traitement précoce par immunoglobulines est justifié, en particulier dans les formes atypiques.
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