Étude prospective des otites canines dans une clientèle généraliste

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VETCLI-61; No. of Pages 7

Revue vétérinaire clinique (2017) xxx, xxx—xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

ARTICLE ORIGINAL

Étude prospective des otites canines dans une clientèle généraliste夽 A prospective study of canine otitis in general practice E. Aymeric-Cuingnart a,∗, E. Bensignor b,c,d,e a

Clinique du Loriot, 13390 Auriol, France Service de dermatologie, 35510 Cesson-Sévigné, France c Service de dermatologie, 44000 Nantes, France d Service de dermatologie, 75003 Paris, France e Service de dermatologie, 13008 Marseille, France b

Rec ¸u le 18 septembre 2017 ; accepté le 14 novembre 2017

MOTS CLÉS Otite ; Dermatologie ; Chien ; Épidémiologie

Résumé Les données caractérisant les otites externes (OE) du chien sont anciennes, rétrospectives et/ou biaisées car elles sont obtenues à partir de clientèles référées. Cette étude s’est intéressée dans une clientèle généraliste à mieux définir leurs caractéristiques. Sur 6 mois (1237 consultations), 82 chiens (7 %) étaient atteints d’OE. Il s’agissait du motif de consultation pour 46 chiens (56 %) et d’une découverte fortuite pour 44 % (36 chiens). Les otites chroniques sont rares (7/82 chiens, 8 %). La présentation clinique la plus fréquente est une otite érythémateuse (36/82 chiens, 44 %) ou érythémato-cérumineuse (34/82 chiens, 41 %), avec un score OTIS3 léger à modéré (3—4). Les otites suppurées sont plus sévères (score OTIS3 7—8) mais plus rares (17 chiens sur 82, 21 %). La dermatite atopique et les corps étrangers sont les causes primaires les plus fréquemment responsable d’une otite externe (respectivement 50 [61 %] et 13 [15,8 %] chiens sur 82). Les otites à Malassezia sont plus fréquentes (59/82 chiens, 72 %) que les otites bactériennes, à cocci (34/82 chiens, 41 %) ou à bacilles (11/82 chiens, 13 %). Cette étude montre des différences parfois marquées avec les données rapportées dans les centres de référés ou les écoles vétérinaires et permet de mieux situer l’otite dans le contexte de la consultation de dermatologie. © 2017 AFVAC. Publi´ e par Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.

夽 Crédits de formation continue. — La lecture de cet article ouvre droit à 0,05 CFC. La déclaration de lecture, individuelle et volontaire, est à effectuer auprès du CNVFCC (cf. sommaire). ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (E. Aymeric-Cuingnart).

https://doi.org/10.1016/j.anicom.2017.11.001 2214-5672/© 2017 AFVAC. Publi´ e par Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.

Pour citer cet article : Aymeric-Cuingnart E, Bensignor E. Étude prospective des otites canines dans une clientèle généraliste. Revue vétérinaire clinique (2017), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2017.11.001

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E. Aymeric-Cuingnart, E. Bensignor

KEYWORDS Otitis; Dermatology; Dog; Epidemiology

Summary The reported data on otitis externa (OE) in dogs are either old, retrospective and/or biased through case evaluations of referral centers. We aimed to prospectively characterize the features of canine OE in a private primary care veterinary practice setting. During a 6-month period (1237 visits), 82 dogs (7%) presented with an OE with 56% (46/82 dogs) consulting with clinical signs of OE and otitis being an incidental finding in 44% of dogs (36/82 dogs). Chronics OE were rare (7/82 patients, 8%). Erythematous (36/82 dogs, 44%) and erythemato-ceruminous OE (34/82 dogs, 41%) were the most common clinical syndromes, with having mild-to-moderate OTIS3 scores (3—4). Suppurative OE were more severe (OTIS3 7—8) but affected only 21% (17/82) dogs. Atopic dermatitis and foreign bodies were the most common underlying diseases (50/82 [61%] and 13/82 [15.8%] dogs). Secondary Malassezia infection was frequently diagnosed, (59/82 [72%] dogs), whereas bacterial infections, either due to cocci or rod-shaped bacteria, were less common (34/82 [41%], 11/82 [13%] dogs with OE, respectively). This study, conducted in a general practice setting, reveals marked differences with previously-published data obtained from secondary/tertiary centers. © 2017 AFVAC. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction

Évolution de l’otite et contexte d’apparition

Les otites externes sont un motif régulier de consultation en médecine canine. Leur importance est telle que, selon les études, elles pourraient représenter entre 5 et 20 % des cas de visites chez le vétérinaire [1—3]. Leur prise en charge se réalise classiquement dans le contexte d’une consultation de dermatologie : en effet le conduit auditif est recouvert de peau et le plus souvent l’otite externe n’est qu’un signe, parmi d’autres, d’une affection dermatologique plus générale. Peu d’études concernent l’épidémiologie des problèmes d’oreille en France et, les dernières enquêtes de grande ampleur sur le sujet datent d’il y a plus de 10 ans [4,5]. Il en est de même en Europe [6,7]. L’objectif de cette étude est de répertorier et de caractériser les cas d’otite rec ¸us en consultation sur une période de six mois afin de mieux préciser les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et cytologiques de cette affection en France.

Les conditions d’apparition de l’otite, sa progression, sa contagiosité éventuelle ainsi que les facteurs favorisant (baignade, toilettage, épilation) sont recherchés et notés. Pour chaque cas, la durée d’évolution de l’otite est répertoriée. L’otite est qualifiée aiguë (évolution de moins de 7 jours), sub-aiguë (durée d’évolution entre 8 jours et 1 mois) ou chronique (durée d’évolution depuis plus d’un mois).

Cause sous-jacente

Matériels et méthodes

Lorsque cela est possible, la cause primaire responsable de l’inflammation auriculaire est notée. En particulier, la recherche de signes cliniques de dermatite atopique est systématiquement réalisée : observation d’un érythème et/ou d’un prurit dans les localisations de prédilection que sont les lèvres, les espaces interdigitaux, la face interne des pavillons auriculaires et la zone péri-anale, absence de lésion en région dorso-lombaire et sur le bord libre des pavillons auriculaires, comme proposé par Favrot et al. [8].

Chiens à l’étude

Caractérisation de l’otite

Pendant une période de 6 mois, au premier semestre 2016, tous les chiens présentés en consultation dans une clinique vétérinaire canine située dans le sud de la France (grande banlieue de Marseille) ont été inclus. Il s’agit d’une clientèle généraliste dans laquelle l’investigateur a acquis une compétence en dermatologie (Certificat d’études supérieures) sans pour autant être une clientèle spécialisée. Pour chaque cas, la présence d’une otite a été objectivée par un questionnement systématique du propriétaire (votre chien a-t-il récemment présenté un grattage des oreilles, des secouements de tête, des écoulements auriculaires ?) et par un examen clinique général, dermatologique et otologique approfondi (incluant l’inspection des pavillons, des conduits auriculaires par un examen otoscopique).

Pour chaque cas, le caractère uni- ou bilatéral de l’affection est noté ainsi que la présence de prurit auriculaire, de douleur, de mauvaise odeur et de lésions des pavillons auriculaires et à l’entrée des conduits auditifs. Un examen otoscopique à l’aide d’un otoscope classique (appareil ® Heine ) permet de visualiser l’état du conduit auditif, l’aspect du cérumen ou de l’exsudat, d’apprécier l’intégrité du tympan et de révéler la présence d’éventuelles anomalies (ulcère, polype, hyperplasie cérumineuse, sténose, tumeur, corps étranger). Un examen microscopique direct du cérumen est systématiquement réalisé après curetage, ainsi qu’un examen cytologique, après écouvillonnage. L’examen direct, après préparation dans de l’huile de paraffine, sans coloration et

Pour citer cet article : Aymeric-Cuingnart E, Bensignor E. Étude prospective des otites canines dans une clientèle généraliste. Revue vétérinaire clinique (2017), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2017.11.001

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Otites externes du chien dans une clientèle généraliste après observation au microscope au grossissement 4, permet de déterminer la présence ou non de parasites (notamment Otodectescynotis). L’examen cytologique, après coloration ® (RAL555 ), permet d’objectiver la présence ou l’absence de granulocytes neutrophiles et la présence ou l’absence de micro-organismes (coques, bacilles, Malassezia). En présence de micro-organismes, une cotation semi-quantitative est effectuée après observation de dix champs au fort grossissement (G × 100 à l’immersion) : 0 : absence, 1 : 1 à 3 par champ, 2 : 4 à 10 par champ, 3 : 11 à 30 par champ et 4 : > 30 par champ, comme proposé antérieurement [9,10]. En fonction des résultats des examens cytologiques et des caractéristiques cliniques, l’otite est classée comme érythémateuse (absence de sécrétion, absence de bactérie, de levures et de cellules inflammatoires), érythématocérumineuse (présence d’un exsudat, présence de bactéries et/ou de levures mais absence de cellules inflammatoires) ou suppurée (présence de d’un exsudat, présence de granulocytes neutrophiles).

Score clinique Un score clinique est attribué à chaque oreille en utilisant la grille de cotation OTIS3 [11]. Brièvement, quatre critères (érythème, œdème/gonflement, érosions/ulcération et quantité d’exsudat) sont côtés sur une échelle entre 0 (absence) et 3 (présence très importante) pour un score total variant de 0 à 12 [11].

Constitution des groupes Quatre groupes de chiens sont constitués en fonction du contexte épidémiologique et clinique : • groupe 1 : l’otite n’est pas le motif de consultation et le chien est présenté pour un motif dermatologique ; • groupe 2 : l’otite est le motif de consultation dans le cadre d’une consultation pour motif dermatologique ; • groupe 3 : consultation généraliste « non dermatologique » et le motif de consultation n’est pas une otite ; • groupe 4 : consultation généraliste « non dermatologique » avec otite comme motif de consultation.

Analyses statistiques Les données sont comparées en utilisant un test du Chideux modifié (ou un test de Fisher lorsque les conditions d’application du test du Chi-deux ne sont pas respectées) et des tests de Student deux pour rechercher des différences significatives avec un seuil de significativité à 5 % (p < 0,05). Le traitement statistique est réalisé avec le logi® ciel BIOSTATGV .

Résultats Fréquence Au total, 82 cas d’otites ont été recensés sur un total de 1237 consultations sur une période de 6 mois, ce qui représente une incidence de 7 % avec 5 à 6 cas diagnostiquées par semaine. Parmi ces 82 animaux, 36 chiens

3 (43,9 %) n’étaient pas présentés pour un motif de consultation « otite » (16 dans le groupe 1 — 19,5 % et 20 dans le groupe 3 — 24,4 %) et 46 chiens (56,1 %) consultaient pour des signes cliniques d’otite : dix cas étaient présentés pour une otite sans motif dermatologique associé (groupe 4, 12,2 %) et 36 cas pour une otite associée à des signes dermatologiques (groupe 2, 43,9 %). Quand l’otite est découverte alors que le propriétaire ne consultait pas pour un trouble auriculaire, il s’agit la plupart du temps d’une consultation généraliste (72 % des cas). A contrario, lorsque le propriétaire constate un problème d’oreille, il s’oriente vers une consultation « dermatologique » dans 78 % des cas. Dans 30,7 % des consultations prises pour motif dermatologique, l’otite n’est pas remarquée par le propriétaire.

Données épidémiologiques Au total, 34 races différentes sont représentées avec une fréquence élevée de Berger allemand (12,2 %), Labrador (10,9 %), Cocker (9,8 %), Epagneul breton (8,5 %), Yorkshire terrier (6 %). D’autres races sont moins représentées (Bouledogue franc ¸ais 4 cas, Bouledogue anglais 2 cas, Sharpeï 2 cas, Caniche 1 cas, Chihuahua 1 cas) voire absente (West highland white terrier). Il n’existe pas de différence significative en fonction des groupes mais les Bouledogues franc ¸ais et les Sharpeïs ne sont représentés que dans le groupe 2. Cette répartition raciale présente quelques différences dans la population de chiens rec ¸us dans cette même période et ne présentant pas d’otite (n = 1155). Comme dans notre étude, la race Berger Allemand demeure la plus représentée (6 % des chiens, n = 69), les races Yorkshire Terrier (3,5 %, n = 41) et Labrador (2,8 %, n = 32) gardent une fréquence élevée de consultation et les races Bouledogue anglais (1,1 %, n = 13), Sharpeïs (0,4 %, n = 4) et Caniches (0,5 %, n = 6) sont également peu représentées. À l’inverse de la population étudiée, les races Epagneul breton et Cocker sont moins souvent rencontrées (2 %, n = 23, 2,3 %, n = 28) mais les races Bouledogue franc ¸ais (3,6 %, n = 42) et Chihuahua (2,8 %, n = 32) sont présentées avec une fréquence plus élevée. La race West white highland terrier absente de notre étude est présentée pour d’autres motifs dans 1,5 % des cas (n = 17). La répartition par sexe est homogène et non différente entre les 4 groupes. L’âge est variable, entre 6 mois et 16 ans avec une médiane de 5 ans (moyenne de 6,4 ans). Les animaux jeunes adultes sont surreprésentés dans le groupe 3 avec une médiane de 3 ans (moyenne de 3,6 ans) versus une médiane de 5 ans dans le groupe 1 (moyenne de 5,9 ans), 6,5 ans dans le groupe 2 (moyenne de 5,1 ans) et 2,5 ans dans le groupe 4 (moyenne 5,1 ans) (p < 0,05). L’otite évolue entre 24 heures et 6 ans avec une moyenne de 30,9 jours (médiane de 89,4 jours). Il existe une différence significative entre les groupes, la durée d’évolution étant significativement plus longue dans le groupe 2 (moyenne de 55,4 jours et médiane de 15 jours) que dans les autres groupes (respectivement moyenne de 15 jours, 7,6 jours et 3 jours et 15 jours, 8 jours et 2 jours de médiane pour les groupes 1, 3 et 4). La chronicité, définie comme une évolution pendant plus d’un un mois de l’otite, n’est observée que dans le groupe 2 (dans 19 % des cas) (Fig. 1).

Pour citer cet article : Aymeric-Cuingnart E, Bensignor E. Étude prospective des otites canines dans une clientèle généraliste. Revue vétérinaire clinique (2017), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2017.11.001

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E. Aymeric-Cuingnart, E. Bensignor 66,7 % dans le groupe 2 et 55,5 % dans le groupe 3), présence d’un corps étranger prépondérante dans le groupe 4 (70 % des cas). Les otites érythémateuses sont les plus fréquentes (43,9 %, n = 36/1237), devant les otites érythématocérumineuses (41,5 %, n = 34/1237) et les otites suppurées (14,6 %, n = 17/1237). Les otites suppurées ne concernent que le groupe 2 (33,3 % des cas). Le score clinique OTIS3 est en moyenne de 3,4. Les otites érythémateuses et érythémato-cérumineuses ont pour la plupart (n = 25/1237) un score OTIS 3 faible à modéré (score inférieur à 4) ; les otites suppurées s’accompagnant d’un score OTIS 3 important (supérieur à 7). Les chiens du groupe 2 ont un score (4,9 en moyenne) significativement plus élevé que celui des autres groupes (p < 0,05).

Figure 1. Durée d’évolution de l’otite selon les groupes. Groupe 1 : consultation « dermatologique »/motif de consultation autre qu’otite. Groupe 2 : consultation « dermatologique »/motif de consultation : otite. Groupe 3 : consultation généraliste « non dermatologique »/motif de consultation autre qu’otite. Groupe 4 : consultation généraliste « non dermatologique »/motif de consultation : otite.

Données cytologiques Des micro-organismes sont retrouvés dans 84,1 % des cas : dans 72,5 % des cas (n = 59/1237) il s’agit de Malassezia sp., dans 41,5 % (n = 34/1237) de coques et dans 13,4 % (n = 11/1237) de bacilles. Ces derniers ne sont retrouvés que dans le groupe 2. Les bactéries sont le plus souvent associées à des levures (retrouvées seules dans seulement 7,3 % des cas). En revanche, les Malassezia sont retrouvées seules dans 40,2 % des cas et, lorsqu’elles sont présentes en grand nombre, le portage bactérien est diminué. Des granulocytes neutrophiles ne sont observés que dans le groupe 2 (12 cas), et leur présence est toujours associée à des bactéries (33,3 % association coques et bacilles, 16,7 % [n = 2] association coques/Malassezia, 8,3 % [n = 1] association bacilles/Malassezia ou bacilles seuls). Il existe des différences marquées entre les groupes tant pour la présence ou l’absence de micro-organismes que pour leurs quantités respectives (Tableau 1 et Fig. 3).

Discussion

Figure 2.

Causes de l’otite dans la population globale.

Données cliniques La cause de l’otite a pu être identifiée dans 96 % des cas. Il s’agit d’une dermatite allergique dans 64,6 % des cas (dermatite atopique majoritairement — 50 cas [soit 61 % des cas], allergie alimentaire — 2 cas [2,4 %], dermatite par allergie aux piqûres de puces — 1 cas [1,2 %]). La présence d’un corps étranger représente 15,8 % des cas (n = 13/1237). Les autres causes sont beaucoup moins fréquentes (Fig. 2) ; en particulier nous ne retrouvons qu’un seul cas d’otacariose (1,2 %). Il existe des différences marquées entre les groupes : dermatite atopique prépondérante dans les trois premiers groupes (mais avec des différences marquées d’incidence : 87,5 % des cas dans le groupe 1,

Il est classiquement considéré que la présence d’une otite est un motif fréquent de consultation en médecine canine. Selon les études, pour la plupart anciennes, entre 5 % et 20 % des chiens présentés en clinique souffriraient d’une inflammation auriculaire [1,4,5]. Une récente étude nord-américaine va dans le même sens puisque les otites représentent le deuxième motif de demande de remboursement aux assurances santé [3]. Une étude franc ¸aise rapporte que 4 % des motifs de consultation en médecine générale (incluant les vaccinations) relèvent de l’otologie [2]. Malgré cette fréquence, très peu d’études récentes se sont intéressées à l’otologie et à sa place dans le cadre de la consultation vétérinaire tant en France qu’en Europe [2,4—7,12,13]. Les deux dernières enquêtes franc ¸aises publiées portant sur un grand nombre de cas datent respectivement de 1997 et de 2000 [4,5]. En outre, les rares études ayant fait l’objet de présentation en congrès depuis 10 ans ont été réalisées dans des structures universitaires ou dans des clientèles de spécialistes, ce qui introduit un évident biais de recrutement et remet potentiellement en question les données obtenues en comparaison avec une population « tout venant » de chiens [6,7,12,13].

Pour citer cet article : Aymeric-Cuingnart E, Bensignor E. Étude prospective des otites canines dans une clientèle généraliste. Revue vétérinaire clinique (2017), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2017.11.001

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Otites externes du chien dans une clientèle généraliste Tableau 1

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Résultats de l’examen cytologique selon les groupes.

Nombre de cas

Coc seules

Bac seules

Population totale Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4

5 2 1 1 1

1 0 1 0 0

Mp seules 33 7 11 10 5

Coc + Bac 4 0 4 0 0

Coc + Mp 21 7 9 5 0

Coc + Bac + Mp

Bac + Mp

5 0 5 0 0

1 0 1 0 0

GNN 12 0 12 0 0

Aucun 13 1 4 4 4

Mp : Malassezia sp. ; Coc : cocci ; Bac : bacille ; PNN : granulocyte neutrophile.

Figure 3. Résultat de l’analyse cytologique en fonction des groupes. Groupe 1 : consultation « dermatologique »/motif de consultation autre qu’otite. Groupe 2 : consultation « dermatologique »/motif de consultation : otite. Groupe 3 : consultation généraliste « non dermatologique »/motif de consultation autre qu’otite. Groupe 4 : consultation généraliste « non dermatologique »/motif de consultation : otite.

Dans ce contexte, nous avons décidé de mieux apprécier les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et cytologiques des otites externes chez le chien dans une clientèle non spécialisée mais avec une compétence en dermatologie en 2016 en France. Sur une période de 6 mois (plus de 1200 consultations), 7 % des chiens souffraient d’otite, en accord avec les données des études précédentes. Il ne s’agissait toutefois du motif de consultation que dans environ un cas sur deux. L’otite était une découverte fortuite dans 44 % des cas dans un contexte où presque un quart des propriétaires ne consultaient ni pour un problème dermatologique, ni pour un problème auriculaire. Ces observations confirment que les otites sont encore largement sous-estimées par les propriétaires. Lorsque le propriétaire note un trouble auriculaire sur son animal, il s’oriente vers une consultation « dermatologique » dans 78 % des cas et, a contrario, dans 30,7 % des cas l’otite n’est pas remarquée par le propriétaire qui consulte pourtant pour un motif dermatologique. Il est frappant de noter que dans le groupe 4, lorsque le propriétaire consulte pour une otite seule (sans autre signe dermatologique associé), il s’agit d’un corps étranger dans 7 cas sur 10. La gravité des signes cliniques et le caractère

aigu généralement associés à ce type d’otite peuvent expliquer ce constat. À l’inverse, lorsqu’il consulte pour une otite dans le cadre d’un contexte dermatologique, une dermatite atopique est la plus fréquemment en cause. À l’instar des études précédentes [4,6,7,12,13], où ils sont identifiés dans 0 à 13 % des cas, les parasites auriculaires demeurent une cause primaire peu fréquente d’otite chez le chien (1 seul chien pour notre étude, cas pour lequel l’otite a été découverte fortuitement). Les données observées dans la population étudiée ici sont différentes de celles classiquement rapportées dans des études similaires réalisées dans des centres de référés [5—7]. Mais il existe des similitudes avec l’étude de 2000 réalisée dans 98 clientèles généralistes en France [4]. Nous retrouvons ainsi une représentation importante des races Yorkshire terrier et Epagneul breton, qui ne sont pas régulièrement citées comme à risque. En revanche les Bouledogue franc ¸ais, Sharpeï, West highland white terrier ou Caniche, pourtant rapportés comme prédisposés sont peu représentés. Il est à noté que ces trois dernières races sont peu représentées dans notre clientèle ce qui biaise partiellement cette représentativité. Après comparaison de la population étudiée à celle ne présentant pas d’otite sur cette même

Pour citer cet article : Aymeric-Cuingnart E, Bensignor E. Étude prospective des otites canines dans une clientèle généraliste. Revue vétérinaire clinique (2017), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2017.11.001

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période, les races Bouledogue franc ¸ais, Chihuahua, Westie, Sharpeï et Caniche semblent tout de même moins concernées par les otites et les races Epagneul breton et Cocker seraient plus à risque qu’initialement constaté. La durée d’évolution de l’épisode auriculaire est généralement relativement courte et les otites chroniques (évoluant depuis plus d’un mois) sont finalement très peu fréquentes. Les otites érythémateuses sont plus fréquentes que les otites érythémato-cérumineuses, et beaucoup plus fréquentes que les otites suppurées. Globalement, le groupe 2 (otite dans le cadre d’une consultation pour motif dermatologique) se distingue par une durée d’évolution statistiquement plus importante que les 3 autres groupes. C’est le seul pour lequel des otites suppurées sont observées et les chiens ont un score OTIS3 significativement plus important que ceux des autres groupes. Ces observations suggèrent que les données collectées à partir d’une population sélectionnée dans des cliniques de spécialistes ou des centres de référés de dermatologie ne reflètent pas toujours « la réalité du terrain », ou tout au moins n’en représentent qu’une partie (ici 43,9 % des cas tout au plus) et sont, au moins partiellement, biaisées. En effet, dans la plupart des études précédentes les otites érythémateuses sont rares (8,2 % dans une étude franc ¸aise [12]) alors que les otites suppurées sont relativement fréquentes (jusqu’à 35 % dans l’étude grecque de 2007 [7]) et les otites chroniques sont souvent rencontrées (jusqu’à 63 %) [7,12]. Dans notre étude, les otites suppurées ne concernent que 14,6 % de la population totale (mais 33,3 % des animaux présentés pour une otite dans le cadre d’une consultation pour motif dermatologique) et les otites chroniques seulement 8,5 % de notre population totale. Ceci laisse à penser que lorsqu’un animal est atteint d’une otite « complexe » (otite chronique et/ou suppurée), son propriétaire consulte plus facilement en dermatologie que pour une otite aiguë ou non compliquée. Ces observations suggèrent un éventuel problème de triage par les assistantes vétérinaires lors de la prise de rendez-vous et confirment que les propriétaires n’assimilent pas encore toujours les troubles auriculaires à un problème dermatologique. Il est également intéressant de noter que des corps étrangers sont retrouvés dans 15 % des cas de ce groupe et qu’ils y représentent 14,4 % des otites chroniques et 8,3 % des otites suppurées. Pour ces deux types d’otites, les épillets souvent masqués par divers exsudats, peuvent migrer dans l’oreille moyenne ou se fragmenter en petits morceaux difficilement reconnaissables [14]. La présence d’un corps étranger auriculaire ne doit donc pas être négligée lors d’otite, même pour les cas semblant plus complexes, que la consultation soit en orientée en dermatologie ou non. Il existe également des différences quant aux caractéristiques cytologiques de la population étudiée par rapport aux données de la littérature : Malassezia sp. est le facteur secondaire le plus souvent mis en évidence (dans presque 3 cas sur 4), alors que des bactéries ne sont observées que dans moins d’un cas sur deux, en contradiction avec des données antérieures qui montrent une fréquence plus élevée de coques et/ou bacilles (jusqu’à 62,8 %) [12]. Les bacilles sont beaucoup plus rares (environ un cas sur 10 versus 22 % pour les études précédentes) [4,7] et ils ne sont

observés que dans le groupe 2. Il est intéressant de noter que pour les rares cas d’otite suppurée, des Malassezia sont retrouvées dans un quart des cas, souvent associées à des bactéries.

Conclusion Cette étude de grande ampleur (plus de 6 mois, plus de 1250 consultations) permet de mieux caractériser les otites du chien dans une population « générale », non biaisée par la notion de référé ou de seconde intention. Elle confirme que la présence d’une inflammation auriculaire représente une cause fréquente de consultation mais, dans presque un cas sur deux, l’otite n’est pas remarquée par le propriétaire. Les otites érythémateuses sont les plus fréquentes. Les otites évoluant depuis plus d’un mois sont rares. La dermatite atopique est la cause sous-jacente la plus fréquente, devant les épillets. Les gales auriculaires et les autres causes sont beaucoup plus anecdotiques. Le plus souvent, une complication fongique (à Malassezia) est notée alors que la présence de bacilles est rare, sauf en cas d’otite suppurée. Les propriétaires ne sollicitent pas nécessairement un avis « dermatologique » en cas d’otite, sauf s’il s’agit d’une affection chronique et/ou purulente.

Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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Pour citer cet article : Aymeric-Cuingnart E, Bensignor E. Étude prospective des otites canines dans une clientèle généraliste. Revue vétérinaire clinique (2017), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2017.11.001

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Pour citer cet article : Aymeric-Cuingnart E, Bensignor E. Étude prospective des otites canines dans une clientèle généraliste. Revue vétérinaire clinique (2017), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2017.11.001