Évaluation de l’agrandissement et de l’irradiation lors de la réalisation d’un cliché de bassin : système EOS versus radiographie conventionnelle

Évaluation de l’agrandissement et de l’irradiation lors de la réalisation d’un cliché de bassin : système EOS versus radiographie conventionnelle

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Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 103 (2017) 840–845

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Mémoire original

Évaluation de l’agrandissement et de l’irradiation lors de la réalisation d’un cliché de bassin : système EOS versus radiographie conventionnelle夽 Radiation dose and magnification in pelvic X-ray: EOS imaging system versus plain radiographs P. Chiron , L. Demoulin , K. Wytrykowski , E. Cavaignac , N. Reina , J. Murgier ∗ Département d’orthopédie traumatologie, hôpital Pierre-Paul-Riquet, CHU de Toulouse, place du Docteur-Baylac, TSA 40031, 31059 Toulouse cedex 9, France

i n f o

a r t i c l e

Historique de l’article : Rec¸u le 26 avril 2017 ˆ 2017 Accepté le 24 aout Mots clés : Système EOS Irradiation Agrandissement Planification Radiographie du bassin

r é s u m é Contexte. – Lors d’une radiographie standard du bassin, l’agrandissement de l’image rend aléatoire la valeur des mesures. Le système EOSTM (EOS Imaging, Paris, France) est censé reproduire l’anatomie du patient avec exactitude, tout en diminuant l’irradiation. Toutefois, ceci n’a pas été évalué chez le patient en fonction de son poids alors qu’il est admis que l’agrandissement varie en fonction du poids du patient de même que l’irradiation. Aussi nous avons mené une étude prospective comparative pour évaluer : l’agrandissement de l’image en fonction du type de radiographie (système EOS ou conventionnelle) tenant compte du poids du patient et l’irradiation générée par ces deux examens. Hypothèse. – Le système EOS reproduit l’anatomie du patient avec exactitude quel que soit le poids de celui-ci contrairement à la radiographie standard. Matériel et méthode. – Il a été réalisé une étude monocentrique, comparative d’une radiographie du bassin standard et d’une radiographie en deux dimensions EOS chez 183 patients (186 arthroplasties – 104 hommes et 81 femmes) âgés en moyenne de 61,3 ± 13,7 ans (24–87). Ont été comparés l’agrandissement et l’irradiation (par le produit dose surface[PDS]) entre les deux imageries sur 186 hanches, chez des patients ayant un indice de masse corporelle moyen (IMC) de 27,1 ± 5,3 kg/m2 (17,6–42,3) dont sept en obésité morbide. Résultats. – L’agrandissement moyen avec l’EOS était nul quel que soit le poids du patient contre 1,15 ± 0,05 (1-1,32) pour la radio conventionnelle (p < 10–5). Chez les patients présentant un indice de masse corporelle < 25, l’agrandissement moyen était de 1,15 ± 0,05 (1–1,25) et de 1,22 ± 0,06 (1,18–1,32) chez les patients en obésité morbide. Le rayonnement moyen avec l’EOS était de 8,19 ± 2,63 dGy/cm2 (1,77–14,24) versus 19,38 ± 12,37 dGy/cm2 (4,77–81,75) pour la radio conventionnelle (p < 10–4). En cas d’IMC > 40, l’irradiation avec l’EOS était de 9,36 ± 2,57 (7,4–14,2) versus 44,76 ± 22,21 (25,2–81,7) pour la radiographie conventionnelle. Pour un point d’IMC supplémentaire, la dose d’irradiation augmentait de 0,20 dGy pour le système EOS versus 0,74 dGy pour les radiographies standards. Conclusion. – L’agrandissement ne variait pas en fonction du poids pour le système EOS contrairement à la radiographie conventionnelle, avec un taux d’irradiation en moyenne 2,5 fois inférieures. Niveau de preuve. – 3 étude prospective cas-témoin. ´ ´ es. © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv

DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.otsr.2017.07.018. 夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc¸aise de cet article, mais celle de l’article original paru dans Orthopaedics & Traumatology: Surgery & Research, en utilisant le DOI ci-dessus. ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Murgier). https://doi.org/10.1016/j.rcot.2017.09.401 ´ ´ 1877-0517/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv es.

P. Chiron et al. / Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 103 (2017) 840–845

1. Introduction La radiographie de bassin est un examen fréquent et nécessaire, notamment dans le bilan préopératoire ou le suivi d’une d’une prothèse totale de hanche (PTH) [1–3]. Elle est habituellement réalisée grâce à une radiographie conventionnelle qui présente plusieurs inconvénients dont l’agrandissement de l’image (rendant les valeurs de planification préopératoire incertaines) ou l’irradiation du patient [4]. L’agrandissement de l’image peut varier selon la morphologie du patient et entraîner des erreurs dans l’analyse des clichés [5,6]. De plus, cet examen est l’un des plus irradiantes (40,48 dGy/cm2 selon le rapport DRPH/SER 2010–2012) [7] notamment chez les sujets en surcharge pondérale pour lesquels les clichés sont régulièrement répétés afin d’optimiser la qualité et le centrage de l’image. Le système EOSTM (EOS Imaging, Paris, France) est un système de radiographie biplane ou stéréoradiographie, à basse dose [8–16] pouvant être utilisé pour la planification 3D préopératoire des prothèses de hanche avec précision [17,18] et une excellente reproductibilité [19,20]. Elle permet également d’obtenir des images en 2D de qualité supérieure ou égale à celles de la radiographie conventionnelle [21]. Le système EOS est censé reproduire l’anatomie du patient avec exactitude, tout en diminuant l’irradiation [22–28]. Toutefois, ceci n’a pas été évalué chez le patient en fonction de son poids alors qu’il est admis que l’agrandissement varie en fonction du poids du patient de même que l’irradiation. Ainsi, nous avons mené une étude prospective et comparative avec pour objectifs d’évaluer en tenant compte du poids du patient : • l’agrandissement de l’image 2D en fonction du type de radiographie (système EOS ou conventionnelle) ; • l’irradiation générée par ces deux examens. Notre hypothèse était que le système EOS biplan reproduit l’anatomie du patient avec exactitude (sans agrandissement) quel que soit le poids de celuici contrairement à la radiographie standard.

2. Matériel et méthode 2.1. Patients Nous avons réalisé une étude prospective, monocentrique comparative afin de calculer l’agrandissement obtenu lors de la réalisation d’un cliché de bassin de face avec le système EOS : et de le comparer à l’agrandissement obtenu lors d’un cliché de bassin de face avec la radiographie conventionnelle. Tous les patients ayant bénéficié de la mise en place d’une PTH primaire ont été inclus entre septembre 2014 et avril 2015 dans le service d’orthopédie traumatologie du CHU de Toulouse. Il était réalisé deux clichés durant la même hospitalisation correspondant à la pratique habituelle du service à savoir une radiographie conventionnelle postopératoire immédiate et une radiographie EOS en 2D (une seule incidence de face debout) avant la sortie de l’hôpital du patient. Les niveaux d’irradiation délivrés aux patients pour chacun de ces examens étaient contrôlés.

2.2. Méthodes La mesure du diamètre de la tête était réalisée avec le logiciel Ster-EOS permettant l’analyse des clichés réalisés avec le système EOS d’une part, mais aussi avec les radiographies conventionnelles. Les acquisitions étaient faites selon les recommandations du système EOS (200 mA·s, 90 kV) et pour les radiographies standards selon un protocole établi en fonction du morphotype du patient

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permettant d’avoir une bonne image. Le tube de rayons était à 120 cm du bassin. Les images étaient analysées par un même observateur (LD). Un agrandissement de l’image centré sur la tête était réalisé puis une triangulation depuis les bords de la tête permettait de définir le centre de la tête. Enfin, Une mesure équatoriale de la tête était réalisée et colligée dans un tableur de données (Fig. 1). Ces valeurs étaient ensuite comparées entre elles selon la méthode de radiographie utilisée (conventionnelle ou système EOS) et selon l’indice de masse corporelle (IMC) du patient. 2.3. Méthodes d’évaluation des résultats Les données suivantes concernant l’acte radiographique étaient collectées : • la dose de rayonnement rec¸ue (produit dose surface [PDS]) par le patient exprimé en dGy/cm2 et indiquée sur le cliché ; • la mesure du diamètre de la tête en mm disponible sur le compte rendu opératoire ; • l’agrandissement relatif de la tête sur l’imagerie, par rapport à la tête réellement implantée était calculé selon la formule : agrandissement = diamètre mesuré/diamètre implanté. 2.4. Statistiques Les données ont été répertoriées dans un tableur Excel (MicrosoftTM ; Redmond, Washington, États-Unis). Toutes les analyses statistiques ont été réalisées par un statisticien indépendant à l’aide du logiciel libre R version 3.1.1 (R Foundation for Statistical Computing, Vienna, Autriche). Les différences observées étaient considérées comme statistiquement significatives si la valeur critique « p » associée était inférieure à 5 %. S’agissant de la comparaison de deux variables quantitatives, les paramètres étaient exprimés par leur moyenne (± écart-type) lorsque leur distribution était gaussienne et que les conditions d’application du test t de Student sur séries appariées étaient respectées pour les comparaisons correspondantes. Dans le cas contraire, les variables étaient décrites par leur médiane (intervalle interquartile), et un test de Wilcoxon sur séries appariées était réalisé. 3. Résultats Sur les 263 arthroplasties de hanches qui ont été colligées entre septembre 2014 et avril 2015, 76 patients n’ont pas pu bénéficier de la réalisation d’un cliché avec le système EOS, soit du fait de l’impossibilité de tenir debout lors de l’examen, soit par impossibilité du patient de rentrer dans l’appareil, soit par refus du patient. Les données ont donc été collectées sur 183 patients (104 hommes et 81 femmes) (186 arthroplasties) âgés en moyenne de 61,3 ± 13,7 ans (24–87) lors de l’arthroplastie. Le poids moyen était de 76,0 ± 16,7 kg (37–130), l’IMC moyen était de 27,1 ± 5,3 kg/m2 (17,6–42,4). Une obésité morbide (IMC ≥ 40) était observée chez sept patients soit 3,8 %, une obésité (30 ≤ IMC < 40) chez 35 patients soit 18,8 % et un surpoids (25 ≤ IMC < 30) chez 73 patients soit 39,2 % La répartition du diamètre des têtes fémorales est représentée dans le Tableau 1. Dans le groupe EOS l’agrandissement était nul dans 182 cas (97,8 %). Dans quatre cas (2,2 %), on retrouvait une mesure de diamètre de tête différente de 1 mm avec la taille de la tête réellement implantée, soit un agrandissement de 0,96 à 1,04. Tous les patients avec une obésité morbide ont présenté un agrandissement égal à un. Il n’y avait pas de différence statistiquement significative entre la mesure de la tête fémorale

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Fig. 1. Mesure du diamètre de la tête fémorale avec le système de mesure Ster-EOS.

Tableau 1 Tableau résumant le diamètre des têtes fémorales implantées dans la série. Diamètre de la tête fémorale (millimètres) 22 28 32 36 40

Nombre 5 79 92 9 1

Pourcentage (%) 2,7 42,5 49,5 4,8 0,5

avec le système EOS et la taille réelle (Fig. 2). Dans le groupe radiographie conventionnelle l’agrandissement était nul dans trois cas et systématiquement supérieur à 1 pour les autres sujets. L’agrandissement moyen était de 1,15 ± 0,05 (1 à 1,32). Les résultats

de l’agrandissement en fonction de l’IMC sont regroupés dans le Tableau 2. La schématisation de ces mesures est reproduite sur la Fig. 3 et montre une plus grande dispersion qu’avec ® le système EOS . La différence entre la moyenne des mesures radiographiques et la moyenne du diamètre de la tête fémorale était statistiquement significative (35 mm ± 3,6 contre 30,3 ± 2,8 ; p < 0,0001). La corrélation de l’agrandissement, créé par la radiographie conventionnelle selon l’IMC donnait un coefficient de corrélation selon Spearman de 0,14 (p = 0,10). Sur un modèle de régression linéaire, on trouvait une augmentation moyenne de 0,17 % par point d’IMC supplémentaire (p = 0,057). Cette augmentation n’existait ® pas dans le groupe EOS .

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Tableau 2 Pourcentage d’agrandissement pour le système EOS et la radiographie conventionnelle en fonction de l’indice de masse corporelle. IMC (kg/m2 )

Mesures système EOS (%)

Mesures radiographie conventionnelle

p

Poids normal < 25 Surpoids 25–30 Obésité > 30–40 Obésité morbide > 40

100

115 % ± 5 % (100–125)

< 0,001

100

115 % ± 6 % (100–125)

< 0,001

100

116 % ± 6 % (104–132)

< 0,001

100

122 % ± 6 % (118–132)

< 0,001

IMC : indice de masse corporelle.

4. Discussion Nous avons pu confirmer que le système EOS ne crée pas d’agrandissement, contrairement à la radiographie conventionnelle et indépendamment du poids du patient. De plus, le système EOS délivre significativement moins de rayons que la radiographie conventionnelle lors de la réalisation d’un cliché de bassin de face. Cette étude présentait plusieurs limites : Fig. 2. Droite de pente passant par l’origine comparant les valeurs de mesure du diamètre de la tête fémorale avec le système EOS et la taille réelle. On note ici une corrélation forte entre ces deux valeurs.

Fig. 3. Droite de pente passant par l’origine comparant le diamètre de la tête fémorale mesuré à la radio conventionnelle et la taille réelle. On note une certaine dispersion entre ces deux mesures.

Dans le groupe EOS, concernant la mesure de l’exposition aux radiations, le PDS moyen était de 8,19 ± 2,63 dGy/cm2 (1,77–14,24), tandis que dans le groupe radiographie conventionnelle la moyenne du rayonnement était de 19,38 ± 12,34 dGy/cm2 (4,27–81,75) (p < 0,0001). La mesure de l’irradiation avec le système EOS et la radiographie conventionnelle variait en fonction de l’IMC (Tableau 3). Un modèle de régression linéaire permettait de dire que la dose augmentait de 0,74 dGy/cm2 par point d’IMC dans le groupe Rx contre 0,20 dGy/cm2 dans le groupe EOS (p < 0,001).

• nous n’avons pas réalisé de test de reproductibilité des mesures radiographiques (intra- ou inter-observateur) qui aurait certainement apporté plus de valeur à notre résultat, mais la reproductibilité des mesures a déjà été confirmée avec le système EOS [8,19,20] ; • nous n’avons pas calculé le nombre de sujets nécessaires permettant de confirmer notre hypothèse, mais notre population était assez large et également répartie entre hommes et femmes et avec une distribution gaussienne des IMC ; • enfin, nous n’avons pas analysé le système EOS dans le cadre de la planification préopératoire 3D. Cependant notre étude portait sur un nombre de cas d’arthroplasties conséquent, renforc¸ant sa puissance statistique. L’utilisation de la mesure du diamètre de la tête afin d’évaluer l’agrandissement de la radiographie est une méthode déjà largement utilisée et fiable [29–32]. L’agrandissement variable avec les radiographies conventionnelles est un principe physique reconnu [33] qui a poussé les radiologues à améliorer leurs appareils et à apprendre à utiliser et interpréter les examens avec cet agrandissement. En orthopédie, la possibilité d’obtenir une image la plus fiable possible, sans agrandissement ou déformation, est primordiale particulièrement dans le cadre de la planification préopératoire. Le problème d’agrandissement lors de la planification a été démontré avec la possibilité d’erreurs nombreuses dans le choix de la taille des implants [34,35] et ce malgré des protocoles de réalisation de radiographies standardisés, avec une distance source-plaque–patient définie, censée donner un agrandissement similaire [36,37]. Pour

Tableau 3 Exposition aux rayonnements en fonction de l’indice de masse corporelle pour le système EOS et les radiographies conventionnelles. Exposition aux rayonnements (en dGy/cm2 ) en fonction de l’IMC (kg/m2 )

Mesures avec le système EOS

Mesures en radiographie conventionnelle

p

Poids normal < 25 Surpoids 25–30 Obésité > 30–40 Obésité morbide > 40

7,02 ± 2,47 (1,8–12,75)

10,66 ± 3,61 (4,27–24,68)

< 0,001

8,49 ± 2,74 (1,77–14,10)

21,4 ± 9,86 (5,48–57,13)

< 0,001

9,74 ± 1,81 (7,39–14,24)

30,1 ± 10,68 (9,38–54,07)

< 0,001

9,36 ± 2,57 (7,67–12,32)

44,76 ± 22,21 (25,21–81,75)

< 0,001

IMC : indice de masse corporelle.

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éviter ces problèmes et réaliser une planification préopératoire juste, il est nécessaire de réaliser un calibrage de la radiographie, pour permettre d’utiliser les calques fournis par les fabricants de prothèses, qui sont eux-mêmes agrandis à 110 %, 115 % ou 120 %. Ce calibrage, qui prend référence sur la taille connue d’un objet pour permettre de calibrer l’image [5,30,38,39], pose également des questions notamment sur la position idéale des marqueurs dans un plan antéropostérieur ou médio-latéral, pour refléter au mieux l’anatomie de la hanche et se rapprocher au plus de la zone concernée, à savoir le centre de rotation de la hanche. De plus, certains auteurs mentionnent des problèmes de gêne ou de pudeur liés au positionnement de ces marqueurs, le plus souvent entre les jambes, spécialement chez les patients obèses [31,38]. Nous avons montré dans l’étude qu’une augmentation d’un point d’IMC entraînait une augmentation d’agrandissement de 0,17 % soit 1,7 % pour 10 points d’IMC ce qui a un faible impact clinique. Dans notre étude, le système EOS permet de se passer de ces problématiques puisque l’agrandissement était nul. Quatre patients avaient un agrandissement qui était de seulement 1 mm par rapport à la taille réelle et n’était pas corrélé à l’IMC. Cet agrandissement relatif pouvait être rattaché au mouvement du patient lors de la prise du cliché. Nous avons réalisé nos mesures d’irradiation avec le produit dose surface (PDS) et non avec la dose à l’entrée (DE) en raison du caractère plus simple de la première puisque disponible sur l’ensemble des radiographies contrairement à la dose à l’entrée. De plus, le PDS renseigne plus sur le niveau global de l’irradiation d’un examen, par rapport à la DE qui renseigne plus sur l’irradiation d’un organe. Dans tous les cas, ces mesures sont utilisées et fiables dans le calcul de l’irradiation [40]. Les valeurs moyennes retrouvées dans notre étude pour un examen d’imagerie sont différentes de celles retrouvées dans la littérature. En effet, Dubousset et al. [8] ont montré que le système EOS réduisait l’irradiation d’un facteur de 8 à 10 par rapport à la radiographie conventionnelle. Deschênes et al. [21] observaient des taux d’irradiation 6 à 9 fois moindres avec le système EOS. Notre étude montre des taux d’irradiation moyens avec le système EOS environ 2,5 fois inférieurs. Ceci est probablement dû aux progrès réalisés dans le domaine de l’irradiation avec les radiographies conventionnelles [41]. Les outils de mesure de cette irradiation sont différents puisque dans les études sus-citées, il était utilisé la dose à l’entrée alors que dans notre étude, il était utilisé le produit dose surface. Si dans notre étude, il semble y avoir une corrélation statistique entre l’irradiation délivrée par le système EOS et l’IMC, cette donnée est à pondérer avec les faibles taux d’irradiation de l’EOS, avec une irradiation maximale pour les patients obèses morbides qui est largement inférieure à la moyenne générale de la radiographie conventionnelle et toujours inférieure à 10 dGy/cm2 . La moyenne de l’irradiation pour un bassin de face avec la radiographie conventionnelle était d’un peu moins de 20 dGy/cm2 , ce qui est largement inférieur aux niveaux de référence préconisés par l’agence de sûreté nucléaire qui sont de l’ordre de 70 dGy/cm2 . Toutefois, avec les patients obèses ou obèses morbides, la moyenne d’irradiation se rapproche de ce seuil. Cette surexposition aux radiations chez les personnes obèses avait déjà été décrite dans la littérature par le biais de différents moyens pour limiter cette surexposition [42]. Avec le système EOS, nos résultats semblent montrer une légère augmentation de l’irradiation avec l’augmentation de l’IMC, comme expliqué juste précédemment, mais sans commune mesure avec l’augmentation de l’irradiation liée à la radiographie conventionnelle qui est d’un peu plus de 0,7 dGy/cm2 par point d’IMC supplémentaire (Fig. 4). De plus, lors de la réalisation de certains clichés de radiographie conventionnelle, et spécialement chez les obèses, plusieurs clichés peuvent être nécessaires avant d’obtenir une image satisfaisante pour des raisons de qualité et de cadrage. Ainsi, l’irradiation chez ces patients

Fig. 4. Moyenne d’irradiation de l’examen exprimée via le produit dose surface (PDS) en fonction de l’indice de masse corporelle (IMC) et du type de cliché.

devient plus importante que la seule surexposition liée à la modalité du cliché, elle est augmentée par la multiplication des clichés. Dans la littérature, beaucoup d’articles mentionnent les effets des rayonnements sur l’organisme, plus ou moins directement [43]. Dans tous les cas, ils rappellent pour chaque examen d’imagerie médicale la nécessité de justification, d’optimisation des machines et de limitation de dose en lien avec les recommandations [44–46]. 5. Conclusion Nous avons confirmé que le système EOS ne crée pas d’agrandissement lors de la réalisation d’un cliché de bassin de face, quelle que soit la morphologie du patient, par rapport à la radiographie conventionnelle qui présente systématiquement un agrandissement, en moyenne de 1,15 (± 0,05), d’autant plus important que le poids du patient augmente. Nous avons également démontré que le système EOS diminue l’irradiation de fac¸on significative chez tous les patients, et particulièrement les patients en surpoids, par rapport à la radiographie conventionnelle, lors de la réalisation d’un cliché segmentaire de bassin de face. Cette méthode, sous réserve d’une meilleure accessibilité, possède les qualités pour venir remplacer à terme la radiographie conventionnelle d’un cliché de bassin debout. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. En dehors de ce travail Philippe Chiron déclare percevoir des supports financiers personnels de Sanofi-Aventis, Integra, Adler et Smith et Nephew. Références [1] Muller ME. Lessons of 30 years of total hip arthroplasty. Clin Orthop Relat Res 1992;274:12–21. [2] Eggli S, Pisan M, Muller ME. The value of preoperative planning for total hip arthroplasty. J Bone Joint Surg Br 1998;80:382–90. [3] Murgier J, Espie A, Bayle-Iniguez X, Cavaignac E, Chiron P. Frequency of radiographic signs of slipped capital femoral epiphysiolysis sequelae in hip arthroplasty candidates for coxarthrosis. Orthop Traumatol Surg Res 2013;99:791–7. [4] Berrington de Gonzalez A, Darby S. Risk of cancer from diagnostic X-rays: estimates for the UK and 14 other countries. Lancet 2004;363:345–51. [5] The B, Diercks RL, van Ooijen PM, van Horn JR. Comparison of analog and digital preoperative planning in total hip and knee arthroplasties. A prospective study of 173 hips and 65 total knees. Acta Orthop 2005;76:78–84. [6] Knight JL, Atwater RD. Preoperative planning for total hip arthroplasty. Quantitating its utility and precision. J Arthroplasty 1992;7:S403–9. [7] http://invs.santepubliquefrance.fr/publications/2011/dosimetrie patients/ rapport dosimetrie patients.pdf. [8] Dubousset J, Charpak G, Dorion I, Skalli W, Lavaste F, Deguise J, et al. A new 2D and 3D imaging approach to musculoskeletal physiology and pathology with low-dose radiation and the standing position: the EOS system. Bull Acad Natl Med 2005;189:287–97.

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