Fer et nutrition

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Article Fer et nutrition Iron in nutrition P. Tounian1,*, J.-P. Chouraqui2 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com 1Service de nutrition et ga...

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Article

Fer et nutrition Iron in nutrition P. Tounian1,*, J.-P. Chouraqui2 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

1Service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques, hôpital Trousseau, 26, avenue du Dr Arnold-Netter, 75012 Paris, France 2Gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques, département médico-chirurgical de pédiatrie, centre hospitalier universitaire vaudois, 46, rue du Bugnon, CH 1011, Lausanne, France

Résumé La carence martiale est la plus fréquente des maladies nutritionnelles pédiatriques de la planète. Le groupe de travail multidisciplinaire de la Société française de pédiatrie sur le fer a émis les recommandations suivantes. Compte tenu de la grande variabilité du coefficient d’absorption du fer, le groupe a défini des besoins recommandés en fer absorbé, et non ingéré. Des aliments riches en fer doivent être introduits dès 4 mois chez certains nourrissons exclusivement allaités. Entre 7 et 11 mois, les nourrissons doivent ingérer au moins 700  ml de préparations de suite et ceux en allaitement maternel ou mixte doivent être supplémentés en fer. Entre 1 et 6 ans, les enfants doivent ingérer au moins 300 ml/j de lait de croissance jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de consommer 100 à 150 g/j de produits carnés, soit le plus souvent au-delà de l’âge de 3  ans. À partir de 7  ans, la consommation d’un produit carné lors d’au moins deux  repas quotidiens est nécessaire pour assurer les besoins en fer. Une supplémentation orale en fer sous forme alimentaire ou médicamenteuse est indiquée lorsque les ingesta sont inférieurs aux apports recommandés en fer absorbé ou lorsque la ferritinémie est inférieure aux normes pour l’âge. © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Abstract Iron deficiency is the main nutritional disease worldwide. The multidisciplinary working group of the French Pediatric Society on iron assessed the following recommendations. Since iron is variably absorbed depending on foods, the group defined absorbed iron requirements instead of dietary iron requirements. Iron-rich foods should be introduced at 4-months of age in some breast-fed infants. Between 7 and 11 month-old, formula-fed infants should drink at least 700 ml per day of follow-on formula and partially or totally breast-fed infants should receive oral iron supplementation. Between 1 and 6 year-old, children should drink at least 300 ml per day of growing-up milk until they become able to consume 100 to 150 grams per day of meat products. From 7 year-old, consumption of 2 portions per day of meat products is necessary in order to achieve daily iron requirements. Oral iron therapy from either increased iron-rich foods consumption or iron salts preparations is indicated when absorbed iron requirements are not achieved or when ferritin concentration is lower than age-specific limit values. © 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

*Auteur correspondant : Pr P. Tounian, coordonnées ci-dessus. Adresse e-mail : [email protected] (P. Tounian).

© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Archives de Pédiatrie 2017;24:5S23-5S31

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1. Introduction

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cée par les constituants du bol alimentaire. L’acide ascorbique et le tissu musculaire (donc les viandes) stimulent son absorption en

La carence en fer est la plus fréquente des maladies nutrition-

favorisant la réduction de Fe3+ en Fe2+ ou en chélatant le fer non

nelles, notamment chez les jeunes enfants et les adolescents. Elle

héminique  [2]. Les phytates (céréales complètes, légumes) et les

supplante ainsi l’obésité, dont la prévalence et les complications

polyphénols (thé, café, légumes, notamment épinards, aubergines

somatiques sont bien moindres chez l’enfant et l’adolescent, et la

et haricots noirs) se lient au fer et limitent son absorption  [2]. Le

dénutrition protéino-énergétique qui se rencontre principalement

calcium a également été accusé de réduire l’absorption du fer non

dans les pays sous-développés.

héminique, mais les études interventionnelles ont montré que cet effet n’était pas significatif [3].

2. Conséquences cliniques de la carence martiale

Dans les formules infantiles, l’utilisation de sels ferreux et l’adjonction de vitamine  C améliorent l’absorption du fer qui varie de 10 à 20  %  [4,5]. Dans les céréales infantiles enrichies en fer ferreux, l’ajout d’acide éthylène diamine tétra-acétique (EDTA) permet de

Le fer est un constituant majeur de l’hémoglobine et de la myo-

réduire l’effet inhibant des phytates [2].

globine qui intervient également dans de très nombreux processus

Le fer contenu dans le lait de la mère est particulièrement bien

cellulaires. La carence martiale a ainsi des conséquences cliniques

absorbé grâce notamment à sa liaison à la lactoferrine et à la

nombreuses et variées. Ces conséquences sont :

présence de récepteurs entérocytaires à cette dernière qui facilitent

• l’anémie ;

l’absorption du fer qui lui est lié. Un taux d’absorption d’environ

• des troubles du développement neurologique (diminution des

50 % est habituellement retenu [5].

capacités mnésiques et d’apprentissage, troubles moteurs, troubles de l’humeur et du comportement, difficultés de concentration, fatigabilité musculaire) ;

3.2 Variations du coefficient d’absorption du fer

• une susceptibilité accrue à certaines infections ;

L’absorption du fer est principalement régulée par l’hepcidine. Cette

• des troubles des phanères et des muqueuses (koïlonychie, fragilité

hormone sécrétée par le foie agit en contrôlant négativement

des ongles, glossite, chéilite) ;

l’absorption intestinale du fer alimentaire. Dans les situations de

• l’asthénie ;

carence martiale, d’apports alimentaires réduits ou de besoins aug-

• une diminution des performances physiques ;

mentés en fer, la production d’hepcidine est diminuée afin d’aug-

• des troubles de la thermorégulation.

menter l’absorption intestinale. Inversement, une surcharge en fer accroît la production d’hepcidine. Ainsi, en cas de carence martiale

3. Fer alimentaire 3.1 Différentes formes de fer alimentaire Le fer alimentaire existe sous deux formes principales : héminique

ou d’alimentation pauvre en fer, le coefficient d’absorption du fer non héminique peut doubler voire tripler  [1,7]. C’est probablement cette adaptation physiologique qui permet à certains végétariens de conserver un statut martial correct, à condition qu’ils ingurgitent de grandes quantités de végétaux riches en fer et évitent de consommer des inhibiteurs de cette absorption.

et non héminique. Le fer héminique est contenu dans l’hémoglobine et la myoglobine. Il se trouve dans les viandes, les poissons, les volailles et les abats.

3.3 Sources alimentaires de fer

Son absorption intestinale qui est de 20 à 30 % est peu influencée

Il existe de nombreuses tables de composition des aliments, dont

par les autres aliments, le pH ou les sécrétions digestives  [1]. Le

une récente établie par l’Autorité européenne de sécurité des

calcium, contenu notamment dans les produits laitiers, peut cepen-

aliments (European Food Safety Authority [EFSA]) qui regroupe les

dant la diminuer.

données de 20  pays européens  [8]. Les habitudes alimentaires et

Le fer non héminique se présente sous forme de fer ferrique (Fe3+) au

la composition des aliments variant selon les pays, nous utiliserons

sein de nombreuses protéines alimentaires : enzymes, transferrine,

une table de composition française, celle du CIQUAL régulièrement

ferritine, hémosidérine. Il est présent dans les végétaux, le lait et

mise à jour [9].

les œufs, mais également le foie (sous forme de ferritine). Pour être

La teneur en fer des principaux aliments et la quantité de fer

absorbé, Fe3+ doit être chélaté par des acides aminés ou des sucres,

absorbée pour un coefficient d’absorption donné en dehors de toute

ou être converti en fer ferreux (Fe2+). Il en résulte une absorption

carence martiale figurent sur le tableau 1. On remarque que si cer-

intestinale de 2 à 5 % seulement [1]. De surcroît, celle-ci est influen-

tains végétaux comme les haricots, les épinards ou les lentilles sont

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Tableau 1 Teneur en fer moyenne et quantité de fer absorbée selon le coefficient d’absorption des principales sources alimentaires [9].

Boudin noir Chocolat noir Céréales pour petit déjeuner (moyenne) Rognons Chevreuil Pigeon rôti Foie de veau Caille Abricot sec Foie de génisse Canard rôti Viande de cheval Viande de bœuf Tofu Steak haché de boeuf 20 % MG Lapin Haricots rouges Bettes cuites Viandes (moyenne) Viande d’agneau Raisins secs Épinards cuits Pruneaux Œuf Dinde rôtie Charcuterie (moyenne) Haricots blancs Mûre Sardine Hareng Lentilles Légumes secs (moyenne) Baguette Légumes cuits (moyenne) Laits de croissance Cuisse de poulet Viande de veau Laitages au lait de suite Viande de porc Laits de suite (2e âge) Frites Laits pour nourrissons (1er âge) Poisson pané Poisson (en moyenne) Blanc de poulet Pomme de terre à l’eau Fromages (moyenne) Fruits (moyenne) Cabillaud Yaourts Lait de chèvre entier Lait de vache entier

Teneur en fer (mg/100 g)

Coefficient d’absorption (%)

Quantité de fer absorbée (mg/100 g)

23 10,7 7,8 6,8 6,1 5,9 5,1 4,4 4,3 4 3,4 3,2 3,0 2,9 2,5 2,3 2,3 2,3 2,2 2,1 2,1 2,1 2,0 1,8 1,8 1,7 1,7 1,7 1,7 1,6 1,6 1,6 1,5 1,3 1,3 1,2 1,2 1,1 1,1 0,9 0,9 0,6 0,5 0,5 0,4 0,3 0,2 0,2 0,1 0,1 0,08 0,05

20-30 2-5 2-5 20-30 20-30 20-30 20-30 20-30 2-5 20-30 20-30 20-30 20-30 2-5 20-30 20-30 2-5 2-5 20-30 20-30 2-5 2-5 2-5 2-5 20-30 20-30 2-5 2-5 20-30 20-30 2-5 2-5 2-5 2-5 10-20 20-30 20-30 10-20 20-30 10-20 2-5 10-20 20-30 20-30 20-30 2-5 2-5 2-5 20-30 2-5 2-5 2-5

4,6-6,9 0,21-0,54 0,16-0,39 1,4-2,0 1,2-1,8 1,2-1,8 1,0-1,5 0,9-1,3 0,09-0,22 0,8-1,2 0,7-1,0 0,60-0,96 0,60-0,90 0,06-0,15 0,50-0,75 0,46-0,69 0,05-0,12 0,05-0,12 0,44-0,66 0,42-0,63 0,04-0,11 0,04-0,11 0,04-0,10 0,04-0,09 0,36-0,54 0,34-0,51 0,03-0,09 0,03-0,09 0,34-0,51 0,32-0,48 0,03-0,08 0,03-0,08 0,03-0,08 0,03-0,07 0,13-0,26 0,24-0,36 0,24-0,36 0,11-0,22 0,22-0,33 0,09-0,18 0,02-0,05 0,06-0,12 0,10-0,15 0,10-0,15 0,08-0,12 < 0,01 < 0,01 < 0,01 0,02-0,03 < 0,01 < 0,01 < 0,01

Le coefficient d’absorption du fer, notamment non héminique, augmente en cas de carence martiale, les données de ce tableau sont estimées en l’absence de carence en fer. 5S25

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plus riches en fer que beaucoup de produits carnés, le très faible

donc à l’écart type à la moyenne). Les ANC ont alors été calculés

coefficient d’absorption du fer qu’ils contiennent les rend difficile-

en ajoutant aux besoins moyens en fer ingéré 40  % de sa valeur

ment utilisables comme source de fer chez l’enfant et l’adolescent.

(l’équivalent de deux  écarts-types) et en arrondissant à la valeur

Ainsi, 100 g d’épinards permettent l’absorption de quatre fois moins

entière la plus proche. Par exemple, chez le nourrisson de 7 à 11 mois,

de fer que la même quantité de viande de porc, alors qu’ils sont

les besoins moyens en fer ingéré sont de 7,9 mg/j, pour calculer les

deux fois plus riches en fer.

ANC, on ajoute à cette valeur deux fois 20  %, soit 3,16  mg/j pour aboutir à 11,1 mg/j qu’on arrondit à 11 mg/j. Le cas des adolescentes

4. Besoins en fer 4.1 Estimation des besoins en fer

(12-17  ans) est complexe en raison de la grande variabilité de l’âge d’apparition des premières règles et du volume de ces dernières. La valeur obtenue (9,9  mg/j) étant très inférieure à celle des ANC en fer chez la femme non ménopausée (16 mg/j), alors qu’une adolescente dont la croissance est terminée devrait théoriquement avoir

Les besoins en fer sont déterminés par la méthode factorielle.

les mêmes besoins qu’une femme non ménopausée, l’EFSA a décidé

Celle-ci consiste à faire la somme des besoins nécessaires à la

de prendre la moyenne entre ces deux valeurs, soit 13  mg/j  [10].

compensation des pertes quotidiennes (desquamation épithéliale

L’ensemble de ces données figure sur le tableau 2.

cutanée, intestinale, oropharyngée et respiratoire, sécrétions hépa-

Compte tenu de la grande différence entre les coefficients

tiques, pancréatiques et intestinales, urines et menstruations) et

d’absorption des fers héminique et non héminique, le groupe de

ceux nécessaires à la croissance (expansion de la masse sanguine,

travail (annexe  1) a trouvé intéressant de définir des «  besoins

synthèse de nouveaux tissus), la majorité du fer utilisé par l’orga-

recommandés en fer absorbé  » en ajoutant l’équivalent de deux

nisme provenant du recyclage du fer des hématies sénescentes. Par

écarts types à la moyenne aux besoins moyens en fer absorbé. La

cette méthode, on estime la quantité moyenne de fer qui doit être

même méthode que celle utilisée par l’EFSA pour évaluer les ANC

absorbée et non celle qui doit être ingérée. Dans la mesure où le

a été appliquée. Un coefficient de variation de 20  % a donc été

coefficient d’absorption du fer est très variable selon les aliments

retenu comme équivalent d’écart type, et le double a été ajouté

qui le contiennent, l’estimation des apports alimentaires moyens

aux besoins moyens en fer absorbé puis la valeur obtenue a été

doit tenir compte de ce paramètre. Un coefficient d’absorption pro-

arrondie à la valeur décimale la plus proche. Pour les adolescentes

babiliste moyen est ainsi calculé selon l’estimation des proportions

(12-17 ans), la moyenne entre la valeur obtenue (1,58 mg/j) et le 97,5e

respectives de fer héminique et non héminique ingérées. À partir

percentile des pertes en fer (donc des besoins en fer absorbé) chez

de ces besoins moyens en fer ingérés, les apports nutritionnels

la femme non ménopausée (3,13 mg/j) a été retenue. L’ensemble de

conseillés (ANC) peuvent être calculés en y ajoutant deux écarts

ces données figure sur le tableau 3.

types à la moyenne dans l’objectif d’assurer les besoins de 97,5  % de la population considérée [10].

4.2 Recommandations pour les apports en fer

Le cas des nourrissons de 0 à 6 mois est à part. Leurs besoins sont

De nombreuses institutions nationales ont proposé leurs propres

bées par un nourrisson exclusivement allaité au sein. En partant du

ANC en utilisant la méthode factorielle précédemment mentionnée.

principe que le lait de la mère contient en moyenne 0,35  mg/L de

À partir de l’ensemble de ces données, l’EFSA a récemment émis ses

fer et qu’un nourrisson de 0 à 6 mois en boit en moyenne 0,78 L/j,

propres recommandations [10] que nous avons décidé de présenter

les besoins moyens en fer ingéré sont de 0,27 mg/j. Dans la mesure

au lieu des ANC français qui n’ont pas été actualisés depuis 2001 [11].

où le coefficient d’absorption du fer du lait de la mère est d’environ

L’EFSA a dans un premier temps calculé les besoins en fer absorbé

50 %, les besoins moyens en fer absorbé sont de 0,14 mg/j [12,13].

en additionnant l’estimation des pertes de fer et celle des besoins

Il n’y a pas d’ANC pour cette tranche d’âge, mais en appliquant

pour la croissance selon l’âge et le sexe. Les besoins moyens en fer

le même principe que pour les enfants plus âgés, les valeurs de

ingéré ont ensuite été estimés à partir des besoins en fer absorbé

0,38 mg/j et 0,20 mg/j peuvent être respectivement retenues pour

en définissant un coefficient d’absorption probabiliste moyen de

les ANC en fer et les besoins recommandés en fer absorbé. Le niveau

10 % de 6 mois à 11 ans et de 16 % de 12 à 17 ans. Pour le calcul des

particulièrement faible de ces besoins est expliqué par l’importance

ANC, l’EFSA a été confrontée à l’absence de données sur la variabilité

des stocks de fer acquis pendant le dernier trimestre de la grossesse,

des besoins chez l’enfant et l’adolescent, et donc à l’impossibilité de

et par l’hémolyse physiologique (chute de l’hémoglobine de 170

connaître l’écart type à la moyenne. Il a alors été décidé d’appliquer

à 120  g/L au cours des 6  premières semaines de vie) qui permet

arbitrairement un coefficient de variation de 20  % (correspondant

d’accroître davantage encore les stocks de fer  [13]. Il est ainsi vrai-

calculés à partir des quantités moyennes de fer ingérées et absor-

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Tableau 2 Besoins en fer selon l’âge et le sexe [10]. 0 – 6 mois

7 – 11 mois

1 – 3 ans

4 – 6 ans

7 – 11 ans

12 – 17 ans Garçons

Filles

Pertes de fer (mg/kg/j)

– 

0,022

0,022

0,012

0,012

0,012

0,012 + 0,25 mg/j (pertes menstruelles)

Besoins en fer pour la croissance (mg/j)

– 

0,60

0,25

0,27

0,39

0,61

0,26

Besoins moyens en fer absorbé (mg/j)1

0,14

0,79

0,51

0,50

0,76

1,27

1,13

Besoins moyens en fer ingéré (mg/j)2

0,27

7,9

5,1

5,0

7,6

7,9

7,1

ANC en fer (mg/j)3

0,38

11

7

7

11

11

13

1Somme

des pertes de fer et des besoins de la croissance. à partir des besoins en fer absorbé avec un coefficient d’absorption probabiliste moyen de 50 % de 0 à 6 mois, 10 % de 6 mois à 11 ans et 16 % de 12 à 17 ans. 3Calculés en ajoutant 40 % de la valeur des besoins moyens en fer ingéré et en arrondissant à la valeur entière la plus proche, sauf pour les adolescentes de 12-17 ans (voir texte). ANC : apports nutritionnels conseillés 2Calculés

Tableau 3 Besoins recommandés en fer absorbé. 0 – 6 mois

Besoins recommandés en fer absorbé (mg/j)

7 – 11 mois

0,20

1,1

1 – 3 ans

0,7

4 – 6 ans

0,7

7 – 11 ans

1,1

12 – 17 ans Garçons

Filles

1,8

2,4

semblable que les nourrissons n’aient pas besoin d’ingérer de fer au

clampage précoce du cordon, petit poids de naissance et gain

cours des 3 premiers mois, voire jusqu’à 4-6 mois [14]. Ces données

pondéral depuis la naissance inférieur à la médiane [15]. L’Académie

figurent dans les tableaux 2 et 3.

américaine de pédiatrie recommande de systématiquement supplémenter en fer à partir de l’âge de 4  mois tous les nourrissons

5. Comment assurer les besoins en fer ? 5.1 De 0 à 6 mois

pour lesquels le lait maternel représente plus de 50 % des apports lactés, à raison de 1  mg/kg/j de fer  [12]. Le groupe de travail n’a pas retenu la nécessité de cette supplémentation systématique, mais recommande de diversifier dès 4  mois révolus certains nourrissons exclusivement ou majoritairement allaités en introduisant

Chez les nourrissons allaités, l’ingestion d’environ 1 100 ml/j de lait

rapidement des aliments riches en fer, tout en maintenant au moins

de la mère serait théoriquement nécessaire pour assurer les besoins

quatre tétées par jour.

recommandés en fer absorbé. De tels volumes ne sont atteints que

Chez les nourrissons nourris avec une préparation infantile, l’inges-

vers l’âge de 4-6 mois. Dans la mesure où l’allaitement représente

tion de seulement 200 ml/j d’une préparation pour nourrissons suf-

indiscutablement l’alimentation idéale du jeune nourrisson, ceci

fit pour assurer les besoins recommandés en fer absorbé. Ce volume

étaie la théorie selon laquelle les nourrissons sains n’ont pas besoin

étant atteint au cours de la première semaine de vie, les apports

d’apport exogène de fer jusqu’à l’âge de 4-6 mois [14]. En revanche,

en fer deviennent très vite largement supérieurs aux besoins. Ainsi,

une supplémentation en fer au cours des tout premiers mois peut

des experts américains ont récemment recommandé de réduire le

être nécessaire chez les enfants nés avec des stocks en fer faibles :

contenu en fer des préparations pour nourrissons à 0,1  mg/L pour 5S27

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les formules «  starter  » de 0 à 3  mois et à 0,2-0,4  mg/L pour les

les 0,7 mg/j de fer absorbé dont il a besoin dans 360 ml de lait de

formules destinées aux nourrissons de 3 à 6  mois, alors qu’actuel-

croissance, 90  g de bœuf, 130  g d’agneau, 230  g de veau, 250  g

lement le contenu en fer moyen des préparations pour nourrissons

de porc, 1  kg d’épinards ou 1,25  kg de légumes secs (tableau  4). À

est de 0,6 mg/L [14].

l’exception des grands carnivores, la consommation de lait de croissance est indiscutablement le moyen le plus simple pour assurer

5.2 De 7 à 11 mois

les besoins en fer à cet âge. Après 1 an, le groupe de travail recom-

Les besoins recommandés en fer absorbé augmentent considérable-

et 20 g/j de viandes pour assurer les besoins en fer.

ment après 6 mois. Au moins 800 ml/j d’une préparation de suite

Des études randomisées et contrôlées ont permis de confirmer

sont ainsi nécessaires pour assurer les besoins en fer. La consomma-

l’intérêt des laits de croissance pour prévenir la carence en fer après

tion de produits carnés étant faible à cet âge, les préparations de

1 an. Dix études randomisées et contrôlées ayant comparé l’effet du

suite représentent quasiment la seule source de fer. En effet, entre 6

lait de croissance à celui du lait de vache sur les paramètres martiaux

et 12 mois, les enfants ne consomment qu’environ 15-20 g/j de pro-

ont été recensées [17-26]. Six ont été réalisées en Europe (Royaume-

duits carnés, soit, en termes de fer absorbé, l’équivalent d’environ

Uni, Suède, Espagne) [17-22], trois sur le continent américain (Chili,

100  ml de préparation de suite. Le groupe de travail recommande

Mexique)  [23,24,26] et une en Nouvelle-Zélande  [25]. Seules cinq

donc l’ingestion d’au moins 700  ml/j de préparations de suite

ont concerné des enfants âgés de plus d’1  an  [21,22,24-26], mais

répartis en deux ou trois  biberons, pour assurer les besoins en fer

dans les cinq autres le suivi des enfants se prolongeait jusqu’à

entre 7 et 11 mois.

l’âge de 15  [19,23] ou 18  mois  [17,18,20]. Huit études ont montré

Chez les nourrissons encore en allaitement exclusif ou mixte à cet

une évolution significativement plus favorable de la ferritinémie

âge, le groupe de travail recommande une supplémentation martiale

chez les enfants nourris avec un lait enrichi en fer que chez ceux

systématique dont la posologie dépend du volume de préparation

alimentés par du lait de vache [18-20,22-26], et parmi elles, cinq ont

de suite ingéré. Dans la mesure où 700 ml/j de préparation de suite

également rapporté une évolution significativement favorable de

sont nécessaires pour couvrir les besoins en fer absorbé à cet âge et

l’hémoglobinémie  [18,19,23,24,26]. Dans les deux travaux restants,

compte tenu de leur apport en fer moyen (environ 1  mg/100  ml),

l’évolution des paramètres martiaux n’était pas significativement

la formule suivante peut être utilisée pour calculer la quantité de

différente entre les deux groupes, mais une tendance favorable

fer-élément à apporter (en mg) : 7 - (volume ingéré de préparation

avec le lait enrichi en fer se dessinait dans l’un d’entre eux pour

de suite/100).

l’évolution de la ferritinémie [17,21].

5.3 De 1 à 6 ans Alors qu’elle est rare avant 1 an, la prévalence de la carence martiale devient beaucoup plus fréquente après. La déplétion martiale (définie par une diminution isolée de la ferritinémie) atteint ainsi 5 à 40 % des enfants de 12 à 18 mois en Europe et l’anémie par carence martiale 2 à 10 % des enfants du même âge [13]. La prévalence de la déplétion martiale s’accroît même après 18 mois pour atteindre des valeurs de 9 à 50 % [13]. La raison principale de cette recrudescence spectaculaire après 1  an est le remplacement des préparations infantiles par du lait de vache. Ce dernier est effectivement très pauvre en fer qui est de surcroît très mal absorbé (40 L/j de lait de vache seraient nécessaires pour assurer les besoins en fer absorbé entre 1 et 6  ans  !). La consommation de lait de vache pourrait également provoquer des pertes occultes de sang dans les selles majorant ainsi les besoins en fer [16]. Seule la poursuite d’une préparation infantile enrichie en fer permet d’assurer les besoins en fer après l’âge d’1  an. C’est en France que sont apparus pour la première fois, il y a une trentaine d’années, les laits de croissance enrichis en fer à raison de 1,3 mg de fer pour 100 ml en moyenne. Ainsi, un enfant âgé de 1 à 6 ans peut trouver

mande la consommation d’au moins 300 ml/j de lait de croissance

Tableau 4 Équivalences alimentaires moyennes en termes de fer absorbé (avec l’aliment pris isolément). 1 mg de fer absorbé =

5,7 L de lait de femme 1 100 ml de lait pour nourrissons 740 ml de lait de suite 610 g de laitage au lait de suite 510 ml de lait de croissance 57 L de lait de vache 17 g de boudin noir 80 g de foie de veau 180 g de produits carnés 130 g de viande de bœuf 190 g de viande d’agneau 240 g de charcuterie 330 g de viande de veau ou de cuisse de poulet 360 g de viande de porc 800 g de poisson 1 kg de blanc de poulet 1,3 kg d’épinards 1,5 kg d’œufs 1,7 kg de haricots blancs 1,8 kg de légumes secs 2 kg de légumes cuits 14 kg de fruits

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Fer et nutrition

Dans l’un de ces travaux, un troisième groupe d’enfants incités

période de la vie est très mal absorbé, les quantités nécessaires sont

à consommer au moins deux portions de viande rouge par jour

ainsi impossibles à atteindre pour des enfants et des adolescents

était comparé aux deux autres groupes (lait enrichi en fer et lait

(Tableau 4). La prévalence de la carence martiale est d’ailleurs beau-

de vache)  [25]. Chez les enfants consommant de la viande rouge,

coup plus élevée chez les végétariens  [27]. Pour pourvoir à leurs

l’évolution de la ferritinémie était identique à celle du groupe ingé-

besoins en fer, les enfants de 7 à 11 ans devraient ingérer 200 g/j de

rant du lait enrichi en fer et significativement plus favorable que

produits carnés, les adolescents 320 g/j et les adolescentes 430 g/j.

celle des enfants consommant du lait de vache. Ce travail montre

Une telle consommation est difficile à assurer, voire inaccessible,

qu’un enfant ne consommant plus de lait de croissance doit ingérer

notamment pour les adolescentes. Rappelons toutefois que, chez

au moins deux portions quotidiennes de viande pour assurer ses

les adolescentes, la valeur des besoins recommandés en fer absorbé

apports en fer.

obtenue à partir des besoins moyens en fer absorbé est de seule-

Pour la plupart des enfants, le lait de croissance doit être poursuivi

ment 1,58  mg/j. Cependant, pour rejoindre l’ajustement effectué

au-delà de l’âge de 3  ans pour assurer les apports en fer. Lorsque

par l’EFSA dans le calcul des ANC en fer afin de tenir compte de la

ce lait est remplacé par du lait de vache, les produits carnés

grande variabilité de l’âge d’apparition des premières règles et de

deviennent la seule source possible de fer correctement absorbable

leur volume, la valeur retenue (2,4  mg/j) est bien plus élevée (voir

dans la mesure où les quantités de végétaux susceptibles d’assurer

ci-dessus). Il est donc possible que les quantités nécessaires en fer

les besoins en fer sont inaccessibles pour des enfants aussi jeunes

absorbé soient bien inférieures à la valeur retenue pour certaines

(Tableau 4). Environ 100 à 150 g de produits carnés sont nécessaires

adolescentes et donc accessibles par une consommation carnée

chaque jour pour apporter les 0,7  mg de fer que l’enfant doit

plus raisonnable (290 g/j).

absorber. Le lait de croissance doit donc être poursuivi jusqu’à ce

De surcroît, l’ingestion insuffisante de fer ou l’existence d’une

que l’enfant soit en mesure d’ingérer cette quantité quotidienne

carence martiale sont compensées par une augmentation du

de produits carnés. Les grands carnivores y parviennent vers 3 ans,

coefficient d’absorption intestinale du fer. Il peut ainsi doubler

mais pour les autres plusieurs mois à années supplémentaires sont

voire tripler lorsque la ferritinémie diminue  [7]. L’absorption du

requis.

fer non héminique peut également être accrue par l’ingestion

Deux obstacles à la consommation de lait de croissance sont souvent

concomitante d’aliments riches en acide ascorbique. Ces facteurs

cités : son aromatisation et son sucrage d’une part, et son surcoût

permettent d’assurer les besoins en fer sans que les rations de pro-

d’autre part. L’aromatisation et le sucrage servent à masquer le goût

duits carnés précédemment suggérées soient atteintes. Cependant,

métallique des laits de croissance, principalement lié à l’ajout de fer.

la consommation d’un produit carné lors d’au moins 2 repas quoti-

Bien qu’aucune étude sérieuse n’existe, les praticiens rapportent des

diens semble être une recommandation nécessaire pour assurer un

difficultés d’acceptation du lait de vache chez les enfants habitués

apport suffisant en fer correctement absorbable.

au goût des laits de croissance. L’aromatisation ou le sucrage du lait

L’augmentation préconisée de consommation de produits carnés

de vache peut permettre de pallier cette difficulté. Pour les parents

entraîne une majoration des apports protéiques. En considérant

les plus récalcitrants, il existe des laits de croissance ni aromatisés

que la portion quotidienne supplémentaire de produits carnés

et

représente environ 100 g chez l’enfant et 150 g chez l’adolescent, les

2e âges, et donc de faible palatabilité. Ils exposent ainsi au risque de

ingesta protéiques sont respectivement accrus de 24 et 37  g/j  [9].

ne plus être acceptés par les enfants les plus âgés dont le répertoire

Bien que ce ne soit pas la seule source de protéines, ces valeurs

gustatif se rapproche de celui des adultes, un tel risque étant bien

sont inférieures aux apports recommandés (qui correspondent aux

plus délétère que les difficultés ultérieures éventuelles pour accep-

apports minimums à respecter) à ces âges, mais surtout aucune

ter le lait de vache imputées aux laits de croissance aromatisés et

étude ne permet de dire si un tel excédent protéique a un quel-

sucrés. Quant au surcoût du lait de croissance par rapport au lait de

conque effet délétère [11].

ni sucrés, dont le goût est proche de celui des laits infantiles

1er

vache, il est très variable selon le lieu d’approvisionnement. Dans la mesure où les produits carnés, qui représentent l’autre source de fer absorbable, sont bien plus chers, le lait de croissance demeure le moyen le moins onéreux pour apporter du fer absorbable.

6. Un excès de fer d’origine alimentaire est-il possible ?

5.4 De 7 à 18 ans

Il n’existe pas d’apport maximal tolérable défini pour le fer d’ori-

À cet âge, l’ingestion d’une quantité suffisante de produits carnés

décrite chez l’enfant, à court ou à long terme, en cas d’ingestion

est le seul moyen pour assurer les importants besoins en fer. En

de grandes quantités d’aliments riches en fer. Il n’a pas non plus

effet, le fer contenu dans les autres aliments consommés à cette

été rapporté de risque de surcharge en fer de l’organisme lorsque

gine alimentaire [10]. Aucune toxicité intestinale liée au fer n’a été

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P. Tounian, J.-P. Chouraqui

les réserves en fer sont pleines. En effet, l’augmentation de la production d’hepcidine limite alors l’absorption intestinale de fer et permet ainsi de prévenir toute surcharge [1]. Une alimentation très

Archives de Pédiatrie 2017;24:5S23-5S31

8. Conclusion : recommandations du groupe de travail

riche en fer ne pose donc aucun problème chez l’enfant, même chez

Pour assurer les besoins en fer chez le nourrisson, l’enfant et l’ado-

les hétérozygotes pour l’hémochromatose [10].

lescent, le groupe de travail émet les recommandations suivantes, variables selon l’âge :

7. Quand et comment supplémenter en fer ?

• 8.1. Pour émettre ses recommandations, le groupe de travail s’est appuyé sur les besoins recommandés en fer absorbé qu’il a définis comme ceux pouvant assurer les besoins de 97,5 % de la population considérée. Ils ont été calculés comme étant de 0,20  mg/j de 0 à

Le groupe de travail recommande de supplémenter en fer lorsque

6 mois, 1,1 mg/j de 7 à 11 mois, 0,7 mg/j de 1 à 6 ans, 1,1 mg/j de 7 à

l’interrogatoire diététique révèle des ingesta inférieurs aux apports

11 ans, 1,8 mg/j chez le garçon et 2,4 mg/j chez la fille de 12 à 18 ans.

recommandés en fer absorbé ou lorsque la ferritinémie est infé-

• 8.2. L’alimentation de certains nourrissons exclusivement ou

rieure aux normes pour l’âge.

majoritairement allaités au sein doit être diversifiée dès l’âge de

Dans un premier temps, la correction des apports martiaux doit

4 mois avec des aliments riches en fer, tout en maintenant au moins

reposer sur une augmentation de la consommation d’aliments

4 tétées par jour.

riches en fer (laitages au lait de suite, lait de croissance, boudin

• 8.3. Entre 7 et 11  mois, les nourrissons doivent ingérer au moins

noir, produits carnés, abats). En cas d’échec ou d’emblée s’il existe

700 ml/j de préparation de suite, répartis en 2 ou 3 biberons quo-

une anémie ferriprive, une supplémentation médicamenteuse

tidiens. Pour ceux en allaitement maternel exclusif ou mixte, une

en sels ferreux est nécessaire. La dose recommandée est de 3 à

supplémentation martiale doit être prescrite en utilisant la formule

6  mg/kg/j en deux à trois prises en cas de carence avérée et de

suivante : quantité de fer-élément à apporter (en mg) = 7 - (volume

1 à 2  mg/kg/j en simple prévention si les apports martiaux sont

ingéré de préparation de suite/100).

insuffisants. Les prises médicamenteuses doivent se faire de

• 8.4. Entre 1 et 6 ans, les enfants doivent ingérer au moins 300 ml/j

préférence en dehors des repas afin de ne pas altérer l’absorption

de lait de croissance jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de consommer

du fer médicamenteux. Ce traitement doit être poursuivi jusqu’à

100 à 150 g/j de produits carnés répartis en 2 portions quotidiennes,

normalisation de la ferritinémie en cas de carence ou tant que les

soit le plus souvent au-delà de l’âge de 3 ans.

ingesta martiaux sont insuffisants pour la dose préventive. Une

• 8.5. Entre 7 et 18 ans, la consommation d’un produit carné lors d’au

durée de 3 à 6  mois est habituellement nécessaire pour corriger

moins 2 repas quotidiens est nécessaire pour assurer les besoins en fer.

une carence martiale. Les effets indésirables du traitement martial

• 8.6. Il n’y a pas de risques connus chez l’enfant et l’adolescent à

sont fréquents mais presque toujours bénins et ne justifient pas

consommer des quantités importantes d’aliments riches en fer.

l’arrêt du traitement. Il s’agit le plus souvent de nausées, vomis-

• 8.7. Une supplémentation orale en fer est indiquée lorsque les

sement, constipation, diarrhée ou de coloration des selles en noir.

ingesta sont inférieurs aux apports recommandés en fer absorbé

La tolérance digestive peut être améliorée par la prise des sup-

ou lorsque la ferritinémie est inférieure aux normes pour l’âge. Elle

pléments au cours des repas, qui n’est cependant pas conseillée

consiste dans un premier temps à augmenter la consommation

pour ne pas modifier l’absorption du fer, et le fractionnement en

d’aliments riches en fer (laitages au lait de suite, lait de croissance,

plusieurs prises.

boudin noir, produits carnés, abats), puis en cas d’échec ou d’emblée

La supplémentation intraveineuse en fer a des indications limi-

en présence d’une anémie ferriprive, à prescrire une supplémenta-

tées  [28]. Elle est justifiée en cas de carence martiale réfractaire

tion médicamenteuse.

au traitement oral (maladies de l’absorption intestinale, gastrite à Helicobacter pylori, gastrite atrophique), d’anomalie congénitale de l’absorption du fer (Iron Refractory Iron Deficiency Anemia [IRIDA]) ou de maladie inflammatoire du tube digestif (l’effet pro-inflammatoire du fer oral est susceptible de déclencher une poussée de la maladie). La dose est fonction du produit utilisé, du poids et de l’hémoglobinémie. Les effets indésirables sont dominés par le risque rare de choc anaphylactique qui justifie une surveillance d’au moins 30 minutes après la fin de la perfusion.

Liens d’intérêts Au cours des 5 dernières années, P. Tounian a perçu des honoraires ou financements pour participation à des congrès, travaux de recherche, participation à des groupes d’experts, rédaction d’articles ou de documents et conseils de la part des Laboratoires Blédina, Carrefour, Mead Johnson, Nestlé, Novalac et Sodilac. J-P. Chouraqui déclare n’avoir aucun lien d’intérêt en relation avec cet article.

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Fer et nutrition

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Annexe 1 :  Membres du groupe de travail de la Société française de pédiatrie • Dr Jean-Pierre Chouraqui, Gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques, centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne, Suisse. • Pr Christophe Dupont, Explorations fonctionnelles digestives, hôpital Necker-Enfants malades, Paris. • Pr Alexandre Lapillonne, Pédiatrie et réanimation néonatales, hôpital Necker-Enfants malades, Paris. • Pr Jean-Pierre Olives, Gastroentérologie et nutrition pédiatriques, hôpital des enfants, Toulouse. • Pr Loïc de Pontual, Pédiatrie, hôpital Jean-Verdier, Bondy.r Isabelle Thuret, Onco-hématologie pédiatrique, CHU Timone enfants, Marseille. • Pr Patrick Tounian (coordinateur), Nutrition et gastroentérologie pédiatriques, hôpital Trousseau, Paris. • Pr Louis Vallée, Neuropédiatrie, hôpital Roger-Salengro, Lille. • Dr Sophie Vaulont, Institut Cochin, Paris.

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