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La formation hospitalo-universitaire en anesthésie-réanimation : les critères du Conseil national des universités (CNU) ne résument pas tout
Annales Franc¸aises d’Anesthe´sie et de Re´animation 33 (2014) 495–496
E´ditorial
La formation hospitalo-universitaire en anesthe´sie-re´animation : les crite`res du Conseil national des universite´s (CNU) ne re´sument pas tout Teaching hospital training in anaesthesia and intensive care: The criteria of the National Council of Universities (CNU) do not summarize all I N F O A R T I C L E
Mots cle´s : Formation universitaire Formation au management Carrie`re universitaire Keywords: Academic training Management training Academic career
1. Introduction Les re`gles pre´sidant a` la promotion universitaire des me´decins anesthe´sistes-re´animateurs sont publie´es pour la premie`re fois dans les Annales franc¸aises d’anesthe´sie et de re´animation [1]. Saluons cette initiative, car il est important que ces informations soient porte´es a` la connaissance des me´decins anesthe´sistesre´animateurs au-dela` des milieux universitaires [2]. Les crite`res, e´labore´s par la sous-section anesthe´sie-re´animation du Conseil national des universite´s (CNU) balisent le parcours tre`s cadre´ que devra suivre tout jeune me´decin de`s lors qu’il forme le projet de s’engager dans une carrie`re universitaire.
2. Les exigences d’une formation de tre`s haut niveau Debaene et Mantz [1] disse`quent avec pe´dagogie les re`gles du jeu concernant le processus menant a` l’inscription sur la liste d’aptitude a` exercer des fonctions universitaires. Les crite`res d’aptitude re´pondent a` des exigences e´leve´es et sont fonde´s sur des re´sultats universitaires e´value´s principalement, mais pas exclusivement, par la qualite´ des publications scientifiques. Le niveau des pre´requis universitaires exige´s est partage´ avec l’ensemble des CNU sante´. En marge de ces crite`res lourds et relativement objectifs, meˆme s’il est toujours possible d’en discuter la pertinence et de relever que les crite`res pe´dagogiques et d’enseignement restent peu valorise´s, le CNU a adjoint la notion d’expe´rience manage´riale. Cette dernie`re repose sur le fait que le candidat, au cours de son cursus, a de´ja` « e´te´ place´ en position de responsable de structure de soins » et qu’il a « su de´montrer des
capacite´s manage´riales (conduite de projets, gestion des conflits, sens de l’organisation et de l’efficience) » [2]. 3. La formation des universitaires est-elle adapte´e aux spe´cificite´s des e´quipes d’anesthe´sie-re´animation ? Cette question doit eˆtre pose´e car l’universitaire devra bien souvent ge´rer un service hospitalier de CHU comprenant plusieurs secteurs d’anesthe´sie et de re´animation et animer une e´quipe de me´decins dont la taille est sans commune mesure avec celle des autres spe´cialite´s me´dicales ou chirurgicales ; elle compte en effet, non pas quelques praticiens, mais le plus souvent plusieurs dizaines de me´decins sans compter de tre`s forts contingents d’e´tudiants du DES d’anesthe´sie-re´animation. Dans ces conditions bien particulie`res a` notre spe´cialite´, les qualite´s manage´riales sont naturellement de la plus haute importance pour re´pondre a` des tels enjeux. La pression qui s’exerce sur l’universitaire est forte et permanente pour faire face aux demandes et aux re´organisations incessantes particulie`rement difficiles a` conduire dans un contexte de tensions financie`res et de de´mographie me´dicale encore incertaine. Ces diffe´rentes contraintes sont de nature a` miner psychologiquement le quotidien du responsable de service et sont directement implique´es dans le niveau tre`s e´leve´ de burnout identifie´ chez les responsables des de´partements universitaires d’anesthe´sie aux E´tats-Unis [3]. Il y a fort a` parier que la situation n’est pas tre`s diffe´rente en France. A` la diffe´rence des pre´requis universitaires qui sont assez faciles a` de´finir et a` valider, la formation et les crite`res d’appre´ciation des capacite´s manage´riales des futurs universitaires restent encore bien flous et ne de´passent pas le stade des ge´ne´ralite´s. C’est pourtant une re´elle pre´occupation de la sous-section d’anesthe´sie-re´animation du CNU qui a e´te´ l’une des premie`res au niveau national a` mettre en place une visite sur site en amont de l’audition des candidats. Celleci, cherche a « appre´cier l’inte´gration et l’implication du candidat dans la vie universitaire et hospitalie`re de son e´tablissement. . . et e´valuer ainsi (ses) qualite´s relationnelles et manage´riale » [1]. Les visites sur site du CNU d’anesthe´sie-re´animation contribuent incontestablement a` accroıˆtre la visibilite´ de la spe´cialite´ mais elles interviennent quelques semaines seulement avant l’inscription
http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.08.002 0750-7658/ß 2014 Publie´ par Elsevier Masson SAS pour la Socie´te´ franc¸aise d’anesthe´sie et de re´animation (Sfar).
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E´ditorial / Annales Franc¸aises d’Anesthe´sie et de Re´animation 33 (2014) 495–496
sur la liste d’aptitude nationale alors que la proce´dure de promotion est depuis longtemps enclenche´e localement et que le poste vise´ est de´ja` publie´ au Journal Officiel. A` ce stade, les entretiens avec les praticiens hospitaliers, les DESAR et les universitaires de l’e´tablissement n’apportent qu’un e´clairage partiel et le plus souvent insuffisant aux membres du CNU pour relever des carences manage´riales et/ou relationnelles qui obe`reraient la promotion. Plusieurs pistes doivent eˆtre explore´es pour progresser dans ce champ du recrutement universitaire. 4. De´velopper une formation spe´cifique au management des e´quipes La formation a` la pe´dagogie, meˆme si elle reste au second plan, est inscrite dans le parcours du futur universitaire et ne se pratique plus seulement au travers d’un apprentissage de terrain mais par le biais de DU ou DIU qui sont obligatoires. Il devrait en eˆtre de meˆme en anesthe´sie-re´animation pour la formation au management des e´quipes que la structure des de´partements de nos CHU rend indispensable et pour lequel des progre`s substantiels sont attendus. Clairement, il est temps que notre spe´cialite´ re´ponde a` ces exigences non couvertes en proposant un programme structure´ de formation au leadership et au mentorat pour ses futurs universitaires. 5. De´velopper le mentorat Se sont les universitaires, les professionnels et les e´tudiants que coˆtoient le candidat dans ses activite´s quotidiennes cliniques, d’encadrement et de recherche qui sont les mieux a` meˆme d’appre´cier ses qualite´s relationnelles et manage´riales. Ces appre´ciations devraient eˆtre prises en compte tre`s pre´cocement par les universitaires de la spe´cialite´ dans le processus d’identification des jeunes me´decins a` fort potentiel. Inde´pendamment des capacite´s universitaires tre`s ine´gales d’un CHU a` l’autre, la mise en place d’un mentorat attentif et compe´tent par un universitaire de la discipline est partout possible. Le mentorat se de´cline sous la forme d’un accompagnement au de´veloppement des talents, d’un enseignement des compe´tences et savoirs dans les domaines universitaires et hospitaliers propres a` la discipline, d’un guide dans la de´finition d’objectifs et d’un re´fe´rent dans le champ des valeurs sociales et professionnelles [4]. L’universitaire, au travers de ce mentorat, saura orienter au mieux le jeune me´decin vers les unite´s de recherches de l’universite´ locale ou encore le guider dans des apprentissages et stages en dehors de la re´gion. C’est dans ce contexte que des formations comple´mentaires en management pourraient eˆtre introduites permettant le renforcement ou le de´veloppement des compe´tences naturelles du futur candidat. Le mentorat de´passe le concept du classique compagnonnage mais les e´le´ments qui le de´finissent sont encore a` approfondir et a` structurer pour qu’il prenne toute sa place [5]. La cre´ation d’e´quipes universitaires solides mettant les dynamiques personnelles au service d’objectifs clairs et partage´s est probablement un point fort dans le soutien et l’accompagnement des candidats potentiels comme des jeunes universitaires. 6. Maıˆtre de confe´rence-praticien hospitalier (MCU-PH) : une position professionnalisante ? Depuis quelques anne´es, le profil des MCU-PH en anesthe´siere´animation a profonde´ment change´ car ce n’est plus le terme d’un parcours universitaire comme cela a pu longtemps l’eˆtre, mais une e´tape du parcours pre´ce´dent une nomination comme professeur des universite´s-praticien hospitalier (PU-PH). Sur cet emploi, le candidat tire aujourd’hui profit pour densifier la liste de ses travaux mais cette position devrait constituer e´galement une opportunite´ pour inte´grer un projet professionnel structure´ de formation et de mise en responsabilite´ manage´riale. Il est
inte´ressant de souligner qu’aux E´tats-Unis, les chefs de service d’anesthe´sie des structures universitaires conside`rent que l’e´tape la plus formatrice dans leur parcours est d’avoir occupe´, pre´alablement a` leurs fonctions actuelles, un poste de responsabilite´s couvrant les champs cliniques, administratifs, pe´dagogiques et de recherche au sein d’une structure d’anesthe´sie [6]. 7. Conclusion La promotion d’un futur universitaire rele`ve encore d’une alchimie complexe dont les secrets de la fabrication sont seulement en partie de´voile´s dans le document du CNU d’anesthe´siere´animation [1]. Un facteur majeur d’incertitude reste celui de l’ouverture d’un poste dans l’UFR de formation du candidat, donne´e ale´atoire et largement de´termine´e par le calendrier des de´parts en retraite des universitaires de la spe´cialite´. Lorsqu’il n’y a pas de possibilite´ de promotion dans l’UFR d’origine, le candidat peut se voir proposer par le CNU un poste dans un autre CHU de l’hexagone mais en pratique nombreux sont ceux qui de´clinent cette offre. La mobilite´ est donc faible, notamment en direction des « petits CHU » en difficulte´, les candidats pre´fe´rant alors, le plus souvent pour des raisons d’organisation personnelle, rester dans leur re´gion de formation sur un statut hospitalier ou encore dans le secteur prive´. La qualite´ scientifique des universitaires d’anesthe´siere´animation est aujourd’hui nationalement reconnue. Mais il faut aller plus loin encore et inte´grer dans la formation des futurs candidats les spe´cificite´s propres aux de´partements d’anesthe´sie-re´animation hospitalo-universitaires des CHU dont ils auront la responsabilite´ en de´veloppant et travaillant leurs aptitudes au leadership et au mentorat. Ces compe´tences lorsqu’elles seront maıˆtrise´es, leur offriront la garantie de vivre une carrie`re d’anesthe´siste-re´animateur universitaire passionnante de bout en bout en les pre´servant mieux psychologiquement vis a` vis des pressions professionnelles et des contraintes de gestion tre`s lourdes qu’ils rencontreront dans leur exercice [3]. ˆ ts De´claration d’inte´re L’auteur de´clare ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Remerciements Remerciements a` Benoit Veber et Vincent Compe`re pour leurs remarques avise´es. Re´fe´rences [1] Debaene B, Mantz J. Processus, proce´dures et crite`res d’e´valuation conduisant a` la mise sur la liste d’aptitude aux fonctions de Maıˆtre de confe´rences des universite´s-praticien hospitalier (MCU-PH) et de professeur des universite´spraticien hospitalier (PU-PH) en anesthe´sie-re´animation. Ann Fr Anesth Reanim 2014;33. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.05.2014. [2] http://www.cpcnu.fr/web/sous-section-4801/recommandations-recrutement. [3] Oliveira GS, Ahmad S, Stock C, Harter RL, Almeida MD, Fitzgerald PC, et al. High incidence of burnout in academic chairpersons of anesthesiology. Anesthesiology 2010;114:181–93. [4] Dunnington GL. The art of mentoring. Am J Surg 1996;171:604–7. [5] Flexman AM, Gelb AW. Mentorship in anesthesia: how little we know. Can J Anesth 2012;59:241–5. [6] Mets B, Galford JA, Purichia HR. Leadership of United States academic anesthesiology programs 2006: chaperson characteristics and accomplishments. Anesth Analg 2007;105:1338–45.
B. Dureuil De´partement d’anesthe´sie-re´animation Samu, centre hospitalier universitaire de Rouen, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex, France Adresse e-mail : [email protected] (B. Dureuil) Disponible sur Internet le 18 septembre 2014
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La formation hospitalo-universitaire en anesthe´sie-re´animation : les crite`res du Conseil national des universite´s (CNU) ne re´sument pas tout Teaching hospital training in anaesthesia and intensive care: The criteria of the National Council of Universities (CNU) do not summarize all I N F O A R T I C L E
Mots cle´s : Formation universitaire Formation au management Carrie`re universitaire Keywords: Academic training Management training Academic career
1. Introduction Les re`gles pre´sidant a` la promotion universitaire des me´decins anesthe´sistes-re´animateurs sont publie´es pour la premie`re fois dans les Annales franc¸aises d’anesthe´sie et de re´animation [1]. Saluons cette initiative, car il est important que ces informations soient porte´es a` la connaissance des me´decins anesthe´sistesre´animateurs au-dela` des milieux universitaires [2]. Les crite`res, e´labore´s par la sous-section anesthe´sie-re´animation du Conseil national des universite´s (CNU) balisent le parcours tre`s cadre´ que devra suivre tout jeune me´decin de`s lors qu’il forme le projet de s’engager dans une carrie`re universitaire.
2. Les exigences d’une formation de tre`s haut niveau Debaene et Mantz [1] disse`quent avec pe´dagogie les re`gles du jeu concernant le processus menant a` l’inscription sur la liste d’aptitude a` exercer des fonctions universitaires. Les crite`res d’aptitude re´pondent a` des exigences e´leve´es et sont fonde´s sur des re´sultats universitaires e´value´s principalement, mais pas exclusivement, par la qualite´ des publications scientifiques. Le niveau des pre´requis universitaires exige´s est partage´ avec l’ensemble des CNU sante´. En marge de ces crite`res lourds et relativement objectifs, meˆme s’il est toujours possible d’en discuter la pertinence et de relever que les crite`res pe´dagogiques et d’enseignement restent peu valorise´s, le CNU a adjoint la notion d’expe´rience manage´riale. Cette dernie`re repose sur le fait que le candidat, au cours de son cursus, a de´ja` « e´te´ place´ en position de responsable de structure de soins » et qu’il a « su de´montrer des
capacite´s manage´riales (conduite de projets, gestion des conflits, sens de l’organisation et de l’efficience) » [2]. 3. La formation des universitaires est-elle adapte´e aux spe´cificite´s des e´quipes d’anesthe´sie-re´animation ? Cette question doit eˆtre pose´e car l’universitaire devra bien souvent ge´rer un service hospitalier de CHU comprenant plusieurs secteurs d’anesthe´sie et de re´animation et animer une e´quipe de me´decins dont la taille est sans commune mesure avec celle des autres spe´cialite´s me´dicales ou chirurgicales ; elle compte en effet, non pas quelques praticiens, mais le plus souvent plusieurs dizaines de me´decins sans compter de tre`s forts contingents d’e´tudiants du DES d’anesthe´sie-re´animation. Dans ces conditions bien particulie`res a` notre spe´cialite´, les qualite´s manage´riales sont naturellement de la plus haute importance pour re´pondre a` des tels enjeux. La pression qui s’exerce sur l’universitaire est forte et permanente pour faire face aux demandes et aux re´organisations incessantes particulie`rement difficiles a` conduire dans un contexte de tensions financie`res et de de´mographie me´dicale encore incertaine. Ces diffe´rentes contraintes sont de nature a` miner psychologiquement le quotidien du responsable de service et sont directement implique´es dans le niveau tre`s e´leve´ de burnout identifie´ chez les responsables des de´partements universitaires d’anesthe´sie aux E´tats-Unis [3]. Il y a fort a` parier que la situation n’est pas tre`s diffe´rente en France. A` la diffe´rence des pre´requis universitaires qui sont assez faciles a` de´finir et a` valider, la formation et les crite`res d’appre´ciation des capacite´s manage´riales des futurs universitaires restent encore bien flous et ne de´passent pas le stade des ge´ne´ralite´s. C’est pourtant une re´elle pre´occupation de la sous-section d’anesthe´sie-re´animation du CNU qui a e´te´ l’une des premie`res au niveau national a` mettre en place une visite sur site en amont de l’audition des candidats. Celleci, cherche a « appre´cier l’inte´gration et l’implication du candidat dans la vie universitaire et hospitalie`re de son e´tablissement. . . et e´valuer ainsi (ses) qualite´s relationnelles et manage´riale » [1]. Les visites sur site du CNU d’anesthe´sie-re´animation contribuent incontestablement a` accroıˆtre la visibilite´ de la spe´cialite´ mais elles interviennent quelques semaines seulement avant l’inscription
http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.08.002 0750-7658/ß 2014 Publie´ par Elsevier Masson SAS pour la Socie´te´ franc¸aise d’anesthe´sie et de re´animation (Sfar).
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sur la liste d’aptitude nationale alors que la proce´dure de promotion est depuis longtemps enclenche´e localement et que le poste vise´ est de´ja` publie´ au Journal Officiel. A` ce stade, les entretiens avec les praticiens hospitaliers, les DESAR et les universitaires de l’e´tablissement n’apportent qu’un e´clairage partiel et le plus souvent insuffisant aux membres du CNU pour relever des carences manage´riales et/ou relationnelles qui obe`reraient la promotion. Plusieurs pistes doivent eˆtre explore´es pour progresser dans ce champ du recrutement universitaire. 4. De´velopper une formation spe´cifique au management des e´quipes La formation a` la pe´dagogie, meˆme si elle reste au second plan, est inscrite dans le parcours du futur universitaire et ne se pratique plus seulement au travers d’un apprentissage de terrain mais par le biais de DU ou DIU qui sont obligatoires. Il devrait en eˆtre de meˆme en anesthe´sie-re´animation pour la formation au management des e´quipes que la structure des de´partements de nos CHU rend indispensable et pour lequel des progre`s substantiels sont attendus. Clairement, il est temps que notre spe´cialite´ re´ponde a` ces exigences non couvertes en proposant un programme structure´ de formation au leadership et au mentorat pour ses futurs universitaires. 5. De´velopper le mentorat Se sont les universitaires, les professionnels et les e´tudiants que coˆtoient le candidat dans ses activite´s quotidiennes cliniques, d’encadrement et de recherche qui sont les mieux a` meˆme d’appre´cier ses qualite´s relationnelles et manage´riales. Ces appre´ciations devraient eˆtre prises en compte tre`s pre´cocement par les universitaires de la spe´cialite´ dans le processus d’identification des jeunes me´decins a` fort potentiel. Inde´pendamment des capacite´s universitaires tre`s ine´gales d’un CHU a` l’autre, la mise en place d’un mentorat attentif et compe´tent par un universitaire de la discipline est partout possible. Le mentorat se de´cline sous la forme d’un accompagnement au de´veloppement des talents, d’un enseignement des compe´tences et savoirs dans les domaines universitaires et hospitaliers propres a` la discipline, d’un guide dans la de´finition d’objectifs et d’un re´fe´rent dans le champ des valeurs sociales et professionnelles [4]. L’universitaire, au travers de ce mentorat, saura orienter au mieux le jeune me´decin vers les unite´s de recherches de l’universite´ locale ou encore le guider dans des apprentissages et stages en dehors de la re´gion. C’est dans ce contexte que des formations comple´mentaires en management pourraient eˆtre introduites permettant le renforcement ou le de´veloppement des compe´tences naturelles du futur candidat. Le mentorat de´passe le concept du classique compagnonnage mais les e´le´ments qui le de´finissent sont encore a` approfondir et a` structurer pour qu’il prenne toute sa place [5]. La cre´ation d’e´quipes universitaires solides mettant les dynamiques personnelles au service d’objectifs clairs et partage´s est probablement un point fort dans le soutien et l’accompagnement des candidats potentiels comme des jeunes universitaires. 6. Maıˆtre de confe´rence-praticien hospitalier (MCU-PH) : une position professionnalisante ? Depuis quelques anne´es, le profil des MCU-PH en anesthe´siere´animation a profonde´ment change´ car ce n’est plus le terme d’un parcours universitaire comme cela a pu longtemps l’eˆtre, mais une e´tape du parcours pre´ce´dent une nomination comme professeur des universite´s-praticien hospitalier (PU-PH). Sur cet emploi, le candidat tire aujourd’hui profit pour densifier la liste de ses travaux mais cette position devrait constituer e´galement une opportunite´ pour inte´grer un projet professionnel structure´ de formation et de mise en responsabilite´ manage´riale. Il est
inte´ressant de souligner qu’aux E´tats-Unis, les chefs de service d’anesthe´sie des structures universitaires conside`rent que l’e´tape la plus formatrice dans leur parcours est d’avoir occupe´, pre´alablement a` leurs fonctions actuelles, un poste de responsabilite´s couvrant les champs cliniques, administratifs, pe´dagogiques et de recherche au sein d’une structure d’anesthe´sie [6]. 7. Conclusion La promotion d’un futur universitaire rele`ve encore d’une alchimie complexe dont les secrets de la fabrication sont seulement en partie de´voile´s dans le document du CNU d’anesthe´siere´animation [1]. Un facteur majeur d’incertitude reste celui de l’ouverture d’un poste dans l’UFR de formation du candidat, donne´e ale´atoire et largement de´termine´e par le calendrier des de´parts en retraite des universitaires de la spe´cialite´. Lorsqu’il n’y a pas de possibilite´ de promotion dans l’UFR d’origine, le candidat peut se voir proposer par le CNU un poste dans un autre CHU de l’hexagone mais en pratique nombreux sont ceux qui de´clinent cette offre. La mobilite´ est donc faible, notamment en direction des « petits CHU » en difficulte´, les candidats pre´fe´rant alors, le plus souvent pour des raisons d’organisation personnelle, rester dans leur re´gion de formation sur un statut hospitalier ou encore dans le secteur prive´. La qualite´ scientifique des universitaires d’anesthe´siere´animation est aujourd’hui nationalement reconnue. Mais il faut aller plus loin encore et inte´grer dans la formation des futurs candidats les spe´cificite´s propres aux de´partements d’anesthe´sie-re´animation hospitalo-universitaires des CHU dont ils auront la responsabilite´ en de´veloppant et travaillant leurs aptitudes au leadership et au mentorat. Ces compe´tences lorsqu’elles seront maıˆtrise´es, leur offriront la garantie de vivre une carrie`re d’anesthe´siste-re´animateur universitaire passionnante de bout en bout en les pre´servant mieux psychologiquement vis a` vis des pressions professionnelles et des contraintes de gestion tre`s lourdes qu’ils rencontreront dans leur exercice [3]. ˆ ts De´claration d’inte´re L’auteur de´clare ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Remerciements Remerciements a` Benoit Veber et Vincent Compe`re pour leurs remarques avise´es. Re´fe´rences [1] Debaene B, Mantz J. Processus, proce´dures et crite`res d’e´valuation conduisant a` la mise sur la liste d’aptitude aux fonctions de Maıˆtre de confe´rences des universite´s-praticien hospitalier (MCU-PH) et de professeur des universite´spraticien hospitalier (PU-PH) en anesthe´sie-re´animation. Ann Fr Anesth Reanim 2014;33. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.05.2014. [2] http://www.cpcnu.fr/web/sous-section-4801/recommandations-recrutement. [3] Oliveira GS, Ahmad S, Stock C, Harter RL, Almeida MD, Fitzgerald PC, et al. High incidence of burnout in academic chairpersons of anesthesiology. Anesthesiology 2010;114:181–93. [4] Dunnington GL. The art of mentoring. Am J Surg 1996;171:604–7. [5] Flexman AM, Gelb AW. Mentorship in anesthesia: how little we know. Can J Anesth 2012;59:241–5. [6] Mets B, Galford JA, Purichia HR. Leadership of United States academic anesthesiology programs 2006: chaperson characteristics and accomplishments. Anesth Analg 2007;105:1338–45.
B. Dureuil De´partement d’anesthe´sie-re´animation Samu, centre hospitalier universitaire de Rouen, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex, France Adresse e-mail : [email protected] (B. Dureuil) Disponible sur Internet le 18 septembre 2014