La pénibilité, nouvelle approche, un compte personnel. Compensation ou prévention, place des services de santé au travail

La pénibilité, nouvelle approche, un compte personnel. Compensation ou prévention, place des services de santé au travail

Rec¸u le : 9 juillet 2014 Accepte´ le : 9 juillet 2014 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Compte rendu de Congre`s 33e...

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Rec¸u le : 9 juillet 2014 Accepte´ le : 9 juillet 2014

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com



Compte rendu de Congre`s

33e Congre`s national sante´ travail Lille 2014. 3–6 juin 2014 – Lille Grand Palais 33rd National Congress of Occupationnal Health – Lille 2014

Keynotes

La pe´nibilite´, nouvelle approche, un compte personnel. Compensation ou pre´vention, place des services de sante´ au travail The hardship, new approach, a personal account. Compensation or prevention, place of health at work services Ge´rard Lasfargues (Directeur ge´ne´ral adjoint scientifique) ANSES, Agence nationale de sante´ et se´curite´ de l’alimentation, de l’environnement et du travail, 27-31, avenue du Ge´ne´ral Leclerc, 94701 Maisons-Alfort cedex Adresse e-mail : [email protected] La pe´nibilite´, objet en France de de´bat social et d’e´valuation scientifique depuis une dizaine d’anne´es, est une notion complexe qui sous-tend des enjeux, approches et des actions diffe´rentes suivant les de´finitions et crite`res retenus pour des objectifs de compensation ou de pre´vention. Dans le contexte de re´forme des retraites, le de´bat s’est essentiellement articule´ autour de la notion de compensation. Dans cette optique, il s’agissait de de´finir et pouvoir e´valuer des conditions de travail pe´nibles ayant un effet sur l’espe´rance de vie sans incapacite´ [9,12]. Trois groupes de facteurs de risque professionnel ont ainsi e´te´ identifie´s : les contraintes physiques, environnementales et de rythme. Le de´bat social, inte´grant l’ide´e de justice sociale, s’est appuye´ sur des connaissances scientifiques concernant notamment les ine´galite´s socioprofessionnelles et leurs effets sur la mortalite´ diffe´rentielle ou sur l’espe´rance de vie [3–5]. D’autres e´tudes et rapport ont pointe´ sur les effets potentiellement pathoge`nes a` long terme, au grand aˆge ou en fin de vie professionnelle, de conditions de travail pe´nibles pre´sentes a` diverses pe´riodes du parcours professionnel ou tout au long de celui-ci [2,7,9,10]. Ce sont bien des contraintes de travail qui s’ave`rent porteuses de risques, et non des me´tiers en soi, les conditions de travail pouvant varier pour un meˆme me´tier selon les entreprises ou le contexte des taˆches [2]. La loi sur la re´forme des retraites de 2010 (loi no 2010-1330 du 09 novembre 2010, comple´te´e par divers de´crets et arreˆte´ en 2011 et 2012), fait re´fe´rence a` des facteurs de risque professionnels susceptibles de laisser des traces durables, identifiables et irre´versibles sur la sante´. Ces facteurs sont lie´s a` des contraintes physiques marque´es, un environnement physique agressif ou a` certains rythmes de travail. Ils font re´fe´rence pour les trois dispositifs mis en

place, de compensation (possibilite´ de de´part en retraite a` 60 ans en fonction d’une incapacite´ lie´e a` ces contraintes), de trac¸abilite´ et suivi individuel des expositions, et enfin de pre´vention (accords ou plans de pre´vention). La re´forme des retraites actuelle e´tablit le principe d’un compte personnel de pre´vention de la pe´nibilite´ (C3P), effectif a` partir de 2015. Dans ce cadre, les salarie´s expose´s a` un ou plusieurs facteurs de pe´nibilite´ pourront cumuler des points pour une formation favorisant une reconversion professionnelle, maintenir une re´mune´ration a` temps partiel en fin de carrie`re ou financer un de´part anticipe´ en retraite de deux ans maximum. Les dix facteurs de pe´nibilite´ retenus sont la manutention manuelle de charges, les postures pe´nibles, le travail re´pe´titif, le travail de nuit, le travail en e´quipes alternantes, les tempe´ratures extreˆmes, le bruit, les vibrations, le risque hyperbare, le risque chimique (agents chimiques dangereux, CMR, poussie`res). A` la diffe´rence de l’approche de´terministe de 2010 liant la compensation a` une incapacite´ en lien avec l’exposition, l’approche probabiliste retenue suppose la de´termination de seuils d’exposition ouvrant droit a` l’acquisition de points. La concertation actuelle relative a` la mise en place du C3P se fait sur la base d’une premie`re e´tape ayant abouti a` proposer des seuils associant syste´matiquement intensite´ et temporalite´ d’exposition pour chacun des dix facteurs d’exposition. Les donne´es de la litte´rature scientifique montrent bien l’impossibilite´ de fournir une base scientifique claire pour la de´finition de ces seuils, du fait de la complexite´ des relations entre exposition et effets sur la sante´ et de la multiplicite´ des parame`tres d’exposition qu’il serait ne´cessaire de prendre en compte pour chaque facteur de pe´nibilite´. Un bon exemple en est le travail de nuit en horaires alternants ou` les effets cardiovasculaires ou cance´roge`nes a` long terme pointe´s dans des e´tudes e´pide´miologiques peuvent de´pendre potentiellement de nombreux parame`tres d’exposition : dure´e cumule´e du travail de nuit, vitesse, sens des rotations, dure´e des pe´riodes de repos, possibilite´ de pauses dans le travail, troubles du sommeil, chronotype individuel, etc. S’y ajoute un effet travailleur sain important qui complexifie encore les relations entre travail et sante´, pour ce facteur mais aussi pour les conditions de travail pe´nible d’une fac¸on ge´ne´rale. L’ide´e qui a pre´valu pour la ne´gociation e´tait donc la de´termination de seuils techniques e´tablis dans un objectif de simplicite´ du dispositif de fac¸on a` ce qu’il puisse eˆtre de´ploye´ de fac¸on cohe´rente. Environ 20 % des salarie´s du prive´ pourraient eˆtre concerne´s par ces facteurs de pe´nibilite´ tels qu’ils sont propose´s actuellement. Les entreprises devront de´terminer les niveaux d’exposition de leurs salarie´s et l’attribution des points, avec un controˆle de´volu aux CARSAT. Il est propose´ de cre´er un re´fe´rentiel interprofessionnel d’appre´ciation de la pe´nibilite´ qui se de´clinerait en modes d’emploi dans chaque branche pour les diffe´rents me´tiers avec une mise a` disposition d’outils adapte´s qui apparaıˆt ne´cessaire, notamment pour les petites et moyennes entreprises. Ces modes d’emploi pourraient e´galement favoriser le de´veloppement de mesures de pre´vention. L’identification des mesures de

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Compte rendu de Congre`s

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pre´vention individuelles et collectives susceptibles de faire passer l’exposition du salarie´ en dec¸a` des seuils devrait s’appuyer sur les documents e´labore´s par les entreprises en application de la re´glementation pour l’appre´ciation des risques et l’application de mesures de pre´vention (document unique d’e´valuation des risques DUER, plan de pre´vention, mais aussi accords collectifs. . .). Une forte cohe´rence devrait donc eˆtre recherche´e entre ces documents et l’e´valuation de l’exposition individuelle a` la pe´nibilite´, documents dont les finalite´s sont diffe´rentes. Celle du DUER est bien de mettre en œuvre des mesures visant a` supprimer les risques et non a` justifier leur existence. La fiche de pre´vention des expositions est cense´e eˆtre e´tablie en cohe´rence avec l’e´valuation des risques formalise´e dans le DUER. Lorsque cela est le cas, cela a pu permettre a` certaines entreprises de monter en compe´tence sur ce document et de mieux re´pertorier certains risques professionnels qui ne le sont pas toujours ou rarement dans le document unique. Du fait de la de´finition retenue de la pe´nibilite´ faisant re´fe´rence a` des conditions de travail pre´cises, la question s’est pose´e de renforcer les liens entre e´valuation des risques et trac¸abilite´ de l’exposition a` la pe´nibilite´. L’ide´e serait de lier, en le formalisant dans la re´glementation, une approche de la pe´nibilite´ dans les conditions habituelles de travail, par groupes homoge`nes d’exposition et la trac¸abilite´ des expositions de manie`re plus analytique au sein d’un meˆme groupe homoge`ne d’exposition. Cela permettrait de faciliter cette trac¸abilite´ et les mesures de pre´vention mises en œuvre, de valoriser le DUER et mieux prendre en compte des facteurs de risque pratiquement absents des DUER comme le travail poste´ ou de nuit. Ne´anmoins, plusieurs e´cueils sont a` e´viter. Le premier est celui d’une segmentation de l’e´valuation des risques qui prioriserait les facteurs retenus dans le cadre de la pe´nibilite´ aux de´triments d’autres facteurs comme par exemple les facteurs de risque psychosociaux, facteurs pourtant essentiels a` prendre en compte, y compris dans une analyse pertinente de la pe´nibilite´ a` vise´e de pre´vention. Le second est le risque de se concentrer uniquement sur les salarie´s concerne´s par le C3P pour les faire passer sous les seuils, de ne plus conside´rer les salarie´s expose´s sous les seuils et ne pas pre´voir de mesures de pre´vention pour ces niveaux d’exposition. Le troisie`me est le risque de divergences entre les acteurs et organismes en charge notamment du controˆle de ces documents. L’ide´e de lier de fac¸on cohe´rente compensation et pre´vention, e´valuation de la pe´nibilite´ et e´valuation des risques a` des fins de pre´vention est ne´anmoins tre`s souhaitable. Mais, au-dela` de la re´flexion sur l’articulation et la mise en cohe´rence des documents e´labore´s dans ces diffe´rents champs (document unique, accords collectifs ou plans de pre´vention, fiches de pre´vention des expositions), les difficulte´s tiennent aussi aux registres diffe´rents impliquant des logiques d’action et modalite´s d’e´valuation qui ne sont pas les meˆmes, avec la ne´cessite´ d’aborder le champ beaucoup plus large des relations entre sante´ et travail pour pouvoir tenir les objectifs de pre´vention : cre´er dans l’entreprise les conditions pour assurer un travail soutenable tout au long de la vie professionnelle et un maintien dans l’emploi des travailleurs les plus aˆge´s. Instruire la pe´nibilite´ dans une perspective de pre´vention suppose en effet non seulement de s’inte´resser au premier aspect de la pe´nibilite´ (en tant qu’e´preuve laissant des traces sur la sante´ a` long terme) mais aussi d’inte´grer deux autres aspects tout aussi importants pour agir sur les conditions de travail : la pe´nibilite´ ve´cue du travail, en particulier le ve´cu difficile des dernie`res anne´es de vie professionnelle et la pe´nibilite´ lie´e aux difficulte´s, a` la geˆne dans le travail du fait d’atteintes a` la sante´ [13]. Il devient alors ne´cessaire de lier la pre´vention a` la question des conditions de travail d’une fac¸on ge´ne´rale, mais aussi a` l’organisation du travail et a` la question des parcours professionnels et des relations entre travail et sante´ tout au long de la vie professionnelle, comme le sugge`rent bien les re´sultats issus des grandes enqueˆtes sur les conditions de travail. Ils confirment a` la fois la persistance des grandes contraintes physiques, l’augmentation des diffe´rentes formes d’horaires atypiques, l’accentuation des contraintes temporelles et de rythme. En partant des facteurs de pe´nibilite´ tels que les de´finit la loi de 2010, l’enqueˆte SUMER indique que les ouvriers, employe´s de commerce et

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personnels de service sont les plus expose´s a` ces facteurs et a` leur cumul [11]. Les jeunes mais aussi les plus de 55 ans restent nombreux a` eˆtre concerne´s. L’enqueˆte pointe e´galement l’association fre´quente entre pe´nibilite´s et contraintes organisationnelles (exposition a` plusieurs rythmes de travail, obligation de se de´peˆcher, de´lais contraints et absence de marges de manœuvre), un manque de latitude de´cisionnelle et de moyens pour faire correctement son travail. Les salarie´s expose´s ont un plus mauvais e´tat de sante´ perc¸ue, plus d’accidents de travail et arreˆts-maladie, et plus de limitations fonctionnelles pour les salarie´s les plus anciens. La pre´vention de l’exposition aux facteurs de pe´nibilite´ doit donc eˆtre une de´marche globale inte´grant les contraintes organisationnelles associe´es [11]. Les donne´es de l’enqueˆte SIP (sante´ et itine´raire professionnel) montrent que les salarie´s indiquant davantage d’exposition aux contraintes physiques apparaissent e´galement comme les plus expose´s aux facteurs de risques psychosociaux et a` leur cumul. Ils de´clarent plus fre´quemment une sante´ physique et mentale de´grade´e. Il s’agit ici plus souvent de jeunes, d’ouvriers non qualifie´s ou d’employe´s, avec des contrats temporaires [8] ; Les re´sultats issus de cette meˆme enqueˆte confirment que les quinquage´naires, mais aussi les 50–74 ans ayant connu au moins une exposition a` des facteurs de pe´nibilite´ tels que travail de nuit, travail re´pe´titif, travail physiquement exigeant ou encore a` des produits toxiques, ont un risque significativement plus e´leve´ d’eˆtre limite´s depuis au moins six mois a` cause d’un proble`me de sante´ dans leurs activite´s habituelles [7]. Les analyses indiquent e´galement que les personnes sorties de´finitivement de l’emploi avant 60 ans connaissent des trajectoires professionnelles stagnantes peu qualifie´es et sont plus expose´es au cumul de pe´nibilite´s physiques que les autres personnes de 60 ans ou plus. Leur sortie de l’emploi rele`ve plus souvent de choix contraints en lien avec la sphe`re professionnelle et leurs carrie`res sont davantage affecte´es par une sante´ plus de´grade´e [6]. Plus globalement, on constate un e´tat de sante´ plus fre´quemment de´grade´ dans les parcours plus instables ou pre´carisants, caracte´rise´s par un de´classement social, des changements d’emploi fre´quents ou des e´pisodes de choˆmage [1]. Dans ce registre beaucoup plus large de la pre´vention de la pe´nibilite´, les e´quipes pluridisciplinaires des services de sante´ au travail devraient naturellement eˆtre sollicite´es dans un espace de mise en visibilite´ et d’analyse fine des conditions de travail, mais aussi de la complexite´ des situations re´elles de travail et de leur variabilite´, ainsi que de l’aide a` la pertinence des choix et des actions a` conduire en re´fe´rence aux trois aspects de la pe´nibilite´ cite´s plus haut. Volkoff met bien en avant dans ce cadre les diffe´rents enjeux de pe´nibilite´ a` relever pour la pre´vention face a` la persistance des exigences physiques, au recul des horaires diurnes stables, a` l’accentuation et a` la diversification des facteurs de pression temporelle, a` la mobilite´ et situations de changement dans l’entreprise [14]. La persistance de contraintes physiques pe´nibles doit notamment amener a` maintenir une attention forte sur les me´canismes d’usure a` long terme, leurs implications sur la sante´, y compris des plus jeunes, et sur l’efficience au travail, les me´canismes de se´lection lie´s a` ces contraintes, leurs effets protecteurs et leur remise en cause e´ventuelle sous l’effet du vieillissement des populations concerne´es. La vision analytique des professionnels de sante´ au travail est importante pour aider a` comprendre comment les strate´gies de pre´vention individuelles et collectives, en particulier chez les plus anciens, se construisent et quelles organisations du travail permettent de pre´server ces strate´gies. Face a` la proble´matique du travail poste´, de nuit et des horaires atypiques d’une fac¸on plus ge´ne´rale, l’e´valuation pre´cise des impacts sur le sommeil, la sante´ et la qualite´ de vie (professionnelle, familiale, sociale), leur l’e´volution avec l’aˆge et la dure´e d’exposition a` ces contraintes, constitue un enjeu fort pour avancer des solutions de pre´vention pertinentes. Il en est de meˆme pour la question des contraintes temporelles et celles lie´es aux mobilite´s et situations de changement. Il est important ici de comprendre les strate´gies mises en œuvre ainsi que leurs modes d’e´laboration, en particulier avec l’aˆge et l’expe´rience, pour moduler les effets de´le´te`res sur le travail individuel et collectif, la sante´, mais aussi sur la construction elle-meˆme de ces strate´gies. Il en de´coule trois registres d’action potentiellement de´clinables au regard des trois aspects de la pe´nibilite´ : des actions globales d’ame´lioration des

Compte rendu de Congre`s conditions de travail pour re´duire la pe´nibilite´ de fac¸on ge´ne´rale, ne pas user pre´mature´ment les jeunes et pre´server les anciens ; des actions cible´es visant notamment a` la protection des travailleurs les plus aˆge´s ou ayant des atteintes a` la sante´ (ame´nagements des postes ou conditions de travail, re´affectations, cessations d’activite´. . .) ; la valorisation des atouts de l’expe´rience favorisant les strate´gies pre´servatrices de sante´, en particulier pour ame´liorer le ve´cu difficile des dernie`res anne´es de vie professionnelle ou les difficulte´s dans le travail lie´es aux proble`mes de sante´ [13,14]. Au final, les registres de pre´vention apparaissent donc comme multiples et de´passent le cadre de la seule pe´nibilite´ en tant qu’objet de ne´gociations, en mettant en de´bat la question des relations travail–sante´ dans une approche plus globale et dynamique. Re´pondre a` la question du travail soutenable dans une perspective d’allongement de la vie professionnelle revient bien a` inte´grer dans l’e´valuation et l’action collective une extreˆme diversite´ de situations de travail, de vie et de sante´ au fil des parcours professionnels et en fin de vie active. L’effectivite´ de telles de´marches de pre´vention de´pend donc clairement de la volonte´ et de la capacite´ des diffe´rents acteurs de la sante´ au travail, de la pre´vention et de l’entreprise, a` de´passer les enjeux re´glementaires pour engager des actions collectives durables sur des objectifs partage´s, en respectant les pre´rogatives de chacun par rapport aux diffe´rents champs d’intervention possibles. De fait, pour l’ensemble des professionnels de terrain, pouvoir re´fle´chir, comprendre et objectiver les freins et leviers pour le de´veloppement des actions afin de re´pondre aussi aux enjeux de la pluridisciplinarite´, est un e´le´ment important dans cette construction interactive de la pre´vention. Pour les services de sante´ au travail, cela suppose de fournir le temps et les moyens en interne pour accompagner la professionnalisation des diffe´rents intervenants et pour outiller les e´quipes de fac¸on a` leur permettre des diagnostics fins aidant a` l’action dans le champ des pe´nibilite´s et de la sante´ au travail. Mots cle´s Pe´nibilite´ ; Retraite ; Condition de travail ; Exposition professionnelle De´claration d’inte´reˆts L’auteur de´clare ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Re´fe´rences [1] Bahu M, Coutrot T, Herbet J-B, et al. Parcours professionnels et e´tat de sante´. DARES, Premie`res Synthe`ses; 2010 [no 1]. [2] Bahu M, Mermilliod C, Volkoff S. Conditions de travail pe´nibles au cours de la vie professionnelle et e´tat de sante´ apre`s 50 ans. In: L’e´tat de sante´ de la population en France – Suivi des objectifs annexe´s a` la loi de sante´ publique » – Rapport 2011. DREES, coll. E´tudes et statistiques; 2011: 39–55. [3] Cambois E, Laborde C, Robine JM. Espe´rances de vie sans incapacite´ en France : disparite´s sociales, disparite´s re´gionales. In: Rapport final 2008 dans le cadre de l’appel d’offres DreesMiRe « Analyses secondaires des donne´es de l’enqueˆte sante´ 2002–2003 »; 2008. [4] Cambois E, Laborde C, Robine JM. La « double peine » des ouvriers : plus d’anne´es d’incapacite´ au sein d’une vie plus courte. Population et societes 2008;441:1–4. [5] Cambois E, Laborde C, Romieu I, et al. Occupational inequalities in health expectancies in France in the early 2000s: unequal chances of reaching and living retirement in good health. Demogr Res 2011;25:407–36. [6] Collet M, De Riccardis N, Gonzales L. Trajectoires professionnelles et de sante´ et sorties de´finitives de l’emploi avant 60 ans, 45. DREES, Dossiers Solidarite´ et Sante´; 2013. p. 1–35. [7] Coutrot T, Rouxel C. Emploi et sante´ des seniors durablement expose´s a` des pe´nibilite´s physiques au cours de leur carrie`re : l’apport de l’enqueˆte « Sante´ et itine´raire professionnel ». Dares Analyses 2011;20. [8] DARES. Les risques psychosociaux au travail. Un panorama d’apre`s l’enqueˆte Sante´ et itine´raire professionnel 2010. DARES Analyses 2014;31. [9] Lasfargues G. De´parts en retraite et « travaux pe´nibles » : l’usage des connaissances scientifiques sur le travail et ses

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http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.07.009

E´tat des connaissances sur les de´pistages en sante´ au travail Screening in occupational health: state of the art J.-F. Gehannoa,*, P. Teissiera, J.-M. Soulatb a Service de me´decine du travail et des maladies professionnelles, EA 4108, CHU de Rouen, 1, rue de Germont, 76000 Rouen b Service des Maladies Professionnelles et Environnementales – CHU Hoˆpital Purpan – Toulouse *Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Gehanno) L’objectif attribue´ par la loi aux services de sante´ au travail est d’e´viter toute alte´ration de la sante´ des travailleurs du fait de leur travail mais e´galement de contribuer au maintien dans l’emploi des travailleurs. A` cette fin, les services de sante´ au travail conduisent, entre autres, des actions de surveillance syste´matique de la sante´, dans une optique de de´pistage pour des pathologies en lien avec le travail ou pouvant avoir un retentissement sur le travail. Nous laisserons de cote´ la surveillance me´dicale renforce´e, qui fait l’objet de recommandations spe´cifiques. Dans le cadre d’un suivi de sante´ non motive´ par une exposition a` des facteurs de risques professionnels, la question pose´e est celle de l’inte´reˆt d’un examen clinique re´gulier, assorti ou non d’examens para-cliniques. Si la litte´rature est limite´e dans le domaine de la sante´ au travail, elle est abondante dans le champ de la sante´ publique et permet d’affirmer que ce type de suivi syste´matique n’apporte pas de be´ne´fice mesurable en terme de limitation de la mortalite´ ou de la morbidite´, globale, cardiovasculaire ou par cancer [1]. Il n’est de plus pas de´nue´ d’effets secondaires, auxquels il faut ajouter le risque d’exclusion propre a` la sante´ au travail. Il convient toutefois souligner que l’inte´reˆt de ce type de rendez-vous de sante´ re´gulier n’a pas e´te´ e´value´ en terme de maintien de la relation ou de la confiance, entre le patient/salarie´ et le me´decin. L’inte´reˆt d’un de´pistage e´tant lie´ a` la fre´quence de la maladie dans la population qui be´ne´ficie du de´pistage, il peut eˆtre plus important dans certains groupes expose´s a` des nuisances professionnelles. On peut ainsi citer deux exemples ayant fait l’objet de recommandations re´centes de la part de la Socie´te´ franc¸aise de me´decine du travail. Chez les sujets expose´s a` des allerge`nes, il est recommande´ de proce´der au de´pistage de la rhinite professionnelle en particulier pendant l’apprentissage ou les deux premie`res anne´es d’exposition [2] Chez les travailleurs poste´s et/ ou de nuit, il est recommande´ de de´pister une privation chronique de sommeil et des e´pisodes de somnolence ainsi que de mesurer le poids et la tension de fac¸on annuelle [3] Il est inte´ressant de noter que ces de´pistages reposent principalement sur l’interrogatoire, et peuvent donc impliquer l’infirmier de sante´ au travail.

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