Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 45 (2005) 367–368 http://france.elsevier.com/direct/REVCLI/
Lettre à la Rédaction Le groupe de travail TRAM sur les allergies médicamenteuses
La prise en charge et la connaissance des allergies médicamenteuses requièrent des compétences multiples et notamment en allergologie, en dermatologie et en immunologie. L’exploration des allergies médicamenteuses est donc difficile, limitée à quelques centres et pourtant il s’agit là d’affections iatrogènes particulièrement fréquentes. Ainsi, on estime que 10 à 20 % des patients hospitalisés présentent des effets secondaires aux médicaments [1–3] et les allergies médicamenteuses représenteraient jusqu’aux tiers de l’ensemble de ces réactions. Il n’existe cependant pas de vraies études épidémiologiques démonstratives, complétées par un bilan allergologique complet. Or de nombreuses réactions revêtent les symptômes d’une allergie, mais ne sont pas de mécanisme allergique [4]. Leurs manifestations sont multiples, allant d’une urticaire localisée au grand choc anaphylactique ou aux décollements cutanés parfois mortels. Leurs mécanismes sont variés [5]. Les réactions immédiates, de type urticaire/angiœdème par exemple, sont souvent de mécanisme IgE dépendant, lorsqu’elles sont de nature allergique. Les réactions non immédiates, de type exanthème maculopapuleux par exemple, impliquent l’activation de lymphocytes T spécifiques, lorsqu’elles sont de nature allergique. L’exhaustivité du bilan de ces réactions permettrait, d’améliorer nos connaissances sur leur fréquence, l’intérêt des investigations complémentaires dans leur exploration et leurs mécanismes. Conscientes de cet état de fait, les sociétés européennes de dermatologie (European Society of Contact Dermatitis), d’allergologie et d’immunologie clinique (European Academy of Allergy and Clinical Immunology) ont réuni ces trois dernières années des groupes de travail multidisciplinaires de façon à standardiser la prise en charge diagnostique. Un questionnaire [6], des recommandations générales [7,8] sur la pratique des tests cutanés, des recommandations sur la pratique des tests de provocation [9], sur l’exploration des réactions immédiates et non immédiates aux bêtalactames [10,11] et aux produits de contraste iodés [12] ont été successivement proposés. D’autres documents sont en cours de relecture. Au niveau national, les sociétés françaises de dermatologie, de médecine interne et d’allergologie et d’immunologie clinique (http://www.sfaic.com) se font le relais de ces recommandations européennes par le biais de leurs représentants français. La société française d’anesthésie-réanimation a élaboré des recommandations pour la pratique clinique en allergo-anesthésie (http://www.sfar.com) [13].
La France est un pays leader dans le domaine de l’allergie médicamenteuse. Le groupe de travail de la Société française d’allergologie et d’immunologie clinique sur les allergies médicamenteuses (TRAM) a été créé lors du conseil d’administration de la SFAIC du 8 juillet 2002. Les activités du groupe, sur le site http://www.sfaic.com (Fig. 1) ont été particulièrement intenses la première année de façon à répondre aux objectifs. L’objectif principal était la mise en commun de protocoles de diagnostic des allergies médicamenteuses afin d’améliorer leur prise en charge. Sont maintenant disponibles et téléchargeables : le questionnaire validé par l’Académie européenne d’allergologie (groupe Enda), précisant l’histoire clinique, la chronologie et la sémiologie, les protocoles de tests cutanés (prick, tests intradermiques, patch tests) et de test de provocation aux bêtalactames. Parmi les objectifs secondaires, la réalisation d’une carte de France des centres de diagnostic des allergies médicamenteuses est disponible sur ce même site et régulièrement mis à jour (Fig. 2). La mise en registre des anaphylaxies médicamenteuses sévères est effective et gérée en partenariat avec le CICBAA. La mise à disposition de banque de connaissances est encore imparfaite, mais plusieurs documents ont été mis en ligne. L’étape suivante serait la mise au point et la standardisation des tests diagnostiques, in vivo et in vitro. Il s’agirait d’abord de standardiser les pratiques cliniques. Viendront ensuite des projets coordonnés de biologie dans le cadre strict de la loi sur la recherche clinique.
Fig. 1. Les différents champs d’activité du groupe TRAM, présentés sur le site http://www.sfaic.com.
368
Lettre à la Rédaction / Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 45 (2005) 367–368
Fig. 2. Carte des centres français de diagnostic des allergies médicamenteuses consultable sur le site http://www.sfaic.com.
Références [1] [2]
[3]
[4]
[5] [6] [7]
[8]
[9]
Demoly P, Bousquet J. Epidemiology of drug allergy. Curr Opin Allergy Clin Immunol 2001;1:305–10. Demoly P, Hillaire-Buys D, Raison-Peyron N, Godard P, Michel FB, Bousquet J. Comprendre les allergies médicamenteuses. Med Sci 2003;19:327–36. Lazarou J, Pomeranz BH, Corey PN. Incidence of adverse drug reactions in hospitalized patients. A meta-analysis of prospective studies. JAMA 1998;279:1200–5. Messaad D, Sahla H, Benahmed S, Godard P, Bousquet J, Demoly P. Drug provocation tests in patients with a history suggesting an immediate drug hypersensitivity reaction. Ann Intern Med 2004;140: 1001–6. Pichler WJ. Delayed drug hypersensitivity reactions. Ann Intern Med 2003;139:683–93. Demoly P, Kropf R, Bircher A, Pichler WJ. Drug hypersensitivity questionnaire. Allergy 1999;54:999–1003. Brochow K, Romano A, Blanca M, Ring J, Pichler WJ, Demoly P. General considerations for skin test procedures in the diagnosis of drug hypersensitivity. Allergy 2002;57:45–51. Barbaud A, Goncalo M, Bruynzeel D, Bircher A, European Society of Contact Dermatitis. Guidelines for performing skin tests with drugs in the investigation of cutaneous adverse drug reactions. Contact Dermatitis 2001;45:321–8. Aberer W, Bircher A, Romano A, Blanca M, Campi P, Fernandez J, et al. Drug provocation testing in the diagnosis of drug hypersensitivity reactions: general considerations. Allergy 2003;58:854–63.
[10] Torres MJ, Blanca M, Fernandez J, Romano A, de Weck A, Aberer W, et al. Diagnosis of immediate allergic reactions to beta-lactam antibiotics. Allergy 2003;58:961–72. [11] Romano A, Blanca M, Torres MJ, Bircher A, Aberer W, Brockow K, et al. Diagnostic of non-immediate rections to beta-lactam antibiotics. Allergy 2004;59:1153–60. [12] Brockow K, Christiansen C, Kanny G, Clement O, Barbaud A, Bircher A, et al. Management of hypersensitivity reactions to iodinated contrast media. Allergy 2005;60:150–8. [13] Mertes PM, Laxenaire MC, Lienhart A, Aberer W, Ring J, Pichler WJ, et al. Reducing the risk of anaphylaxis during anaesthesia : guidelines for clinical practice. J Invest Allergy Clin Immunol 2005; (in press).
P. Demoly Exploration des allergies, maladies respiratoires, Inserm U454 - IFR3, hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU de Montpellier, 34295 Montpellier cedex 5, France Adresse e-mail :
[email protected] (P. Demoly). Reçu le 14 février 2005 ; accepté le 18 février 2005 Disponible sur internet le 21 mars 2005 0335-7457/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.allerg.2005.02.021