Le test de la fenêtre dermique en allergologie

Le test de la fenêtre dermique en allergologie

NOTE T E C H N I Q U E 'LE TEST DE LA FENr-TRE DERMIQUE EN ALLERGOLOGIE Par P. GERVAIS, M l'° E. GARELLY, M me S. MORAULT et A. REINBERG Nous pr6sen...

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NOTE T E C H N I Q U E

'LE TEST DE LA FENr-TRE DERMIQUE EN ALLERGOLOGIE Par P. GERVAIS, M l'° E. GARELLY, M me S. MORAULT et A. REINBERG

Nous pr6sentons la technique d'un test cytologique simple permettant d'6tudiet l'6volution de la r4ponse cytologique cutan6e en allergie. I1 s'agit 15 d'une r6action relativement aneienne dont nous avons pu 6tudier la r4alisation pratique. Nous ne donnerons qu'une ;idle tr6s succincte de nos r6sultats, nous r4servant d'exposer ceux-ci au cours de travaux ult6rieurs. D6s maintenant, il nous paralt utile de d6crlre: ia technique que nous avons pu adapter 5 l'utilisation clinique et de pr6ciser l'interpr6tation de eette m4thode qui est accessible 5 tout allergologue.

PRINCIPE

La technique de la fen~tre dermique (Skin Window) consiste, apr~s application sur une surface ~rod6e de la peau d'une solution antig~nique, 5 mettre en contact une s&ie de lames transparentes soigneusement immobilis4es 5 l'endroit du test. L'examen 5 intervalles r~guliers des cellules migrant et s'accolant sur les lames de verre, permet d'4tablir des formules h4matologiques qui varient en fonetion de la r@onse immunitaire.

HISTORIQUE

C'est RE~UCK, en 194o, qui a mis au point le test de la fen~tre pour l'6tude de l'6volution de la r6action inflammatoire. Cet auteur a ensuite orient~ ses travaux vers l'examen de la formule des r4actions immunitaires. |10

NOTE TECHNIQUE

La plupart des auteurs ont, depuis, 4tudi6, par cette m6thode, les r6aetions d'allergie humorale atopique et anaphylactique qui se caract4risent par l'apparition d'une 4osinophilie locale. FOWLER et LOWELL ont ainsi 4tudi4 l'allergie aux pollens ; l'allergie m6dicarnenteusc a 4t4 explor4e par le test de la fen4tre par JacoB, SInm, @REENBERG et LINCLE¥ en ~964, et par SmNFEm et M c COMBS en 1966. Plus r&emment, \VoLF-IUCERSEN, entre 196z et 1966, a utilis4 le test de la fen4tre pour l'6tude de l'allergie tissulaire ou retard4e ; il a montr6 que, dans ce cas, la rdponse 4fair caract6ris4e par l'apparition, apr6s environ 48 heures, de polynucl4aires 5 granulations basophiles. Cet auteur a ainsi 4tudi6 l'eczdma exp4rimental au dinitrochlorobenz6ne, le test 5 la tuberculine, la r6action 5 l'anatoxine dipht&ique, l'immunit6 de greffe et certaines maladies par autosensibilit4 comme la maladie de Hashimoto.

TECHNIQUE La r4alisation du test comprend, dans tousles cas, l'application ou rinjection intradermique de l'antig6ne sous une lame de verre ou de plastique sur une surface cutan4e dont les couches 4pidermiques ont 6t4 4rod4es afin de hisser apparaltre les capillaires des papilles dermiques. Le pr41hvement des lames peut 4tre envisag4 selon deux modalit4s : 1) I1 est possible de pr41ever les lames aprhs 24 heures, afin de rechercher principalement une r&etion &sinophilique. 2) Une m4thode beaucoup plus satisfaisante, mais d'application plus diffieile, consiste h r6aliser une s6rie d'empreintes pr41ev&s toutes les 6 heures, pendant 48 heures, afin de r4aliser un v&itable film de la r4action cytologique

MATI~RIEL I1 convient de disposer du mat4riel suivant : bistouri st4rile ; seringues st4riles type allergic, avec aiguilles h intra dermo-r4action ; lamelles plan4es optiquement pour h6matim~tre ~ Preciss ,, zz × 17; lames porte objet; colorant Mav-Grunwa]d-Giemsa ; microscope ; rasoir m6canique ; lampe 5 alcool pour h6nroculture ; boltes de P6tri ; papier d'aluminium ; adh4sif , Mieropore Minnesota de France ,,. Les lamelles sont envelopp6es avec un rectangle de bristol z2 X 17 dans une poehette de papier d'aluminium et st6rilis6es par s4ries de 24 dans les boites de P4tri. RI~ALISATION Apr~s rasage et nettoyage 5 l'alcool, la partie superfieielle de l'~pidemle est abras6e sur une surface d'environ r cm ~ sur la face ant4rieure de l'avant-bras, avee 11]

NOTE TECHNIQUK

le bistouri st4rile tenu ~ angle droit par rapport ~ ]a peau, auquel on imprime uu mouvement de va et vient jusqu'~ ee que les anses capillaires du chorion apparaissent comme des points rouges ; il ne faut pas faire saigner. Dans toutes les exp&ienees, les lames-contr61e sont appliqu4es sur l'autre bras. L'antighne est appliqu4 imm6diatement. La surface est eouvertc de lamelles de a~ × 17 ram, stdrilis4es et fix6es grace l'adhdsif Mieropore. Etant donn6 la possibilit6 de r4actions g6n4rales, le patient est gard4 en observation une demi-heure. Chaque lamelle est ehang4e toutes les 4 ou 6 heures, pendant 48 heures. La r6action cellulaire tuberculinique est ~ son maximum en 48 heures. Lorsqu'on 6te une lamelle, on la place, aprhs sdchage par agitation, dans une enveloppe marqufe du nom, de la date, de l'heure, du c6t6 d'applieation, puisqu'on ne peut marquer directement les lamelles. On peut 6galement pr61ever les lames aprhs 24 heures d'applieation pour Fftude de la r6action 4osinophilique. A la fin de l'exp6rience, les lamelles sont color&s toutes ensembles par le MayGrunwald-Giemsa ; pour cela, elles sont plae4es dans l'ordre ebronologique sur des baguettes, plac4es en pont au-dessus d'une cuve de verre, c6t6 t6moin et c6t6 r4action sfparfment. Aprhs tin,age large 5 l'eau pure, les lamelles sont s6eh6es doucement dans du papier filtre et mont6es sur des lames avee du baume du Canada. Les pr4parations sont alors marqufes au diamant avant d'4tre examin6es au microscope afin d'6tablir une formule leucoeytaire. On eompte zoo celhfles dans ehaque preparation ; 4tant donn~ que la r4partition est g4n6ralement irr4guli~re, on doit parcourir les difffrents points de la prfparation. I1 est utile de pratiquer une formule leucocytairc sanguine simultanfe. Les rfsultats sont pr6sent4s dans un tableau du type du tableau I.

TABLEAU I TABLEAU-TYPE ]DE PR]~SENTATION DES R~SULTATS

POURCa~NTAGE D'~OSINOPIIILES PATIENTS (N ° et nora)

INTERVALLES DE LECTURE

ANTIG~NES

(Dilution) Test

112

T6moin

Sang

NOTE TECHNIQUE

pRePARATION ET CONCENTRATION POUR QUELQUES ALLERGi~NES DANS LE TEST DE LA FENSTRE TABLI~AU

M~DICAMENT

II

PREPARATION

CONCENTRATION

,ilantin potassium p6nieilline P6nicilloyl-polylysine Novocaine Xyloeaine Aspirine Sulfate de fer lode Bellergal Ph6nobarbital Pentothal sodique Produits pour ILI,V. Diadrast Hypaque Pantopaque

Suspension dans l'eau Solution dans l'eau Solution dans l'eau Solution daus l'ean Solution dans l'eau Suspension dans l'eau Suspension dans l'eau Solution Suspension dans l'eau Solution dans l'eau Solution dans l'eau Solution aqueuse Solution aqneuse Solution aqueuse Solution dans l'huile

Pollens

S6rum physiologique

1/10

Poussi6re de maison 1/50

S6rum physiologique

1/50

25 mg/ml 500.000 U/ml Ix 10--5 2 2

% %

75 mg/ml 75 mg/ml 2

%

1 tablette dans i ml 15 rag/m1 25 mg/ml 60 % 70 % 50 % 30,5 %

(D'apr6s SEINF:ELDet COMBS)

COMMENTAIRES

Nous rappellerons les principaux r4sultats obtenus par les auteurs qui ont utilis6 cette technique et nous ajouterons quelques roots concernant notre exp4rience personnelle sur la r6alisation de cette 4preuve. Dans le domaine de l'allergie humorale, il faut signaler les travaux concemant la pollinose, r6alis4s par FOWLER et LOWELL, et les recherches de SEINFELD et COMBS sur l'allergie m6dicamenteuse. Ces auteurs ont travaill6 en 4tudiant la r6action apr6s 24 heures. Pour FOWLER et LOWELL, il appara~t, les sujets pr6sentant une pollinose clinique, une forte r4action 4osinophilique lorsque le test de la fen4tre est r6alis6 avec le pollen responsable. Lorsqu'il existe seulement un test cutan4 positif sans pollinose clinique, i! n'apparalt qu'une faible 4osinophilie locale au test de la fen4tre. Fait plus remarquable encore, ces auteurs ont not6 que la r6acfion 4osinophilique diminuait aprhs 113

N O T E TECHNI~UI~

d4sensibilisation, et ceei d'autant plus franehement que les sympt6mes cliniques 6taient plus att4nu6s. I1 est intdressant de rapprocher de ces .r6sultats ceux de COLE et ROBERTS, qui ont montr6 que la rdponse eutande h l'histamine 4tudi4e par le test de la fen4. tre 4tait plus riehe en 4osinophiles chez les suites de terrain atopique que dans le reste de la population. Les lib4rateurs d'histamine, comme la polymyxine, provoquent d'ailleurs une r4ponse 4osinophilique comme l'histamine. Personnellement, nous avons pu constater, en effet, l'apparition d'une rdaction d'dosinophilie h la suite de tests aux pollens ou h l'extrait de poussihre de maison chez les sujets allergiques. Les travaux concernant les ph4nom~ncs de sensibilisation m~dieamenteuse sont encore assez peu nombreux. Diff6rents auteurs ont montr4 que dans les cas d'allergie humorale, on pouvait, soit par la lecture aprhs a 4 heures, soit par l'examen des lames pr4lev6es toutes les 4 ou 6 heures, voir apparaltre une 6osinophilie allant de ~o 5 8o %, cette ~osinophilie 4tant nettement sup4rieure ~ l'~osinophilie sanguine, dans le cas oh celle-ci existait. Nous avons pu ainsi 4tudier un certain nombre d'allergies 5 la p4nicilline. Signalons que HESSBUEG et RE~UCK ont pu r6cemment montrer que, dans eertaines uvdites, le test de la fen4tre r6alis6 avec du pigment uv&l pouvait r6v61er une r6ponse assoeiant 6osinophiles et basophiles 4voquant un ph6nom~ne auto-immunitaire. WOLF-JuRCENSF.N d&rit, apr6s 4 8 heures, une rfponse riehe en polynucl4aires basophiles dans toutes les formes d'allergie retard6e : r4action 5 la tuberculine, ecz4ma exp6rimental au dinitrochlorobenzhne, immunit6 de greffe, thyroidite de tlashimoto. Nous avons pu ainsi reprendre l'4tude du test 5 la Candidine et retrouver une 4volution cyclique de la r6action comportant, en particulier, une ~osinophilie dans les premihres a4 heures. II faut souligner la possibilit4, de r4ponses irr4guli6res qui semblent d@endre de plusieurs facteurs : profondeur de l'&osion r4alisfe, nature plus ou moins irritante du mfdicament. Aprhs examen des diff6rents travaux dont nous avons pris connaissance et de notre exp4rience personnelle, nous pensons que la technique du test de la fen4tre ne peut se r4duire 5 une simple r4aetion lue aprhs z4 ou 48 heures, le malade continuant ~ vaquer ~ ses occupations habituelles. Les cas o6 les plus belles images ont pu 4tre observ4es sont ceux off nous avons pu 6tudier la r4aetion de 6 heures en 6 heures, chez un malade hospitalis4 et resrant au repos. I1 nous a paru int&essant de pr4senter la technique de ce test qui, bien que de r4alisation plus d41icate qu'il n'apparait au premier abord, semble devoir prendre une certaine importance dans l'6tude de l'allergie humorale et de l'allergie tissulaire. i14

NOTE TECHNIQUE

RI~SUMI~

Les auteurs font un rappel de l'historique des m4thodes d'ftudes cytologiques des diff4rentes formes de r6action inflammatoire. Ils ont mis g profit les rfsultats acquis par REBUCK grfice 5 la technique de la fen4tre dermique (Skin-\Vindow) dans l'examen eytologique des divers formes de rSactions allergiques cutanSes. Cette technique consiste : 1) h abraser l'Spiderme sur une surface d'environ 1 em 2 ; 2) 5 appliquer l'antighne sur cette surface ; 3) 5 fixer ~ cc niveau une sSrie de lames transparcntes, renouvel4es pSriodiquement pendant 24 ou 48 heures ; 4) 5 examiner les formules cytologiques ainsi obtenues apr~s coloration de May-Grunwald-Giemsa (riehesse cellulaire, pourcentage des 6osinophiles, des basoo philes, etc.). La rSaction positive se caractSrise par l'apparition, aprhs 48 heures environ, de polynucl4aires Sosinophiles dans certaines rSactions allergiques humorales et, apr6s 36 5 48 heures, de basophiles dans les rSactions allergiques de type retardS. Une formule obtenue dans les m4mes conditions, sans allerg~ne, et une formule leucocytaire du sang circulant sont prises comme tSmoins. I1 est prSfSrable de rSaliser l'Spreuve en hospitalisant le sujet, afin d'amSliorer la qualit6 des prSl6vements. FOWLEI~ et LOWELL ont pu utiliser cette mSthode dans le diagnostic de l'allergie pollinique et dans l'appr&iation des modifications apportSes par une dSsensiloilisation spScifique. L'allergie mSdicamenteuse de type humoral a Sgalelnent pu 4tre 4tudiSe par cette technique (SEINFEI~D et M c COMBS). RScemment, WOLF-JuRGENSEN a signals l'apparition d'une rSactioi! ~ polynucldaires basophiles clans ]'allergic de type retards et StudiS diverses applications de la technique 5 l'allergie. Les auteurs ont pu adapter ~ l'utilisation clinique cettc mSthode de la fen4tre elermique et ils prScisent certains aspects pratiques de sa rSalisation. [Service d'Allergie, Fondation A. de ltothsehild, 29, rue Martin, Paris-I9% e t Unit~ de Recherche de Toxicologic Exp~rimentale (I.N.S.E.R.M.) , H~Spital Fo Widal, 200, rue du Faubozzrg St-Denis, Paris-lOo] .

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