Leptospirose grave et atteinte rénale : une maladie d’hommes ?

Leptospirose grave et atteinte rénale : une maladie d’hommes ?

Abstracts / Néphrologie & Thérapeutique 14 (2018) 335–402 Service de médecine interne A, hôpital Charles-Nicolle, laboratoire de recherche de patholo...

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Abstracts / Néphrologie & Thérapeutique 14 (2018) 335–402

Service de médecine interne A, hôpital Charles-Nicolle, laboratoire de recherche de pathologie rénale (LR00SP01), Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (H. Meriam) Introduction Dans les vascularites à ANCA (VAA), l’atteinte rénale se caractérise par une glomérulonéphrite à croissants nécrosante et rapidement progressive. L’atteinte pulmonaire conditionne la survie des patients. Le traitement d’induction doit être puissant et le plus précoce possible, la survie globale et rénale étant corrélée à la fonction rénale au début du traitement. La survenue de récidives cliniques impose la mise en route d’un traitement d’entretien. Le but de notre travail est préciser la place du mycophénolate mofétil (MMF) dans le traitement d’entretien des vascularites pauci-immunes par rapport à l’azathioprine (AZA). Patients/matériels et méthodes C’est une étude rétrospective analytique portant sur 64 patients colligés sur une période de 43 ans (1970–2013) dont 37 ayant lune granulomatose avec polyangéite et 27 ayant la polyangéite microscopique. Résultats L’âge moyen au moment du diagnostic était de 47,9 ans (extrêmes : 18–67) avec un sex-ratio H/F = 1,16. La durée moyenne de suivie est de 10,9 mois (extrêmes de 28 jours et 24 mois). Soixante-seize pour cent des patients étaient en insuffisance rénale. La créatinine moyenne est de 547 ␮mol/L (extrêmes : 57, 1651). Nous avons observé 9 décès (13 %). Les taux de survie à 2 ans étaient de 86,2 %. Tous nos patients ont rec¸u une association de corticoïdes (CS) et de cyclophosphamide (CYC). La dose initiale de CS est de 1 mg/kg/j pendant 3 à 4 semaines précédée de 3 jours de bolus de méthylprednisolone puis dégression progressive. Le traitement d’entretien a été entrepris après un délai moyen de 6 à 8 mois. Quatorze patients étaient mis sous AZA (21,5 %) pendant une durée moyenne de 30,8 mois et 5 patients sous MMF (7,6 %) pendant en moyenne 21,2 mois. Pour le reste, ils étaient encore sous CS faible dose et CYC. On a noté des résultats comparables entre les 2 groupes (taux de rémission : AZA : 62 %vs MMF59 %) (p = 0,02) ; avec une meilleure tolérance de l’AZA par rapport au MMF et moins de complications infectieuses, tout en sachant que 5 % de nos malades ont développés une neutropénie sous AZA. Conclusion Les rechutes surviennent dans 25 à 50 % des cas dans les 3 à 5 ans d’où la nécessité d’entreprendre un traitement d’entretien. Bien que la durée idéale soit encore, une période thérapeutique de minimum 1 an semble indispensable. Nos résultats rejoignent les données de nombreuse études qui n’ont pas montré une supériorité du MMF par rapport à l’AZA, tout en soulignant les limites de notre étude rétrospective monocentrique. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.nephro.2018.07.246 PN56J

Présentation clinique, anatomopathologique, traitement et pronostic des glomérulopathies associées aux infections, une série de cas de 17 adultes du Poitou-Charentes

A. Sibille ∗ , F. Bridoux , V. Javaugue , J.M. Goujon Néphrologie, Poitiers, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Sibille) Introduction Au cours des dernières décennies, l’incidence des glomérulopathies associées aux infections a progressivement diminué dans les pays développés. Par le passé, cette pathologie était contractée dans l’enfance et était principalement associée au streptocoque bêta-hémolytique du groupe A impliqué. Sont maintenant concernés des patients de plus en plus âgés, avec de nombreuses comorbidités, avec des infections aux agents infectieux variés.

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Patients/matériels et méthodes Dix-sept adultes issus de quatre centres de néphrologie du Poitou-Charentes ont été étudiés rétrospectivement de janvier 2000 à avril 2017. Nous avons examiné les dossiers des patients et collecté les données cliniques, microbiologiques, anatomopathologiques et l’évolution après traitement. Résultats Le ratio homme : femme était de 2,4 :1 et l’âge médian de 64 ans (22–76 ans). Cinquante-neuf pour cent (n = 10) des patients avaient un terrain immunodéprimé, incluant néoplasies (23 %, n = 4), cirrhose (12 %, n = 2), toxicomanie intraveineuse (12 %, n = 2), et diabète (6 %, n = 1). Les principaux sites infectieux étaient : pulmonaire (29 %, n = 5), osseux (23 %, n = 4), cutané (18 %, n = 3) et abcès dentaire (12 %, n = 2). Le plus fréquent des agents infectieux retrouvé était Staphylococcus aureus (35 %, n = 6). Une hypocomplémentémie était observée chez 71 % (n = 12) des patients. L’histologie retrouvait un glomérulonéphrite proliférative endocapillaire diffuse chez 87 % (n = 13) et focale chez 13 % (n = 2). Après un suivi médian de 14 mois (0,75–108), 65 % (n = 11) des patients avaient une réponse rénale complète, 18 % (n = 3) avaient une réponse rénale partielle, 18 % (n = 3) ont progressé vers l’insuffisance rénale terminale et 17 % (n = 4) sont décédés. Discussion Contrairement à la classique glomérulonéphrite poststreptococcique de l’enfant, Staphylococcus est le principal agent infectieux impliqué. L’hétérogénéité des sites infectieux, la chronologie de l’apparition de la maladie rénale (précédant parfois la découverte de l’infection), et les nombreux diagnostics différentiels peuvent retarder diagnostic. Le pronostic est variable avec une part significative de patients évoluant vers l’insuffisance rénale terminale, en lien avec des comorbidités sous-jacentes et de la rapidité du diagnostic. Parfois cette pathologie révèle des anomalies innées ou acquises de la voie alterne du complément, qu’il convient de rechercher en cas de rechute ou persistance de la glomérulonéphrite. Conclusion Cette étude confirme un tournant dans l’épidémiologie des glomérulopathies associées aux infections, affectant des patients plus âgés avec un terrain immunodéprimé. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.nephro.2018.07.247 PN57J

Leptospirose grave et atteinte rénale : une maladie d’hommes ?

F. Harrat ∗ , M. Belfatmi Meryem , H. Tazi Moukha , N. Kbbali , T. Sqalli Houssaini CHU Hassan II, Néphrologie, Fès, Maroc ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Harrat) Introduction L’atteinte rénale [1]. Un cours de la leptospirose est précoce dominée par une néphrite tubulo-interstitielle. Patients/matériels et méthodes Étude rétrospective colligeant tous les cas de leptospirose avec insuffisance rénale aigu (IRA), hospitalisés aux urgences ou en réanimation (du 1er janvier 2015 au 15 novembre 2017). Nous avons analysé les paramètres démographiques, cliniques, biologiques, thérapeutiques et évolutifs. Résultats Vingt-cinq patients avec un âge moyen de 49,5 ± 14 ans et un sex-ratio de 7,33 patients (22 H/3 F). Deux patients étaient éleveurs de poules, une notion de bain maure ou de bain en rivière a été retrouvée chez trois patients (12 %). L’ictère fébrile était le principal motif de consultation (100 %). La forme typique ictérohémorragique était observée chez 18 patients (72 %). L’atteinte cardiaque était détectée chez deux patients (8 %), les troubles neurologiques chez 8 patients (32 %), et la détresse respiratoire chez 15 patients (60 %). Tous nos patients présentaient une IRA avec un taux moyen de créatinine sérique à 605,44 ± 245 ␮mol/L (184–1144 ␮mol/L). Six patients étaient oligo-anuriques (24 %). L’hémodialyse était indiquée chez 7 patients (28 %). La thrombopénie était présente chez 22 patients (88 %) avec un taux de plaquettes

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moyen de 64 300 ± 66 199/mm3 et 80 % des patients avaient une anémie avec un taux moyen d’hb à 9,46 g/dL (6,6–14,4 g/dL). L’échographie abdominale était normale chez 23 patients (92 %) alors que deux avaient une hépatomégalie (8 %). La prise en charge thérapeutique comprenait une un traitement antibiotique à base de ceftriaxone pour tous les patients associés à la corticothérapie injectable pour quatre patients. L’évolution était défavorable pour 15 patients (60 %) qui sont décédés par complications hémorragiques. Un parmi ces derniers avait normalisé sa fonction rénale avant son décès. Les 10 patients restants (40 %) avaient normalisé leurs fonctions rénales avant la sortie à domicile. Discussion Nos résultats sont concordants avec les données de la littérature concernant la prédominance masculine de la leptospirose [1,2]. Conclusion La prédominance masculine de la leptospirose que nous retrouvons dans notre étude est connue depuis longtemps. Ce qui peut être expliqué par la gravité des formes cliniques qui atteignent les hommes malgré une séroprévalence pareille chez les deux sexes. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. Références [1] Bentiss F, Errami Z, Housni S, Alhamany Z, et al. Leptospirose et atteinte rénale: à propos de 25 cas. Nephrol Ther 2013;09:344. [2] Gbaguidi A, Agboton G, Davodoun T, Gbaguidi H, Dueymes JM. La leptospirose et atteinte rénale : à propos de 15 cas. Nephrol Ther 2014;10:348–9. https://doi.org/10.1016/j.nephro.2018.07.248 PN58J

Profil évolutif de l’insuffisance rénale aiguë au cours de la dengue des patients suivis dans le service de néphrologie et hémodialyse du CHU Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou (Burkina Faso) H. Lengani 1,∗ , D.B. Dibri 1 , P. Zoeyinga 1 , S.A. Kadio 1 , A.R. Karambiri 2 , G. Sanou 1 , I.J. Nitiema 1 , G. Coulibaly 1 1 Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, Ouagadougou, Burkina Faso 2 Hôpital de Bogodogo, Ouagadougou, Burkina Faso ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (H. Lengani) Introduction La dengue est l’une des premières causes de fièvre hémorragique virale dans le monde. Dans ses formes sévères, elle peut être responsable d’une insuffisance rénale aiguë (IRA). L’objectif de cette étude était de décrire le profil clinique, paraclinique et évolutif de l’IRA au cours de la dengue en milieu spécialisé. Patients/matériels et méthodes Il s’agit d’une étude prospective qui s’est déroulée sur 6 mois, du 1er octobre 2016 au 31 mars 2017. Tous les patients âgés d’au moins 16 ans, hospitalisés dans notre service pour une IRA au cours d’une dengue et suivis pendant au moins 3 mois après l’exeat étaient inclus. L’IRA a été définie et classifiée en 3 stades selon les critères des KDIGO 2012. Le DFG était estimé par la formule MDRD. Résultats Trente patients, d’un âge moyen de 37,23 ± 15,80 ans ont été suivis. Le sex-ratio était de 3,28. La fièvre, les vomissements et le syndrome hémorragique étaient présents chez respectivement 100 %, 53,33 % et 43,33 % des patients. Dix patients (33,33 %) étaient oligo-anuriques. L’azotémie et la créatininémie moyennes étaient respectivement de 28,63 ± 7,36 mmol/L et 835,91 ± 771,52 ␮mol/L. Concernant la sévérité de l’IRA, 73,33 % des patients étaient classés au stade 3 de la classification KDIGO 2012, 13,3 % au stade 2 et 13,3 % au stade 1. Neuf patients (30 %) ont bénéficié de séances d’hémodialyse devant un œdème aigu du poumon chez 5 patients, une urémie majeure chez 2 patients et une anurie réfrac-

taire chez 2 patients. La durée moyenne d’hospitalisation était de 13,27 ± 6,51 jours. À la sortie, la récupération de la fonction rénale était complète chez 25 patients (83,33 %) et partielle chez 4 patients (13,33 %). Au premier mois de suivi après l’hospitalisation, la créatininémie moyenne était de 108,43 ± 27,6 ␮mol/L avec un DFG moyen de 85,56 ± 11,32 ml/min/1,73 m2 . Au 3e mois de suivi, 27 patients (90 %) avaient une fonction rénale normale avec une créatininémie moyenne de 93,15 ± 18,89 ␮mol/L et un DFG moyen de 101,96 ± 23,25 ml/min/1,73 m2 . Un patient (3,33 %) avait une insuffisance rénale séquellaire et un autre, une protéinurie de 120 mg/24 H. La létalité était de 6,67 % (2 patients). Discussion La récupération totale de la fonction rénale était de 90 % ce qui était comparable aux 81,7 % rapportés par Khalil et al. [1] au Pakistan. Conclusion L’évolution de l’IRA au cours de la dengue est favorable lorsque la prise en charge se fait en milieu spécialisé. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. Référence [1] Khalil MAM, Sarfaraz S, Chaudry MA, et al. Acute kidney injury in dengue virus infection. J Clin kidney 2012;5:390–4. https://doi.org/10.1016/j.nephro.2018.07.249 PN59J

Incidence et facteurs prédictifs d’insuffisance rénale aiguë après chirurgie cardiaque sous circulation extracorporelle : cohorte prospective monocentrique de 509 patients S. Faguer 1,∗ , E. Tardif 2 , N. Mayeur 2 , F. Labaste 2 , E. Grunenwald 3 , V. Minville 2 , B. Marcheix 3 , J. Schanstra 4 1 Département de néphrologie et transplantation d’organes, CHU de Toulouse, Toulouse, France 2 Département d’anesthésie et réanimation, CHU de Toulouse, Toulouse, France 3 Service de chirurgie cardiaque et vasculaire, CHU de Toulouse, Toulouse, France 4 Inserm U1048, équipe 12, Toulouse, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Faguer) Introduction L’insuffisance rénale aiguë (IRA) est une complication fréquente (20 à 30 %) des chirurgies cardiaques avec circulation extracorporelle (CEC). Elle augmente de manière significative la morbimortalité postopératoire immédiate et le risque d’évolution vers la maladie rénale chronique (MRC), avec une physiopathologie complexe et multifactorielle. L’objectif de notre étude a été d’identifier les facteurs préopératoires (biologiques, cliniques et peptidomiques) prédictifs d’IRA postopératoires afin de stratifier les patients en amont de la chirurgie en fonction de leur risque d’IRA. Patients/matériels et méthodes Étude prospective, observationnelle, monocentrique, incluant tous les patients majeurs ayant bénéficié d’une chirurgie cardiaque programmée avec CEC entre mars 2016 et janvier 2017. La survenue d’une IRA était définie selon la classification KDIGO et les patients ont été séparés en 2 groupes : IRA stade 0–1 vs. IRA stade 2–3. Une analyse du peptidome urinaire était réalisée avant la chirurgie (score de prédiction du risque de MRC CKD273). Résultats Parmi les 509 patients inclus, 120 (24 %) ont développé une IRA, dont 41 (8 %) une IRA sévère (KDIGO 2 et 3). Dix-huit patients (3,5 %) ont nécessité une épuration extrarénale. La mortalité hospitalière globale (n = 15) était de 3 % (27 % dans le groupe IRA sévère; n = 11/41 [27 %]). En préopératoire, les facteurs prédictifs d’IRA sévère étaient un DFGe de base < 60 mL/min/1,73 m2 et une HTAP échographique. En période postopératoire, les facteurs prédictifs indépendants d’IRA sévère incluaient un DFGe de base < 60 mL/min/1,73 m2 , une durée de CEC élevée et une transfu-