cardiologie
Les bactéries détournent les acides gras pour résister aux antibiotiques
Fibrillation ventriculaire et hypokaliémie
A
La résistance aux antibiotiques chez l’homme concerne une majorité de bactéries pathogènes. Des chercheurs ont mis en évidence un phénomène de parasitisme chez des bactéries à Gram positif (streptocoques, entérocoques et staphylocoques) : elles utilisent les acides gras du sang humain pour constituer leur membrane “ciblée” et échappent ainsi aux antibiotiques qui ciblent la voie de biosynthèse des acides gras propres de la bactérie. |
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VL
Source Brinster S et al. Type II fatty acid synthesis is not a suitable antibiotic target for Gram-positive pathogens. Nature 2009 ; 458 (7234) : 83-6. www.inserm.fr
u mois de janvier 2007, une femme âgée de 44 ans sans antécédents médicaux particuliers est admise dans un service d’urgences suite à un épisode de fibrillation ventriculaire. L’électrocardiogramme montre une dépression du segment ST et l’angiographie coronaire ne retrouve pas de sténose. L’échocardiographie transthoracique montre une hypertrophie concentrique du ventricule gauche. Les concentrations en potassium sont basses, à 2 mmol/L, le sodium et le magnésium sont normaux. Après une perfusion de bicarbonate de sodium, les bicarbonates sont dosés à 22,7 mmol/L, les lactates à 11,4 mmol/L et le pH artériel à 7,43. Du chlorure de potassium est administré. Dans les heures qui suivent, la patiente développe une alcalose métabolique et une hypertension.
Un excès de minéralocorticoïdes ?
Des arythmies associées à la toxicité de la réglisse
Les trois signes (hypertension, hypokaliémie et alcalose métabolique) font soupçonner un excès de minéralocorticoïdes. L’activité plasmatique de la rénine est élevée à 900 fmol/L, pour une normale entre 100 et 650 fmol/L, les concentrations plasmatiques en aldostérone sont basses et le cortisol sérique normal. L’excrétion urinaire en cortisol est élevée et le rapport (tétrahydrocortisol + 5 alphatétrahydrocortisol)/tétrahydrocortisol est élevé, ce qui indique une diminution de l’activité de la 11-béta-hydroxystéroïde déshydrogénase de type 2. La patiente avoue consommer 250 à 500 grammes de réglisse par jour depuis plusieurs années. Aucun autre facteur ne permet d’expliquer l’hypokaliémie ou la dysarythmie. La perfusion de potassium est continuée durant 7 jours.
Douze semaines plus tard, l’électrocardiogramme est normal ; l’échocardiographie montre une résolution complète de l’hypertrophie ventriculaire gauche. L’excrétion urinaire du cortisol libre et le ratio des métabolites urinaires du cortisol retournent à la normale. L’hypokaliémie n’existe plus, l’activité rénine et l’aldostérone redeviennent normales. La patiente a arrêté de manger de la réglisse. Différentes arythmies peuvent être associées à la toxicité de la réglisse, la fibrillation ventriculaire n’étant pas la plus représentative de ces arythmies. | OPHÉLIE MARAIS Médecin biologiste, Paris
[email protected] Source Gerritsen KG, J. Meulenbelt et al. An unusual cause of ventricular fibrillation. Lancet 2009 ; 373: 1144.
CRP, LDL cholestérol et statines
Des statines anti-inflammatoires et hypolipémiantes Une étude réalisée par des chercheurs américains a testé l’intérêt d’un traitement par statine chez
des patients ayant une pathologie cardiovasculaire et l’a évalué en fonction de deux marqueurs, le cholestérol et la CRP ultrasensible. Au total, plus de 15 500 patients ont participé à cette étude. L’efficacité de la rosuvastatine a été testée et comparée à un placebo chez des patients ayant eu différentes pathologies cardiovasculaires comme un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral, un angor instable ou encore une revascularisation artérielle. La valeur seuil du cholestérol LDL est de 1,8 mmol/L et de la CRP ultrasensible de 2 mg/L. Les résultats montrent que les patients ayant bénéficié de la rosuvastatine et ayant un LDL cholestérol inférieur à 1,8 mmol/L ont une réduction de 55 % d’évènements cardiovasculaires, comparés à ceux sous placebo.
LDL cholestérol et CRP ultrasensible, deux bons marqueurs Les patients ayant des taux de CRP ultrasensible inférieurs à 2 mg/L ont une réduction des évènements cardiovasculaires de 62 % par rapport à ceux ayant reçu le placebo. Ce pourcentage atteint 65 % lorsque les valeurs cibles sont obtenues pour les deux paramètres à la fois. Pour les patients ayant des valeurs de cholestérol LDL inférieures à
1,8 mmol/L et la CRP ultrasensible à 1 mg/L, on note une réduction de 79 %. La réduction du LDL cholestérol et de la CRP ultrasensible est un bon marqueur de l’efficacité du traitement par statines. | O. M. Source Ridker PM, Danielson E et al. Reduction in C-reactive protein and LDL cholesterol and cardiovascular event rates after initiation of rosuvastatin: a prospective study of the JUPITER trial. Lancet 2009 ; 373 : 1175-82.
© BSIP/Chassenet
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ifférentes études ont montré que les statines réduisent les marqueurs inflammatoires comme la CRP ultrasensible, largement indépendante du LDL cholestérol. Chez les patients ayant un syndrome coronarien aigu et traités par statines, l’efficacité est optimale quand le LDL cholestérol obtenu est inférieur à 1,8 mmol/L et la CRP ultrasensible inférieure à 2 mg/L. L’athérothrombose est en effet une pathologie avec une hyperlipidémie et une inflammation et les statines possèdent les deux propriétés, anti-inflammatoire et hypolipémiante.
OptionBio | Lundi 8 juin 2009 | n° 420
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