L’hygiène hospitalière et les étudiants en médecine

L’hygiène hospitalière et les étudiants en médecine

Médecine et maladies infectieuses 40 (2010) 530–536 Article original L’hygiène hospitalière et les étudiants en médecine Hospital hygiene and medica...

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Médecine et maladies infectieuses 40 (2010) 530–536

Article original

L’hygiène hospitalière et les étudiants en médecine Hospital hygiene and medical students E. Duroy ∗ , X. Le Coutour Service d’hygiène hospitalière, CHU de Caen, avenue de la Côte-de-Nacre, 14033 Caen cedex 9, France Rec¸u le 5 mai 2009 ; accepté le 12 f´evrier 2010 Disponible sur Internet le 5 mai 2010

Résumé Objectifs. – La formation en hygiène hospitalière est un élément essentiel de la prévention des infections nosocomiales et de la qualité des soins. Nous proposons les résultats d’une enquête réalisée chez les étudiants en médecine de Caen. Elle portait sur leurs connaissances des bonnes pratiques d’hygiène des mains, sur l’attention portée à leur matériel et à leur tenue de travail et sur leur avis concernant la qualité de la formation en hygiène hospitalière rec¸ue au cours de leurs études. Population et méthode. – Un questionnaire anonyme a été soumis aux étudiants en médecine des deuxième, troisième et quatrième années du second cycle des études médicales. Résultats. – Lorsque les externes sont en stage ou en garde, l’hygiène fait « toujours » ou « souvent » partie de leurs priorités dans 94 % des cas. Cependant, près de la moitié des externes (46 %) ne connaît pas les différences entre un lavage simple et un lavage antiseptique des mains. Pour 50 % des externes, leur blouse est trop grande. En moyenne, elle est changée toutes les trois semaines et demie. Seulement 40 % des externes désinfectent leur stéthoscope régulièrement et 23 % leur marteau réflexes. Enfin, 66,5 % des étudiants sont insatisfaits par leur formation en hygiène qu’ils jugent insuffisante et inadaptée à la réalité de leur terrain de stage. Conclusion. – Des points sont à travailler pour améliorer les connaissances des externes vis-à-vis de l’hygiène hospitalière. Un important accent sur la formation initiale semble devoir être mis pour pouvoir améliorer les pratiques. © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Étudiant hospitalier ; Hygiène hospitalière

Abstract Objective. – Training in hospital hygiene is essential to prevent nosocomial infections and to promote health care quality. A survey was made on Caen medical students for hand hygiene habits, personal medical equipment, and white coat cleaning as well as on their opinion concerning hospital hygiene training quality. Design. – An anonymous questionnaire was submitted to medical students in third, fourth, and fifth year of medical studies. Results. – Hygiene was “always” or “often” a priority (94%) when students were working in clinical areas. Nevertheless, nearly half of them (46%) were not aware of the difference between simple hand washing and antiseptic hand washing. The white coat was too large for 50% of students. The white coat was cleaned on average every 3.5 weeks. Only 40% students cleaned their stethoscope regularly and 23% their reflex hammer. At last, 66.5% of students were dissatisfied by hospital hygiene training judged insufficient and unfit for their practice. Conclusion. – the medical students’ general knowledge of hospital hygiene must be improved. Further initial training should improve practices. © 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Infection control; Medical student

1. Introduction



Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (E. Duroy).

0399-077X/$ – see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.medmal.2010.02.010

La formation en hygiène hospitalière est un élément essentiel de la prévention des infections nosocomiales et de la qualité des soins. Même si les principes d’hygiène hospitalière appa-

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raissent comme étant rationnels, ils ne sont pas pour autant innés. La cinquième recommandation du Comité technique national des infections nosocomiales [1] précise qu’« une formation initiale en hygiène hospitalière est un préalable indispensable pour tous les professionnels de santé travaillant dans un établissement hospitalier (. . .). La formation de base des médecins repose sur les stages d’initiation aux soins, sur l’enseignement des premiers et deuxièmes cycles des études médicales et sur le programme de l’internat ; l’hygiène hospitalière doit être intégrée dans l’évaluation des stages cliniques ». Pour les étudiants en médecine, une sensibilisation à l’hygiène hospitalière a lieu dès le début de la seconde année de leurs études lors du stage obligatoire prévu par l’arrêté du 18 mars 1992 [2]. À la faculté de médecine de Caen, six heures d’enseignement sont prévues lors de la semaine théorique du stage obligatoire. Entre cette période et le moment où les étudiants prennent leurs fonctions hospitalières d’externes aucun cours ou enseignement pratique n’est dispensé. Or, c’est au cours de l’externat que les étudiants en médecine entrent véritablement en contact avec les patients et c’est donc dès le début de l’externat que la connaissance des règles d’hygiène hospitalière de base est une priorité. Les étudiants peuvent en effet devenir malgré eux les vecteurs d’infections nosocomiales par l’intermédiaire de leurs mains, de leur tenue vestimentaire ou de leur matériel. L’hygiène des mains est la première mesure de prévention des infections associées aux soins. Elle passe par le respect des principes de base, mais implique aussi une bonne connaissance, une bonne compréhension des techniques d’hygiène et une bonne compliance pour que cette mesure de prévention soit efficace [3]. Par ailleurs, la blouse, symbole fort de la profession médicale, peut être à l’origine d’une transmission de microorganismes du fait des nombreux contacts que les externes ont avec les patients. Les poignets et les poches sont les zones les plus contaminées [4]. Notons cependant que le service d’hygiène hospitalière du CHU de Caen a imposé depuis quelques années les blouses à manches courtes limitant de ce fait la contamination des poignets. Enfin, il a aussi été clairement montré que les stéthoscopes pouvaient jouer un rôle dans la transmission d’agents infectieux [5] et il est de la responsabilité des utilisateurs de les désinfecter afin de prévenir ce risque. En partant de ces constats, il nous est donc apparu intéressant d’évaluer les externes en médecine sur leurs connaissances de l’hygiène des mains dans l’exercice des soins ainsi que sur l’attention portée à leur matériel et à leur tenue de travail, les bonnes attitudes ne pouvant être adoptées que si elles sont assimilées. Parallèlement nous avons voulu connaître leur avis sur la qualité de la formation en hygiène hospitalière rec¸ue au cours de leurs études en médecine dans l’optique d’adapter cet enseignement. 2. Population et méthode L’externat se déroule entre la quatrième et la sixième année de médecine. La population de l’étude était constituée des étudiants en médecine de Caen inscrits en DCEM2, DCEM3 et DCEM4.

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Les effectifs pour l’année universitaire 2007 – 2008 à Caen étaient de 120 étudiants en DCEM2, 140 en DCEM3, 112 en DCEM4 et 13 Erasmus, soit un total de 385 étudiants. L’enquête s’est déroulée en mai et juin 2008. Les questionnaires étaient anonymes. Outre les paramètres généraux (année d’étude, sexe) quatre grands thèmes ont été abordés : l’hygiène des mains, la tenue de travail, l’hygiène du stéthoscope et du marteau à réflexes et la satisfaction vis-à-vis de la formation à l’hygiène hospitalière rec¸ue. La saisie et l’analyse des données ont été faites avec le logiciel SPAD® . Les tableaux ont été réalisés sous Excel® . La comparaison des variables a été traitée par le test du Chi2 et le seuil de signification (p) fixé à 0,05. 3. Résultats 218 questionnaires exploitables ont été récupérés, soit une participation de 56,6 %. L’échantillon était représentatif de la population totale des externes du CHU de Caen par rapport au sexe ratio (0,59) et à la répartition selon l’année d’étude (65 DCEM2, 79 DCEM3, 74 DCEM4). Lorsque les externes sont en stage ou en garde, l’hygiène fait « toujours » partie de leurs priorités dans 41 % des cas et dans 53 % des cas elle fait « souvent » partie de leurs priorités. 3.1. Hygiène des mains Concernant les prérequis pour une hygiène des mains adaptée, peu d’étudiants déclarent porter des bagues (16 %) ou des bracelets (11 %) lorsqu’ils sont en stage (Tableau 1). Une très grande majorité d’hommes ne portent significativement jamais ni de bague (p < 0,001) ni de bracelet (p = 0,025). A contrario, les femmes répondent significativement plus souvent qu’elles portent « parfois » une bague (p = 0,023) ou un bracelet (p = 0,016). Seulement 57 % des externes déclarent ne jamais porter de montre-bracelet lorsqu’ils sont en stage et 56 % des externes déclarent ne jamais porter de manches longues sous la blouse. Les étudiants qui portent « toujours » leur montre sont significativement plus souvent des femmes (p = 0,048) et des DCEM2 (p = 0,034) et concernant les manches longues, les femmes ont répondu significativement plus souvent qu’elles en portaient « parfois » (p = 0,018). Les hommes, en revanche, n’en portent, le plus souvent, « jamais » (p = 0,023). Peu d’étudiantes (7 %) ont du vernis à ongle ou des faux ongles pendant leur stage. Près de la moitié des externes (46 %) ne connaissent pas les différences entre un lavage simple et un lavage hygiénique des mains : pour 24 % de ces étudiants, seul le savon utilisé diffère, pour 20 % seul le temps de lavage diffère et pour 2 % des externes, il n’y a aucune différence entre ces deux modes de lavage. Les étudiants ont été interrogés sur la technique d’hygiène des mains employée selon différents cas de figure : le lavage simple des mains versus traitement hygiénique des mains par friction. Dans les situations où les deux techniques étaient valides, ont

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Tableau 1 L’hygiène des mains : les pratiques déclarées. Hand hygiene: reported habits.

Port de bague (n = 216) Port d’une montre bracelet (n = 218) Port de bracelet (n = 217) Vernis à ongle ou faux ongles (n = 217) Manches longues sous la blouse (n = 218)

Jamais n (%)

Parfois n (%)

Souvent n (%)

Toujours n (%)

182 (84,3) 124 (56,9) 192 (88,5) 201 (92,6) 121 (55,5)

19 (8,8) 31 (14,2) 16 (7,4) 13 (6) 84 (38,5)

10 (4,6) 34 (15,6) 4 (1,8) 3 (1,4) 12 (5,5)

5 (2,3) 29 (13,3) 5 (2,3) 0 1 (0,5)

été considérées comme étant : • pratique conforme : lorsque l’item « toujours » était coché au moins une fois qu’il s’agisse du lavage simple des mains ou de la friction avec un produit hydro-alcoolique (PHA) ; • pratique limite : lorsque l’item « souvent » était coché au moins une fois qu’il s’agisse du lavage simple des mains ou de la friction avec un PHA ; • pratique non conforme : lorsque seuls les items « parfois » ou « jamais » étaient cochés. Une utilisation préférentielle d’une des deux techniques (lavage simple ou friction avec un PHA) a été dégagée à chaque fois. Les résultats sont rassemblés dans le Tableau 2. Les étudiants ont plus souvent une pratique conforme lors de l’examen d’un patient que lors du port de gants. On remarque que les PHA sont préférés, toutes pratiques confondues, au lavage simple des mains avant l’examen d’un patient (56 % PHA versus 14,8 % lavage simple) et après l’examen d’un patient (49,7 % PHA versus 15,2 % lavage simple). A contrario, avant le port de gants, c’est plutôt le lavage simple qui est privilégié.

Les externes ont été interrogés sur leur pratique d’hygiène des mains dans des situations au cours desquelles l’utilisation des PHA n’est pas indiquée : pour plus de 95 % des externes, le lavage des mains est respecté dans les situations où les mains sont visiblement sales et après être allé aux toilettes. En revanche, moins de la moitié des externes (47,4 %) déclarent « toujours » se laver les mains après s’être mouché ou coiffé, situations dans lesquelles les mains peuvent être considérées comme souillées. 3.2. Tenue de travail La blouse est fournie aux étudiants par le CHU de Caen. La blouse est à manche courte pour 97,7 % des étudiants. Pour 50 % des externes, leur blouse n’est pas adaptée à leur morphologie : elle est trop grande. Parmi ceux-ci, il y a significativement plus de femmes que d’hommes (p < 0,0001). En moyenne, les externes déclarent changer leur blouse toutes les trois semaines et demie sauf en cas de tâche où le changement se fait en moyenne au bout de trois jours. Près d’un tiers des externes (30 %) a déjà lavé sa blouse à son domicile. Enfin, seuls 37 % des externes déclarent ne jamais porter leur blouse

Tableau 2 Conformité de la pratique d’hygiène des mains des externes et technique préférentielle. Conformity of hand hygiene for medical students and favorite technique. Pratique

Conforme n (%)

Limite n (%)

Non conforme n (%)

Avant d’aller examiner un patient (n = 209) Dont lavage simple PHA SP Après être allé examiner un patient (n = 211) Dont lavage simple PHA SP Avant de mettre des gants (n = 201) Dont lavage simple PHA SP Après avoir retiré des gants (non poudrés) (n = 206) Dont lavage simple PHA SP

137 (65,6)

61 (29,2)

11 (5,3)

22 (10,5) 94 (45) 21 (10) 165 (78,2)

9 (4,3) 23 (11) 29 (13,9) 41 (19,4)

5 (2,4)

31 (14,7) 94 (44,5) 40 (19) 105 (52,2)

1 (0,5) 11 (5,2) 29 (13,7) 56 (27,9)

40 (19,9)

54 (26,9) 32 (15,9) 19 (9,5) 109 (52,9)

20 (10) 11 (5,5) 25 (12,4) 68 (33)

29 (14,1)

43 (20,8) 40 (19,5) 26 (12,6)

24 (11,7) 21 (10,2) 23 (11,2)

SP : sans préférence.

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Tableau 3 Désinfection du matériel médical personnel. Disinfection of personal medical instruments.

Désinfection du stéthoscope (n = 218) Désinfection du marteau à réflexes (n = 211)

Toujours n (%)

Souvent n (%)

Parfois n (%)

Jamais n (%)

15 (6,9) 11 (5,2)

72 (33) 39 (18,5)

110 (50,5) 89 (42,2)

21 (9,6) 72 (34,1)

en dehors du service ou des gardes (pour aller manger, fumer . . . par exemple). 3.3. Hygiène du stéthoscope et du marteau à réflexes Les étudiants qui procèdent à la désinfection régulière de leur matériel médical personnel ne sont pas majoritaires : seulement 40 % des externes désinfectent leur stéthoscope régulièrement et 23 % leur marteau réflexes (Tableau 3). Les principaux produits utilisés pour cette désinfection sont : les lingettes adaptées lorsqu’elles sont disponibles dans les services dans 44 % des cas, l’alcool modifié 70◦ dans 36 % des cas, la chlorhexidine ou les produits à base de chlorhexidine dans 25 % des cas, les produit hydro-alcoolique dans 20 % des cas. 3.4. Formation à l’hygiène hospitalière Les deux tiers des externes (66,5 %) sont insatisfaits par la formation en hygiène rec¸ue au cours de leur cursus de formation médicale, quelle que soit leur année d’étude ou leur sexe. Lorsqu’on les questionne sur ce qu’il leur a manqué dans leur formation pour mieux appliquer les principes d’hygiène, 39 % des réponses concernent l’absence de travaux pratiques portant justement sur les principes d’hygiène et 35 % des réponses concernent l’insuffisance des cours et la nécessité qu’il y aurait à faire des rappels réguliers notamment au début des stages d’externe. Dans 17 % des cas, l’attitude inadaptée des seniors (internes, médecins, personnels encadrant) est pointée du doigt par les externes qui manquent alors de modèles pour appliquer les règles d’hygiène. Enfin, 7 % des réponses portent sur le souhait d’être mieux encadré dans les services lors de la réalisation de gestes techniques. Certains étudiants soulignent aussi le manque de temps comme facteur limitatif à l’application des principes d’hygiène et d’autres souhaiteraient que le niveau de preuve de l’hygiène hospitalière leur soit mieux démontré. Les externes ont néanmoins majoritairement (73 %) rencontré des personnes capables de les former aux principes de l’hygiène hospitalière lorsqu’ils sont passés en stage dans les services de soins. Ce sont les infirmiers qui sont cités comme formateurs dans 41 % des cas. Viennent ensuite les médecins dans 23 % des cas et les cadres infirmiers dans 20 % des cas. 4. Discussion Cette étude possède comme inconvénient majeur d’être purement déclarative. Même si l’anonymat leur était garanti, les étudiants interrogés ont pu ne pas répondre franchement à certaines questions ressenties comme gênantes. Par ailleurs, cette étude ne permet pas de différencier la méconnaissance

par absence de formation, des pratiques connues mais non appliquées (car jugées trop contraignantes, considérées comme inutiles. . .) notamment en ce qui concerne l’hygiène des mains [6]. Les externes ont globalement conscience de l’importance de l’hygiène dans le cadre de leurs stages et de leurs gardes. Néanmoins, concernant certaines pratiques, il existe un décalage entre cette prise de conscience et ce qui est réellement réalisé. Nos résultats montent notamment que vis-à-vis des montresbracelets et des manches longues, la consigne de ne pas en porter n’est pas respectée par deux externes sur cinq environ. Cela peut venir du fait que les étudiants réalisent mal que les poignets, qui n’entrent pas forcément en contact avec le patient de manière directe, peuvent être malgré tout contaminés par les flores transitoires de par leur proximité avec les mains. Il peut exister aussi un défaut d’information : on insiste sur l’hygiène des mains, moins sur celle des poignets. On notera aussi que l’application des principes de base semble moins bien respectée chez les femmes. Du fait de la féminisation des professions médicales, il conviendrait de renforcer la sensibilisation au retrait des bijoux. Un des points frappants de cette étude est la proportion importante d’externes qui ne fait pas la différence entre le lavage simple des mains et le lavage antiseptique des mains. Le lavage simple a pour objectif d’éliminer les souillures et de réduire la flore transitoire par action mécanique afin de prévenir la transmission manuportée. Les externes ont souvent l’occasion d’effectuer des gestes invasifs (sutures, ponctions. . .). La méconnaissance des différences entre les deux lavages peut donc conduire à une hygiène insuffisante des mains potentiellement à l’origine d’infections nosocomiales. La désinfection par PHA est une procédure à utiliser en remplacement du lavage des mains y compris du lavage antiseptique (et même du lavage chirurgical des mains) car son efficacité microbiologique est souvent supérieure à celle des savons doux et antiseptiques, il y a un gain de temps en comparaison du lavage des mains, le flacon de PHA est facilement accessible (contrairement parfois aux lavabos), la tolérance cutanée est améliorée comparée au lavage des mains [7]. Actuellement, il existe une volonté nationale pour promouvoir l’utilisation des PHA. Il en découle la nécessité d’une modification profonde des pratiques professionnelles. Une étude récente menée au CHU de Nancy a mis en évidence de meilleures pratiques professionnelles en termes de technique d’utilisation des PHA chez les externes par rapport aux internes [8]. L’observance des mesures d’hygiène des mains par les médecins n’est pas connue comme étant optimale [9]. Or le modèle donné par leurs aînés n’incite pas les étudiants en médecine à avoir des attitudes différentes, voire provoque une perte des bonnes pratiques. Les PHA, de par leur utilisation plus simple peuvent aider à faciliter la modifi-

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cation des comportements vis-à-vis de l’hygiène des mains des médecins seniors (internes, chefs, praticiens hospitaliers. . .) et donc des externes. La formation améliore les performances de l’ensemble des professionnels [8]. Les soins sont à réaliser avec une tenue propre et protégée en cas de projections. La tenue vestimentaire professionnelle standard des externes est la blouse. Les blouses sont, comme nous l’avons vu dans cette étude, dans l’ensemble à manches courtes, ce qui limite la contamination des manches et facilitent l’hygiène des mains. Cependant, l’étude met aussi en évidence que la moitié des externes ont une blouse trop grande. Cela augmente donc le risque de rentrer en contact avec le patient au niveau de zones qui ne devraient pas l’être. Or, la blouse n’étant changée en moyenne que toutes les trois semaines et demi, l’insuffisance de lavage s’ajoute au fait que la blouse n’est pas à la bonne taille et augmente les risques de porter et transmettre une bactérie pathogène. Ces faits sont bien évidemment indépendants des externes, car c’est de la responsabilité de l’hôpital de fournir aux étudiants des vêtements de travail adaptés et de mettre à disposition les moyens pour nettoyer ces vêtements de travail. Certains externes pensent remédier à ces problèmes en lavant leur blouse à domicile principalement pour garder une blouse de taille appropriée. Cette attitude ne peut pas être approuvée : le linge après utilisation étant toujours contaminé soit par des germes saprophytes et commensaux, soit par des germes pathogènes, les procédures de lavage sont codifiées et sont adaptées à l’écosystème des établissements de santé. C’est pour cela que le linge hospitalier doit être traité en blanchisserie hospitalière [10]. La désinfection régulière des matériels médicaux par les externes est loin d’être optimale. Il n’y a cependant pas d’étude sur les éventuels bénéfices du nettoyage régulier des stéthoscopes sur le taux d’infections nosocomiales [5]. Néanmoins, plusieurs études [11–12] ont montré que le taux de contamination bactériologique des stéthoscopes était important notamment au niveau de la membrane. Il existe donc un risque théorique d’infections nosocomiales ayant comme point de départ des stéthoscopes contaminés. Une codification de l’entretien des stéthoscopes et des autres matériels médicaux serait intéressante pour prévenir la transmission possible d’agents infectieux [13]. Une meilleure mise à disposition des lingettes nettoyantes pourrait aussi faciliter cet entretien. La formation des étudiants en médecine dans le domaine de l’hygiène hospitalière ne semble pas actuellement adaptée, ce que reflète aussi le taux élevé d’insatisfaction retrouvé dans l’étude. Le temps accordé à cette discipline est trop peu important par rapport à son utilité dans la prévention de nombreuses pathologies nosocomiales. Contrairement à la formation des infirmiers qui se fait au travers d’enseignements transversaux comprenant cours magistraux et travaux pratiques – tous les gestes techniques devant être effectués dans le respect des bonnes pratiques d’hygiène – les notions d’hygiène ne sont pas associées systématiquement aux cours dispensés aux étudiants en médecine. De plus, les externes manquent parfois d’enthousiasme pour cette matière ce qui diminue l’impact de l’enseignement. Les externes, acteurs à part entière au sein de l’hôpital doivent être mieux informés afin de ne pas exposer

inutilement les patients ou eux même aux risques nosocomiaux. Une piste pour rendre l’enseignement plus attrayant pourrait être le téléenseignement : vidéos sur les gestes invasifs insistant sur les règles d’asepsie et sur la sécurité du geste, accessibles depuis les postes informatiques de la faculté de médecine. De même des plaquettes d’information, comme l’a proposé le service de réanimation médicale de Dijon [14] peuvent permettre de faciliter l’apprentissage des mesures d’hygiène et leur application.

5. Conclusion Les résultats de cette étude ont montré que des points sont à travailler pour améliorer les connaissances des externes visà-vis de l’hygiène hospitalière. Une réorganisation profonde de la formation des étudiants doit être envisagée au travers des travaux pratiques, d’une répétition de la formation théorique, d’examens validant les acquis, d’un encadrement plus important, d’une formation continue des médecins seniors, de personnes référentes pouvant être contactées en cas de questions ou problèmes. La responsabilité des professionnels de santé pouvant être engagée lors de leur activité de soins, les externes, futurs médecins, se doivent d’être concernés par l’hygiène de par leur engagement moral envers les patients (Primum non nocere) mais aussi du fait que les manquements à l’hygiène sont l’une des premières causes des procès en responsabilité hospitalière.

Conflit d’intérêt Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêt.

Annexe A. Questionnaire étudiants sur l’hygiène hospitalière Student’s questionnaire on hospital hygiene Généralités 1 Année d’étude  DCEM2

 DCEM3

 DCEM4

2 Vous êtes ?  Un homme

 Une femme

3 Avez-vous rec¸u un enseignement spécifique sur l’hygiène ?  Oui, des cours magistraux  Je ne sais pas

 Oui, des TP/ED

 Oui, lors des stages, dans un service  Non

4 Si oui, en quelle année d’étude ? 5 Si oui, par quel intervenant ?  Médecin

 Cadre infirmier

 Infirmier

 Autre

6 L’hygiène fait-elle partie de vos priorités lorsque vous êtes en stage ou en garde ?  Toujours

Mains

 Souvent

 Parfois

 Jamais

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7 Lorsque vous êtes en stage, portez-vous ? a) Une/des bagues b) Une montre c) Un/des bracelets d) Du vernis à ongle ou des faux ongles e) Les cheveux longs non attachés f) Des manches longues sous la blouse

Toujours    

Souvent    

11 Votre blouse est : Parfois    

Jamais    

















8 Connaissez-vous la ou les différences entre un lavage simple et un lavage antiseptique (hygiénique) des mains ?  Il n’y a pas de différence, c’est la même chose  Il y a une différence en termes de temps de lavage  Il y a une différence en termes de savon utilisé

9 Vous effectuez un lavage simple des mains (lavage au savon liquide doux, non désinfectant avec savonnage mains et poignets au moins 15 secondes) : a) Avant de commencer la journée de stage b) Avant d’aller examiner un patient c) Après être allé examiner un patient d) Lorsque vos mains sont visiblement sales, souillées par des contaminations non microbiennes e) Avant de mettre des gants f) Après avoir retiré des gants g) Après être allé aux toilettes h) Après que vous vous soyez mouché ou coiffé i) À la fin de votre journée de stage

Toujours 

Souvent 

Parfois 

Jamais 

























Blouse

 À manches longues

 À manches courtes

12 La taille de votre blouse est-elle adaptée à votre morphologie ?  Oui

 Non

13 Si non, précisez : 14 À quelle fréquence changez-vous de blouse ? 15 Lorsque votre blouse est tâchée, combien de temps mettezvous à en changer ? 16 Vous est-il déjà arrivé de laver votre blouse à domicile ?  Oui

 Non

17 Si oui, combien de fois ? 18 Pour quelle(s) raison(s) ? 19 Portez-vous votre blouse en dehors du service ou des gardes (pour aller manger, fumer. . .) ?  Souvent

 Parfois

 Jamais

Matériels 20 Possédez-vous un stéthoscope ?  Oui

 Non

21 Désinfectez-vous ce stéthoscope après chaque utilisation ?  Toujours

 Souvent

 Parfois

 Jamais

22 Si oui, quel produit utilisez-vous ? 23 Possédez-vous un marteau à réflexe ?  Oui

 Non

24 Désinfectez-vous ce marteau à réflexe après chaque utilisation ? 







































10 Vous effectuez une désinfection des mains avec une solution hydro-alcoolique (SHA) a) Avant de commencer la journée de stage b) Avant d’aller examiner un patient c) Après être allé examiner un patient d) Lorsque vos mains sont visiblement sales, souillées par des contaminations non microbiennes e) Avant de mettre des gants f) Après avoir retiré des gants g) Après être allé aux toilettes h) Après que vous vous soyez mouché ou coiffé i) À la fin de votre journée de stage

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Toujours 

Souvent 

Parfois 

Jamais 

























 Toujours

 Souvent

 Parfois

 Jamais

Formation 25 Que vous a-t-il manqué dans votre formation pour mieux appliquer les principes d’hygiène ? 26 Avez-vous rencontré des personnes capables de vous former aux principes de l’hygiène hospitalière lorsque vous êtes passés en stage dans les services de soins ?  Oui

 Non

27 Si oui, par quel(s) type(s) de personnel (plusieurs réponses possibles) ?  Médecin  Cadre infirmier  Infirmier  Aide soignant  ASH  Autre

28 Auriez-vous des propositions à faire pour améliorer votre formation dans le domaine de l’hygiène ? Références









































[1] Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, Secrétariat d’Etat à la Santé et à l’action sociale, Comité technique national des infections nosocomiales. 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales. 2e ed. Paris: Editions NHA Communication; 1999. [2] Arrêté du 18 mars 1992 relatif à l’organisation du premier cycle et de la première année du deuxième cycle des études médicales (NOR: MENZ9200733A). [3] Teare L. Hand washing: a modest measure – with big effects. BMJ 1999;318:686. [4] Loh W, Ng VV, Holton J. Bacterial flora on the white coats of medical students. J Hosp Infect 2000;45:65–8. [5] Saloojee H, Steenhoff A. The health professional’s role in preventing nosocomial infections. Postgrad Med J 2001;77:16–9.

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