© Masson, Paris, 2005
J. Réadapt. Méd., 2005, 25, n° 3, pp. 147-153
MÉMOIRE
L’ordre social et les situations de handicap chez les Betis au Cameroun J. ZAMBE (1), C. HAMONET (2) (1) Laboratoire d’Éthique Médicale et Juridique (Pr. Christian Hervé), Faculté de Médecine Paris 5, Université René Descartes, 45 rue des Saints Pères, 75006 Paris. (2) Service de Médecine Physique et de Réadaptation, CHU Henri Mondor 94010 Créteil.
Résumé. — Les relations entre l’ordre social et le rejet des personnes en situation de handicap, parfois jusque dans la mort, sont essentielles à déterminer pour comprendre les mécanismes sociétaux d’intolérance vis-à-vis de ceux que l’on perçoit comme monstrueux, étranges, impurs, dangereux, inutiles et non intégrables. L’anthropologie comparée nous ouvre des voies de recherche productives qui ne sont pas assez exploitées. La présente étude a pour cadre la population Beti au Cameroun. Ce groupe a développé tout un ensemble de rites d’inclusion sociale et de rites de protection contre la souillure qui ont pour objectifs de sélectionner ceux qui ont fait la preuve de leur force au service de la communauté et de prévenir la souillure du nouveau né. C’est là un système de protection sociale qui ne laisse guère de place aux faibles qui gênent et aux disgracieux qui font peur. Ces mécanismes de fonctionnement sont en fait universels à des degrés divers, mais l’exemple des Betis qui sont allés jusqu’à supprimer physiquement leurs enfants malformés, à l’instar des Spartiates autrefois, met le doigt sur la cruauté de l’intolérable violence que subissent aujourd’hui tous ceux dont l’apparence ou les capacités fonctionnelles s’écartent des normes inscrites dans le fonctionnement du groupe social. Mots-clés : Handicap, Monstruosité, Exclusion, Rites, Afrique. Summary. — Social order and handicap situations in the Betis of Cameroon Appropriate understanding of the relationships between social order and rejection of handicapped persons, sometimes with fatal outcome, is essential to determine the social mechanisms leading to intolerance of persons considered as monstrous, strange, dangeroous, or simply useless. Compared anthropology opens avenues of research yet to be exploited. The present study was conducted in the Beti population in Cameroon. This population has developed a group of social rites for inclusion and protection against impurity designed to select those who have proven their force in service of the community and to prevent the impurity of the newborn. This is a system of social protection which leaves little room for the weak or disgraceful. Such mechanisms are more or less universal but the example of the Betis population has gone to the extreme of suppressing malformed babies, as was the custom in ancient Sparta. The victims of this cruel and violent expression of intolerance are those whose functional capacity is different from the accepted norms of the social group. Key words: monstrosity, exclusion, rites, Africa.
INTRODUCTION Les Betis, par peur du handicap, ont mis en place toute une organisation sociale qui a fait croire que le handicap de type physique n’existait pas chez eux. Pourquoi nier ce type de handicap dans la tradition Beti ? Tout ce qui accompagne la naissance d’un enfant permet de mieux comprendre et de répondre à cette question. Cette étude nous montre le lien entre les représentations sociales et le regard posé sur les personnes en situation de handicap aujourd’hui [7]. Si le rejet des personnes handicapées semble être une attitude spontanée, derrière cette attitude, il y a l’emprise d’une normativité sociale qui s’appuie sur une vision du monde et une vision de l’Homme.
LES DÉFORMATIONS DU CORPS, LE MONSTRUEUX ET L’ÉTRANGE Dans cette approche les Betis incluent les déformations du corps mais aussi les troubles du comportement. Entre les difformités physiques de l’être humain les Betis : distinguent : Nyeyem, Ayem (verbe), Nyeyem (substantif), eyem. Une personne avec une malformation physique est appelée : « eyem-mot (calé- homme) » ou « nyeyem (homme qui porte une déformation physique) ». En fait ce n’est pas l’homme qui est calé ou bloqué, il s’agit tout simplement d’exprimer que la personne en question a un membre qui ne fonctionne pas normalement, c’est donc
Tirés à part : J. ZAMBE, à l’adresse ci-dessus.
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un homme calé, un homme bloqué, un homme dont un membre est fixe et immobile. L’eyem désigne une malformation d’un des quatre membres du corps humain ou de la colonne vertébrale. L’eyem désigne aussi une malformation qui touche une partie du squelette, l’eyem caractérise également une différence de taille entre deux membres symétriques d’un même individu. Une personne qui a un bras ou un pied nettement plus petit que l’autre est un « eyem-mot ». En revanche, quand il s’agit d’un dysfonctionnement sensoriel, bien qu’il s’agisse d’un sens « calé », on va plutôt spécifier la limitation fonctionnelle ; par exemple, on va appeler un aveugle « ndidim » et non « nyeyem ». Un psychotique est un « akut » et non pas un « nyeyem ». C’est la même chose pour un pied ou des mains déformés une tête volumineuse, ou lorsqu’un membre est malformé.
EYEYEMA OU ESUGULU Ces deux mots ont le même sens. Eyeyema est utilisé par les Ntumu et les Fang qui se trouvent à la limite du Cameroun avec le Gabon et la Guinée Équatoriale. Esugulu est utilisé par les Ewondo et les Eton. Ces termes désignent les individus souffrant d’un déséquilibre mental. Chez les Ntumu, le mot exprime l’état de quelqu’un qui « plane dans les airs », est plus ou moins absent vis-à-vis de ce qui se passe autour de lui.
L’ÉTRANGE Les expressions suivantes désignent l’étrangeté chez les Betis : « étié-etam (place ou position- seul) » : Ici le rapport entre l’étrangeté et l’exclusion se fait net. L’étrange est une espèce qui ne doit pas avoir de place dans la communauté, il faut l’isoler [3, 4, 6, 7]. C’était le cas des lépreux. « Mbogetam (un-seul) » : L’étrangeté de l’individu fait qu’on lui donne le sens d’un cas unique, d’un cas isolé. Autour de lui, il n’y a pas de semblable. « aval afe(qualité- autre) » : ici l’individu est hors norme, un cas inconnu, un cas différent qui suscite crainte et méfiance.
LE MONSTRUEUX Les termes pour désigner le monstrueux sont nombreux chez les Betis : isimba, kigeraki, nsono-nsosono. « Isimba » : Asimbi : c’est un verbe qui évoque un liquide qui ne coule pas, qui est stagnant, qui n’est pas en mouvement. Le substantif qui vient de ce verbe est « isimba ». Quand on l’applique à une personne, il désigne un enfant qui ne grandit pas, il reste immobile avec de petits pieds ou de petits bras. Son apparence physique n’est pas en rapport avec son âge. Voilà l’isimba-mon. C’est un enfant mal-né. Il ne parle pas, inerte, il ne marche pas. En le montrant du doigt on dit : « mbim dzom vi, c’est-à-dire, cette inerte-chose, cette chose sans vie ». « Kigeraki » : un enfant chez les Betis doit pouvoir gambader et sauter comme un cabri. Le kigeraki désigne ces enfants qui à cause de leur monstruosité, ne peuvent bouger de là où ils sont placés, ils sont comme des masses très lourdes incapables d’autonomie dans les mouvements. Ils ne
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bougent que si on les fait bouger. « Nsosono- nsosono » : l’enfant monstrueux donne l’air d’une masse de chair. C’est comme un corps sans os, une bizarrerie indescriptible. « J’ai vu un enfant qui ne parlait pas, qui ne voyait pas, de lui même il ne faisait rien, on lui mettait la nourriture dans la bouche. Cet enfant était une bizarrerie indescriptible qui ne pouvait vraiment servir à rien. Ses bras et ses pieds étaient à peine formés. Ce genre d’enfant, on l’appelait “kigiraki”. Personne n’est prêt à garder un tel enfant. »
UNE ANTHROPOLOGIE INITIATIQUE L’initiation chez les Betis est un processus d’éducation et de maturation [2, 5]. Elle a une place centrale pour la survie des valeurs sociales. Parler de l’initiation ici est justifié par le souci de montrer l’importance de la santé physique des enfants chez les Betis. Le rite « sô » est le rite d’initiation le plus important chez les Betis. Ce rite est sélectif. Pour participer au « sô », les jeunes gens sont préparés par l’éducation familiale, il revient aux parents de juger de la maturité de leurs fils. À travers la chasse et la pêche, les travaux des champs, le jeune homme doit s’exercer à l’endurance aux côtés de son père. Les enfants qui naissaient naguère étaient des enfants très endurants, ils supportaient des conditions de vie très difficiles : dormir sur des lits faits de branches de raphia, dormir sur des feuilles d’arbres sans pour autant être malades. Ils étaient purifiés et soignés tout en étant encore protégés par les interdits. Le rite « so » se déroule de la façon suivante : on construit une hutte bien loin du village, quand les jeunes garçons y entrent, ils n’ont plus de contact avec leurs parents, seuls certains initiés ont des contacts avec eux. Un enfant peut y mourir, les parents ne le savent que neuf mois plus tard, à la fin de l’initiation qui était aussi le temps d’une gestation humaine. Seuls des jeunes gens physiquement forts y sont admis. L’intelligence, la preuve de sagesse et de maturité dans la maîtrise des coutumes et des traditions étaient des critères importants. Les jeunes devaient passer au cours d’une journée de multiples épreuves physiques. Il fallait être prêt à affronter les difficultés et les dangers de toutes natures. Il n’était pas question de démissionner ou de s’enfuir au risque d’être assommé par les formateurs. C’est au terme de ces diverses étapes que l’on devenait un initié. On devenait un « zingui », un homme accompli pouvant se marier, se construire une case, on avait des droits. On pouvait représenter son village pour la lutte traditionnelle. Tous les jeunes devaient passer par ce rite. Ceux qui ne réussissaient pas dans ces épreuves pouvaient recommencer une nouvelle fois. En cas d’échec de l’initiation, les jeunes gens sont la honte de leur père, et ne sont pas considérés comme des hommes. Ils ne comptaient pas, ils n’ont pas le droit de parole pour discuter des affaires du village. «Un homme accompli dans nos traditions était un homme qui épousait les traditions de ses pères. C’est pendant son éducation que l’on pouvait dire que tel enfant sera ou ne sera pas un homme ; cela se vérifiait par le travail manuel. L’enfant devait abattre une portion de forêt, la
cultiver. L’abattage des arbres était un exercice très difficile car les moyens étaient rudimentaires, il n’y avait pas des haches comme aujourd’hui. Quand un garçon réussissait à “casser la forêt”, son père en était fier et il organisait une fête en disant : “j’ai mis au monde un homme”. À la récolte des bananes plantain de ce champ, tout le village était invité pour les manger. Dès lors ce garçon pouvait se construire une case et se marier. Avec ces trois choses, on disait q’un fils était devenu un homme ; cela n’a rien à voir avec les critères de l’éducation des Blancs. Un garçon qui cultivait un “eseb”, annonçait la prospérité de sa famille. C’est un homme qui ne va plus habiter dans la case de son père ou de son frère, il devient autonome. Les fils d’un même père devaient créer chacun son propre village. On ne devait pas rester au même endroit afin de pouvoir se rendre visite et faire de ces rencontres une fête fraternelle qui pouvait durer des jours. » Naguère être sorcier n’était pas considéré comme une mauvaise chose. Aujourd’hui ils sont mal considérés parce que ceux qui doivent « reconstruire » l’enfant après sa naissance ne le font pas bien. À la naissance d’un enfant, un initié devait s’interroger sur les origines tribales de sa mère. Ce sont ses oncles maternels qui le « construisaient » de nouveau pour qu’il soit puissant dans le village de sa naissance Au moment de la naissance, les pères « façonnaient » leur enfant, donnaient le pouvoir de « voir » le jour comme la nuit par un baptême traditionnel. Seulement le baptême apporté par les blancs vint anéantir tous ces pouvoirs de nos ancêtres. En effet le baptême traditionnel interdisait que l’on verse de l’eau sur la tête d’un enfant. Ainsi toutes les vertus du baptême traditionnel étaient anéanties par le baptême chrétien.
LA PLACE DE L’ENFANT CHEZ LES BETIS Bien avant sa naissance, l’enfant est déjà considéré comme le représentant de la famille, celui qui restera en lieu et place de son père. L’enfant était un projet. On préparait les garçons à la responsabilité de chef de famille. Cette préparation se faisait dès qu’une grossesse était annoncée. Quand une femme était enceinte, beaucoup d’espoirs se fondaient sur l’enfant à naître. On attendait la naissance d’un grand homme. « Laisse-moi te raconter ce qui se passait chez les Etenga, et ça c’est mon père qui me l’a raconté et je l’ai aussi vécu moi-même. Quand les filles Etenga allaient en mariage dans d’autres tribus, leurs enfants devenaient de grands hommes. Voici quelques noms qui ont marqué l’histoire des Betis de Yaoundé et des environs : Meyonmeyeme, Charles Atangana Ntsama, Amougou Anaba, Belinga Mbele, tous viennent des Etenga. Alors les Etenga ont pris conscience de ces faits jusqu’à se poser cette question : « pourquoi envoyer nos richesses à d’autres tribus ? » Et depuis ce temps, les Etenga ont décidé de se marier entre eux, c’est ce qui se passe encore aujourd’hui. La naissance d’un enfant était donc un grand événement. Quand un garçon naissait chez les Ntumu, les femmes venaient l’annoncer aux hommes de cette façon : « zaane akon, zaana avot, zaane a fa- Apportez une lance, apportez un filet, apportez un coupe-coupe…, Kè kè kèè onga
man bot… ». Les objets évoqués annonçaient l’activité des hommes ou des femmes selon le sexe de l’enfant. Si les femmes disaient : « Zaane à tan, zaane a ékana, zanne a nkun … kè kè kèè, onga man bot…è yèèè… » il s’agissait de la naissance d’une fille qui a besoin d’une nasse, d’une ceinture et d’un panier de pêche. En cas d’une monstruosité, une des femmes accoucheuses venait annoncer la triste nouvelle. En revanche quand un enfant naissait sain ou « entier », c’était un moment de grand soulagement pour tous. Tout le monde avait peur de la naissance d’un mauvais enfant. Par exemple, si un enfant naissait avec deux têtes, cette monstruosité était cachée à la communauté.
LES INTERDITS Chez les Betis la maladie et toute forme d’anomalie avaient à l’origine la transgression d’un interdit. Le respect des interdits était donc prioritaire et fondamental. Chaque parent se devait d’initier son enfant au respect de ces interdits pour promouvoir les valeurs morales et protéger la société des dangers extérieurs. Cette initiation faisait la fierté des parents. Un fils devait toujours être sous le contrôle de son père : les femmes de tes oncles sont tes mères et non les femmes des frères de ton père. Le mot oncle n’existe pas, ton oncle c’est ton père. La naissance d’un enfant était un événement très important qui était pris au sérieux par nos pères. Il y allait de la survie du village. Quand une femme tombait enceinte, on devait prendre toutes les précautions pour éviter la naissance des monstres et des enfants handicapés. Pour ce, on passait par de nombreux interdits. Ainsi quand un enfant naissait avec une anomalie, c’était la faute des parents. En ce qui concerne la mère, une fois enceinte, son mari et elle ne devaient plus manger n’importe quoi. Il fallait manger de « bonnes choses » pour que le bébé naisse sain. Ces interdits étaient forts avec pour objectif la naissance d’un enfant sain. La recommandation de nos pères vis-à-vis des jeunes couples était forte au sujet de ces interdits. Après la fécondation, le bébé reste vulnérable par rapport à ces interdits. « Je suis né, et j’ai vu mes pères, je les ai entendus parler, ils m’ont appris à vivre. Du temps de nos pères, ils avaient des interdits et ils les observaient aussi l’éventualité d’un enfant né handicapé était écartée. Dès qu’une femme était enceinte, elle devait garder des interdits : Pas de viande pourrie, ne pas manger d’animal laid à voir, ne devait pas manger le pangolin parce qu’il se recroqueville, ne devait pas manger le porc-épic ; elle ne devait manger que de bonnes viandes, le lièvre, l’antilope. Grâce au respect des interdits, nos pères ne craignaient pas le handicap physique, les enfants naissaient entiers. Si le père et la mère respectent les interdits, les enfants naîtront entiers. Avec l’école des blancs, vous les jeunes vous n’avez plus le sens des interdits. Aujourd’hui, on voit de jeunes filles avec des poupées, des jouets avec la forme du chimpanzé. On voit des femmes enceintes prendre dans leurs bras ces jouets très laids et bizarres. Quand tu vas lui dire d’éviter de tels objets qui ont une influence négative sur le futur bébé, elle va vous dire que ces choses traditionnelles n’ont plus de sens. Seulement à la naissance de l’enfant, des
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malformations vont apparaître ; ça c’est le résultat du non respect des interdits. « Le handicap physique n’existait pas autrefois. L’apparition du handicap physique chez nous est liée à l’école des Blancs qui vous détourne, vous jeunes, des interdits qui ont marqué la vie de nos pères. La vérité des traditions de nos pères demeure. Le handicap vient de ce que l’enfant a pu voir étant encore dans le sein de sa mère. Les mauvaises images sont à éviter. Vous n’êtes pas plus sage que nos pères, vous ne savez pas plus de choses que nos pères. Vous n’êtes pas sages, vous n’êtes qu’intelligents, vous n’avez que l’intelligence de l’école des blancs, la sagesse de la vie de nos pères, vous ne l’avez pas. » Si l’enfant présentait un comportement jugé comme anormal, il y avait deux raisons possibles : la transgression d’un interdit par sa mère ou son père ou l’infidélité de sa mère. Si la mère avait un amant autre que son mari, le bébé refusait son lait. L’attitude de l’enfant pouvait aussi dévoiler ce que le père a mangé pendant la grossesse de sa femme. Ainsi le guérisseur en observant le comportement du nouveau-né pouvait déterminer l’interdit transgressé. L’enfant pouvait souffrir de la montée de crue (mbere don), si sa mère se baigne dans une rivière en crue ou boit de cette eau. L’enfant pouvait souffrir de la chute d’une feuille de bananier. Si sa mère voit tomber une feuille de bananier, quand elle voudra donner du sein à l’enfant, celui-ci tombera aussi comme pour mourir. La maladie d’un nouveau-né témoignait de l’immoralité de l’un des parents. Quand mon père mettait au monde des enfants avec ma mère, ma mère ne devait pas manger la tête du gibier, ma mère ne devait pas manger le ventre d’un gibier, ma mère ne devait pas manger la patte d’une bête, elle ne devait pas manger la viande de bœuf car le bœuf est vu comme un animal faible, on ne voulait pas d’enfants mous. Par ailleurs, après l’accouchement d’une femme, aucune relation sexuelle ne lui était permise avant les deux ans de l’enfant. Cette abstinence avait pour effet de rendre l’enfant physiquement fort. Aujourd’hui, les jeunes filles sont très gourmandes, elles mangent de tout et ne respectent pas les interdits. — Manger le ventre d’un cochon faisait naître un enfant au ventre ouvert. — Fendre le bois expose à accoucher d’un enfant avec une fente sur le crâne. — La patte d’une bête expose à avoir un enfant à la lèvre fendue — Quand la femme est enceinte, l’homme doit éviter tout vagabondage sexuel pour que l’enfant naisse en bonne forme. — Les jeunes hommes ne doivent pas manger la vipère, c’est un serpent mou. Un jeune qui mange la vipère se marie difficilement, il n’est pas brave et agressif dans le bon sens. — Les jeunes hommes ne doivent pas manger le chien sauvage. C’est un animal qui ne porte pas chance en matière de femme. — Les jeunes hommes ne doivent pas manger le lièvre brun. Aujourd’hui, on voit des femmes dormir sur un même lit avec leur mari à peine une semaine après leur accouchement, voilà l’origine de la monstruosité aujourd’hui pensent les anciens.
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— La jeune fille ne doit pas manger le serpent ni la tortue. — La jeune fille ne doit pas manger ou regarder longuement les animaux laids. — Pendant la grossesse de leurs femmes, les hommes ne doivent pas égorger une bête ou toucher une bête qui rend son dernier souffle. — Pendant la grossesse de leur femme, les hommes ne doivent pas creuser de tombe. — La femme enceinte doit éviter que n’importe qui passe au-dessus de ses jambes. Si un homme porteur d’une maladie le fait, l’enfant va être victime du même mal. — La femme enceinte ne doit pas s’asseoir derrière n’importe qui. Le respect de chaque interdit évite à l’enfant une déformation bien précise. Les interdits des anciens avaient pour résultat la naissance d’un enfant bien conformé et moralement irréprochable. « Du temps de nos pères, la malformation physique n’existait pas parce que les deux époux respectaient scrupuleusement les interdits pendant la grossesse et après la naissance du bébé. Par ailleurs, du temps de nos pères, on ne se moquait pas d’une femme stérile. Une femme battue pour stérilité pouvait se venger de son mari en mettant au monde un enfant malformé. Même par infidélité elle pouvait faire un enfant qui en toute logique sera monstrueux. En effet, il y avait des femmes qui traînaient avec elles de mauvais sorts à cause de la méchanceté maléfique d’autres femmes. On disait qu’elles « gâtaient les jeunes filles » en leur lançant de mauvais sorts : ainsi certaines jeunes filles portaient sur elle la condamnation de mourir au moment de l’accouchement de leur premier bébé. Parfois, l’effet de ce mauvais sort s’appliquait sur le mari ou sur le bébé. Au départ ce sont des femmes stériles dans les mariages polygamiques qui s’employaient à de telles manœuvres quand elles étaient moquées par leurs coépouses. Pour se venger d’elles elles jetaient de mauvais sorts sur les filles de leur coépouses pour que leur fertilité soit source de malheur. Une femme qui portait cette condamnation évitait donc de tomber enceinte. Il était donc interdit de dire que telle femme est stérile car une femme pouvait rester sans enfants pour se protéger ou pour protéger son mari ». Depuis l’aube des temps, les interdits sont fondamentaux pour la culture beti. Un enfant né d’une relation incestueuse ne se développera pas normalement, il est nain. « Pour sortir du cadre incestueux, il faut aller au-delà de quatre générations, il doit en être ainsi. C’est fou l’école des Blancs, les liens familiaux sont mis à mal aujourd’hui. Mgbwa Minkili était la femme d’Onguene Edou, elle était la préférée qui a donné naissance à omgbwa Mba et à Mba Mongo. Ensuite Mindzié, la deuxième femme d’Onguene Edou va donner naissance à Awoa Mindzié et à Mbida Mindzié. C’est Awoa Mindzié qui a donné naissance à ton grand-père. “L’ignorance de la généalogie familiale est à l’origine des désordres sexuels que l’on constate aujourd’hui. Ce sont les enfants qui viennent d’un tel désordre qui sont des aveugles, des sourds, des paralytiques…Chers jeunes le non-respect de vos pères est à l’origine de vos malheurs. Vos sœurs ne peuvent plus aller en mariage dans les tribus voisines. Les jeunes prétendants qui viennent d’ailleurs vous trouvent déjà assis sur vos sœurs et vos cousines, le village se meurt, les traditions de nos pères se meurent”. Le désir
d’un enfant sain vous donne cette série d’interdits chez les Betis ; cette liste n’est pas exhaustive. » Ces interdits n’étaient pas sans fondements. Ils sont le fruit de l’expérience et de l’observation. « Ces femmes qui donnaient naissance à des enfants à lèvres fendues, leur appétit des pattes de bêtes était su de tous. Quand un enfant naissait avec une main tordue ou un pied, on pouvait témoigner que sa mère cassait les os de gibier avec ses mains quand elle était enceinte. Quand elle préparait la viande, la femme enceinte devait éviter de couper ou de casser les os d’un gigot, cela avait des répercussions sur l’ossification de son bébé. C’est ce qui justifiait la naissance d’enfants avec des pieds en cerceau ou en X. Toute malformation physique de l’enfant venait de la faute des parents ». Pour les Betis, la formation d’un enfant va au-delà du moment de la fécondation. On peut observer des cas de transgression de ces interdits sans conséquences fâcheuses, cela reste exceptionnel. En revanche, et c’est courant, à la moindre incartade, les effets négatifs sont nets. Certains enfants naissent écorchés parce que leur mère a mangé des viandes pourries. « Je te le dis ; pour nos pères, pas de handicap physique sans la transgression des interdits. Un garçon de 13 ans ne devait plus manger le lièvre brun. Cet animal se caractérise par sa course rapide pour tomber raide plus loin avec une bouche qui mousse, l’enfant dont le père a mangé cet animal peut donc mourir très facilement ; j’en ai vu mourir chez ma mère qui était une guérisseuse ». Chez les Betis, la transgression des interdits n’était pas impunie. Les sages et les notables se souciaient de l’avenir du clan, ils observaient et constataient ce qui n’allait pas : mauvaise chasse, diminution des naissances, diminutions des mariages. Ils siégeaient dans le secret et décidaient des sanctions ou des rites de purification nécessaires par rapport aux interdits transgressés. Il y avait par exemple le rite « melan ». C’était un rite exécuté par des initiés, un rite pour faire peur afin que les interdits moraux et sociaux soient respectés. Celui qui transgressait ces interdits était condamné à vivre ce rite comme une punition. C’était vraiment un mauvais rite. Chez les Betis, la malédiction existait et menaçait les femmes enceintes quand les interdits n’étaient pas observés. Parfois la mère était ligotée et battue pour qu’elle avoue le mal qu’elle a pu faire pour que l’enfant soit malformé.
L’ACCUEIL DES ENFANTS HANDICAPÉS Quand apparaissait un enfant handicapé physiquement ou mentalement, on le refusait, le rejetait. Dans le meilleur des cas on le subissait sans pour autant en prendre soin. Sa mère sera accusée de sorcellerie ou de liens avec le diable. De tels enfants étaient confiés à des guérisseurs qui avaient des rites bien précis pour les faire disparaître dans une rivière. Un groupe d’hommes s’enfonçait avec l’enfant dans la brousse. À leur retour les femmes restées au village ne leur posaient pas de question quant au sort de l’enfant. Elles comprenaient que la communauté avait décidé de se débarrasser de lui. Ces pratiques correspondaient à la volonté du créateur car ces enfants ne pouvaient intégrer l’espèce humaine, ils pouvaient se transformer en serpent ou en tout autre bête sauvage. Ces enfants monstrueux se compor-
taient comme des bêtes sauvages. Ils poussaient des cris qui faisaient fuir les autres enfants, certains étaient violents. C’était donc une « espèce » à ne pas conserver. La naissance de ces enfants constituait un véritable malheur, signe d’une souillure au sein de la famille. C’était l’apparition d’une chose étrange au sein de la famille. « Quand cette chose venait à mourir, personne n’était dans la peine, et on ne faisait aucun deuil. Personne ne pleurait, c’était plutôt un bon débarras. » De toutes les façons, un tel monstre n’était pas gardé. Il y avait des degrés de monstruosité. Certaines formes étaient tolérables et pouvaient être soignées. On gardait les enfants avec un membre paralysé. En revanche, on ne gardait pas les enfants qui avaient un aspect monstrueux. On ne les montrait même pas ; de telles créatures devaient être éliminées. « Chez les Etenga, une femme avait un enfant, cet enfant souffrait d’épilepsie et on est parti tuer cet enfant dans la forêt et on a caché le corps dans un marécage. L’avènement d’un enfant handicapé était donc considéré comme un malheur. Voici ce qui se passait quand on était de jeunes adolescents, dans mon village de la tribu des Esse, il y avait un lépreux ; on lui a construit une hutte en brousse, seule la fumée qui se dégageait de cette hutte signalait une présence humaine ; à sa mort il n’a pas eu droit aux obsèques, on a juste entassé des branchages sur le corps pour que les mauvaises odeurs ne se répandent, on n’a pas ramené ce corps au village ».
LES RITES DE PURIFICATION Les altérations du corps étaient considérées comme une souillure [1] dont il fallait se débarrasser. Dans la tradition des Betis, on retrouve des rites à cet effet. D’une part il y avait des rites pour promouvoir le respect des interdits, ces rites constituaient une mesure de prévention. D’autre part il y avait des rites de purification quand apparaissait une infirmité liée à la transgression d’un interdit. Enfin il y avait des rites pour promouvoir une progéniture saine. Ces rites sont bien le signe que le handicap physique non seulement il n’était pas accepté, mais aussi, qu’il était considéré comme une souillure, une impureté.
LE RITE « EVAA METE — ENLÈVEMENT SOUILLURE » C’est un rite de purification, un rite de bénédiction. « Même si on gardait certains enfants handicapés, on les subissait plus qu’on ne les acceptait. En effet la malformation était le signe d’une souillure. Devant la naissance d’un enfant handicapé, le père de cet enfant allait chez ses oncles maternels pour chercher une bête à sacrifier afin d’empêcher que ce malheur ne se reproduise. Cette bête était sacrifiée en expiation de l’interdit transgressé. Chez les Ntumu, ce rite de purification était organisé par un initié appelé « amvii ». C’était un rite nocturne qui se passait en l’absence des femmes. On annonce l’enlèvement de ce mal à tous les hommes. Pour poursuivre le rite, on va chercher une femme fertile. Quand cette femme
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TABLEAU 1. — Récapitulatif des interdits concernant les parents et leurs conséquences pour leur enfant Personnes : les deux parents
Manger de la viande pourrie
Naissance d’un bébé dont la peau s’écorche
Manger du pangolin
Peau écaillée
Pied d’un animal à sabot
Lèvre ou nez fendu
Fendre du bois
Crâne ouvert
Voir ou toucher une bête qui se meurt
Convulsions de l’enfant
Relations incestueuses
Monstruosités de toute nature
Infidélité conjugale
Refus du lait maternel
Casser les os d’une bête
Pieds en cerceau ou en X
Voir une feuille de bananier qui se casse
Enfant qui se plie comme pour rendre l’âme
Manger une banane jaune
Enfant albinos
Manger un animal laid à voir
Monstruosités
Toucher des objets laids
Ressemblance avec ces objets.
Aller au cimetière
Mort possible de l’enfant
Boire l’eau d’une rivière en crue
Mauvais lait de la mère
Manger le ventre d’un animal
Ventre ouvert
Mange la tête d’un animal
Chasse infructueuse
Manger la viande de bœuf
Enfant mou
Relations sexuelles pendant l’allaitement (durée de l’allaitement : 2 ans)
Enfant faible
Vagabondage sexuel
Enfant faible
Manger du Chien sauvage
Malchance pour l’enfant dans sa vie
Manger de la Vipère
Enfant mou et timide
Manger du Lièvre brun
Convulsions de l’enfant
Se moquer d’une femme stérile
Enfant monstrueux, décès du père de la mère ou de l’enfant, parfois des trois à la naissance du bébé
Manger de la tortue
Peau en carapace
Ne pas égorger une bête
Crise d’épilepsie
se placer derrière des personnes malades
Contamination possible de l’enfant
est en règles, on prend ce sang qu’un homme va confié à un vieillard appelé « Bewoo », c’est un vieillard qui ne peut plus avoir de rapport sexuel avec une femme. Cette femme prépare un gâteau de manioc à partir d’une pâte qui sera mélangée avec ce sang des menstrues. Ce gâteau n’est mangé que par des hommes. Ensuite dans la nuit, un cri d’appel se fait entendre s’adressant à l’homme coupable : « uhu, uhu … ». Cet homme arrive donc au village ainsi que tous les notables et le plus initié prend la parole : « À cause de la faute de tel, voici ce qui se passe dans le
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Conséquences liées à la transgression d’un interdit sur l’enfant à naître.
Interdits
village : les femmes n’accouchent plus, les hommes n’ont pas une bonne santé, les récoltes ne sont pas bonnes…On dresse la liste de tout ce qui ne va pas. Cette détresse du village est présentée au “Bewoo”, ce vieillard dont la notoriété est reconnue par tout le clan est comme un homme nu, i.e pur de toute souillure sexuelle. Enfin on lui confie qu’un enfant handicapé est né dans le village parce que son père n’a pas respecté l’interdit de nos ancêtres. Le Bewoo prend donc tout le lot de malheurs et se met à chanter : “Man mete mese sasasalé, mam mete mese sasa-
salé é… — c’est fini avec tous ces malheurs”. Avec ce chant les hommes se mettent à courir vers le village, le Bewoo dépose ces malheurs sur une piste et tous les hommes vont manger le gâteau de manioc. Pour terminer le grand conseil va siéger afin de rappeler les interdits en présence de la belle-mère du coupable. Après cette cérémonie d’aurevoir, la belle-mère doit s’en aller immédiatement. Elle doit emporter avec elle tous les malheurs du village jusqu’à la prochaine rivière. C’est dans cette rivière qu’elle va se décharger de tous ces malheurs qui pesaient sur elle et s’en trouve purifiée ainsi que tout le village. Ces rites garantissaient que le coupable ne donnera plus naissance à un enfant handicapé. »
LE RITE COMME BÉNÉDICTION « Malgré l’influence de la culture occidentale, il y a des traditions qui résistent et qui restent fortes : Laisse-moi te dire ce qui est arrivé à mon frère Auguste et à moi-même : « Tous les deux, on a pris chacun deux femmes, on était taxé de prostitué et tout le monde se moquait de nous, et on est resté longtemps sans faire d’enfants. Un jour, j’ai pris un mouton et une dame-jeanne de vin rouge, je les ai offerts à mes pères ; un cochon et une dame-jeanne de vin de palme, j’ai offert à mes mères et je leur ai dit « Pourquoi ce malheur qui s’abat sur la maison de ma mère ? Venez nous purifier ». Tous nos pères et nos mères nous ont bénis et mon frère et moi, on n’a pu avoir des enfants après. À ce jour, le nombre de mes enfants et petits enfants monte à 37 personnes. Avant ces rites de purification je n’avais même pas un seul enfant. Lors du rite, les hommes mâchaient des écorces d’arbre amères et nous crachaient dessus. Pendant qu’ils mangeaient la viande de mouton, mon frère et moi ainsi que nos épouses, devions nous purger avec le sang de ce mouton mélangé à des écorces d’arbres. Notre famille est très nombreuse aujourd’hui. Je tiens donc à dire qu’on ne doit pas se débarrasser de nos traditions. De toutes les façons j’y tiens, ce rite de purification je le garde pour ma famille jusqu’à ce jour. J’ai déjà donné deux de mes filles en mariage, avant qu’elles ne s’en aillent, j’appelle toujours leurs pères pour procéder à ce rite de purification. Elles sont ainsi bénies pour pouvoir vivre heureuses dans leur foyer et c’est ce qui se passe. »
monstre, on précédait à un rite ; « a kogoro ntomba ». Il s’agissait pour les deux coupables de tuer une jeune chèvre par piétinement. C’est la mort de cette chèvre qui les purifiait de la souillure. En remontant dans le temps, c’est le rite « tso » qui était préféré pour laver cette souillure. Il fallait purifier la famille de ce mal contagieux.
LE RITE « ÉSAL NSEM — LA FENTE DU PÉCHÉ » On procédait à ce rite quand un handicap physique apparaissait dans une famille ; « fendre le péché — asal nsem ». Le handicap physique constituait un véritable malheur dont on avait peur. On programmait ce rituel pour fendre le péché de telle ou telle famille où l’on observait de nombreux malheurs. À la fin du cérémonial, on passait en revue tous les problèmes de la famille, et on insistait sur l’importance de la procréation, en tant moyen de la survie et de prolongement de la famille. Les monstres ne devaient pas exister au milieu des enfants normaux. »
CONCLUSIONS L’impureté, la souillure, la faute sont au centre du mécanisme de l’exclusion qui est avant tout culturelle et pas seulement chez les Betis. C’est par le biais des normes sociales, l’ordre social qui est mis en avant ici, c’est-à-dire, dans l’esprit de beaucoup les fondements et la cohésion de la société, elle-même, qui est mis mise en cause. La survenue de lésions handicapantes et la survie d’une ou de personnes en situation de handicap sont le principal mécanisme de rejet, estimons-nous, en Europe et dans le monde. La répétition des études dans des lieux différents avec des personnes différentes va pouvoir objectiver l’universalité de ce trait du genre humain. Le méconnaître serait faire une grave erreur d’appréciation quand on veut promouvoir la réadaptation.
RÉFÉRENCES LE RITE « EKOGORO NTOMBA — LE PIÉTINEMENT DU MOUTON » C’est le rite qui se pratiquait en cas d’une relation incestueuse. D’une telle relation naissaient des enfants monstrueux ; et pour purifier les coupables, on procédait à ce rite. Les deux coupables du rapport incestueux devaient tuer un mouton par piétinement. Par le mouvement de leurs pieds, ils se déchargeaient de leur faute, le mouton mourait ainsi avec leur péché, leur souillure. Ils s’en trouvaient purifiés. « Quand un tel événement surgissait voici ce que nos pères faisaient : Si deux cousins donnaient naissance à un
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[2]
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