Femmes et BPCO : un risque spécifique Chez les femmes non seulement la broncho-pneumopathie obstructive chronique, la BPCO, apparaît plus lourde, mais on peut en évoquer le sous-diagnostic. Un collectif de femmes pneumologues (1) souhaite sensibiliser la population féminine et le corps médical à la BPCO, maladie évolutive destructrice de la fonction respiratoire, irréversible si l’intervention médicale est tardive, ce qui est encore le cas. Raisons: méconnaissance de sa malignité, banalisation d’un essoufflement permanent croissant même au repos (dyspnée), impact du tabagisme actif (de plus en plus de femmes) et passif. En conséquence compte tenu des carences du dépistage précoce (il est possible, contrairement aux idées reçues), compte tenu de l’augmentation exponentielle du tabagisme féminin, et aussi que la femme est plus sensible que l’homme à
l’impact du tabac, 40 % des malades de la BPCO sont des femmes (en 2005), et leur mortalité par BPCO est passée de 21 % à 78 % en 20 ans (1979-1999). Dans l’évolution, on passe de l‘assistance respiratoire périodique puis permanente à la greffe pulmonaire (les greffons sont rares), le décès survenant par défaillance cardiaque… Ce sera dans 10 ans la 3e cause de décès dans le monde (la 6e en 1990). Pourquoi la BPCO progresse-t-elle plus vite chez la femme que chez l’homme ? Outre l’augmentation du tabagisme, plus grande vulnérabilité du poumon aux toxiques (fumée de tabac, polluants de l’environnement et du travail), formes plus sévères à tabagisme égal avec l’homme, bronches de petite taille avec hyperréactivité bronchique…
D démarches diagnostiques préDes coces en médecine générale: mesuc rre du souffle avec le débitmètre de pointe (peakflow meter), prescription p d’exploration fonctionnelle respirad ttoire (EFR) des fumeuses en cas de dyspnée de repos, toux permanente, d expectorations, gêne respiratoire e croissante (maladie obstructive), c épreuve d’effort évaluant le handié cap dans l’activité courante… perc mettraient, si engagées beaucoup plus tôt, de faire régresser l’évolution… À condition du retrait du tabagisme actif et passif, de la suppression des polluants/allergènes, du soutien au sevrage tabagique. Problème: la BPCO conserve dans l’opinion générale un phénotype masculin, une des causes de sous-diagnostics. OO J.-M. M. (1) Éléments présentés pas les Prs Chantal Raherison (Hôpital Haut-Lévêque, Pessac) et Isabelle Tillie-Leblond (Hôpital Calmette, Lille) ; Drs Anne Prudhomme (CH de Bigorre, Tarbes), Elisabeth Biron (Hôpital privé Mermoz, Lyon), Cécilia Nocent-Ejnaini (CH Côte Basque, Bayonne), Camlille Taillé ‘(CHU Bichat, Paris). Action soutenue par le laboratoire AstraZénéca.
Mars 2010, mobilisation contre le cancer négligé Mars, mois du cancer colorectal (CCR): l’Institut national du cancer (INCa) et le ministère de la Santé ont exprimé leur inquiétude quant aux résultats insuffisants du dépistage national en termes de fidélisation de la population-cible au test de recherche de sang occulte dans les selles. Conformément au Plan cancer 2009-2013 concernant les dépistages (1), l’INCa informe et sensibilise la population-cible et soutient les acteurs locaux responsables des dépistages du CCR. Le dépistage au stade très précoce de ce cancer, voire des polypes, permet de parler de guérison : taux de survie à 5 ans de 94 %. Initié en 2002, le programme national de dépistage du CCR est national depuis 2008. Il vise la population à partir de 50 ans, quand l’incidence de ce cancer augmente. Tous les 2 ans, hommes et femmes de 50 à 74 ans soit 16 millions de personnes sont invités à contacter leur médecin traitant qui évalue pour eux l’utilité d’un dépistage, en leur remettant éven-
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tuellement un test de recherche à domicile de sang occulte dans les selles. Dans des situations particulières, antécédents familiaux notamment, augmentant le risque possible de cancer, le patient pourra être adressé directement à un gastro-entérologue, pour y subir une coloscopie de première intention. Le taux de participation au dépistage est encore insuffisant: en moyenne, il doit augmenter de 15 % au moins. C’est l’Institut national de veille sanitaire (InVS) qui est chargé d’évaluer la participation des Français au programme national de dépistage à partir d’indicateurs recueillis auprès des structures de gestion départementales du dépistage. La dernière mise à jour a été publiée en 2007, la prochaine le sera ce mois-ci. Constat : sur 22 départements pilotes, le taux de participation atteint 43 %, soit 31 % à 54 % selon les départements. Il est plus élevé chez la femme que chez l’homme : 46 % et 39 %. La participation reste donc insuffisante et c’est pourquoi le Plan cancer 2009-2013 a fixé un objectif d’augmentation global
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de 15 % de celle-ci, mais de 50 % dans les zones où ce taux est le plus bas, c’est aussi une façon de réduire les inégalités d’accès au dépistage. Pour remplir son objectif, l’INCa, le ministère de la Santé et l’Assurance-Maladie déploient en 2010 un programme d’information et de communication avec de nouvelles actions pour inciter la population concernée à demander le test de dépistage, ciblant plus spécialement la frange de population au sein de laquelle on observe un déficit manifeste de participation: hommes, personnes défavorisées. Avec près de 39 000 nouveaux cas/an, le CCR est le 3e cancer en fréquence après ceux de la prostate et du sein. Avec 17000 morts par an, c’est la 2e cause de décès par cancer après le cancer du poumon. OO J.-M. M. www.institutcancer.fr (1) Mesure 14 : lutter contre les inégalités d’accès et de recours au dépistage. Mesure 15 : améliorer la structuration du dispositif des programmes nationaux de dépistage organisé des cancers.