Paralysie faciale idiopathique de l’enfant

Paralysie faciale idiopathique de l’enfant

ARCPED-3910; No of Pages 4 Rec¸u le : 15 juillet 2014 Accepte´ le : 17 fe´vrier 2015 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com ...

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ARCPED-3910; No of Pages 4

Rec¸u le : 15 juillet 2014 Accepte´ le : 17 fe´vrier 2015

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Me´moire original Idiopathic facial paralysis in children I. Achour*, A. Chakroun, S. Ayedi, Z. Ben Rhaiem, M. Mnejja, I. Charfeddine, B. Hammami, A. Ghorbel

Paralysie faciale idiopathique de l’enfant

Service ORL et chirurgie cervico-faciale, CHU Habib Bourguiba, 3029 Sfax, Tunisie

Summary

Re´sume´

Background. Idiopathic facial palsy is the most common cause of facial nerve palsy in children. Controversy exists regarding treatment options. The objectives of this study were to review the epidemiological and clinical characteristics as well as the outcome of idiopathic facial palsy in children to suggest appropriate treatment. Patients and methods. A retrospective study was conducted on children with a diagnosis of idiopathic facial palsy from 2007 to 2012. Results. A total of 37 cases (13 males, 24 females) with a mean age of 13.9 years were included in this analysis. The mean duration between onset of Bell’s palsy and consultation was 3 days. Of these patients, 78.3% had moderately severe (grade IV) or severe paralysis (grade V on the House and Brackmann grading). Twenty-seven patients were treated in an outpatient context, three patients were hospitalized, and seven patients were treated as outpatients and subsequently hospitalized. All patients received corticosteroids. Eight of them also received antiviral treatment. The complete recovery rate was 94.6% (35/37). The duration of complete recovery was 7.4 weeks. Discussion. Children with idiopathic facial palsy have a very good prognosis. The complete recovery rate exceeds 90%. However, controversy exists regarding treatment options. High-quality studies have been conducted on adult populations. Medical treatment based on corticosteroids alone or combined with antiviral treatment is certainly effective in improving facial function outcomes in adults. In children, the recommendation for prescription of steroids and antiviral drugs based on adult treatment appears to be justified. Conclusion. Randomized controlled trials in the pediatric population are recommended to define a strategy for management of idiopathic facial paralysis. ß 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

La paralysie faciale idiopathique est la premie`re cause de paralysie faciale pe´riphe´rique de l’enfant. Sa prise en charge est controverse´e. Les objectifs de notre travail e´taient d’e´tudier ses caracte´ristiques cliniques et e´volutives afin d’en proposer un traitement adapte´. Pour ce faire, nous avons e´tudie´ re´trospectivement les dossiers de 37 enfants (24 filles) atteints de paralysie faciale idiopathique entre 2007 et 2012. Leur aˆge moyen e´tait de 13,9 ans. Soixante-dix-huit pour cent avaient une atteinte mode´re´ment se´ve`re (grade IV) ou se´ve`re (grade V de House et Brackmann). La prise en charge avait e´te´ uniquement ambulatoire chez 27 enfants et en hospitalisation chez 3 enfants. Sept avaient eu un suivi d’abord ambulatoire puis en hospitalisation. Tous avaient rec¸u une corticothe´rapie et un traitement antiviral avait e´te´ administre´ chez 8 enfants. La re´cupe´ration avait e´te´ comple`te chez 94,6 % des enfants apre`s un de´lai moyen de 7,4 semaines. En conclusion, la paralysie faciale idiopathique de l’enfant est de bon pronostic et la prescription pre´coce de ste´roı¨des et d’antiviraux nous paraıˆt justifie´e. Cependant, des essais pe´diatriques controˆle´s randomise´s seraient ne´cessaires pour pre´ciser la strate´gie de prise en charge. ß 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

* Auteur correspondant. e-mail : [email protected] (I. Achour). http://dx.doi.org/10.1016/j.arcped.2015.02.009 Archives de Pe´diatrie 2015;xxx:1-4 0929-693X/ß 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

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I. Achour et al.

1. Introduction La paralysie faciale idiopathique (PFI), paralysie faciale a frigore ou paralysie de Bell, est une paralysie faciale partielle ou comple`te, d’apparition brutale, due a` une dysfonction du nerf facial sans cause de´celable. Chez l’enfant comme chez l’adulte, il s’agit de la cause la plus fre´quente de paralysie faciale pe´riphe´rique (PFP) [1] dont le diagnostic ne peut eˆtre porte´ que par e´limination. Chez l’enfant, le taux de re´cupe´ration spontane´e de´passe les 90 % [2,3]. En l’absence de re´cupe´ration, le patient garde une asyme´trie faciale avec un risque de se´quelles lourdes a` type de contracture et de syncine´sies. Ces particularite´s e´volutives et le manque d’e´tudes pe´diatriques expliquent que le traitement de la PFI soit encore sujet a` controverses. L’objectif de notre travail e´tait de pre´senter les particularite´s cliniques et e´volutives de la PFI chez l’enfant afin de proposer une conduite the´rapeutique approprie´e.

a` partir des dossiers. La se´ve´rite´ de la paralysie faciale a e´te´ e´value´e par le testing musculaire de Freyss et le score de House et Brackmann. Le testing musculaire de Freyss (compris entre 0 et 30) permet de coter l’amplitude de contraction de dix muscles de la face, de 0 (pas de mouvement) a` 3 (contraction normale). Le score de House et Brackmann est une e´chelle d’e´valuation qui prend en compte l’atteinte du tonus, de la motricite´ faciale et des se´quelles postparalytiques (Tableau I) [4]. Une imagerie par re´sonance magne´tique (IRM) ce´re´brale et du trajet du nerf facial n’avait e´te´ pratique´e qu’en cas de re´cidive, d’absence de re´cupe´ration a` quatre mois d’e´volution ou lorsque l’atteinte pre´dominait sur le territoire infe´rieur. Il n’a pas e´te´ pratique´ de tests e´lectrophysiologiques qui sont de re´alisation difficile chez les enfants. L’e´volution a e´te´ conside´re´e favorable lorsqu’elle se faisait vers un grade I ou II de House et Brackmann.

3. Re´sultats

2. Patients et me´thodes Il s’est agi d’une e´tude re´trospective portant sur les enfants atteints de PFI recrute´s par le biais de notre consultation d’otorhinolaryngologie entre 2007 et 2012. Ont e´te´ exclus les enfants perdus de vue et ceux qui avaient consulte´ plus de 15 jours apre`s le de´but des symptoˆmes. Les diffe´rentes donne´es cliniques, the´rapeutiques et e´volutives ont e´te´ recueillies

Trente-sept enfants (24 filles et 13 garc¸ons) ont e´te´ inclus dans l’e´tude. Leur aˆge moyen e´tait de 13,9 ans (extreˆmes 2 a` 16 ans) (fig. 1). Un enfant avait un ante´ce´dent de PFI homolate´rale. Un facteur de´clenchant avait e´te´ note´ chez 14 enfants : syndrome grippal dans 2 cas (5,4 %) et exposition au froid dans 12 cas (32,4 %). Le de´lai moyen de consultation avait e´te´ de 3 jours (me´diane : 2 jours. Extreˆmes : quelques heures a` 15 jours).

Tableau I Score de House et Brackmann [4]. Grade I : fonction faciale normale

Fonction faciale normale dans toutes les aires

Grade II : dysfonction le´ge`re

Repos : tonus et syme´tries normaux Front : quelques mouvements a` mouvement normaux Œil : fermeture normale a` l’effort minimal Troubles secondaires : syncine´sies tre`s le´ge`res et inconstantes. Pas de contracture

Grade III : dysfonction mode´re´e

Repos : tonus et syme´trie Front : mouvements discrets ou absents Œil : fermeture normale a` l’effort maximum avec asyme´trie e´vidente Troubles secondaires : syncine´sies et/ou contractures notables mais non se´ve`res

Grade IV : dysfonction mode´re´ment se´ve`re

Repos : tonus et syme´trie normaux Front : aucun mouvement Œil : fermeture incomple`te a` l’effort maximum Bouche : mouvement asyme´trique a` l’effort maximum Troubles secondaires : syncine´sies et/ou contractures se´ve`res

Grade V : dysfonction se´ve`re

Repos : asyme´trie faciale Front : aucun mouvement Œil : discret mouvement a` l’effort maximum Troubles secondaires : syncine´sies, contractures habituellement absentes

Grade VI : paralysie totale

Repos : perte totale de tonus Front : aucun mouvement Œil : aucun mouvement Bouche : aucun mouvement Troubles secondaires : absents

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[(Figure_1)TD$IG]

[(Figure_3)TD$IG]

Paralysie faciale idiopathique

14 12 10 8 6 4 2 0 2-5 ans

6-9 ans

10-13 ans

14-16 ans

Figure 1. Re´partition des enfants selon l’aˆge.

Le testing musculaire initial de Freyss avait un score moyen de 12,5. Une atteinte mode´re´ment se´ve`re (grade IV), ou se´ve`re (grade V) avait e´te´ note´e dans 78,3 % des cas (fig. 2). Le re´flexe stape´dien e´tait pre´sent dans 7 des 31 cas ou` il avait e´te´ recherche´. Dans ces cas, la PF e´tait le´ge`re dans 2 cas, mode´re´e dans 3 cas et mode´re´ment se´ve`re dans 2 cas. Sept enfants avaient eu une IRM ce´re´brale et du trajet du nerf facial. Elle e´tait normale dans tous les cas. La prise en charge avait e´te´ ambulatoire dans 27 cas (73 %) et en hospitalisation dans 3 cas (8 %). Dans 7 cas (19 %) l’enfant avait e´te´ suivi d’abord en ambulatoire puis en hospitalisation. Tous les patients traite´s en ambulatoire avaient rec¸u une corticothe´rapie orale (1 mg/kg/j – prednisolone ou be´tame´thasone) pendant 5 a` 15 jours (me´diane a` 7 jours). Cinq patients avaient rec¸u un traitement antiviral associe´ (acyclovir ou valacyclovir) pendant 5 a` 10 jours (me´diane 6 jours). Les patients hospitalise´s avaient tous rec¸u une corticothe´rapie intraveineuse (he´misuccinate d’hydrocortisone – 5 mg/kg/j) pendant 5 a` 10 jours (me´diane 8,2 jours). Dans trois cas, cette corticothe´rapie avait e´te´ associe´e a` un traitement antiviral. Il n’avait pas e´te´ effectue´ de de´compression chirurgicale du nerf facial. A` un mois, l’e´volution avait e´te´ favorable chez 32 patients (86,5 %), avec re´cupe´ration comple`te chez 25 d’entre eux [(Figure_2)TD$IG] 10.81%

10.81% Grade I Grade II 32.43%

45.95%

Grade III Grade IV Grade V

Figure 2. Re´partition des patients en fonction du score initial de House et Brackmann.

Figure 3. Courbe de re´cupe´ration comple`te (Kaplan-Meier).

(67,6 %). A` un an, le taux de re´cupe´ration comple`te atteignait 94,6 %. Le de´lai moyen de re´cupe´ration comple`te avait e´te´ de 7,4 semaines (me´diane : 4 semaines ; extreˆmes 1 et 36 semaines) (fig. 3). Les enfants qui avaient un re´flexe stape´dien pre´sent initialement avaient re´cupe´re´ en trois semaines dans trois cas et un mois dans 4 cas. Deux enfants n’avaient pas re´cupe´re´ totalement : l’un a garde´ une dysfonction le´ge`re (grade II) et l’autre a de´veloppe´ des contractures (grade III). Ces deux enfants avaient e´te´ classe´s initialement grade IV et V et avaient e´te´ traite´s en ambulatoire. Un enfant a pre´sente´ une re´cidive de sa PF apre`s un an et demi.

4. Discussion La PFI est la cause la plus fre´quente de PFP. Elle repre´sente entre 26 et 76 % des PFP chez l’enfant [5]. Son incidence est variable selon l’aˆge : elle a e´te´ estime´e a` 2,7/100 000/an avant 10 ans, et a` 10,1/100 000/an entre 10 et 20 ans [1,6]. Il n’y a pas de pre´dominance de sexe [7]. L’e´tiopathoge´nie de la PFI n’est pas comple`tement e´lucide´e. L’hypothe`se la plus souvent avance´e est celle d’une re´activation de l’herpe`s simplex virus de type 1 (HSV-1) au niveau du ganglion ge´nicule´ [8–10]. Des e´tudes histologiques ont montre´ que cette re´activation e´tait a` l’origine de phe´nome`nes inflammatoires locaux, de le´sions de de´mye´linisation, et de de´ge´ne´rescence du nerf facial [11]. La pre´sentation clinique et la de´marche diagnostique de la PFI chez l’enfant ne pre´sentent pas de particularite´s par rapport a` celles de l’adulte. La paralysie est isole´e, d’apparition brutale en quelques heures se comple´tant en deux jours. Elle est souvent associe´e a` des prodromes tels qu’un syndrome

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grippal, une otalgie ou une dysgueusie. Il s’agit d’un diagnostic d’e´limination ne´cessitant un examen clinique complet. Devant un tableau typique de PFI, aucun examen comple´mentaire n’est ne´cessaire pour le diagnostic. L’e´valuation de la se´ve´rite´ de la paralysie permet de pre´dire l’e´volution ulte´rieure. Une re`gle simple, confirme´e par notre expe´rience, stipule que les paralysies incomple`tes re´cupe`rent comple`tement et plus rapidement. Le score de House et Brackmann est un bon indicateur de l’e´volution ulte´rieure mais l’utilisation de ces e´chelles de cotation est difficile chez l’enfant. Les tests e´lectrophysiologiques sont un moyen objectif d’e´valuation de la gravite´ de la souffrance nerveuse. Cependant, ils ne´cessitent un patient coope´rant et sont de re´alisation difficile chez l’enfant. Ils sont indique´s dans les formes graves avec absence d’e´bauche de re´cupe´ration ou lorsqu’une chirurgie de de´compression faciale est envisage´e [2,12]. La prise en charge de la PFI repose sur l’administration pre´coce d’une corticothe´rapie, a` forte dose et de courte dure´e, et d’antiviraux. Les me´ta-analyses publie´es sont en faveur d’un traitement pre´coce par corticoı¨des [13,14]. Une e´tude pe´diatrique retenue par la me´ta-analyse Cochrane et par celle de l’Acade´mie ame´ricaine de neurologie n’a pas conclu a` l’inte´reˆt des corticoı¨des chez l’enfant [15]. Une revue de la litte´rature de 2000 a` 2010 a conclu a` l’absence d’e´tudes de hauts niveaux de preuve pouvant conclure a` l’inte´reˆt de la corticothe´rapie chez l’enfant [3]. L’association a` un traitement antiviral entraıˆne un be´ne´fice possible mais reste discute´e en l’absence d’e´tudes de me´thodologie permettant de confirmer leur inte´reˆt chez l’enfant et en raison de la possibilite´ d’effets secondaires (troubles digestifs notamment) [13,16,17]. La preuve du be´ne´fice d’une chirurgie de de´compression du nerf facial n’a pu eˆtre e´tablie, particulie`rement chez l’enfant car les e´tudes concernent principalement les adultes [18,19].

Re´fe´rences [1]

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5. Conclusion Cette e´tude confirme le bon pronostic des PFI chez l’enfant et plaide en faveur d’un traitement corticoı¨de et antiviral pre´coce, notamment dans les formes les plus se´ve`res. Cependant, des essais pe´diatriques controˆle´s randomise´s seraient souhaitables pour confirmer l’inte´reˆt de ces me´dicaments et pre´ciser leurs indications.

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De´claration d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article.

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