Place de l’imagerie dans la prise en charge du cancer de l’ovaire

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MEDNUC-930; No. of Pages 3

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com Médecine Nucléaire xxx (2016) xxx–xxx

Mise au point

Place de l’imagerie dans la prise en charge du cancer de l’ovaire The role of imaging in the management of ovarian cancer P.-F. Montoriol a, C. Bourgin b, C. Valla c,d, R. Bellini a, C. Merlin c, A. Kelly c, J. Brehant a, D. Mestas c, C. Pomel b,d, F. Cachin c,*,d b

a Service de radiologie, Centre de lutte contre le cancer Jean-Perrin, 58, rue Montalembert, 63000 Clermont-Ferrand, France Service de chirurgie oncologique, Centre de lutte contre le cancer Jean-Perrin, 58, rue Montalembert, 63011 Clermont-Ferrand, France c Service de médecine nucléaire, Centre de lutte contre le cancer Jean-Perrin, 58, rue Montalembert, 63011 Clermont-Ferrand, France d UMR Inserm 990 IMTV/université d’Auvergne, 58, rue Montalembert, 63011 Clermont-Ferrand, France

Reçu le 19 février 2016 ; accepté le 22 février 2016

Résumé Médecine nucléaire et radiologie apportent des informations complémentaires et pertinentes dans la prise en charge du cancer de l’ovaire. Chaque modalité fait l’objet de recommandations nationales ou internationales, toute démontrant leur importance, en particulier lors du bilan d’opérabilité. Nous présentons ici les performances des divers outils d’imagerie disponibles en insistant sur leur rôle et place dans l’exploration du cancer de l’ovaire. # 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Cancer de l’ovaire ; Place de l’imagerie

Abstract Nuclear medicine and radiology provide additive information in the management of ovarian cancer. Each modality is subject to international or national guidelines, all demonstrating the importance of imagery especially in the operability staging. Here we present the performance of various available imaging tools with emphasis on their role and place in the exploration of ovarian cancer. # 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Ovarian Cancer; Role of imagery

1. Introduction Avec 3140 décès en 2012 en France, le cancer de l’ovaire est la quatrième cause de mortalité par cancer chez la femme. En raison d’un diagnostic souvent tardif, trois quarts des cancers sont détectés à un stade avancé (Stade IIIB ou IV). La progression de la maladie est essentiellement locorégionale sous forme d’atteinte parfois très importante de la cavité

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Cachin).

péritonéale. Même si le pronostic reste sombre dans les formes très avancées, les progrès de la chirurgie de plus en plus « agressive » et des chimiothérapies périphériques et intrapéritonéales ont permis un meilleur contrôle de la maladie. Les thérapeutes s’appuient sur « l’imageur » dans l’évaluation de l’efficacité thérapeutique. La tomographie par émission de positons (TEP) au 18F-flurodéoxyglucose (FDG) amène des informations fonctionnelles supplémentaires, en particulier lors de l’utilisation des thérapies ciblées. Radiologie et médecine nucléaire se partagent ainsi, avec leur propres forces et limites, l’exploration de la maladie ovarienne [1].

http://dx.doi.org/10.1016/j.mednuc.2016.02.012 0928-1258/# 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Montoriol P-F, et al. Place de l’imagerie dans la prise en charge du cancer de l’ovaire. Médecine Nucléaire (2016), http:// dx.doi.org/10.1016/j.mednuc.2016.02.012

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2. Place de l’imagerie conventionnelle dans la prise en charge du cancer de l’ovaire

d’une anomalie scannographique, comme par exemple une masse pelvienne résiduelle.

La radiologie « conventionnelle » intervient désormais à tous les niveaux de la prise en charge des masses ovariennes, en particulier des lésions néoplasiques. L’imagerie doit notamment permettre :

2.4. Détection des récidives

 une caractérisation fiable des masses ovariennes ;  dans certains cas, de guider un geste de biopsie à visée diagnostique ;  un bilan d’extension initial complet en cas de malignité ;  une évaluation objective de la réponse après chimiothérapie ;  une cartographie lésionnelle précise avant chirurgie ;  la détection des récidives lors du suivi post-thérapeutique. Si l’échographie est souvent la technique de première intention dans l’exploration des pathologies pelviennes de la femme, la tomodensitométrie (TDM) et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) sont devenues des compléments incontournables et restent parfaitement complémentaires. 2.1. Caractérisation lésionnelle La TDM n’a que peu d’intérêt dans cette indication. Seule la présence de graisse macroscopique et/ou de calcifications permettra d’orienter vers un diagnostic de tératome [2]. L’IRM est la méthode de choix dans la caractérisation des masses pelviennes, en particulier ovariennes, grâce à une excellente résolution en contraste. La combinaison de séquences conventionnelles, de séquences en diffusion et de la perfusion dynamique permettent la plupart du temps une distinction fiable bénin/malin [3,4]. L’absence d’irradiation est également un critère important, en particulier pour une population féminine parfois très jeune. 2.2. Bilan d’extension initial La TDM reste largement prépondérante, en raison d’une grande disponibilité, de la rapidité d’acquisition, d’une excellente résolution spatiale avec possibilité de reconstructions multiplanaires et de performances satisfaisantes, que ce soit pour l’évaluation des métastases ganglionnaires, viscérales ou péritonéales [5]. L’IRM, là encore en utilisant la séquence diffusion, donne des résultats prometteurs dans la détection des lésions de carcinose péritonéale [6]. 2.3. Évaluation de la réponse thérapeutique Le scanner est une nouvelle fois la technique de routine dans cette indication, bien souvent réalisé en première intention et permet de réaliser une « cartographie » précise de la maladie résiduelle avant prise en charge chirurgicale, lorsque celle-ci est possible [4]. L’utilisation des critères RECIST permet également une évaluation objective de la réponse sous chimiothérapie en cas de métastases viscérales. Le rôle de l’IRM est pour l’heure limité essentiellement à la caractérisation

Même si les performances sont moindres que pour le bilan d’extension initial, le scanner est souvent réalisé en première intention [5]. L’efficacité de l’IRM est reconnue dans cette indication, mais reste relativement peu utilisée. L’apport de la diffusion reste également à évaluer mais est d’ores et déjà jugé prometteur, à la fois pour la détection et la caractérisation des anomalies visualisées [5,6]. 3. Place de la TEP dans la prise en charge du cancer de l’ovaire 3.1. Diagnostic différentiel des masses annexielles et bilan d’extension. La 18FDG TEP/TDM n’est actuellement pas recommandée pour le diagnostic différentiel des masses ovariennes. Les principales limites sont à la fois un défaut de sensibilité avec la présence d’examens « faux négatifs » essentiellement dans les tumeurs de bas grade ou de taille inférieure à 10–5 mm et un défaut de spécificité avec des anomalies de fixation parfois intense en regard de tumeurs bénignes telles les cystadénomes, endométriomes, certaines formes de tumeurs germinales ou encore des lésions inflammatoires de type abcès ou granulome [7]. Les performances de l’examen sont cependant plus élevées lorsque la TEP est effectuée chez des patientes ménopausées présentant un dosage sérique de CA 125 élevé. Risum et al. ont rapporté une sensibilité et une spécificité, respectivement, de 100 et 92 % dans ce groupe sélectionné [8]. L’objectif principal du bilan d’extension est de réaliser une cartographie de l’atteinte péritonéale la plus exhaustive et ainsi d’envisager une chirurgie d’exérèse optimale. L’objectif est aussi de s’assurer de l’absence de localisations sus-diaphragmatiques qui contre-indiqueraient le temps chirurgical. Des études utilisant les TEP de dernière génération rapportent des résultats encourageants, y compris pour la détection de la maladie péritonéale. Elles confirment l’aptitude de l’examen à déceler les atteintes extra-abdominales. 3.2. Suspicion de récidive C’est d’évidence l’indication où la TEP a largement démontré son intérêt, en particulier lors de l’augmentation du CA 125 sérique pendant la phase de surveillance. La grande majorité des travaux ont démontré la supériorité de la TEP sur la TDM diagnostique. Dans la méta-analyse de Gu et al. [9] incluant 34 études, la sensibilité de la TEP a été de 0,91 (95 % IC : 0,88–0,94), supérieure à toutes les autres modalités d’imagerie. Seul le CA 125 sérique a montré une spécificité supérieure à la TEP, respectivement, 0,93 (95 % CI : 0,89–0,95) et 0,88 (0,81–0,93). Les études récentes démontrent des performances similaires entre la TEP et l’IRM, voire une sensibilité supérieure de l’IRM chez les patientes suspectes de

Pour citer cet article : Montoriol P-F, et al. Place de l’imagerie dans la prise en charge du cancer de l’ovaire. Médecine Nucléaire (2016), http:// dx.doi.org/10.1016/j.mednuc.2016.02.012

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récidive dans les mois qui suivent la chirurgie cytoréductive [10]. De façon générale, la TEP/TDM détecte un nombre plus élevé de lésions que les autres modalités d’imagerie, en particulier les atteintes sus-diaphragmatiques souvent méconnues par l’imagerie conventionnelle. Les anomalies de fixation peuvent précéder les anomalies tomodensitométriques de plus de 6 mois [11]. Enfin, la TEP modifie la prise en charge thérapeutique dans 40 à 50 % des cas [12,13].

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3.3. Évaluation de la réponse thérapeutique [5]

Peu d’études ont évalué les performances de la TEP comme outil de mesure de la réponse en situation néo-adjuvante. Les conclusions sont, de plus, contradictoires. Avril et al. ont rapporté une corrélation significative entre la survie globale et la diminution des fixations tumorales après 1 et 3 cures. La survie globale du groupe présentant une diminution de la fixation tumorale d’au moins 55 % a été en moyenne de 38,9 mois. La survie globale des autres patientes a été significativement inférieure, mesurée à 19,7 mois ( p < 0,05) [12]. Sassen et al. ne confirmèrent pas ses résultats essentiellement en raison d’un nombre important d’examens « faux positifs » [14]. Plus récemment, Risum et al. rapportèrent des conclusions plus favorables. En effet, sur une série plus large de 153 patientes, les survies globales furent, respectivement, de 33 et 25,5 mois dans le groupe répondeurs et non répondeurs ( p < 0,0001) [15]. 4. Conclusion L’exactitude du bilan d’extension réalisé par imagerie requiert une importance tout à fait particulière dans la prise en charge initiale du cancer de l’ovaire. En effet, la possibilité d’une exérèse chirurgicale large des atteintes viscérales et péritonéales conditionne directement le pronostic. En visualisant précocement les récidives, l’imagerie devrait également améliorer le contrôle de la maladie. Enfin, c’est probablement dans l’évaluation de la réponse thérapeutique que les progrès de l’imagerie sont les plus attendus.

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Déclaration de liens d’intérêts [14]

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] http://gbu.radiologie.fr/. [2] Foti PV, Attinà G, Spadola S, Caltabiano R, Farina R, Palmucci S, et al. MR imaging of ovarian masses: classification and differential diagnosis.

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Pour citer cet article : Montoriol P-F, et al. Place de l’imagerie dans la prise en charge du cancer de l’ovaire. Médecine Nucléaire (2016), http:// dx.doi.org/10.1016/j.mednuc.2016.02.012