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Revue vétérinaire clinique (2018) xxx, xxx—xxx
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ARTICLE ORIGINAL
Pratique des opérations chirurgicales et lutte contre l’infection du site opératoire chez les chiens et chats par les vétérinaires privés du Cameroun夽 Practice of surgical operations and fight against surgical site infections in dogs and cats by private veterinarians in Cameroon J. Kouamo ∗, A.G. Dongmo Kana , A.P. Zoli Département de pathologies médicale et chirurgicale, école des sciences et de médecine vétérinaire, université de Ngaoundéré, BP454, Ngaoundéré, Cameroon Rec ¸u le 6 avril 2018 ; accepté le 24 juillet 2018
MOTS CLÉS Chien ; Chat ; Infection du site opératoire ; Antibioprophylaxie ; Cameroun
Résumé En vue d’évaluer la pratique chirurgicale et les moyens de lutte contre l’infection du site opératoire chez les chiens et chats, une étude a été menée de janvier à mai 2017 dans 19 cliniques vétérinaires du Cameroun. La collecte des données faite au moyen du questionnaire a été complétée par une étude rétrospective sur une période de cinq ans. Le traitement chirurgical des plaies accidentelles (38,60 %) et les chirurgies de convenance (22,31 %) représentent les opérations les plus effectuées sur les 800 cas chirurgicaux répertoriés. La pratique des opérations de convenance varie significativement d’une espèce à l’autre (p = 0,00), les stérilisations étant plus réalisées chez le chat. La molécule aseptique la plus employée demeure la polyvidone-iodée (66,62 %). L’utilisation chirurgicale des antibiotiques s’avère inappropriée et abusive, et varie significativement d’une ville à l’autre (p = 0,00). Les molécules d’antibiotiques les plus utilisées sont l’association pénicilline-streptomycine (46,06 %) et l’association sulfaméthoxypyrydazinetriméthoprime (9,32 %). L’incidence des complications chirurgicales était de 6,58 % ; la déhiscence et l’ISO étant les complications les plus récurrentes. Le taux de mortalité anesthésique était de 0,63 %. Cette étude suggère qu’un accent soit mis sur les mesures d’asepsie
DOI de l’article original : https://doi.org/10.1016/j.anicom.2018.07.002. La lecture de cet article ouvre droit à 0,05 CFC. La déclaration de lecture, individuelle et volontaire, est à effectuer auprès du CNVFCC (cf. sommaire). ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (J. Kouamo). 夽
https://doi.org/10.1016/j.anicom.2018.07.003 2214-5672/© 2018 AFVAC. Publi´ e par Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.
Pour citer cet article : Kouamo J, et al. Pratique des opérations chirurgicales et lutte contre l’infection du site opératoire chez les chiens et chats par les vétérinaires privés du Cameroun. Revue vétérinaire clinique (2018), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2018.07.003
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J. Kouamo et al. et le suivi postopératoire, ainsi qu’une utilisation efficace des antibiotiques en prophylaxie chirurgicale. © 2018 AFVAC. Publi´ e par Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es.
KEYWORDS Dog; Cat; Surgical site infection; Antimicrobial prophylaxis; Cameroon
Summary In order to evaluate the practice of surgical operations as well as the means implemented to deal with surgical site infections in dogs and cats, a survey was undertaken from January to May 2017 in 19 veterinary clinics of Cameroon, including seven in Douala and 12 in Yaounde. Data collection using the questionnaire was supplemented by a retrospective study over a five-year period. Surgical treatment of accidental wounds (38.60%) and the convenience surgeries (22.31%) represents the operations most carried out on the 800 indexed cases. The realization of convenience operations (sterilization and esthetic surgery) varies significantly from one species to another (P = 0.00), sterilizations being more realized in the cat. The most commonly used aseptic molecule remains polyvidone-iodine (66.62%). The surgical use of antibiotics is inappropriate and abusive, and varies significantly from one city to another (P = 0.00). The most widely used antibiotic molecules are the penicillin-streptomycin combination and the sulfamethoxypyrydazine-trimethoprim combination accounting for 46.06% and 9.32% of common uses, respectively. The incidence of surgical complications was 6.58%; dehiscence and surgical site infections being the most recurrent complications. The anesthetic mortality rate was 0.63%. This study suggests that emphasis be placed on aseptic measures and postoperative follow-up, and better use of antibiotics for surgical prophylaxis. © 2018 AFVAC. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Introduction La chirurgie vétérinaire a subi une évolution fulgurante depuis 20 ans et passe désormais de la chirurgie de survie où l’on opérait pour éviter la mort, à la chirurgie préventive où le chirurgien opère avant que les troubles apparaissent, à une chirurgie réparatrice [1]. L’attachement sentimental des propriétaires pour leurs animaux de compagnie les conduit à exiger des soins similaires à ceux effectués en chirurgie de l’homme [2]. Les opérations chirurgicales servent non seulement à corriger les défauts esthétiques dans les limites de la législation en vigueur dans le pays, mais constituent également des moyens curatifs les plus efficaces que le praticien puisse employer pour traiter des échecs médicaux [3]. Cependant, le chirurgien demeure confronté à d’innombrables contraintes dont l’une des plus redoutées est l’infection du site opératoire (ISO), présentant la cause la plus commune des morbidités et mortalités postopératoires [4—8]. L’ISO se définit comme toute infection survenant dans les 30 jours qui font suite à l’acte chirurgical et affectant l’incision ou les tissus profonds sur le site opératoire [8]. Elle induit des complications de plaie avec risque de résistance microbienne, des reprises chirurgicales, l’augmentation du temps de cicatrisation, le prolongement de la douleur, l’altération de l’esthétique, un préjudice financier, voire moral pour le propriétaire et la frustration du vétérinaire [9,10]. D’après deux études prospectives et rétrospectives, l’ISO pourrait survenir dans 0,8 à 18,1 % des opérations chirurgicales chez les carnivores domestiques [10—12], les grandes variations étant liées aux
patients et aux procédures chirurgicales [8]. Les facteurs de risque influenc ¸ant le taux d’ISO sont : la durée de l’opération et la durée de l’anesthésie, la préparation aseptique, l’utilisation de certains agents anesthésiques (propofol), le type d’intervention, les pathologies endocriniennes, la durée de l’hospitalisation postopératoire, le nombre de personnes présentes dans la salle de chirurgie, le poids et l’âge de l’animal opéré [11—13]. Toutefois, l’asepsie et l’antibioprophylaxie chirurgicales sont deux outils majeurs dont l’efficacité a été démontrée dans la lutte contre l’ISO [14,15]. Les patients ayant rec ¸u une prophylaxie antibiotique ont 6 à 7 fois moins de chance de développer une ISO [11,16]. L’antibioprophylaxie ne se substitue pas aux précautions chirurgicales, mais exige en toute circonstance un geste chirurgical sûr, un traitement chirurgical aseptique et une gestion rigoureuse du patient [17]. D’autre part, une étude menée en France rapporte que les désinfectants ne peuvent se substituer à l’antibioprophylaxie chirurgicale [13]. Les céphalosporines de première génération dont lacéfazoline demeurent les antibiotiques les plus utilisés en antibioprophylaxie chirurgicale chez l’homme comme chez les carnivores domestiques ; les phases pré- et per-opératoire étant privilégiées [18—21]. Cependant, les questions sur le choix des antibiotiques ainsi que le timing et la durée de l’antibioprophylaxie restent d’actualité en médecine vétérinaire compte tenu des erreurs habituellement commises [22,23]. En effet il a été mis en exergue une utilisation abusive et inappropriée des antibiotiques périopératoires par les vétérinaires britanniques [24]. Weese et Halling [19] ont rapporté un timing inapproprié, une durée
Pour citer cet article : Kouamo J, et al. Pratique des opérations chirurgicales et lutte contre l’infection du site opératoire chez les chiens et chats par les vétérinaires privés du Cameroun. Revue vétérinaire clinique (2018), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2018.07.003
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Pratique des opérations chirurgicales et lutte contre l’infection excessive de l’antibioprophylaxie et le choix inapproprié des antibiotiques chez les chiens. Cette étude a été menée afin d’inventorier les opérations chirurgicales couramment pratiquées et d’évaluer les mesures employées pour faire face à l’ISO chez les chiens et chats au Cameroun.
Matériels et méthodes L’étude s’est déroulée de janvier à mai 2017 dans 19 cliniques vétérinaires du Cameroun, dont sept à Douala et 12 à Yaoundé. Les villes de Douala et Yaoundé ont été choisies à dessein, car, on y retrouve environ 53 % des vétérinaires installés en clientèle privée au Cameroun. La collecte des données dans les différentes cliniques répertoriées a été effectuée au moyen d’un questionnaire subdivisé en trois parties, d’interview du personnel et d’observations directes (étude transversale). Dans la première partie du questionnaire, les mesures d’antisepsie et de désinfection ont tout d’abord été évaluées, notamment en ce qui concerne les agents physiques et chimiques de stérilisation à la disposition du vétérinaire. Par la suite les différents aspects de l’asepsie du chirurgien et de l’animal opéré ont été examinés. L’utilisation périopératoire des antibiotiques a été abordée dans la seconde partie notamment en ce qui concerne la période, le rythme d’administration et la durée d’administration de ces antibiotiques. Le but ultime était d’évaluer l’efficacité des antibiotiques les plus utilisés en comparaison aux molécules recommandées dans la littérature et de mettre en évidence les éventuels risques d’apparition d’antibiorésistance. La question de l’opportunité de la mise en œuvre d’une antibiothérapie a également été questionnée ainsi que celle concernant les facteurs qui gouvernent l’utilisation de l’antibiotique. Les complications chirurgicales ont été évaluées dans la troisième partie du questionnaire. Elles concernent les complications liées à la cicatrisation des plaies, celles liées à la guérison des fractures et les complications peropératoires. Dans chacune des rubriques ci-dessus mentionnées, il était question pour les répondants de relever les complications qu’ils rencontraient lors de la pratique clinique dans une liste qui leur était suggérée. Les différents facteurs susceptibles de justifier leur survenue ont également été examinés et confrontés aux différents facteurs rapportés dans les études antérieures. Une étude rétrospective a également été menée sur une période de 5 ans. Les fiches cliniques des animaux pris en charge pendant ladite période ont été examinées afin d’inventorier les opérations chirurgicales couramment pratiquées. Pour chaque opération recensée les informations ci-après ont été relevées : l’espèce animale (chien ou chat), le motif de la chirurgie (pathologie, convenance, esthétique), l’antiseptique utilisé dans la préparation du site opératoire et dans le traitement des plaies, l’antibioprophylaxie, les complications postopératoires et le respect des rendez-vous postopératoires. Les données récoltées ont été encodées, traitées avec le logiciel Excel© version 2016, puis analysées à l’aide du logiciel IBM SPSS statistics version 23. L’analyse descriptive a été complétée par des tests de Chi2 d’indépendance. Une diffé-
3 rence était considérée comme significative pour une valeur de p inférieure à 0,05.
Résultats Inventaire des cas chirurgicaux et pathologies chirurgicales Les motifs de chirurgie les plus récurrents sont les plaies (accidentelles) représentant 38,60 % des pathologies chirurgicales enregistrées. Cette indication est suivie par des motifs de convenance (chirurgie esthétique et stérilisation) qui justifient 22,31 % des opérations effectuées quotidiennement (Tableau 1). Le Tableau 2 indique que la chirurgie cutanée et reconstructrice (traitement des plaies à 40,73 %) est l’opération la plus effectuée par les vétérinaires privés des villes de Douala et Yaoundé, suivie de la chirurgie de l’appareil génital (surtout la castration). Parmi les opérations chirurgicales réalisées à la convenance du propriétaire, la castration est la plus pratiquée (51,69 %). Il existe une relation significative entre l’espèce animale et le choix des opérations de convenance par le propriétaire [2 (1, n = 178) = 29,59 ; p = 0,00]. Les opérations de stérilisation (castration, ovariectomie et ovariohystérectomie) sont plus demandées pour les chats que pour les chiens (100 % à 67 %). Les chirurgies esthétiques de type otectomie et caudectomie sont plus sollicitées par les propriétaires de chiens.
Asepsie chirurgicale Les méthodes de stérilisation physique les plus utilisées sont le flambage à l’alcool (84,21 %, n = 16) et l’ébullition (36,84 %, n = 7) comme présentées dans le Tableau 3. L’alcool est l’agent de stérilisation chimique le plus utilisé par les vétérinaires interrogés (Tableau 3). Les techniques aseptiques classiques sont bien prises en compte par les vétérinaires lors de la réalisation des opérations chirurgicales, le port des gants étant pratiqué par tous. Le protocole aseptique employé lors de la réalisation de la plupart des opérations chirurgicales prend en compte la polyvidoneiodée. Cette dernière représente à elle seule 66,62 % des utilisations courantes (Tableau 4).
Antibioprophylaxie chirurgicale Seulement trois vétérinaires (15,78 %) pratiquent une antibioprophylaxie préopératoire, six (31,57 %) administrent l’antibiotique pendant l’opération et 19 (100 %) l’administrent après l’intervention chirurgicale. Parmi les différentes molécules d’antibiotiques utilisées par voie systémique en chirurgie des carnivores domestiques, l’association pénicilline-streptomycine apparaît la plus sollicitée, car elle représente à elle seule 46,06 % d’utilisations courantes (Tableau 5). Seule la chlorotétracycline (17,29 %) est utilisée par voie topique sous forme de spray sur le site opératoire.
Complications chirurgicales Les principales complications relevées par les cliniciens lors de la cicatrisation des plaies sont la déhiscence et l’infection
Pour citer cet article : Kouamo J, et al. Pratique des opérations chirurgicales et lutte contre l’infection du site opératoire chez les chiens et chats par les vétérinaires privés du Cameroun. Revue vétérinaire clinique (2018), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2018.07.003
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J. Kouamo et al. Tableau 1
Motifs d’interventions chirurgicales en fonction des espèces et des villes au Cameroun.
Motif de chirurgie
Douala Chat
Plaie accidentelle Convenance Fracture Othématome Hématome Tumeur Abcès cutané Luxation Inflammation Traumatisme de l’œil Entorse Œil exorbité Otite Dysplasie de la hanche Obstruction intestinale Prolapsus rectal Prolapsus vaginal Pyomètre Traumatisme Abcès de la glande anale Calcul urinaire Cryptorchidie Luxation patellaire Dystocie Hernie Kyste Obstruction de l’œsophage Œdème Paraphimosis Polype Total
10 14 2 1 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 32
(Tableau 6) citées par le même nombre de vétérinaires (n = 12 ; 63,15 %). L’incident opératoire le plus cité par les vétérinaires est l’hémorragie (n = 18 ; 94,73 %). L’union retardée lors de traitement des fractures est la complication la plus récurrente lors des chirurgies orthopédiques, car elle a été incriminée par 63,15 % de vétérinaires. L’incidence des complications chirurgicales obtenue à l’étude rétrospective était de 6,58 % pour un taux de mortalité de 0,63 %. L’incidence de déhiscence et d’ISO étaient de 1,77 % et 1,01 %, respectivement.
Discussion Plusieurs études ont déjà abordé les différents aspects de la chirurgie des carnivores domestiques et notamment la lutte contre l’ISO. Cependant, aucune étude de cette nature n’avait jusqu’à ce jour été menée au Cameroun. La présente étude avait donc pour objectif de faire le point sur la lutte contre l’ISO au Cameroun et de proposer quelques leviers pour le perfectionnement de la chirurgie. La castration et l’ovariectomie ont été les chirurgies de convenance les plus effectuées dans cette étude comme
Yaoundé Chien 152 48 27 15 25 12 15 8 7 2 0 2 3 2 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 327
Chat 18 58 2 0 0 1 3 1 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 87
Total
Pourcentage
Chien 128 58 30 44 13 25 18 9 2 4 3 1 0 0 2 2 1 2 1 1 0 0 1 0 1 1 1 1 0 1 352
308 178 61 60 38 38 37 19 9 6 5 3 3 2 2 2 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 790
38,60 22,31 7,64 7,52 4,76 4,76 4,64 2,38 1,13 0,75 0,63 0,38 0,38 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,13 0,13 0,13 0,13 0,13 0,13 0,13 0,13 0,13 0,13 0,13 100,00
observées au Canada [25,26] et aux États-Unis [27]. Ce sont des opérations relativement faciles à accomplir, très souvent demandées par les propriétaires pour éviter des portées indésirables et traiter certaines affections liées à des troubles endocriniens. Les méthodes de stérilisation empiriques (flambage à l’alcool et ébullition) demeurent à l’heure actuelle les plus utilisées au Cameroun, supplantant toutes les techniques de référence à l’instar de l’autoclave qui est le plus utilisé ailleurs [28]. Ces pratiques sont pourtant peu recommandées à cause de leurs multiples inconvénients. Le flambage à l’alcool est une méthode inefficace, car la durée d’action est nettement inférieure au temps nécessaire pour avoir une vraie stérilisation. De plus, il se forme une mince couche d’air entre la flamme et la surface de l’instrument, qui suffit à protéger les micro-organismes présents. Cette technique est en outre dangereuse, surtout si elle est effectuée à proximité des produits inflammables. L’ébullition quant à elle procure une température insuffisante pour détruire les spores, même si les formes végétatives des bactéries sont détruites après 30 minutes [29]. Le protocole aseptique le plus employé aussi bien dans la préparation du site opératoire, que dans le traitement
Pour citer cet article : Kouamo J, et al. Pratique des opérations chirurgicales et lutte contre l’infection du site opératoire chez les chiens et chats par les vétérinaires privés du Cameroun. Revue vétérinaire clinique (2018), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2018.07.003
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Pratique des opérations chirurgicales et lutte contre l’infection Tableau 2
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Distribution des opérations chirurgicales en fonction des espèces et des villes au Cameroun.
Opérations chirurgicales
Espèce Chat
Chirurgie orthopédique, (10,90 %) Plâtre Attelle et bandage Plaque et vis Amputation du membre Chirurgie de l’appareil génital, (19,45 %) Castration Ovariectomie Ovariohystérectomie Hystérectomie Chirurgie périnéale, (4,93 %) Caudectomie Réduction du prolapsus rectal Sacculectomie Réduction du prolapsus vaginal Chirurgie cutanée et reconstructrice, (55,39 %) Traitement des plaies Chirurgie de l’hématome Chirurgie de l’abcès Tumorectomie Mastectomie Chirurgie de kyste Chirurgie de la tête et du cou, (9,34 %) Chirurgie de l’othématome Énucléation Otectomie Total
Ville Chien
Douala
Total
Fréquence
Yaoundé
4 4 0 0
46 26 3 1
27 8 0 0
23 22 3 1
50 30 3 1
6,49 3,89 0,39 0,13
% % % %
34 24 15 2
61 7 6 1
35 0 11 0
60 31 10 3
95 31 21 3
12,32 4,02 2,72 0,39
% % % %
0 0 0 0
32 3 2 1
19 0 1 1
13 3 1 0
32 3 2 1
4,15 0,39 0,26 0,13
% % % %
27 0 4 0 1 0
286 39 32 24 12 1
168 25 16 5 5 0
146 14 20 19 8 1
314 39 36 24 13 1
40,73 5,06 4,67 3,11 1,69 0,13
% % % % % %
1 0 0 116
59 7 5 654
16 2 2 341
44 5 3 430
60 7 5 771
7,78 % 0,91 % 0,65 % 100,00 %
des plaies, prend en compte la polyvidone-iodée. C’était déjà le cas dans l’étude de Dewilde-Blanc [13], qui a rapporté une forte utilisation de la polyvidone-iodée par 71 % des vétérinaires exerc ¸ants au nord de la France. Les vétérinaires franc ¸ais utiliseraient cette molécule par habitude souvent acquise à l’école de formation et continueraient de l’utiliser parce qu’ils n’y trouvent pas de problème. C’est en effet la polyvidone-iodée qui est principalement utilisée en médecine vétérinaire pour ses propriétés à la fois bactéricide, fongicide et virucide et son spectre d’action très large [9,30]. Son efficacité immédiate, sa faible toxicité et sa rapidité d’action en font un antiseptique de premier choix pour la désinfection cutanée préopératoire, le traitement des plaies, le placement des cathéters et l’asepsie des champs opératoires [30,31]. Pour autant, cette molécule n’est pas parfaite, car elle possède une faible rémanence et peut facilement être inactivée en présence des matières organiques, exigeant une application répétée plusieurs fois par jour dans le traitement des plaies [9,13,22,30]. De plus, les concentrations élevées des iodophores ont été impliquées dans la nécrose tissulaire. L’iode peut également être absorbée de fac ¸on systémique via les plaies ouvertes ou les membranes muqueuses et dans certains cas réputée entraîner un dysfonctionnement de la glande thyroïde [9]. L’utilisation chirurgicale des antibiotiques est quasisystématique dans cette étude, la période postopératoire étant la plus ciblée par tous les vétérinaires interrogés.
En revanche, les antibiotiques étaient préférentiellement administrés avant et pendant la chirurgie, en Grande-Bretagne, au Canada et en France [19,24,32]. Si l’administration d’antibiotique se fait de fac ¸on abusive avec les dangers que cela implique, la situation est d’autant plus préoccupante que l’usage des antibiotiques se fait presque toujours en période postopératoire, parfois plusieurs jours après l’opération. Daude-Lagrave et al. [33] ont démontré que l’antibioprophylaxie n’était pas recommandé pour les chirurgies propres et propre-contaminées. D’autre part, il est aujourd’hui largement admis que « l’antibiothérapie de couverture » est inefficace, voire dangereuse pour prévenir la survenue d’une ISO, justifiant sa suppression systématique lors des interventions chirurgicales chez l’homme [34]. Exception faite des chirurgies dites sales ou contaminées et des cas de complication infectieuse qui autorisent une utilisation systématique de l’antibiotique [35], l’usage des antibiotiques devrait se faire en pré- et per-opératoire et s’arrêter dans les 24 heures qui suivent l’opération, de préférence dès la fin de la chirurgie [5,9,10,18,32]. L’administration des antibiotiques au-delà de 24 heures post-chirurgical n’est, a priori, pas associée à des taux d’infections postopératoires plus faibles, mais contribue au développement des surinfections, des infections nosocomiales, de germes antibiorésistants et à un préjudice financier pour le propriétaire [22]. L’incidence de l’infection augmente significativement pour chaque heure
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J. Kouamo et al. Tableau 3
Asepsie du matériel opératoire et du chirurgien.
Asepsie du matériel et de l’équipe chirurgicale
Ville
Total, (n) Pourcentage, (%)
Douala Yaoundé Stérilisation physique Autoclave Four Poupinel Flambage à l’alcool Ébullition Stérilisation chimique Formol Alcools Ammoniums quaternaires Chlorhexidine Composés iodés Eau de javel Eau oxygénée Asepsie du chirurgien et de l’équipe opératoire Port des gants Lavage des mains Lavage antiseptique des mains, (savon antiseptique) Lavage chirurgical des mains, (2 à 3 doses de savon antiseptique) Lavage simple des mains, (utilise un savon liquide ordinaire) Masque Casaque Coiffe Tenue de bloc
Tableau 4
2 1 5 2
1 1 11 5
3 2 16 7
15,79 10,53 84,21 36,84
2 5 3 0 4 5 1
4 11 1 3 9 8 1
6 16 4 3 13 13 2
31,58 84,21 21,05 15,79 68,42 68,42 10,53
7 6 6 2 2 5 0 4 6
12 12 6 7 5 12 1 3 8
19 18 12 9 7 17 1 7 14
100,00 94,74 63,16 47,37 36,84 89,47 5,26 36,84 73,68
Utilisation des agents aseptiques chez l’animal opéré en fonction des villes au Cameroun.
Agent d’asepsie
Douala
Yaoundé
Chat Polyvidone-iodée ® Sébovet Alcool Eau oxygénée Pomplaie ® Cothivet Chlorhexidine Dettol Permanganate Total
Chien
25 7 9 1 0 0 0 0 0 42
143 127 27 34 8 0 0 0 1 340
Total
Chat 76 2 1 0 0 2 0 0 0 81
Pourcentage
Chien 271 7 13 1 2 5 6 5 0 310
515 143 50 36 10 7 6 5 1 773
66,62 % 18,50 % 6,47 % 4,66 % 1,29 % 0,91 % 0,78 % 0,65 % 0,13 % 100,00 %
®
Pomplaie : préparation officinale. Cothivet = Teinture mère de Centella asiatica.
retardée dans l’administration de l’antibiotique par rapport au moment de l’inoculation [24]. L’utilisation abusive et inappropriée des antibiotiques en chirurgie se justifierait par le fait que les cliniciens ont de plus en plus un devoir de résultat, non seulement pour préserver leur réputation, mais aussi pour satisfaire les propriétaires. L’antibiotique présenterait pour eux une sécurité [13]. Par ailleurs, l’antibiotique rassure, il est encore parfois perc ¸u comme un moyen de compenser une asepsie imparfaite [24], alors que tous les rapports à ce sujet précisent bien que
l’antibioprophylaxie ne remplace en aucun cas une bonne technique chirurgicale et un respect rigoureux des règles d’asepsie. En outre, il été démontré que l’expérience du chirurgien avait une incidence plus importante que celle l’antibioprophylaxie dans la lutte contre l’ISO [33]. Les molécules les plus prisées par les vétérinaires sont les associations pénicilline-streptomycine etsulfaméthoxypyrydazine-triméthoprime. Ce résultat diffère de ceux rapportés en Grande-Bretagne (amoxicilline potentialisée), en France (céfalexine et amoxicilline/acide
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Pratique des opérations chirurgicales et lutte contre l’infection Tableau 5
Utilisation chirurgicale des antibiotiques en fonction de l’espèce et des villes.
Antibiotique
Douala
Yaoundé
Chat Pénicilline-streptomycine Chlorotétracycline Sulfaméthoxypyrydazine-triméthoprime Marbofloxacine Oxytétracycline Pénicilline Bacitracine-néomycine Amoxicilline Ampicilline Gentamicine Ciprofloxacine Colistine Doxycycline Amoxicilline-acide clavulanique Spyramycine Streptomycine Céfalexine Lincomycine Métronidazole Néomycine Riffamicine Bacitracine Chloxacilline Enrofloxacine Polymycine Sulfamides Total général
Tableau 6
7
22 0 0 6 3 4 2 1 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 40
Chien
Chat
228 3 0 16 25 36 11 18 0 4 0 0 6 5 6 1 2 2 2 0 1 1 1 1 0 1 370
53 43 18 8 11 1 6 1 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 143
Total
Fréquence
Chien 211 147 86 37 8 2 23 10 10 5 8 9 0 1 0 3 0 0 0 2 0 0 0 0 1 0 563
514 193 104 67 47 43 42 30 10 10 9 9 7 6 6 4 2 2 2 2 2 1 1 1 1 1 1116
46,06 % 17,29 % 9,32 % 6,00 % 4,21 % 3,85 % 3,76 % 2,69 % 0,90 % 0,90 % 0,81 % 0,81 % 0,63 % 0,54 % 0,54 % 0,36 % 0,18 % 0,18 % 0,18 % 0,18 % 0,18 % 0,09 % 0,09 % 0,09 % 0,09 % 0,09 % 100,00 %
Complications chirurgicales relevées par les vétérinaires.
Complications
Complications lors de la cicatrisation des plaies Déhiscence de la plaie Hématome Abcès infection Cellulite Collections liquidiennes Gangrène gazeuse Infection Complications peropératoires Agitation Automutilation Déshydratation Hématome Hémorragie L’état de choc Vomissement Complications de la chirurgie orthopédique Infection Mal union Ostéomyélite Non union Union retardée
Ville
Total, (n)
Pourcentage, (%)
Douala
Yaoundé
4 3 2 3 3 0 4
8 2 4 2 1 3 8
12 5 6 5 4 3 12
63,16 26,32 31,58 26,32 21,05 15,79 63,16
0 1 1 0 6 2 3
4 7 2 2 12 0 1
4 8 3 2 18 2 4
21,05 42,11 15,79 10,53 94,74 10,53 21,05
3 2 0 1 5
2 2 1 2 6
5 4 1 3 11
26,32 21,05 5,26 15,79 57,89
Pour citer cet article : Kouamo J, et al. Pratique des opérations chirurgicales et lutte contre l’infection du site opératoire chez les chiens et chats par les vétérinaires privés du Cameroun. Revue vétérinaire clinique (2018), https://doi.org/10.1016/j.anicom.2018.07.003
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J. Kouamo et al.
clavulanique) et des recommandations faites par la plupart des auteurs à savoir, la céfazoline [5,14,24,32]. L’usage de la pénicilline se justifierait par sa disponibilité et son coût relativement faible. D’autre part, elle peut être efficace dans le traitement des infections cutanées traumatiques (plaies infectées, abcès) et dans la prévention des complications infectieuses per- ou post-opératoires [36]. Les pénicillines sont généralement bien tolérées, même à forte dose, et leur rapport bénéfice/risque est largement favorable à l’utilisation de ces molécules en antibioprophylaxie. Les sulfamides sont des antibiotiques à large spectre, recommandés pour les infections cutanées (plaies infectées, morsures, abcès) et les complications infectieuses post-chirurgicales [36]. Cette étude révèle que les propriétaires n’honorent pas toujours les rendez-vous postopératoires. Plusieurs raisons ont été évoquées pour justifier cette attitude des propriétaires à savoir : le manque de moyens financiers pour régler les factures, la négligence, l’indisponibilité, l’éloignement par rapport à la clinique et la méconnaissance des avantages liés à l’observance. Certains propriétaires estiment de fac ¸on hâtive que l’animal se porte déjà bien et donc qu’il n’a plus besoin de soins. L’incidence élevée des complications postopératoires dans cette étude est de 6,63 %. Des résultats assez disparates ont été rapportés en Ontario à savoir 2,1 % chez le chien et 1,3 % chez le chat [26]. Toujours au Canada, Gaynor et al. [37] ont rapporté des taux de complications de 12,0 % chez le chien et 10,5 % chez le chat. Malgré les techniques chirurgicales de plus en plus sophistiquées, l’incidence des complications n’a véritablement pas baissé depuis une vingtaine d’années. Le taux élevé de déhiscence pourrait s’expliquer par des techniques chirurgicales inadéquates, mais aussi par un suivi postopératoire défaillant ce d’autant plus que plusieurs propriétaires n’honoraient pas toujours les rendez-vous postopératoires. L’ISO apparaît chez 1,01 % d’animaux opérés au Cameroun, ce qui est inférieur aux résultats rapportés à Philadelphie et à Ontario [11,12]. Ce résultat est plutôt mitigé, car on se serait attendu à un taux d’ISO relativement élevé, au regard de l’utilisation abusive et inappropriée constatée des antibiotiques. Toutes les complications infectieuses n’auraient pas été prises en compte dans les registres des cas cliniques.
Conclusion La réalisation des opérations chirurgicales au Cameroun est commandée par les traumatismes au rang desquels les plaies accidentelles, et par les motifs de convenance (stérilisation et chirurgie esthétique). La prévention des complications chirurgicales et notamment de l’ISO constitue un enjeu majeur à la réussite de l’intervention chirurgicale et donc de la satisfaction du propriétaire. Cette étude met en exergue une utilisation inappropriée et abusive des antibiotiques. Le choix des antibiotiques, le timing et la fréquence d’administration des antibiotiques sont des leviers à améliorer pour éviter la survenue des infections nosocomiales, des bactéries résistantes et du prolongement de l’hospitalisation.
Remerciements Nous voulons témoigner notre profonde gratitude aux vétérinaires cliniciens de Douala et Yaoundé pour leur participation massive à cette étude.
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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