revue de la littérature
Stratégies de lutte contre les méfaits du décalage horaire : un consensus du Collège Européen des Sciences du Sport Le nombre de voyageurs qui prennent l’avion pour effectuer des vols longue-distance transméridiens ne cesse de progresser. Parmi eux, se trouvent la plupart des athlètes de haut-niveau et leurs entraîneurs qui doivent participer aux compétitions internationales. Ce type de voyage est difficile à supporter car, en plus du stress et de la fatigue, il est susceptible de provoquer ce que l’on nomme maintenant classiquement le syndrome de décalage horaire (jet-lag). Dans la communauté sportive, une prise de conscience des symptômes et surtout des contreperformances observées lors de décalage horaire a émergé progressivement en association avec une demande très forte pour envisager des moyens de lutter contre ce syndrome. La pression a été telle qu’en fin d’année dernière le Collège Européen des Sciences du Sport a réuni un groupe de travail pour tenter d’établir des recommandations consensuelles à ce sujet. Le résultat de ce travail est un article qui est paru dans l’European Journal of Sports Science en mars dernier. Le jet-lag est principalement la conséquence d’une inadéquation entre l’horloge interne et l’heure du pays d’arrivée. Les auteurs donnent des explications sur le fonctionnement de cette horloge interne, et sur les mécanismes d’ajustement lors de dérèglements. Ce qui permet de décrire par la suite les méthodes, comportementales (horaires d’exposition à la lumière naturelle ou artificielle, des repas, de l’exercice) et pharmacologiques (mélatonine, hypnotiques), utilisables pour lutter contre le jet-lag en insistant sur les plus pertinentes pour les athlètes. Plus l’enjeu est grand et plus la stratégie mise en œuvre doit être individualisée en fonction de la direction et de la durée du vol, du nombre de fuseaux horaires traversés et des horaires d’embarquement et de débarquement à l’arrivée. L’accent est mis aussi sur l’information et l’éducation, non seulement des compétiteurs, mais aussi de toutes les personnes qui les entourent lors de ces déplacements. D. Davenne, Groupe de chronobiologie, directeur du Centre de Recherches en Activités Physiques et Sportives, Université de Caen. Reilly T, Atkinson G, Edwards B, Waterhouse J, Akerstedt T, Davenne D, Lemmer B, Wirz-Justice A. Coping with jet-lag: A position statement for the European College of Sport Science. European Journal of Sport Science, March 2007, 7(1): 1-7.
Sommeil, privation de sommeil et douleur Sommeil et douleur entretiennent des relations complexes, l’un influençant l’autre et réciproquement. Smith et al. approfondissent ces relations dans une étude contrôlée réalisée chez 32 femmes jeunes en bonne santé. Ils comparent les effets d’une réduction classique de sommeil (280 minutes de sommeil) à une situation de réveils forcés (8 réveils au cours d’une nuit) et à une nuit de privation totale de sommeil. Seule la situation de réveils forcés entraînait une augmentation des symptômes douloureux spontanés. Ceux-ci se normalisaient après la nuit de récupération. Cette étude est fort intéressante à plusieurs égards. En effet, ces résultats suggèrent que les interruptions de la continuité du sommeil perturberaient les systèmes opioïdes impliqués dans la douleur chronique. Par ailleurs, le modèle de réveils forcés est plus proche de la réalité clinique de l’insomnie et du sommeil des patients souffrant de douleurs chroniques que le modèle classique de privation et / ou réduction du temps de sommeil. Ce modèle gagnerait donc à être évalué dans d’autres contextes. M. Kerkofts Smith MT, Edwards RR, McCann UD, Haythornthwaite JA. The effects of sleep deprivation on pain inhibition and spontaneous pain in women. Sleep 2007 ; 30 : 494-505 .
Validation de l’actimétrie dans l’insomnie Alors que l’actimétrie est couramment utilisée dans les centres de sommeil, son intérêt dans l’insomnie est encore discuté et cet examen n’est toujours pas reconnu par les Caisses d’Assurance Maladie. Les auteurs ont comparé l’actimétrie avec la polysomnographie et l’agenda de sommeil chez 57 patients présentant une insomnie chronique, que celle-ci soit primaire ou dans un contexte de comorbidité. Avec leur algorithme, ils n’ont pas trouvé de différence significative dans l’évaluation par l’actimétrie et la polysomnographie des 5 paramètres étudiés : latence d’endormissement, nombre et durée des éveils intra-sommeil, temps de sommeil total et index d’efficacité du sommeil. La surestimation du temps de sommeil total par l’actimétrie n’a pas dépassé 15 minutes en moyenne. Cependant, la corrélation entre les deux méthodes était plus faible pour la latence d’endormissement avec des sous ou sur-estimation de sa durée par l’actimétrie. Cette étude montre donc que cette technique a sa place dans l’évaluation globale du degré de bonne ou mauvaise perception du sommeil chez l’insomniaque. H. Bastuji Lichstein KL, Stone KC, Donaldson J et al. Actigraphy Validation with Insomnia. Sleep 2006 ; 29(2) : 232-239.
MEDECINE DU SOMMEIL - Année 4 - Avril - Mai - Juin 2007
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