Prévalence des troubles du comportement alimentaire chez le sportif

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Science & Sports 22 (2007) 135–142 http://france.elsevier.com/direct/SCISPO/

Article original

Prévalence des troubles du comportement alimentaire chez le sportif Prevalence of eating disorders in athletes E. Filairea,*, M. Rouveixa, M. Bougeta, C. Pannafieuxb a

LAPSEP, UFRSTAPS Orléans, 2, allée du château, BP 6237, 45062 Orléans cedex, France b Pôle-Espoirs-Judo, 63, Cournon d’Auvergne, France Reçu le 10 juillet 2006 ; accepté le 1er mars 2007 Disponible sur internet le 29 mai 2007

Résumé Objectifs. – Le but de notre protocole était d’évaluer la prévalence des troubles du comportement alimentaire dans une population de sportifs (ves) pratiquant un sport individuel ou collectif à un niveau national et d’évaluer l’influence éventuelle du perfectionnisme, de l’estime de soi ainsi que de l’estime corporelle dans l’apparition de ces troubles. Matériel et méthodes. – La population était composée de 127 sujets (96 sportifs[ves]) et 31 sédentaires. La prévalence des troubles du comportement alimentaire a été évaluée à partir du Eating Attitudes Test (EAT-26). Le perfectionnisme a été évalué au moyen de l’échelle multidimensionnelle du perfectionnisme. Les échelles d’estime de soi et d’estime corporelle ont également été utilisées. Un questionnaire autoadministré a été distribué à l’ensemble des participants et a permis de collecter des informations concernant l’entraînement, les habitudes alimentaires, l’histoire menstruelle. Résultats et discussion. – Dix-neuf pour cent des sportives de notre étude atteignaient le seuil critique du EAT-26. La prévalence de développer des troubles du comportement était plus élevée chez les cyclistes (30,7 %), les judokates (25 %), et les gymnastes (22,3 %) que dans le restant de la population d’étude. Les basketteuses, les sédentaires filles ainsi que les hommes (sportifs ou sédentaires) ne présentaient pas de risque de développer des troubles. 33,1 % de sportives présentaient des troubles du cycle, le pourcentage le plus important étant retrouvé chez les sportives qui atteignaient le seuil du EAT-26 (> 20) [71,4 %] contre 27,7 % chez les sportives ayant un score du EAT-26 inférieur à 20. Conclusion. – La prévalence des troubles du comportement alimentaire serait plus importante chez les sportifs (hommes et femmes confondus) que chez les sédentaires, plus importante chez les sportives que chez les sportifs, et plus importante dans les sports à catégorie de poids ou les sports où l’esthétisme prime. Le risque de développer des troubles augmenterait lorsque le perfectionnisme orienté vers soi serait élevé et la satisfaction de son poids faible. © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract Aim. – The aim of the study was to determine the prevalence and relationships between disordered eating and psychological characteristics in 127 male and female elite athletes competing in 5 different sports and 31 non-competitive students matched for BMI and used as controls. All these parameters were assessed by a health/medical, dieting and menstrual history questionnaire, the Eating Attitudes Test (EAT-26), the Multidimensional perfectionism scale, the Body esteem scale, and the Self-Esteem scale. Results and discussion. – 19% of female athletes had scores above the cut-off point on the Eating Attitudes Test questionnaire. 30.7% of female cyclists (30.7%), 25% of judoists and 22.3% of gymnasts (22.3%) would be "at risk" of EDs (EAT-26 > 20) and 0% in the male and female sedentary groups, basket- ball group and male athlete groups. The total frequency of menstrual dysfunction among females athletes was 33.1%. Females with eating disorders presented higher menstrual disturbances (71.4%) than the non-EDs (27.7%).

* Auteur

correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (E. Filaire).

0765-1597/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.scispo.2007.03.002

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Conclusion. – The prevalence of disordered eating was higher in athletes than in sedentary groups, higher in female than in male athletes and more common among those competing in leanness-dependent and weight-dependent sports than in other sports. The prevalence of clinical eating disorders would increase when Self-oriented Perfectionism would be high and Body Satisfaction low. © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Troubles du comportement alimentaire ; Sport ; Perfectionnisme ; Estime de soi ; Estime corporelle Keywords: Eating disorders; Perfectionism; Sport; Body esteem; Self-estem

1. Introduction Les troubles du comportement alimentaire font référence à l’ensemble des attitudes, comportements et stratégies complexes associés à une préoccupation permanente du poids et de l’esthétique corporelle. Les sportifs sont confrontés à un ensemble de situations qui les exposent également aux troubles du comportement alimentaire. En effet, un pourcentage variable pouvant aller jusqu’aux deux tiers de la population concernée des athlètes rencontrerait des troubles du comportement alimentaire selon la population, le sexe, les disciplines sportives et les critères de diagnostic [11,15,25,26,30]. L’anorexie athlétique regroupe l’ensemble des comportements alimentaires subcliniques présentés par des sportifs pour lesquels un trouble réel du comportement alimentaire n’est pas défini, mais qui utilisent au moins une méthode de contrôle pondéral tel que le jeûne, les vomissements provoqués et l’utilisation de comprimés coupe-faim, laxatifs ou diurétiques [25]. Le développement des troubles du comportement alimentaire chez un individu est souvent multifactoriel, incluant une interaction complexe entre des facteurs socioculturels, environnementaux, biologiques, héréditaires, psychologiques et comportementaux. Des risques liés au sport sont généralement avancés tels que la nature de la discipline, les règlements sportifs, la fréquence des entraînements, la charge d’entraînement, le commencement prématuré d’un entraînement spécifique, la restriction alimentaire conseillée, la sous-culture liée à la discipline sportive, la personnalité, les événements traumatisants, les blessures, le surentraînement, ainsi que le comportement de l’entraîneur [1,26]. De plus, il y aurait des sports où le risque de développer des troubles du comportement alimentaire serait plus important [19,25]. Il s’agirait : ● des sports liés à l’esthétisme corporel, nécessitant une apparence particulière, tel la gymnastique, le patinage ou encore la danse [27] ; ● des sports où la minceur est souvent associée à la performance, les athlètes les plus lourds étant perçus comme les plus lents, et ce particulièrement dans les sports d’endurance ; ● des sports à catégories de poids laissant aussi place à des stratégies de restriction alimentaire en utilisant des méthodes excessives de perte de poids pouvant engendrer à terme des troubles du comportement alimentaire [30].

Certains particularismes alimentaires comme le végétarisme pourrait également masquer des troubles du comportement alimentaire [19]. Par ailleurs, il a été avancé que les sportifs présentaient un ensemble de traits de caractère qu’ils partagent avec les patients souffrant de troubles cliniques du comportement alimentaire. Parmi ceux-ci, certains semblent être des facteurs à prendre en considération tels qu’une mauvaise estime de soi, une anxiété élevée, une vulnérabilité au stress, ou un perfectionnisme tyrannisant. Bien que l’on attribue souvent ces troubles du comportement alimentaire à la population féminine, on sait actuellement qu’un nombre croissant d’hommes partage cette affection mais peu d’études sont encore disponibles à ce jour et en majorité émanent de recherches étrangères. Le but de notre protocole a donc été d’évaluer la prévalence des troubles du comportement alimentaire dans une population de sportifs(ves) français(ses) (71 filles, 25 garçons) pratiquant un sport individuel ou collectif à un niveau national, comparée à celle de sédentaires (17 garçons et 14 filles) et d’évaluer l’influence du perfectionnisme, de l’estime de soi ainsi que de l’estime de son corps dans l’apparition de ces troubles. 2. Matériel et méthodes La population était composée de 127 sujets (96 sportifs(ves) de niveau national et 31 sédentaires) dont les caractéristiques anthropométriques sont présentées dans le Tableau 1. Tous ont donné leur consentement éclairé pour prendre part à cette étude. La population de sédentaires était constituée de 31 étudiants (14 filles, 17 garçons) en première ou deuxième année d’université. Ils pratiquaient une activité physique moins de deux heures par semaine. La population de sportifs était représentée par : ● 13 cyclistes masculins et 17 cyclistes féminines (cyclisme sur route) ; ● 12 judokas et 12 judokates ; ● neuf gymnastes féminines pratiquant la gymnastique rythmique ; ● 24 nageuses (natation synchronisée) ; ● neuf basketteuses. L’ensemble de ces sportifs étaient de niveau national et pratiquaient leur activité plus de 15 heures par semaine.

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Tableau 1 Caractéristiques de la population d’étude (moyenne et déviation standard) Nombre Âge (années) Poids (kg) Sédentaires filles 14 20,2 ± 3,0 53,5 ± 5,6 Sédentaires garçons 17 21,8 ± 1,8 70,6 ± 9,3 Judokates 12 17,2 ± 1,1 57,2 ± 6,7 Judokas 12 16,5 ± 0,5 67,4 ± 13,4 Gymnastes 9 18,8 ± 3,4 49,8 ± 9,0 Cyclistes filles 13 19,3 ± 1,9 56,0 ± 5,7 Cyclistes garçons 15 21,2 ± 2,8 68,0 ± 6,5 Nageuses 24 17,8 ± 1,3 55,4 ± 4,3 Basketteuses 9 22,8 ± 2,4 61,8 ± 7,0 ** p < 0,01 : comparativement aux autres sportives ; μ : p < 0,05 : comparativement aux sédentaires.

2.1. Mesures Un questionnaire autoadministré a été distribué à l’ensemble des participants et a permis de collecter des informations concernant leur entraînement (volume, années de pratique), leur comportement alimentaire (fréquence de régimes, utilisation de purge, vomissement, prise d’alcool, aversion pour certains aliments, type de nourriture ingérée…), la prise ou non de contraceptifs oraux, l’histoire menstruelle. Les femmes ont en effet indiqué le nombre et la durée de leur cycle, ce qui a permis de les différencier en euménorrhéiques (dix cycles menstruels minimum par an), oligoménorrhéiques (de quatre à neuf cycles menstruels par an) et aménorrhéiques (moins de quatre cycles par an). Les troubles du cycle menstruel étaient définis par des cycles irréguliers (de 0 à neuf par an). Était aussi indiqué l’âge du ménarche. Les sujets ont également reporté le nombre et la nature des blessures ostéomusculaires et tendineuses dont ils avaient pu souffrir durant leur carrière. La prévalence des troubles du comportement alimentaire a été évaluée à partir du Eating Attitudes Test (EAT-26) [10]. Le perfectionnisme a été évalué au moyen de l’échelle multidimensionnelle du perfectionnisme (MPS) [13]. Les échelles d’estime de soi [23] et d’estime corporelle (BES) [20] ont également été utilisées. 2.1.1. Estime de soi globale : échelle d’estime de soi [23] Il s’agit d’une échelle, traduite en français et validée [31] mesurant l’estime de soi globale. Cet instrument permet de mesurer la perception globale des sujets quant à leur propre valeur grâce à dix affirmations de type « Je pense que je suis une personne de valeur, au moins égale à n’importe qui d’autre », « Je me sens parfois vraiment inutile ». Les participants doivent indiquer leur accord avec les dix affirmations par le biais d’une échelle de quatre points. La cote 1 signifiant « tout à fait en désaccord », la cote 2 « plutôt en désaccord », la cote 3 « plutôt en accord » et la cote 4 « tout à fait en accord ». Le total des points est sur 40 (dix représentant le niveau le plus faible d’estime de soi et 40 le niveau le plus élevé). 2.1.2. Estime corporelle : body esteem [20] Ce test permet d’évaluer l’image corporelle chez les adolescents et les adultes. Chaque participant répond aux 23 items

Taille (cm) 166,9 ± 6,82 178,4 ± 5,3 164,6 ± 5,0 174,2 ± 8,6 163,6 ± 6,0 167,3 ± 5,7 180,4 ± 5,5 166,2 ± 5,5 170,1 ± 7,7

IMC (kg/m2) 19,1 ± 1,4 22,1 ± 1,8 21,1 ± 2,4 21,9 ± 2,21 16,5 ± 6,7**μ 19,9 ± 1,1 20,8 ± 1,4 20,0 ± 1,2 21,3 ± 1,9

par une échelle de Likert à cinq points allant de 0 (jamais) à 4 (toujours). Il évalue différentes dimensions de l’estime corporelle : l’apparence : (« j’aime ce que je vois quand je regarde dans le miroir »), la satisfaction du poids : (« Me peser me déprime »), l’attribution : les évaluations attribuées aux autres en ce qui concerne son corps et son apparence (« Mon physique m’aide à avoir un rendez-vous »). Le total des points obtenus est de 92 au maximum. Un résultat total de 0 témoigne d’un degré d’image corporelle bas, alors que 92 points correspondent à une très haute image corporelle. La cohérence interne de l’estime corporelle reportée était élevée avec un alpha de Cronbach de 0,86. Concernant les trois dimensions de l’échelle d’estime corporelle, les alpha de Cronbach étaient de 74 pour l’attribution, 0,72, pour l’apparence, et de 0,81 pour le poids. 2.1.3. Le perfectionnisme : (EMP) [13] L’échelle multidimensionnelle du perfectionnisme a été traduite et validée en français [16]. Ce questionnaire se compose de 45 items auxquels l’individu doit répondre sur une échelle de Likert allant de 1 (totalement en désaccord) à 7 (totalement en accord). Ce questionnaire évalue les dimensions du perfectionnisme suivantes : Le perfectionnisme orienté sur soi « Self Oriented Perfectionism ». Il correspond au fait de se fixer des objectifs extrêmement élevés. Le perfectionnisme orienté sur autrui « Other Oriented Perfectionism ». Il renvoie aux attentes du sujet dirigées envers les autres. Le perfectionnisme socialement prescrit « Socially Prescribed Perfectionism ». Il se définit comme la perception, la croyance et le besoin d’atteindre les standards et attentes prescrites par les autres. Les alpha de Cronbach étaient de 0,83 pour la sous-échelle représentant le perfectionnisme orienté sur soi, 0,71 pour le perfectionnisme orienté sur autrui et de 0,79 pour la souséchelle représentant le perfectionnisme socialement prescrit. 2.1.4. Troubles du comportement : EAT-26 [10] La version française du « Eating Attitudes Test » [18] permet le dépistage de trois symptômes de désordres alimentaires (la diète, la boulimie et le contrôle oral). Ce questionnaire comporte 26 items formant trois sous échelles :

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● la diète, comprenant des items reliés à la préoccupation de la minceur. Elle comporte des affirmations de type « Je suis terrifiée à la pensée d’être trop grosse » ; ● la boulimie, regroupant des items évaluant les comportements boulimiques (orgies alimentaires, vomissements provoqués et purgations). Elle comporte des affirmations de type « Je vomis après avoir mangé » ; ● le contrôle oral qui regroupe les items reliés à l’anorexie et ses phénomènes (autocontrôle face à la nourriture, perception de pressions sociales encourageant une prise de poids). Elle comporte des affirmations de type « J’évite de manger quand j’ai faim ». Chaque participant répondait aux 26 items par une échelle allant de 1 (toujours) à 6 (jamais), un score total obtenu supérieur ou égal à 20 indiquant des troubles du comportement alimentaire. La consistance interne était élevée avec un alpha de Cronbach de 0,76 pour le score total du EAT. Concernant les trois sous-échelles du EAT-26, nous avons relevé un alpha de Cronbach de 0,74 pour la sous-échelle représentant la diète, 0,66 pour la boulimie et 0,63 pour le contrôle oral. L’ensemble de ces questionnaires a été rempli de manière anonyme. Ils étaient distribués par les investigateurs de cette étude. Une fois remplis, les participants les renvoyaient par courrier. 2.1.5. Paramètres anthropométriques Le poids des sujets a été évalué avec une tolérance de 0,1 kg à l’aide d’une balance portable digitale. La taille a été mesurée avec une tolérance de 0,1 cm à l’aide d’une toise. À partir de ces mesures a été calculé l’indice de masse corporelle (IMC). 2.2. Analyse statistique Les résultats sont exprimés en moyenne ± déviation standard. La normalité des distributions pour l’ensemble des variables et l’homogénéité des variances ont été étudiées au moyen des tests de Shapiro-Wilks et Levene. Nous avons normalisé les valeurs du score du EAT Global et des trois sous-échelles (diète, boulimie et contrôle oral) à l’aide de fonctions logarithmiques Les comparaisons de groupes ont été réalisées à l’aide d’analyse de variance (Anova) suivi d’un test post-hoc (test de Tukey). Des analyses multifactorielles par méthode descendante ont été réalisées afin d’évaluer les éventuels paramètres explicatifs des troubles du comportement alimentaire. Le seuil de significativité a été fixé à p < 0,05. Les statistiques ont été réalisées au moyen du logiciel SPPS version 12.1. 3. Résultats 3.1. Caractéristiques des sujets Le Tableau 1 présente les caractéristiques des sujets. Une seule différence significative apparaît concernant les valeurs de l’IMC entre gymnastes et sédentaires féminines (p < 0,05).

Ces sportives pratiquant une activité artistique ont également des valeurs d’IMC significativement inférieures aux sportives pratiquant un sport non artistique (16,54 ± 6,72 kg/m2) versus (20,63 ± 1,5) kg/m2 ; p < 0,01). Leur poids était également plus faible que celui des autres sportives (49,8 ± 9,0 kg versus 57,6 ± 0,8 kg). Cependant, cette différence n’était pas significative. Chez les hommes, aucune différence significative n’est reportée entre sportifs et sédentaires, ni entre sportifs. 3.2. Volume d’entraînement Les sportifs(ves) s’entraînaient en moyenne 16,4 ± 1,2 heures par semaine. Les nageuses (natation synchronisée) avaient le volume d’entraînement le plus élevé (24,3 ± 1,5 heures par semaine). 3.3. Âge du ménarche et troubles du cycle menstruel L’âge d’atteinte du ménarche était similaire entre sportives (13,5 ± 0,6 ans) et sédentaires (13,0 ± 1,0 ans). En revanche, les gymnastes avaient un âge du ménarche retardé comparativement aux autres sportives (p < 0,05) (Tableau 2). 16,6 % des sportives utilisaient un moyen contraceptif oral. Après exclusion des sportives qui prenaient une contraception, 33,1 % d’entre elles déclaraient avoir des troubles du cycle menstruel. (aménorrhée secondaire ou oligoménorrhée). Chez les sédentaires, elles étaient 57,1 % à utiliser un contraceptif et 7,1 % souffraient d’oligoménorrhée parmi celles qui ne prenaient pas de contraceptifs. Aucune basketteuse n’a reporté souffrir de troubles du cycle (Tableau 2). 3.4. Questionnaire Soixante pour cent des sportifs (hommes et femmes) indiquaient qu’ils perdaient plus de 1,8 kg durant la saison sportive et qu’ils limitaient leurs apports alimentaires (peu de viande rouge et de matière grasse, et de sucres simples). En dehors du régime, d’autres moyens étaient utilisés tels que le vomissement, les laxatifs, les pilules amincissantes ou encore les diurétiques, de façon isolée ou combinée. Tableau 2 Pourcentage et nombre de femmes atteignant le seuil reflétant des troubles du comportement alimentaire et ayant des troubles du cycle menstruel. L’âge de la ménarche est également reporté (moyenne et déviation standard) (EAT-26 > 20) Troubles du cycle Âge du ménarche (an) Pourcentage (n) Pourcentage (n) Sédentaires 0 (0) 7,1 (1) 13,0 ± 1,0 Judokates 25 (3) 50,0 (6) 13,0 ± 1,6 Gymnastes 22,3 (2) 50,0 (5) 15,2 ± 1,8*μ Cyclistes 30,7 (4) 20,0 (3) 13,4 ± 1,8 Nageuses 16,7 (4) 45,5 (8) 13,3 ± 1,2 Basketteuses 0 (0) 0 (0) 12,6 ± 1,5 * p < 0,05 : comparativement aux autres sportives ; μ : p < 0,05 : comparativement aux sédentaires.

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Plus spécifiquement, 8,4 % des judokates, 8,2 % des nageuses, 7,5 % des cyclistes et 11 % gymnastes avaient recours au vomissement pour perdre du poids. Vingt pour cent des gymnastes et 30 % des judokates utilisaient de façon régulière des laxatifs. Aucune basketteuse ne pratiquait de régime alimentaire. La population de sédentaires féminines perdait en moyenne 1,2 ± 0,4 kg par an. Quarante-cinq pour cent d’entre elles augmentaient leur activité physique pour perdre du poids, 10 % pratiquant en plus une restriction alimentaire sévère. Quarante pour cent des judokates, 46 % des cyclistes, et 44 % des gymnastes et nageuses percevaient une pression pour perdre du poids. Cette pression semblait être moins importante chez les sédentaires et basketteuses (28 et 11,1 %, respectivement). D’une manière plus générale, 64 % des sportives n’étaient pas satisfaites de leur poids contre 28,6 % chez les sédentaires. Quinze pour cent des judokas utilisaient régulièrement diurétiques et vomissement pour perdre du poids. quatre-vingts pour cent d’entre eux pratiquaient également le jeûne pour maigrir. Les cyclistes augmentaient leur dépense énergétique (pour 20 % d’entre eux), et 40 % utilisaient le jeûne de manière préférentielle. Vingt-cinq pour cent des judokas et 46 % des cyclistes ressentaient une pression pour perdre du poids, cette pression émanant pour 8,3 % des coaches, 25 % de leurs partenaires d’entraînement et 25 % d’eux-mêmes. 22,6 % des sédentaires masculins souhaitaient maigrir en pratiquant une activité sportive de manière plus soutenue. 14,3 % d’entre eux ressentaient une pression sociale pour perdre du poids.

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3.5. Comportement alimentaire Dix-neuf pour cent des sportives (n = 13) atteignaient le seuil critique reflétant des troubles du comportement alimentaire (score global du EAT-26 > 20). Ce seuil était atteint par 30,7 % de cyclistes, 25 % des judokates et 22,3 % des gymnastes. Aucune basketteuse n’atteignait ce seuil (Tableau 2). 71,4 % des sportives qui atteignaient le seuil critique du EAT-26 déclaraient avoir des troubles du cycle menstruel. Elles n’étaient que 27,7 % chez les sportives dont le score global du EAT était inférieur à 20. Le score global du EAT-26 ainsi que les sous-échelles de la diète et de la boulimie étaient significativement supérieurs chez les sportives comparativement aux sédentaires (+15 % : p < 0,05 ; +16 % : p < 0,05 ; +180 % : p < 0,001, respectivement). Chez les sportives, les basketteuses étaient celles qui avaient les scores les plus faibles aussi bien au score global qu’aux sous-échelles (Tableau 3). Il n’y avait aucune différence significative au niveau du score global du EAT-26 et ses sous-échelles entre sportifs et sédentaires. Les sportifs et les sédentaires n’atteignaient pas le seuil critique reflétant des troubles du comportement alimentaire. 3.6. Paramètres psychologiques Les moyennes et les déviations standard des paramètres psychologiques étudiés sont répertoriées dans le Tableau 4. Il n’y avait aucune différence significative entre sportives et sédentaires concernant le score d’estime de soi, d’estime corporelle globale et ses sous-échelles. Il en est de même pour les scores obtenus aux sous-échelles du perfectionnisme.

Tableau 3 Score obtenu au EAT-26 et à ses sous-échelles (valeurs normalisées) (moyenne et déviation standard) Sédentaires filles Sédentaires garçons Judokates Judokas Gymnastes Cyclistes filles Cyclistes garçons Nageuses Basketteuses

Score Global EAT 0,7 ± 0,2 0,8 ± 0,1 0,9 ± 0,3 0,6 ± 0,2 0,8 ± 0,5 0,9 ± 0,2 0,9 ± 0,4 0,8 ± 0,4 0,6 ± 0,2

Score diète 0,6 ± 0,3 0,7 ± 0,19 0,7 ± 0,3 0,4 ± 0,1 0,7 ± 0,4 0,8 ± 0,2 0,8 ± 0,3 0,7 ± 0,4 0,5 ± 0,2

Score boulimie 0±0 0,0 ± 0,1 0,3 ± 0,4 0,0 ± 0,1 0,2 ± 0,3 0,2 ± 0,2 0,3 ± 0,4 0,2 ± 0,3 0,1 ± 1,1

Score contrôle oral 0,2 ± 0,3 0,3 ± 0,2 0,3 ± 0,3 0,2 ± 0,3 0,2 ± 0,3 0,3 ± 0,3 0,3 ± 0,4 0,2 ± 0,3 0,1 ± 0,1

Tableau 4 Paramètres psychologiques étudiés. Seuls sont présentés ceux des sportifs(ves). Moyennes et déviation standard Basketteuses

Nageuses

Judokates

Cyclistes filles

Estime de soi 31,8 ± 6,2 28,6 ± 5,0 29,1 ± 5,5 31,3 ± 5,8 Satisfaction du poids 19,0 ± 5,6 15,7 ± 5,7 15,2 ± 7,5 17.3 ± 5,8 Apparence 25,6 ± 5,4 19,7 ± 5,9* 18,9 ± 6,5* 21.9 ± 6,1 Attribution 6,3 ± 2,4 9,8 ± 2,5 8,0 ± 2,2 9,6 ± 3,6 Estime corporelle globale 53,0 ± 10,9 45,2 ± 12,2 42,2 ± 13,5*μ 48,9 ± 12,4 Perfectionisme orienté vers soi 64,4 ± 11,6 70,5 ± 12,8 59,2 ± 13,8 66,0 ± 9,2 Perfectionisme orienté vers autrui 58,6 ± 7,2 55,3 ± 8,8 51,2 ± 8,6 59,2 ± 3,9 Perfectionisme socialement prescrit 51,0 ± 5,4 51,4 ± 10,0 52,0 ± 9,3 51,6 ± 9,2 * p < 0,05 : comparativement aux basketteuses ; μ : p < 0,05 : comparativement aux gymnastes.

Gymnastes

Judokas

30,0 ± 6,2 19,2 ± 7,6 22,2 ± 6,7 10,7 ± 3,1 52,2 ± 12,2 73,7 ± 14,4 57,7 ± 7,6 56,8 ± 10,0

32,5 ± 4,2 21,2 ± 5,7 25,4 ± 4,4 9,5 ± 2,7 56,1 ± 11,4 67,8 ± 12,8 57,5 ± 7,8 50,3 ± 7,8

Cyclistes garçons 32,6 ± 5,7 19,2 ± 7,5 32,6 ± 5,7 9,1 ± 3,1 51,1 ± 18,7 68,4 ± 11,3 58,8 ± 3,3 49,9 ± 10,7

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Tableau 5 Caractéristiques psychologiques des sportives obtenant un score global au EAT-26 supérieur à 20. Pour comparaison sont également reportées les valeurs des sportives obtenant un score au EAT < 20 (moyennes et déviation standard) EAT-26 < 20 EAT-26 > 20 Estime de soi: 30,6 ± 5,0 26,5 ± 6,6* Apparence 22,1 ± 6,2 17,1 ± 5,2* Satisfaction du poids 18,2 ± 5,7 11,1 ± 7,6*** Attribution 9,4 ± 2,9 9,2 ± 2,6 Estime corporelle globale 49,8 ± 11,2 37,5 ± 13,4* Perfectionisme orienté vers soi 65,5 ± 12,1 74,0 ± 14,6 Perfectionisme orienté vers autrui 56,5 ± 7,8 54,5 ± 11,8 Perfectionisme prescrit 51,7 ± 8,7 54,2 ± 9,3 * p < 0,05 ; *** p < 0,001 : comparativement aux sportives ayant un score EAT-26 inférieur à 20.

Les judokates et les nageuses avaient des scores significativement plus faibles à l’échelle de l’apparence (Tableau 4) comparativement aux basketteuses. Les sportives ayant un score global du EAT-26 > 20 avaient des valeurs d’estime de soi significativement plus faibles que les sportives ayant un score global du EAT-26 < 20 (–13,5 %, p < 0,05) (Tableau 5). Leurs scores obtenus aux échelles apparence et satisfaction du poids étaient également significativement plus bas (28,0 %, p < 0,05 ; 59,9 %, p < 0,001, respectivement). Des analyses de régressions permettant d’identifier les paramètres explicatifs du score global du EAT-26 ont été réalisées aussi bien chez les sportives dont le score était supérieur à 20 que chez les sportives dont le score était inférieur à 20. Chez ces dernières, l’échelle satisfaction de son poids expliquait 23,3 % (F = 16,51, β<0, p < 0,001) de la variance du score global du EAT-26. Chez les sportives atteignant le seuil critique du score du EAT-26, l’échelle satisfaction de son poids expliquait 26,8 % (F = 5,67, β < 0, p < 0,001) de la variance du score global du EAT-26, le perfectionnisme orienté vers soi en expliquant également 20,8 % (F = 16,61, β < 0, p < 0,05). Concernant les garçons, il n’y avait aucune différence quel que soit le paramètre psychologique étudié. 4. Discussion Le but de notre protocole était d’évaluer la prévalence des troubles du comportement alimentaire dans une population de sportifs des deux sexes pratiquant un sport individuel ou collectif à un niveau national et d’évaluer l’influence éventuelle du perfectionnisme, de l’estime de soi ainsi que de l’estime corporelle dans l’apparition de ces troubles. Garner et al. [10] ont montré qu’un score global au EAT-26 supérieur à 20 était un seuil de risque de développer des troubles du comportement alimentaire. Par ailleurs, la majorité des études a montré que le risque de développer ces troubles du comportement était plus important dans des sports liés à l’esthétisme corporel, (gymnastique, patinage, danse) ou encore dans les sports à catégories de poids ou d’endurance [5,29]. Nos résultats sont donc en accord avec les données de la littérature [27], la prévalence de développer des troubles du

comportement alimentaire étant plus élevée chez les cyclistes féminines (30,7 %), les judokates (25 %) et les gymnastes (22,3 %), les basketteuses et les sédentaires féminines ainsi que les hommes (sportifs ou sédentaires), ne présentant aucun trouble du comportement alimentaire. Même si la prévalence des troubles du comportement alimentaire a été étudiée chez les sportifs(ves) pratiquant une activité d’endurance, il n’existe que de rares études qui s’y sont intéressées chez des cyclistes de niveau national [12,21]. Yates et al. [33] ont rapporté une prévalence de 12 % chez des cyclistes féminines, pourcentage équivalent à celui retrouvé dans sa population d’athlètes de longue distance. Cinquante pour cent des cyclistes masculins étudiés par Ferrand et Brunet [8] atteignaient un score au EAT-26 supérieur à 20. Ces différences de résultats ne semblent pas être dues à des considérations méthodologiques, toutes ces études utilisant exclusivement des autoquestionnaires pour évaluer la prévalence des troubles. Il est communément admis que l’emploi des autoquestionnaires peut induire des réponses erronées par peur du jugement d’autrui et que d’autres outils tels l’interview sont des moyens complémentaires pour diagnostiquer les troubles du comportement [1]. Néanmoins, dans notre étude (et c’est également le cas dans les études précitées), les questionnaires anonymes étaient distribués par les expérimentateurs et renvoyaient par courrier, les entraîneurs n’ayant jamais en leur possession les tests, ce qui limite les pressions exercées par l’entourage proche des sportifs pour répondre. Le niveau de performance pour expliquer la différence de résultats au sein des cyclistes masculins entre nos travaux et ceux de Ferrand et Brunet [8] ne peut pas être avancé, les cyclistes étant de même niveau. Il a été rapporté que les sportifs présentaient un ensemble de traits de caractère qu’ils partagent avec les patients souffrant de troubles cliniques du comportement alimentaire. Parmi eux, l’estime de soi, l’anxiété, la notion de stress perçu et le perfectionnisme semblent être des facteurs à prendre en considération [14]. Les cyclistes participant à l’étude de Ferrand et Brunet [8] présentaient des valeurs élevées au niveau du perfectionnisme socialement prescrit, ce paramètre expliquant à 16 % la sous-échelle contrôle oral du EAT-26. Dans notre étude, aucune différence quelles que soient les sous-échelles du perfectionnisme n’apparaissait entre cyclistes et sédentaires (la même observation étant constatée pour les judokas). Ainsi, on peut penser que les facteurs psychologiques ont une part importante dans la différence de résultats entre nos données et celles de la littérature. Cependant, le développement des troubles du comportement alimentaire étant multifactoriel, d’autres facteurs tels biologiques, héréditaires peuvent également expliquer ces différences constatées. Il faut néanmoins souligner que même si aucun des sportifs masculins ne présentait des troubles du comportement alimentaire dans notre étude, 66,7 % des judokas et 33,4 % des cyclistes utilisaient de manière très régulière des méthodes de contrôle du poids (incluant utilisation de diurétiques et laxatifs) depuis le début de leur carrière, ce qui les plaçait toutefois dans une population à risque. Par ailleurs, peu de données existent concernant le rôle joué par la succession des régimes alimen-

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taires hypocaloriques sur la survenue des troubles du comportement alimentaire chez l’homme [28]. Dale et Landers [4] ont rapporté que les lutteurs ne souffraient que de troubles du comportement de manière très transitoire, ces troubles disparaissant après l’arrêt de la carrière. En revanche, pour Lakin et al. [17], 2,8 % des lutteurs souffraient de troubles du comportement, en particulier de boulimie. D’autres investigations semblent donc nécessaires afin de mieux appréhender la réalité de ces troubles chez le sportif de sexe masculin. Le pourcentage de cyclistes féminines atteignant un score à l’EAT supérieur à 20 était de 30,7 %, 25 % des judokates et 22,3 % des gymnastes atteignant également ce score. D’un point de vue des facteurs psychologiques, ces sportives se caractérisaient par une estime de soi, une satisfaction de leur corps et une échelle d’apparence significativement plus faibles que les sportives ayant obtenu un score au EAT-26 inférieur à 20 (Tableau 5). Par ailleurs, chez ces mêmes sportives, les sous-échelles satisfaction de son corps et perfectionnisme orienté vers soi expliquaient à 28,6 et 20,8 % respectivement le score global du EAT-26. Ainsi, en accord avec les travaux de Vohs [32], nos résultats montrent que les athlètes ayant un perfectionnisme orienté vers soi élevé et une satisfaction de leur corps faible seraient plus enclins à développer des troubles du comportement alimentaire. La différence constatée au niveau de la prévalence des troubles du comportement alimentaire entre sexe au sein d’une population pratiquant le même sport est largement reportée dans la littérature [6,7,9]. Il semblerait que l’estime de soi, le perfectionnisme et la pression sociale soient des facteurs avancés pour expliquer la survenue des troubles chez la fille, seuls le perfectionnisme et la pression sociale jouant des rôles prépondérants chez le garçon [6]. Récemment, Rivaldi et al. [22] avançaient l’idée que le rôle social attribué à chacun des sexes (esprit de compétition, force chez le garçon…) pourrait également expliquer la différence dans la survenue des troubles du comportement alimentaires entre les sexes. Un certain nombre d’études a montré que les troubles du cycle menstruel touchaient entre 6 et 79 % de sportives, les pourcentages les plus élevés étant retrouvés chez les danseuses et les athlètes de longue distance, les pourcentages les plus faibles chez les cyclistes et nageuses [2,7]. Dans notre étude, 33,1 % de sportives présentaient des troubles du cycle, le pourcentage le plus important étant retrouvé chez les sportives qui atteignaient le seuil du EAT-26 (> 20) (71,4 %) contre 27,7 % chez les sportives ayant un score du EAT-26 < 20. De plus, la prévalence des troubles du cycle était plus importante chez les judokates et les gymnastes, ce qui est en accord avec les travaux de Torstveit et Sundgot-Borgen [30]. Une relation entre la fréquence d’apparition des blessures musculosquelettiques et les perturbations du cycle menstruel a été mise en avant par Beckvid-Henriksson et al. [2] chez des athlètes de longue distance. En effet, les sportives qui semblaient à risque de développer des troubles du comportement alimentaire et qui souffraient de perturbations du cycle menstruel étaient celles qui souffraient de blessures à répétition. Dans notre étude, même si les sportives qui atteignaient le seuil critique du EAT-26

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étaient celles aussi qui souffraient le plus de perturbation du cycle, elles n’avaient pas plus de blessures que les sédentaires. Néanmoins, compte tenu du fait que l’association troubles du comportement alimentaire, cycle menstruel et ostéoporose, plus connue sous le terme de la triade, peut avoir des conséquences délétères sur la santé, il semble important que les sportives souffrant de troubles alimentaires et menstruels aient un suivi médical complet [3]. 5. Conclusion Malgré un nombre relativement restreint de sujets comparativement à d’autres études étrangères [24,30], cette étude donne des informations nouvelles sur la prévalence et la cause des troubles du comportement alimentaire au sein d’une population sportive française de niveau national. Nos résultats sont en accord avec les données de la littérature étrangère. La prévalence des troubles du comportement alimentaire serait plus importante chez les sportifs (hommes et femmes confondus) que chez les sédentaires, plus importante chez les sportives que chez les sportifs, et plus importante dans les sports, d’endurance, à catégorie de poids, et encore les sports où l’esthétisme prime. De plus, le risque de développer des troubles augmenterait lorsque le perfectionnisme orienté vers soi serait élevé et la satisfaction de son poids faible. Chez les hommes, la prévalence des troubles du comportement était de 0 %. Néanmoins, 66,7 % de judokas et 33,4 % de cyclistes déclaraient utiliser des méthodes de contrôle de poids, ce qui peut les exposer à des troubles transitoires du comportement alimentaire. Ainsi, il semble nécessaire que l’entourage des sportifs (ves) (entraîneur, préparateur physique…) soit informé des facteurs de risque et de l’étiologie des troubles du comportement alimentaire afin d’identifier rapidement ces pathologies. De plus, il paraît important, dans un but de prévention, que les sportifs à partir d’un certain niveau de performance, aient un suivi régulier incluant une évaluation psychologique et un suivi nutritionnel des sportifs, comme cela est théoriquement demandé dans le cadre du suivi longitudinal des sportifs inscrits sur les listes de haut niveau. Références [1] Beals KA, Manore MM. Disorders of the female athlete triad among collegiate athletes. Int J Sport Nutr Exerc Metab 2002;12:281–93. [2] Beckvid-Henriksson G, Schnell C, Linden-Hirschberg AL. Women endurance runners with menstrual dysfunction have prolonged interruption of training due to injury. Gynecol Obstet Invest 2000;49:41–4. [3] Comerci G, Greydanus DE. Eating disorders: Anorexia nervosa and bulimia. In: Hoffmann AD, Greydanus DE, editors. Adolescent Medicine. Stamford, CT: Appleton-Lange; 1997. [4] Dale KS, Landers DM. Weight control in wrestling: eating disorders or disordered eating? Medicine Science Sport Exercise 1999;31:1382–9. [5] Davis C, Cowles M. A comparison of weight and diet concerns and personality factors among female athletes and nonathletes. J Psychosom Res 1989;33:527–36. [6] Elgin J, Pritchard M. Gender differences in disordered eating and its correlates. Eat Weight Disord 2006;11:96–101. [7] Fairburn CG, Harrison PJ. Eating disorders. Lancet 2003;361:407–16.

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