Psychopathologie et affections neurologiques de l'adulte

Psychopathologie et affections neurologiques de l'adulte

Pratiques psychologiques 11 (2005) 303–305 http://france.elsevier.com/direct/PRPS/ Dossier Psychopathologie et affections neurologiques de l’adulte ...

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Pratiques psychologiques 11 (2005) 303–305 http://france.elsevier.com/direct/PRPS/

Dossier

Psychopathologie et affections neurologiques de l’adulte Psychopathology and neurological diseases in adult 1. Introduction : quelle place pour les psychologues dans le champ des maladies neurologiques ? En 2001, la population de l’Union européenne était estimée à 380 millions d’habitants dont 16,5 % âgés de plus de 65 ans. L’estimation de quelques maladies neurologiques était la suivante : • maladie d’Alzheimer : 2,5 millions ; • traumatismes du cerveau et de la moelle par accidents de la circulation : 60 000 morts et 1 500 000 blessés ; • accidents vasculaires cérébraux : 2 millions ; • épilepsie : 2,3 millions ; maladie de Parkinson 600 000 ; • sclérose en plaques : 230 000 (association pour le développement de la recherche sur le cerveau et la moelle épinière (adrec) http://www.adrec.org). Le secteur de recherche dans les maladies du système nerveux est très dynamique, il évolue rapidement grâce à l’essor des neurosciences. C’est aussi un enjeu de santé publique si l’on considère les handicaps engendrés par la perte d’autonomie physique et mentale, la dépendance et les répercussions familiales et sociétales. Cependant, l’absence de traitements curatifs de ces maladies et l’instabilité des traitements préventifs et symptomatiques invitent à réfléchir à l’approche éthique, et à mettre en œuvre une meilleure prise en charge psychologique des patients et de leurs proches. En ce sens, depuis une vingtaine d’années, le développement et la pression des associations de familles de malades ont joué un rôle incontestable. Pour ces raisons, les psychologues spécialisés dans ce domaine se trouvent impliqués à la fois dans l’évaluation, la prise en charge et la recherche et ils sont en nombre insuffisant. C’est dire la nécessité qu’il y a de former les futurs psychologues qui s’orienteront vers ce champ, à la clinique, à la psychopathologie, à la neuropsychologie, aux techniques d’évaluation et à la recherche clinique. En France, nos collègues psychologues–neuropsychologues institutionnels regrettent que les formations universitaires à la neuropsychologie soient généralement trop limitées à l’étude des fonctions et des lésions cérébrales, et de ce fait, séparées de la démarche clinique, qui permet pourtant une compréhension globale du sujet et de ses troubles, selon un modèle biopsychosocial. 1269-1763/$ - see front matter © 2005 Société française de psychologie. Publié par Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.prps.2005.09.007

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Les articles français de psychologies clinique et pathologique et de neuropsychologie clinique, traitant des affections neurologiques, sont généralement publiés dans des revues spécialisées en neuropsychologie ou bien dans des revues médicales de neurologie, parfois de psychiatrie et de médecine physique et de réadaptation. Grâce à cela, les médecins investis dans ce champ ont souvent une meilleure visibilité que les psychologues eux-mêmes, des spécificités du travail clinique et de recherche en psychologie auprès des malades neurologiques. C’est pourquoi il nous semble bienvenu d’ouvrir les pages de la revue « Pratiques psychologiques » à une première thématique que nous avons intitulé « Psychopathologie et affections neurologiques ». Quatre articles ont été sélectionnés. Dans ces quatre articles qui traitent de trois pathologies neurologiques impressionnantes par le handicap qu’elles entraînent : maladie d’Alzheimer, traumatismes crâniocérébraux sévères, et sclérose latérale amyotrophique (S.L.A.), les auteurs mettent le patient et sa famille au centre de la réflexion. V. Hahn-Barma nous rend compte de manière très didactique de sa pratique d’évaluation neuropsychologique, au sein d’un centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR), dans le cadre du réseau de diagnostic et de prise en charge de la maladie D’Alzheimer. Ces centres de consultation de la mémoire sont recensés par région et dépendent d’un centre expert accrédité par le ministère de la Santé. En Ile-de-France, il existe 48 lieux de « consultation mémoire » et deux centres sont labellisés experts, il s’agit de l’hôpital de la Salpêtrière et de l’hôpital Broca. Dans le contexte de la consultation mémoire, l’auteur souhaite montrer en quoi l’examen neuropsychologique est centré sur le malade et sur les bénéfices qu’il peut en attendre. C. Bungener nous présente une revue actualisée et exhaustive de la littérature sur la psychopathologie, les stratégies adaptatives et la qualité de vie dans la SLA, à la fois chez le malade et pour ses proches. Nous découvrons que c’est un champ nouveau d’investigation et de prise en charge pour les psychologues. À ce titre, il faut savoir que des postes de psychologues sont en cours de création, en équipes pluridisciplinaires, dans le domaine des maladies rares telle que la SLA. Les deux derniers articles développent une réflexion sur les traumatismes crâniocérébraux sévères (TCS). J.L. Truelle, C. Fayada et M. Montreuil expliquent pourquoi, au-delà des séquelles neuropsychologiques, ce sont les troubles de l’humeur et du comportement qui sont le principal facteur de handicap chez ces blessés. Comparés aux séquelles physiques, ils représentent un « handicap invisible » trop souvent négligé dans les expertises médicolégales et dans la prise en charge. Ils sont, à ce titre, sous-estimés quant au risque d’exclusion sociale et à l’impact sur la souffrance des familles. Le TCS a souvent pour conséquence une rupture des liens familiaux. L. Mailhan présente les résultats d’une recherche sur la qualité de vie d’un groupe de 75 personnes victimes d’un TCS et celle de leurs proches à plus de deux ans de l’accident. Les scores les plus bas de satisfaction sont rapportés par les patients modérément handicapés, alors que les personnes avec un handicap sévère ne diffèrent pas significativement du groupe de blessés ayant une bonne récupération. Ce résultat paradoxal est, en partie, expliqué par une anosognosie des troubles, chez les personnes plus sévèrement handicapées. Les personnes TCS modérément handicapées souhaitent un retour à l’état antérieur, leur niveau d’attente de récupération peut expliquer le faible score de satisfaction de la qualité de vie. L’expérience de terrain nous montre l’insuffisance tant dans les institutions que dans l’exercice libéral de la place des psychologues dans la prise en charge des patients atteints

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d’affections neurologiques. Cela suppose une formation spécifique à la dimension psychopathologie des maladies organiques. M. Montreuil Équipe de recherche en psychologie clinique, UFR de psychologie, université de Paris 8, 2, rue de la Liberté, 93526 Saint-Denis cedex, France Adresse e-mail : [email protected] (M. Montreuil).