Annales Me´dico-Psychologiques 173 (2015) 711–716
Disponible en ligne sur
ScienceDirect www.sciencedirect.com
Communication
Suicide au travail, deuxie`me partie. Fonctions et mode`les Work-related suicide, part two. Functions and models Jean-Pierre Luaute´ 25, rue de la Re´publique, 26100 Romans, France
I N F O A R T I C L E
R E´ S U M E´
Historique de l’article : Disponible sur Internet le 12 aouˆt 2015
Dans une pre´ce´dente communication (Luaute´, 2014), nous avons montre´ qu’une conception dominante en France soutenait l’existence d’un lien direct entre conditions actuelles de travail et suicide au travail. Outre le choix du lieu, des mises en accusations pre´cises de la part des suicide´s tendent a` confirmer la signification protestataire de ces actes. Ceux-ci sont a` rapprocher des mode`les de « suicide vengeance » et de « suicide sacrifice » issus d’une tradition extreˆme-orientale de la mort volontaire. L’absence de tout facteur de psychopathologie individuelle est chaque fois subsume´e. Re´cupe´re´ comme un mode majeur d’expression politique, le suicide au travail me´rite aussi d’eˆtre questionne´ comme une forme insidieuse de terrorisme. En tant que phe´nome`nes spectaculaires, les suicides au travail et le terrorisme actuel ne se conc¸oivent pas sans le roˆle des me´dias. ß 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
Mots cle´s : Facteur de risque Me´dia Sacrifice Sociologie Souffrance psychique Suicide Terrorisme Travail
A B S T R A C T
Keywords: Media Psychological suffering Risk factor Sociology Sacrifice Suicide Terrorism Working
In a previous paper (Luaute´, 2014), we have shown that a prevailing view in France advocates the existence of a direct link between the current conditions of work and work-related suicide. In addition to the choice of the whereabouts, specific accusations by those who commit suicide, tend sometimes to confirm the protesting signification of their action. Therefore, they can be regarded as modes of revenge and sacrifice closely patterned on far-eastern traditions of voluntary death. In each time, the lack of an individual psychopathological factor is subsumed. Having recourse to suicide is now viewed as a major mode of political expression which deserves to be considered as an insidious form of terrorism. At-work suicides as spectacular phenomena, as well as present days’ acts of terrorism, are inconceivable without the role of mass media in our societies. ß 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
1. Introduction Dans une pre´ce´dente communication [20] nous avons montre´ qu’une conception actuellement dominante chez certains spe´cialistes du sujet, et dans les me´dias qui les suivent, soutient l’existence d’un lien direct entre souffrance au travail et suicide au travail et que cette conception exclut toute « proble´matique personnelle ». Nous avons estime´ que le but de cette simplification e´tait de nature politique, destine´e a` utiliser le suicide comme une arme pour mettre en accusation et de´signer un ou des coupables (l’auteur d’un harce`lement, une entreprise, un syste`me oppressif tel le ne´olibe´ralisme). Cette utilisation, ou re´cupe´ration du suicide
Adresse e-mail :
[email protected] http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.07.023 0003-4487/ß 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
(quand le geste n’avait pas eu la finalite´ qu’on lui preˆte), nous e´tait apparue en opposition avec une donne´e de base de la suicidologie : le de´terminisme pluri-factoriel du suicide. Ce refus de prendre en compte les facteurs de psychopathologie individuelle conduit a` refuser l’abord psychologique et me´dical du suicidant et donc a` abandonner la recherche d’un e´tat de´pressif dont on sait pourtant qu’il est pratiquement toujours pre´sent au moment de l’acte. C’e´tait le cas dans l’exemple que nous avions analyse´, celui du malheureux D.C. qui s’e´tait immole´ par le feu devant l’agence de Poˆle Emploi a` Nantes (aucun des commentateurs1 imme´diats de son geste n’avait envisage´ la possibilite´ d’une de´pression).
1 En toute rigueur, le geste de D.C., de´signe´ inexactement comme « choˆmeur en fin de droits », n’e´tait pas une illustration des me´faits du management. Le Monde du 8 mars 2013 titrait pourtant, « La souffrance au travail a` son paroxysme ».
712
J.-P. Luaute´ / Annales Me´dico-Psychologiques 173 (2015) 711–716
L’absence de prise en compte de la psychopathologie et d’une e´ventuelle de´pression pourrait a` la rigueur se comprendre – de la part des journalistes et des non-me´decins – par la signification a priori protestataire des suicides re´alise´s sur le lieu de travail, suicides parfois accompagne´s d’accusations pre´cises laisse´es par le suicide´. Dans le cas de D.C., il s’agissait d’une protestation a` l’encontre de l’agence Poˆle Emploi accuse´e de lui refuser les indemnisations auxquelles il estimait avoir droit. Chez lui, et dans des cas similaires, il est aussi possible que la sthe´nie revendicatrice de ces sujets avant leur passage a` l’acte ait pu masquer la re´alite´ et la gravite´ de leur e´tat de´pressif. Baechler, dans son e´tude [1], a introduit puis de´veloppe´ dans un article subse´quent [2] sa « the´orie strate´gique du suicide » qui conside`re que toute conduite suicidaire doit eˆtre tenue pour la solution d’un proble`me existentiel. Il distingue alors quatre grandes familles de suicides et onze fonctions. Le terme de fonction e´quivaut pour Gatelet et al. [16] a` celui d’intention, terme qui, dans la litte´rature suicidologique contemporaine, est aussi utilise´ pour de´signer ce que la personne voulait obtenir a` travers son geste, c’est-a`-dire ce qui se rajoute a` son de´sir de mourir (si tant est que celui-ci e´tait pre´sent). Avec d’autres fonctions que celle de disparaıˆtre, le suicide comme fin devient un moyen. Il passe du domaine prive´ et intime au domaine public et, pour certains suicidants, sa fonction doit apparaıˆtre au grand jour. On opposera a` ce sujet le suicide de Ge´rard de Nerval tel qu’il avait e´te´ – un an apre`s, en 1856 – commente´ par Baudelaire : (il) « alla discre`tement, sans de´ranger personne, – si discre`tement que sa discre´tion ressemblait a` du me´pris –, de´lier son aˆme dans la rue ˆ t trouver » a` celui de D.C., commente´ par sa la plus noire qu’il pu veuve (Le Monde du 2 juin 2013) : « En s’immolant, Djamel a voulu faire passer un cri. » Nous verrons quelles sont les principales fonctions de ces suicides re´alise´s sur un lieu de travail et en public, et quels sont les mode`les qui ont pu les inspirer. Enfin, nous examinerons les liens avec le terrorisme et particulie`rement avec ce que l’on a appele´ le « terrorisme-publicitaire ». Nous nous sommes inte´resse´s uniquement aux suicides par utilisation d’un moyen violent : projection dans le vide, immolation par le feu, utilisation d’une arme blanche, pendaison. Ils sont, on le conc¸oit, ge´ne´ralement re´ussis. Ils peuvent eˆtre inopine´s ou avoir e´te´ annonce´s par des menaces. Nous avons exclu les tentatives de suicides (TS) par utilisation de moyens non violents. Notons quand meˆme que dans le cas des suicides lie´s au travail, le rapport suicides re´ussis/TS est inhabituellement fort. D’apre`s une statistique de 2006 [9] « En cinq ans en France, sur 1000 TS sur les lieux de travail, 47 % ont e´te´ suivis de de´ce`s ». Nos exemples proviennent des ouvrages qui ont e´te´ consulte´s (voir la premie`re partie de cette e´tude) auxquels nous avons ajoute´ [3] et [26] et des articles de presse mis de coˆte´ au fil des ans. Il ne s’agit pas d’un recueil exhaustif de cas, c’est une des limitations de cette e´tude. 2. Fonctions des suicides attribue´s au travail Le terme de fonction que nous avons utilise´ regroupe a` la fois les intentions du suicide´ (dans les cas ou` il avait laisse´ un message) et l’intentionnalite´ telle qu’elle est apparue aux yeux des observateurs et commentateurs du geste. 2.1. La protestation et la vengeance Le choix du lieu de travail pour se suicider e´quivaut a` une mise en cause. Pe´ze´ [23] parle a` ce sujet de « suicide de´dicace´ » ; pour Dejours et Be`gue [14], c’est « une conduite adresse´e ». Des e´crits ou messages sont parfois laisse´s pour qu’il n’y ait a` ce sujet aucune
ambiguı¨te´. Dans un cas cite´ par Font Le Bret [19], « je me suicide a` cause de mon travail a`. . . c’est la seule cause » ; dans un autre cite´ par Barba [3] « mon activite´ professionnelle est la premie`re cause : elle m’a broye´ ». Debout [12] cite le cas de ce suicide´ qui avait rajoute´ sur sa lettre de licenciement « voila` ce que vous avez fait ». Duroy [15] de´taille le cas d’un technicien de France Te´le´com qui avait e´crit : « Cette bande de charognards m’a vraiment pousse´ a` bout. Si seulement mon geste pouvait servir a` quelque chose. » Une enseignante mettait en accusation sa hie´rarchie (qui l’encourageait a` se soigner), se plaignant d’eˆtre « de´cre´dibilise´e, morige´ne´e, accable´e » (Le Monde, 7 juin 2013). Un agriculteur-e´leveur qui cultivait du maı¨s OGM avait de´pose´ a` l’endroit ou` il s’e´tait pendu un e´pi de maı¨s et le tract d’un mouvement anti-OGM qui le de´signait publiquement a` la vindicte ; ce mouvement avait pre´vu un pique-nique dans son exploitation le jour meˆme (Le Figaro, ˆ t 2007). 8 aou On a vu que c’est par des courriels que D.C. avait porte´ ses accusations contre Poˆle Emploi et menace´ de se suicider tel jour et a` telle heure devant l’agence ; dans un cas cite´ par Duroy [15], un employe´ avait envoye´ a` ses colle`gues et a` sa direction un courriel intitule´ « fin de moi ». 2.2. Le sacrifice Le cas sus-cite´ du technicien de France Te´le´com qui espe´rait que son geste puisse servir a` autrui indique de´ja` une intention sacrificielle. Une telle signification est encore plus le´gitimement infe´re´e du cas dramatique de cette enseignante qui s’e´tait immole´e par le feu dans la cour de re´cre´ation et qui avait eu la force de se pre´cipiter en flammes vers les e´le`ves en criant : « c’est pour vous que j’ai fait c¸a » (Le Nouvel Observateur, 27 octobre 2011). 2.3. Commentaires sur ces fonctions Il a e´te´ admis depuis longtemps qu’une agressivite´, empeˆche´e ou interdite, est a` la base du « suicide vengeance », la victime spe´culant sur le remords d’autrui. Ce type de suicide, reconnu par tous les auteurs qui ont e´crit sur le sujet, est signale´ par le petit nombre de ceux qui se sont spe´cifiquement penche´s sur les suicides au travail. Le « suicide vengeur » est l’un des six types isole´s par Bilheran [6]. Debout et Clavairoly [12] incluent la vengeance dans leur cate´gorie du « suicide refus » qui est celui des drames passionnels mais aussi des suicides en entreprise. Il prendrait la`, pour les auteurs, un caracte`re protestataire rejoignant alors la cate´gorie du suicide sacrifice « ou` l’on donne sa vie pour ame´liorer, pense-t-on, le sort des autres ». Baechler [1] a une conception restrictive de ce type de suicide car, pour lui, celui qui se sacrifie ne cherche a` faire pression sur personne. Il range la plupart des suicides ainsi e´tiquete´s dans sa cate´gorie du « chantage public altruiste » (quand le sujet ne retire rien pour son compte personnel). Notons que la qualification de « suicide sacrifice » est uniquement le fait des commentateurs. Ainsi, Bilheran [6] fait des suicide´s du travail « les martyrs de l’entreprise ». Nous avons de´ja` soutenu que cette he´roı¨sation de´coulait d’une volonte´ de nier au suicide´ toute fragilite´, en lui accordant au contraire des qualite´s exceptionnelles d’inte´grite´ et de courage. Ces qualite´s, pour les tenants du mouvement appele´ « psychodynamique du travail », distingueraient les suicide´s de la masse des travailleurs accuse´s d’eˆtre par leur passivite´, selon Dejours [13], les complices du patronat. Lors de ces suicides, une autre dimension psychopathologique, en lien avec l’auto-he´te´roagressivite´, peut exister, et est aussi e´vacue´e : la paranoı¨a. Une sthe´nie revendicatrice avec un monoı¨de´isme est souvent repe´re´e au cours de la pe´riode pre´-suicidaire ; ainsi D.C., les jours pre´ce´dant son geste, re´pe´tait a` sa femme « qu’il avait ses droits ».
J.-P. Luaute´ / Annales Me´dico-Psychologiques 173 (2015) 711–716
Certains des commentateurs reconnaissent certes que le conflit peut occuper toutes les pense´es de la victime mais ils e´voquent alors une « paranoı¨a situationnelle » en rapport avec le climat de suspicion et de controˆle permanent qui re`gne dans certaines entreprises [19]. Peze´ [23] dans le meˆme sens parle de re´action paranoı¨aque au travail. Les victimes de harce`lement (ou se croyant telles) reconnaissent rarement, comme Tagliavacca [26], que le conflit e´tait devenu une « obsession » et qu’il devenait parfois « paranoı¨aque ». Le suicide du de´lirant paranoı¨aque a e´te´ rarement e´tudie´, que la paranoı¨a soit lie´e a` la personnalite´ du sujet et/ou soit re´actionnelle. Nous avions montre´ il y a bien longtemps qu’elle ne constituait pas une de´fense bien solide contre la de´pression et le suicide [21]. 3. Retour sur le de´terminisme du suicide Le polyde´terminisme, auquel adhe`rent la plupart des cliniciens, ne permet pas de prendre pour argent comptant les de´clarations et accusations univoques du suicide´ telles celles que nous avons rapporte´es. De´ja`, Brierre de Boismont [8] conside´rait les « motifs alle´gue´s au moment supreˆme » comme « vrais, exage´re´s ou futiles ou faux ». Que dire alors des commentateurs qui de´cident que tel suicide a une signification sacrificielle ? Dejours, qui se de´finit honneˆtement comme un ex-psychiatre [25], estime inacceptable (sic) la the`se multifactorielle du suicide au travail car, tout a` sa conviction que la souffrance au travail est seule responsable des suicides qui s’y produisent, il e´limine toute forme de psychopathologie. Le de´terminisme sociologique pur : souffrance au travail ! suicide ne peut que rencontrer l’assentiment des sociologues. Ainsi Baudelot [4], qui e´tablit un paralle`le entre l’attitude des entreprises qui, au de´but, niaient les dangers de l’amiante et leur attitude vis-a`-vis des suicides au travail. En adepte fide`le de Durkheim, il refuse « d’entrer dans les composantes psychologiques et sanitaires » (les dirigeants des entreprises pre´tendaient que les victimes de l’amiante e´taient atteintes de fragilite´ pulmonaire tout comme les suicide´s au travail pre´tendument atteints de fragilite´ psychologique) et il ne veut raisonner que « globalement en termes de fait social ». En bonne logique, il propose de comparer, concernant les risques de suicide au travail, les entreprises selon le caracte`re humain ou non du management qu’elles mettent en œuvre mais sans pouvoir fournir aucune statistique. Ces suicides au travail, violents et spectaculaires et qui sont destine´s a` e´branler l’opinion sont d’apparition re´cente (de´but des anne´es 1990). Ils constituent maintenant une re´ponse socialement comprise a` la souffrance au travail (quelle que soit la le´gitimite´ de celle-ci). Comment ont-ils pris cette signification ? Si nous acceptons « l’humanite´ du suicide », quelles sont les sources d’un comportement si particulier ? Quels mode`les les ont inspire´s ?
713
n’oubliera (cf. infra) pas le terrorisme et la promotion qui en est faite dans certains me´dias. 4.1. Mythologies et traditions de la mort volontaire en Extreˆme-Orient L’e´pope´e du Mahaˆbhaˆrata de la mythologie hindoue fournit, avec l’exemple de Sati, une des plus anciennes mentions du suicide par le feu. Le suicide vengeance (par le feu ou non) a e´te´ ensuite incorpore´ dans la tradition bouddhique indienne et il s’est re´pandu en Chine ou` ce type de suicide e´tait utilise´ aussi bien chez les dignitaires, pour faire perdre la face a` son ennemi en cas d’e´chec dans une entreprise politique, que lors des conflits domestiques. Il y persiste dans le monde rural. Il s’agit de suicides essentiellement fe´minins dont les raisons (s’opposer a` un mariage force´, se venger d’un mari brutal, d’une belle-me`re despotique) se trouvent dans la condition faite a` ces femmes prive´es de tout autre moyen de faire entendre leur de´tresse. Il est a` signaler que la Chine est le seul pays au monde ou` le taux de suicides chez les femmes est supe´rieur a` celui des hommes. Il n’est pas possible de re´sumer les diffe´rentes phases de l’adaptation du bouddhisme au Japon et l’e´volution du suicide au fil des sie`cles. On retiendra de l’essai de Maurice Pinguet [24] l’importance, a` certaines e´poques, du suicide sacrificiel qui culmina avec l’ultime tentative des kamikazes et avec le seppuku de plusieurs ge´ne´raux apre`s la de´faite. 4.2. Le suicide vindicatif (ou vindicatoire) en Oce´anie Baudelot [4] signale les travaux des ethnologues qui, depuis Malinowski [22], ont de´crit l’existence chez ces peuplades de suicides de ce type. Malinowski donne plusieurs exemples de ces suicides publics, par pre´cipitation du haut d’un cocotier ou par absorption d’un poison. Ils ont pour mobiles, d’une part, d’expier une violation de la loi, et, d’autre part, de protester (parfois par une harangue avant le saut) contre ceux qui ont re´ve´le´ la transgression. Pascale Bonneme`re [7], a` partir d’un mate´riel ethnologique ancien, de´crit ce meˆme type de suicide dans une tribu de Nouvelle-Guine´e. Il est particulie`rement fre´quent (par pendaison) chez les femmes qui veulent se venger de leur e´poux. L’auteur convient toutefois qu’il n’est pas facile de de´meˆler le de´sespoir d’une volonte´ de semer le trouble. Nos suicide´s n’avaient bien entendu pas eu connaissance de ces travaux et ce ne sont pas ces mode`les qui ont pu les inspirer. En revanche, des suicides pre´sente´s comme purement sacrificiels et largement me´diatise´s sont connus de tous. 4.3. Deux suicides sacrificiels purs
4. Mode`les du suicide au travail Le suicide est un des propres de l’homme et ses origines se perdent dans la nuit des temps. Concernant les suicides vengeances et sacrificiels, des traces en sont trouve´es, d’une part dans les mythologies, d’autre part dans des pratiques de ce genre qui pouvaient encore eˆtre observe´es au de´but du sie`cle passe´ chez certains peuples primitifs. Nous pensons que c’est la diffusion, dans notre culture, d’une tradition extreˆme-orientale de la mort volontaire, a` partir d’exemples de suicides sacrificiels, qui a joue´ un roˆle dans l’efflorescence actuelle des suicides violents au travail. Ces suicides sacrificiels ayant e´te´ connus en Occident graˆce aux me´dias, on soulignera l’importance de la « socie´te´ du spectacle ». Il pourrait s’y eˆtre ajoute´e, particulie`rement dans notre pays, une e´volution des mentalite´s qui encourage le ressentiment et l’indignation, la re´volte et la violence. Enfin, on
Le premier exemple est celui du moine Thich Quang Duc qui, en 1963, s’est immole´ en plein Saı¨gon pour protester contre la re´pression anti-bouddhiste ordonne´e par le pre´sident catholique Diem. La photo de sa cre´mation, ou` il e´tait reste´ immobile, assis en lotus, au milieu des flammes, avait de´clenche´ un choc en Occident. D’autres moines suivirent son exemple et quelques mois plus tard, apre`s l’assassinat du pre´sident Diem, un coup d’E´tat de l’arme´e renversa le re´gime. L’immolation par le feu de Jan Palach en janvier 1969 sur la place Venceslav a` Prague a eu un retentissement immense. Par son geste, ce jeune e´tudiant voulait protester contre l’invasion de son pays par l’URSS quelques mois plus toˆt et, selon ses propres termes, « re´veiller la conscience de la nation ». Il mourut trois jours plus tard, ayant renouvele´ son message et apre`s s’eˆtre inte´resse´ au retentissement de son acte aupre`s de l’opinion publique. Vingt-neuf suicides ou tentatives suivirent dont seuls
714
J.-P. Luaute´ / Annales Me´dico-Psychologiques 173 (2015) 711–716
trois avaient un caracte`re politiquement motive´. C’est apre`s l’importante manifestation appele´e « semaine Palach » organise´e pour le vingtie`me anniversaire de sa mort que le re´gime communiste s’effondra. 4.4. Commentaires sur les suicides sacrificiels Baechler [1] qui, bien que non-me´decin, accepte le polyde´terminisme du suicide, se demande si des sujets « en situation suicidaire » n’ont pas profite´ de la conjoncture politique pour donner a` leur geste un sens altruiste et glorieux. La seule biographie de Jan Palach que nous connaissons [18] ne nous a livre´ aucune information qui puisse corroborer cette supposition. Nous lui conservons donc sa palme de martyr. Nous verrons cependant, dans un cas suivant, qu’un sujet dont le suicide retentissant a e´te´ qualifie´ par l’opinion publique de sacrificiel se trouvait probablement « en situation suicidaire ». ˆ le des me´dias 5. Ro Les suicides sacrificiels que nous venons d’e´voquer n’ont pris leur importance politique que graˆce a` leur me´diatisation. Celle-ci avait e´te´, du reste, recherche´e par leurs auteurs. La tradition extreˆme-orientale de la mort volontaire rejoint la` notre « socie´te´ (occidentale) du spectacle ». On trouve dans un film de Capra datant de 1941, L’homme de la rue (Meet John Doe), une belle illustration du pouvoir de la presse sur l’opinion publique. Le film de´crit le subterfuge d’une journaliste qui vient d’eˆtre licencie´e dans le cadre de la « restructuration » et a` qui il a e´te´ reproche´ d’e´crire des articles insuffisamment accrocheurs. Elle e´crit alors un ultime article dans lequel elle pre´tend avoir rec¸u une lettre d’un certain John Doe, qui, au choˆmage depuis quatre ans, indique qu’il va se suicider le soir de Noe¨l en se jetant du toit de l’hoˆtel de ville. L’article fait sensation et fait mouche : le public est scandalise´ et accuse la municipalite´. Cette fiction illustre aussi cette re´alite´ bien actuelle que si l’on veut attirer l’attention des me´dias il faut recourir a` une menace spectaculaire. Les acteurs de notre « socie´te´ du spectacle » sont ainsi contraints de se livrer a` une innovation permanente a` la recherche du sensationnel. On a vu a` la te´le´vision, quatre jours apre`s le suicide de D.C., et dans sa ville (qui e´tait a` l’e´poque celle du Premier ministre), un pe`re a` qui on avait retire´ la garde de son fils installe´ au faıˆte d’une immense grue dont il pre´tendait ne plus vouloir descendre tant qu’il n’aurait pas obtenu satisfaction. En mars 2014, une me`re a aussi grimpe´ en haut d’une grue mais pour de´noncer le sort fait aux autistes. Ces menaces me´ritent d’eˆtre qualifie´es de « suicide-spectacle ». 6. Une immolation par le feu qualifie´e de sacrifice Le 17 de´cembre 2010, le Tunisien Mohamed Bouazizi, aˆge´ de 26 ans, s’immola ainsi devant le sie`ge du gouvernorat de sa ville et de´ce´da 15 jours plus tard. Il ne semble pas que son geste ait e´te´ altruiste en un sens premier. Il s’agissait probablement chez ce jeune vendeur ambulant d’un geste de de´sespoir et de re´volte individuelle a` l’encontre des policiers qui voulaient lui faire payer une amende (il avait toujours refuse´ de payer une patente) et qui lui avaient confisque´ sa marchandise et sa balance. Aux termes d’une enqueˆte approfondie, Chabert-Dalix [10] corrige la le´gende qui faisait de lui un diploˆme´ sans travail, le´gende que Tahar Ben Jelloun [5] avait reprise, en reconnaissant toutefois qu’il avait e´crit une « fiction re´aliste et poe´tique ». Plusieurs te´moignages rapportaient que le jeune homme e´tait, avant son geste, tre`s e´nerve´, rouge de cole`re, peut-eˆtre humilie´ par une gifle qu’il aurait rec¸ue d’une policie`re (celle-ci a toujours nie´ la gifle, mise en prison elle avait entame´ une gre`ve de la faim). Enfin, d’apre`s un te´moignage isole´ [10], Mohamed,
qui avait accumule´ les de´convenues professionnelles, n’allait pas bien depuis quelque temps : « Il s’e´nervait plus vite, parfois il criait. . . C’est comme s’il faisait semblant de rire et d’eˆtre normal, mais je crois, rapporte le te´moin, qu’il e´tait mal, tre`s mal. » Un e´tat de´pressif nous paraıˆt donc possible. Le geste de Bouazizi rencontra un e´norme e´cho aupre`s de la population, surtout parmi les jeunes durement frappe´s par le choˆmage et re´volte´s par la corruption du pouvoir. Son geste fut de`s lors reconnu comme celui d’un martyr et il fut a` l’origine des e´meutes qui conduisirent au de´clenchement de la re´volution du printemps suivant. 7. Efficacite´ politique du suicide sacrificiel (ou du chantage public altruiste) Comme Baechler l’a souligne´ [1], l’impact sur l’opinion publique n’entraıˆne pas que celle-ci ait le pouvoir d’agir sur les autorite´s. Elles ne ce´deront pas si ce que l’on re´clame d’elles menace leur propre existence. Ainsi, l’efficacite´ du suicide des bonzes en 1963 est probablement lie´e au fait que les autorite´s ame´ricaines s’appreˆtaient a` retirer leur appui au re´gime Diem. A contrario, les nombreux suicides par le feu des moines tibe´tains qui refusent l’annexion de leur pays par la Chine n’ont jamais fait plier les autorite´s de Pe´kin. L’efficacite´ du suicide de Jan Palach a e´te´ tre`s retarde´e : au moment ou` le re´gime communiste e´tait affaibli et comple`tement de´conside´re´. Dans le cas de Mohamed Bouazizi, tous les commentateurs s’accordent pour conside´rer que son suicide a e´te´ l’e´tincelle qui a mis le feu aux poudres. 8. Liens avec le terrorisme Nous avons dit que les sujets qui se suicident sur leur lieu de travail se trouvaient parfois dans des e´tats d’exaltation et de sthe´nie revendicatrice proches de la paranoı¨a, estimant se battre seul contre un syste`me tout-puissant. Sans aller jusqu’a` conside´rer le terrorisme comme un mode`le ayant pu les inspirer, certains candidats au suicide peuvent avoir eu en teˆte l’exemple des auteurs d’attentats-suicides. Leurs gestes sont souvent pre´sente´s comme illustrant le combat he´roı¨que du faible contre le fort, ce qui constitue, selon Chaliand et Blin, une « innovation stupe´fiante du martyrat » [11]. Au meˆme titre que le « suicide-spectacle », le terrorisme moderne entretient un lien indispensable avec les me´dias et il n’existe de´ja` que lorsque les me´dias ne sont pas asservis au pouvoir [11]. Mais les me´dias, de´tourne´s de leur roˆle d’information, peuvent aussi devenir le support de ce qu’on a appele´ le « terrorisme-publicitaire », c’est-a`-dire de l’effet de propagande que les terroristes attendent en priorite´ de leurs actes [11]. L’essayiste Marcela Iacub, dans une chronique retentissante publie´e dans Libe´ration le 17 mai 2013, a fait la meˆme analyse en re´ponse aux articles, parus dans ce journal, qui soulignaient le « phe´nome`ne nouveau » du suicide au travail. Non seulement elle s’insurgeait contre le pre´tendu « rapport indiscutable de causalite´ », mais elle pointait la responsabilite´ des journalistes qui valident « cet acte terrible comme un moyen le´gitime de protestation, aux de´pens de la parole individuelle et collective ». Elle estimait en conse´quence qu’il faut « de´conside´rer le suicide comme moyen d’expression politique de la meˆme fac¸on que l’on traite les actes de terrorisme ». Pour elle, les suicide´s sont « des manie`res de terroristes au point de vue politique car ils se servent du meurtre d’eux-meˆmes comme arme au lieu de faire appel a` la parole ». Enfin, elle conside´rait les journalistes qui valident ces proce´de´s comme des complices, voire des commanditaires. Nous avons signale´ quelles e´taient les sources intellectuelles des journalistes qui e´crivent sur le sujet.
J.-P. Luaute´ / Annales Me´dico-Psychologiques 173 (2015) 711–716
ˆ lant. D’autres questions Nous n’avons pas e´puise´ ce sujet bru me´riteraient d’eˆtre pose´es et d’abord celle-ci : ce phe´nome`ne de suicide au travail est-il ou non propre a` notre pays ?2 Ne tient-il pas au culte ancien de la violence parmi nos e´lites intellectuelles [17] et aux mouvements libertaires d’indignation tels qu’ils ont e´te´ encourage´s par l’intelligentsia ces dernie`res anne´es ? Mais cela est une autre histoire qui de´passe le champ me´dical. En revanche, une autre question, rarement e´tudie´e (et refuse´e par les tenants de la responsabilite´ pure des entreprises) me´rite d’eˆtre aborde´e : c’est la contagion suicidaire et l’effet d’imitation. 9. Conclusions En reprenant la conclusion de notre premie`re communication, nous continuons a` penser que l’exclusion, par certains the´oriciens du suicide au travail, de tout facteur de psychopathologie individuelle s’inscrit dans une re´cupe´ration du suicide insoutenable et dangereuse. Voir illustre´e par de malheureux suicide´s la justesse d’une the´orie peut conduire a` oublier que leur geste peut eˆtre parfois pre´venu et que leur e´tat mental doit eˆtre explore´ et, le cas e´che´ant, traite´. ˆ ts De´claration d’inte´re L’auteur de´clare ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article.
Re´fe´rences [1] Baechler J. Les suicides, pre´face de Raymond Aron. Paris: Calmann-Levy; 1975. [2] Baechler J. Une the´orie strate´gique du suicide. Encephale 1996;4:4–9. [3] Barba T. Le livre noir de la poste. Paris: Jean-Claude Gawsewitch; 2013.
715
[4] Baudelot C. Suicide vindicatif : a` propos des suicides sur le lieu de travail. In: Effets et conse´quences du suicide sur l’entourage : modalite´s d’aide et de soutien. Paris: Audition Publique organise´e par la Fe´de´ration Franc¸aise de Psychiatrie; 2009. [5] Ben Jelloun Tahar. Par le feu. Paris: Gallimard; 2011. [6] Bilheran A. Le suicide en entreprise. Marseille: Se´miode; 2010. [7] Bonneme`re P. Suicide et homicide : deux modalite´s vindicatoires en NouvelleGuine´e. Stanford French Review 1992;16:19–43. [8] Brierre de Boismont A. Du suicide et de la folie suicide. Paris: Germer Baillie`re; 1856. [9] Carre´ JM. J’ai (tre`s) mal au travail. Film documentaire ; 2006. [10] Chabert-Dalix L. Bouazizi. Une vie. Une enqueˆte. Tunis: Ce´re`s; 2012. [11] Chaliand G, Blin A. Histoire du terrorisme, ouvrage collectif sous la direction de Ge´rard Chaliand et Arnaud Blin. Paris: Bayard; 2006. [12] Debout M, Clavairoly G. Le suicide, un tabou franc¸ais. Paris: Pascal; 2012. [13] Dejours C. Souffrance en France. La banalisation de l’injustice sociale. Paris: Seuil; 1998. [14] Dejours C, Be`gue F. Suicide et travail, que faire ?. Paris: PUF; 2009. [15] Du Roy I. Orange stresse´ : le management par le stress a` France Te´le´com. Paris: La De´couverte; 2009. [16] Gatelet R, Hardy P, Bungener C. Les « fonctions suicidaires » : revue de la litte´rature et perspectives. Encephale 2012;38:118–25. [17] Judt T. Un passe´ imparfait. Les intellectuels en France 1944–1956. Paris: Fayard; 1992. [18] Lederer J. Jan Palach. Ein biographischer Bericht. Zu¨rich: Unionsverlag; 1982. [19] Ledun M, Font Le Bret B. Pendant qu’ils comptent les morts : entretien entre un ancien salarie´ de France Te´le´com et une me´decin psychiatre. Paris: la Tengo; 2010. [20] Luaute´ JP. Utilisation-re´cupe´ration du suicide au travail a` des fins politiques. Premie`re partie : un de´terminisme social pur. Ann Med Psychol 2014;172: 71–5. [21] Luaute´ JP, Bertrand C, Javellot B. L’e´coute du paranoı¨aque suicidant. Psychol Med 1977;9:1627–9. [22] Malinowski B. Trois essais sur la vie sociale des primitifs. Paris: Payot & Rivages; 2001. [23] Peze´ M. Ils ne mouraient pas tous : journal de la consultation « Souffrance et Travail ». Paris: Pearson; 2008. [24] Pinguet M. La mort volontaire au Japon. Paris: Gallimard; 1984. [25] « Suicide et travail ». Colloque International de Psychodynamique et Psychopathologie du Travail. Paris; 11 et 12 octobre 2013. [26] Tagliavacca S. Harcele´. Comment mon patron a fait de ma vie un enfer. Paris: Edilivre; 2009.
Discussion Dr P. Moutin.– Votre inte´ressante communication me rappelle que dans l’ouvrage sur La Psychiatrie militaire, re´dige´ avec le Professeur Pierre Juillet, publie´ en 1969, nous avions e´tudie´ les conduites suicidaires en milieu militaire (suicides et conduites suicidaires) et e´voque´ le the`me des « fonctions : plutoˆt que de s’attacher a` essayer de distinguer des tentatives de suicide authentiques et des « pseudo-tentatives de suicide », il semble pre´fe´rable d’appre´cier, a` propos de chaque cas, les diffe´rentes « fonctions » du geste suicidaire : fonction autodestructrice, he´te´roagressive, d’appel, ordalique, de fuite, de chantage. Actuellement, je me demande si ce ne serait pas mieux de remplacer les « fonctions », au sens trop ge´ne´ral, par « motivations », ce qui nous rapprocherait de la personne concerne´e. Qu’en pensez-vous ? Dr J. Garrabe´.– Il faudrait distinguer ce que nous appelons en Occident « suicide » de ce l’on nomme au Japon « morts volontaires » qui sont re´gies par des gestes et des rituels bien perc¸us qui leur donnent une signification. Le suicide de Mishima avait fait scandale car celui-ci s’e´tait tue´ en pratiquant le seppuku (harakiri) qui est re´serve´ aux samouraı¨s, ce qu’il n’e´tait pas. Un ˆ se tuer en s’asphyxiant au charbon de e´crivain comme lui aurait du bois, comme l’a fait son maıˆtre le prix Nobel Kawabata.
2 Bien que l’un des objectifs du colloque [25] ait e´te´ de re´pondre a` cette question, les comptes rendus des interventions ne confirment pas que les suicides au travail (par de´rive du management) soient aussi fre´quents hors de France.
Ce mode de mort donne une indication sur le sens que donne a` son geste celui qui se donne la mort : protestation, vengeance, dette d’honneur. Pr M. Laxenaire.– J’aurais voulu rappeler que le peuple japonais e´tait un des peuples les plus suicidaires de la Terre non seulement a` cause des kamikazes, mais par l’invention du suicide d’honneur, le seppuku. Le suicide de Mishima, e´crivain connu, en est un exemple majeur. Je voulais aussi vous demander ce que vous pensez des suicides collectifs : celui, historique, des « vieux croyants » dans la Khovantchina, ope´ra de Moussorgski, aux plus re´cents du Guyana ou du Temple solaire. Mme N. Chidiac.– Je vous remercie pour votre communication qui nous permet de lire la magnifique nouvelle de Herman Melville, Bartleby le scribe, sous l’angle d’un suicide sur le lieu de travail. Par ailleurs, il faut pre´ciser que Mishima, avant son seppuku, avait organise´ une prise d’otages. Terrorisme et mort volontaire ici sont lie´s. Re´ponse du Rapporteur.– Au Dr Moutin : Je vous remercie de votre remarque car il se trouve que j’avais initialement choisi le mot motivation. Je l’ai finalement remplace´ par fonction, en assignant a` ce mot, comme je l’explique dans le texte, le sens d’une intention, au-dela` de sa propre disparition, que le suicide´ poursuivait a` travers son geste. Au Dr Garrabe´ : Vous avez bien entendu remarque´ que j’avais, pour les suicides au Japon, utilise´ le terme de « mort volontaire » ;
716
J.-P. Luaute´ / Annales Me´dico-Psychologiques 173 (2015) 711–716
c’est une re´fe´rence oblige´e au remarquable essai de Maurice Pinguet. Il y souligne le caracte`re hautement sacrificiel dans ce pays du geste que nous appelons suicide. Au Pr Laxenaire : Je crois qu’il faut distinguer, a` propos des suicides collectifs, les suicides quasiment simultane´s (qui sont DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.07.023 0003-4487/ http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2015.07.024
souvent des suicides assiste´s) qui sont le fait de membres de mouvements sectaires, et les suicides qui suivent un geste spectaculaire porte´ a` la connaissance du public qui s’apparentent aux Phe´nome`nes Psychoge´niques Collectifs. La` entrent en jeu les me´canismes de l’imitation, de l’identification, etc.