Vous avez dit bienveillance ?

Vous avez dit bienveillance ?

REVHOM 414 No. of Pages 2 La Revue d'Homéopathie 2017;xx:1–2 Éditorial Vous avez dit bienveillance ? Bernard Poitevin (Allergologue Homéopathe) e «...

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REVHOM 414 No. of Pages 2 La Revue d'Homéopathie 2017;xx:1–2

Éditorial

Vous avez dit bienveillance ? Bernard Poitevin (Allergologue Homéopathe)

e « monde nouveau » qui s'annonce doit être placé sous le signe de la compréhension et de la bienveillance. Comment ne pas partager cet état d'esprit ? Nous pouvions espérer, dans ce contexte propice au dialogue, que des textes récents du ministère de la Santé et des affaires sociales précédent soient modifiés. La position gouvernementale sur les vaccinations semble encore pouvoir être l'objet d'adaptations comme le recommande le Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE) [1] qui rappelle que « les vaccins n'ont pas tous la même pertinence clinique, le même intérêt individuel et/ou collectif, ni le même profil de tolérance » et préconise « de s'appuyer sur une approche spécifique énonçant les balances bénéfices/risque vaccin par vaccin ». Par contre, il est étonnant de constater que la position du ministère de la santé sur les médecines non conventionnelles, prise en fin d'année 2016, ne soit guère modifiée dans la mise à jour récente [2]. Nous ne nous attarderons pas ici sur les détails de ce texte qu'il est très utile de consulter avec précision par chaque médecin concerné. Notons seulement un état d'esprit qui ne semble pas particulièrement imprégné de bienveillance et de volonté de dialogue : remarques restrictives sur les diplômes universitaires et inter-universitaires ; longue liste de questions à poser par les patients, questions dont certaines sont justifiées, mais dont la présentation induit un climat de méfiance a priori, opposé au climat de confiance qui caractérise la consultation médicale ; références juridiques certes utiles mais renvoyant à des situations d'escroquerie, de fraude, de dérive sectaire. On peut se demander, à la lecture de ce texte, s'il existe des médecins non conventionnels « normaux » ! Notons également qu'il existe des fiches d'information, à consulter en annexe, relatives à l'hypnose, la mésothérapie, l'ostéopathie, la pédicure, la chiropraxie, l'acupuncture et l'auriculothérapie, ce qui est justifié. Plus curieuse est la présence de deux fiches sur le « jeûne à visée préventive ou thérapeutique » et la « biologie totale ». Il n'y a pas de fiche sur l'homéopathie, ce qui laisse la porte ouverte à deux possibilités : soit elle est intégrée dans la « médecine conventionnelle », soit elle ne présente pas un intérêt médico-social suffisant pour qu'une fiche lui soit attribuée. Curieuse carence d'un texte officiel destiné à éclairer les patients. Aussi, nous aimerions demander aux rédacteurs de ces documents où ils situent l'homéopathie. Dans l'attente de leur réponse, nous devons constater que ce document a le grave inconvénient d'opposer médecine conventionnelle et non conventionnelle, ce qui ne correspond pas à la culture et à l'usage de la population française, population qui s'approprie les différentes thérapeutiques et les intègre dans les soins courants. La pratique de chacun d'entre nous repose sur l'idée que cette intégration est meilleure lorsqu'elle est faite avec et par des médecins formés aux thérapeutiques conventionnelle et non conventionnelles, De nombreux médecins font l'effort d'acquérir et de maintenir à niveau cette double compétence et il serait préférable d'encadrer ces formations plutôt que de les en détourner. La grande majorité des médecins intégrant dans leur pratique médicale des méthodes « non conventionnelles », sont conventionnés, de « secteur 1 » pour beaucoup de médecins homéopathes actuellement, et effectuent pour chaque patient une démarche diagnostique appropriée. S'ils prescrivent aussi des médicaments « classiques », ils sont souvent conduits à explorer les effets indésirables des médicaments conventionnels, souvent utiles, parfois non, ou prescrits à dose excessive. Ils adaptent les thérapeutiques conventionnelles et non conventionnelles à la pathologie et à sa gravité, ainsi qu'au patient, à son histoire médicale et sa culture, et ne comprennent pas cette opposition et ce climat de méfiance qu'ils ne ressentent aucunement auprès de leurs patients. Beaucoup participent de plus à l'enseignement, universitaire pour certains, dans des écoles privées indépendantes pour d'autres, s'intéressent à l'évaluation et à la recherche. Ils considèrent comme une priorité de santé publique que des médecins bien formés soient les prescripteurs de thérapeutiques non conventionnelles parce que c'est la meilleure garantie de sécurité pour les patients. Il leur est alors difficile de comprendre la publication de ces textes officiels qui tendent à les marginaliser et les disqualifier aux yeux des patients. « Savoir rester original sans devenir marginal » titrait le Quotidien du médecin en Octobre 1985 à propos d'une présentation faite avec le Dr Michel Aubin sur la recherche en homéopathie lors de la Semaine homéopathique de Paris. Nous reconnaissons l'originalité de l'homéopathie, son

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Pour citer cet article : Poitevin B. Vous avez dit bienveillance ? La Revue d'Homéopathie (2017), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.revhom.2017.07.026

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Éditorial caractère singulier lié à l'approche du terrain du patient et à l'utilisation des hautes dilutions et nous sommes conscients des questions médicales et scientifiques que leur usage thérapeutique soulève. Les travaux de recherche arrivent progressivement à maturité [3], comme en témoigne l'actualisation des données en 2015 dans un document de synthèse fait 20 ans après un travail similaire [4]. Ces progrès seraient favorisés par l'intégration du thème « homéopathie » dans les projets de recherche de médecins suivant cette formation universitaire. Nous sommes prêts à participer à « une évaluation accomplie sans hâte ni hostilité » [5], selon les termes adaptés d'un ancien ministre de la santé, Bernard Kouchner. Mais nous n'acceptons pas d'être marginalisés, ceci parce que nous soignons avec conscience et sincérité, dans le cadre d'une compétence professionnelle acquise, des patients qui sont les mêmes que ceux consultant nos confrères utilisant les seules pratiques conventionnelles. L'homéopathie est intégrée de fait dans la pratique médicale française, européenne et mondiale également, et ce sont les patients qui la demandent. Bienveillance, dialogue et compréhension des points de vue différents, mesdames et messieurs les dirigeants, n'oubliez pas vos promesses, s'il vous plait.

Déclaration de liens d'intérêts L'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêts.

Références [1] Comment améliorer la couverture vaccinale: concertation ou obligation ?; 2017, http://www.cnge.fr/conseil_scientifique/ productions_du_conseil_scientifique/ comment_ameliorer_la_couverture_vaccinale_concerta/ [Consulté le 12/07/]. [2] Les pratiques de soins non conventionnelles. Médecines complémentaires/alternatives/naturelles. http://solidarites-sante.gouv.fr/ soins-et-maladies/qualite-des-soins-et-pratiques/securite/article/ les-pratiques-de-soins-non-conventionnelles#) [Consulté le 12/ 07/2017 mise à jour le 13/06/2017]. [3] Fisher P. Ultra-High dilution – Physiology and Physics – come of age. Homeopathy 2015;104:221–2. [4] Endler PC, Schulte J, Stock-Schroër B, Stephen S. Ultra-High dilution 1994 revisited 2015 – The state of follow-up research. Homeopathy 2015;104:223–6. [5] Nau JY. Le conseil de l'ordre des médecins réclame une reconnaissance officielle de l'homéopathie. Le Monde; 1998.

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Pour citer cet article : Poitevin B. Vous avez dit bienveillance ? La Revue d'Homéopathie (2017), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.revhom.2017.07.026