Alcool et génétique

Alcool et génétique

Rev Mdd Interne 2001 ; 22 Suppl 4 : 406-7 © 2001 t~ditions scientifiques et m6dicales Elsevier SAS. Tous droits r6serv6s La maladie alcoolique Alcoo...

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Rev Mdd Interne 2001 ; 22 Suppl 4 : 406-7 © 2001 t~ditions scientifiques et m6dicales Elsevier SAS. Tous droits r6serv6s

La maladie alcoolique

Alcool et g6n6tique E Couzigou Service de mgdecine interne, h@ital Piti~ Salp~tribre, 47-83, boulevard de l'H@ital, 75651 Paris cedex 13, France

L'existence d'un facteur g6n6tique en rapport avec la consommation d'alcool a 6t6 6voqu6e dbs l'Antiquit6. Trois types d'dtudes ont permis d'argumenter l'existence d'un factettr de risque gdn6tique darts le comportement vis-?~vis de l'alcool, l'alcoolod6pendance et/ou les complications somatiques lides ~ l'alcool. Les 6tudes de jumeaux ont mis en 6vidence que les jumeaux monozygotes ont un comportement vis-~t-vis de l'alcool plus semblable que les jumeaux h6t6rozygotes. Ces 6tudes comportent des limites m6thodologiques mais les d6fauts n'6tant pas les m~mes d'une 6tude ~tl'autre, la quasi-constance des r6sultats ne pent atre imput6e au hasard. Un facteur g6n6tique a 6t6 retrouv6 pour les variations du m6tabolisme de l'alcool, la sensibilit6, la toldrance aigu6 h l'alcool, la consommation d'alcool, l'alcoolod6pendance, les complications somatiques li6es l'alcool et en particulier la cirrhose. Une deuxi6me s6rie d'dtudes argumente en faveur de l'existence d'un facteur g6ndtique li6e ~ l'alcool : <~. Ces 6tudes comparent des individus adopt6s 5 la naissance d'une part ~ leurs parents biologiques et d'autre part ~ leurs parents adoptifs. Elles morttrent que les enfants de parents biologiques alcooliques, qu'ils soient ou non 61evds par des parents adoptifs alcooliques, ont trois ~tquatre lois plus de risques que les autres de devenir eux-mames alcooliques. Les 6tudes d'adopt6s ont conduit ~tdes tentatives de classification d'alcoolisme avec un type 1 d6pendant du milieu avec une forte interaction entre les facteurs gdn6tiques et d'environnementaux, un alcoolisme survenant apr~s 25 ans, chez des snjets de sexe masculin ou f6minin, avec peu de tendances agressives ou suicidaires. Le type 2 est lid an sexe masculin, cornporte une forte transmission p~re-fils et se manifeste pr6cocement dbs l'adolescence avec des tendances impulsives et des conduites anti-sociales. Une 35 s6rie d'6tudes argumente en faveur d'un facteur de risque g6ngtique li~ h l'alcool, les 6tudes exp6rimentales. Des races d'animaux, en particulier le rat et la souris ont 6t6 sglectionn6s vis-h-vis d'un comportement lid ?~

l'alcool (consommation volontaire, tol6rance, d6pendance...). Les premibres 6tudes h la recherche des facteurs g6nEtiques en rapport avec la consommation d'alcool ont conduit h rechercher les facteurs g6n6tiques dans le mEtabolisme de l'alcool. L'alcool est transform6 en acEtaldEhyde par plusieurs voies mdtaboliques en particulier l'alcool d6hydrog6nase et le cytochrome P450 II El. L'ac6talddhyde est lui-m~me transform6 en acgtate par l'alddhyde d6hydrog6nase. Un polymorphisme gdn6tique a 6t6 d6cfit pour ces diffdrents enzymes. Pour l'aldghyde d6shydrog6nase, un polymorphisme g6ngtique a 6t6 d6cfit chez les asiatiques, avec en cas de pr6sence de la mutation, un ralentissement du catabolisme de l'ac6taldghyde conduisant ~ des manifestations somatiques souvent v6cues de faqon d6sagr6able (tachycardie, rougeur du visage, malaise g6n6ral, naus6es...), ~ rapprocher de l'effet antabuse. Devant ces sympt6mes, la personne en g6n&al diminue ou arr~te sa consommation d'alcool. La mutation sur l'ald6hyde dghydrogdnase est fr6quemment observ6e dans la population asiatique et de nombreuses 6tudes ont montr6 qu'en cas de pr6sence de cette mutation, la consommation d'alcool et l'alcoolod6pendance 6talent moins souvent observ6es. I1 s'agit d'un facteur g6n6tique de protection vis-a-vis de l'alcoolisme. En revanche, si les personnes ayant cette mutation continuent leur consommation d'alcool, un tanx plus 61ev6 d'ac6talddhyde conduit chez ces personnes ~t avoir davantage de complications somatiques. Au nivean de l'alcool d6hydrogdnase, les polymorphisrues ggn6tiques ont conduit ~tdes 6tudes positives chez les Asiatiques, nettement moins convaincantes dans la population caucasienne qui ne pr6sente pas les m~mes anomalies g6n6tiques. Pour ce qui concerne le polymorphisme du cytochrome P450 II El, les 6tudes actuelles n'ont pas mis en 6vidence de facteurs g6n6tiques. D'antres marqueurs de fisques gdn6tiques ont 6t6 6tudids en particulier au niveau neurophysiologique. Les potentiels c6r6braux 6voqu6s, qui comportent une compo-

Alcool et g6n6tique

sante g6n6tique, ont 6t6 montr6s diff6rents chez les sujets h haut risque de devenir alcooliques par rapport aux sujets bas risque. De nombreux travaux ont ~tg effectu6s sur les polymorphismes des nenrotransmetteurs et des neurohormones en particulier au niveau de la s6rotonine et de la dopamine. Actuellement, les rdsultats ne sont pas convaincants mais de nombreuses 6tudes sont en cours sur cette tMmatique. Au niveau somatique, il existe des arguments en faveur de polymorphismes g~n6tiques soit au niveau immuni-

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taire, soit au niveau des cytokines, jouant un r61e dans la maladie alcoolique hgpatique. Des donn6es existent 6galement en faveur d'un facteur g6n6tique darts la pancr6atite chronique alcoolique. De fa~on g6ndrale, les 6tudes actuelles portent davantage sur les polymorphismes g6n6tiques au niveau des tissus cibles alors qu'elles ont d'abord port6 sur le polymorphisme g6ndtique du m6tabolisme de l'alcool qui ont apport6 des r6sultats certes int6ressants mais manifestemerit parcellaires.