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Journal de Gyn´ ecologie Obst´ etrique et Biologie de la Reproduction (2015) xxx, xxx—xxx
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POST-PARTUM
Allaitement maternel (partie IV) : usages des médicaments, diététique et addictions — recommandations pour la pratique clinique夽 Breast-feeding (part IV): Therapeutic uses, dietetic and addictions — guidelines for clinical practice
L. Marcellin a,∗, A.A. Chantry b,c a
Service de gynécologie-obstétrique II et médecine de la reproduction, Port-Royal hôpital Cochin, université Paris Descartes, Assistance publique—Hôpitaux de Paris (AP—HP), 75014 Paris, France b Inserm UMR 1153, équipe de recherche en épidémiologie obstétricale, périnatale et pédiatrique (EPOPé), centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité, DHU risques et grossesse, université Paris Descartes, 75014 Paris, France c École de sages-femmes Baudelocque, université Paris Descartes, Assistance publique—Hôpitaux de Paris, 75014 Paris, France
MOTS CLÉS Allaitement ; Médicaments ; Diététique ; Drogues
Résumé Objectif. — Décrire en cas d’allaitement maternel les aspects pratiques de l’utilisation des médicaments les plus couramment utilisés dans la période du post-partum, les mesures diététiques et la conduite à tenir en cas de conduite addictive. Matériels et méthodes. — Revue de la littérature entre 1972 et mai 2015 à partir des bases de données Medline, Google Scholar, Cochrane Library et des recommandation internationales des sociétés savantes. Résultats. — La précaution d’interrompre l’allaitement maternel en cas de prise médicamenteuse n’est pas justifiée dans de nombreuses situations (accord professionnel). L’aspirine est autorisée à dose « antiagrégante » alors qu’elle est contre-indiquée à dose antalgique ou antiinflammatoire (accord professionnel). Les AINS ayant une demi-vie courte peuvent être utilisés (accord professionnel). Certaines précautions sont nécessaires en cas d’utilisation d’antalgiques de palier II et III (accord professionnel). Il n’est pas justifié de différer la mise en route
夽
Cet article est une version résumée des principales recommandations pour la pratique clinique ; la version complète incluant l’argumentaire et l’ensemble de la bibliographie est accessible dans le matériel complémentaire de cet article. ∗ Auteur correspondant. Port-Royal - hôpital Cochin, 53, avenue de l’Observatoire, 75014 Paris, France. Adresse e-mail :
[email protected] (L. Marcellin). http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2015.09.030 0368-2315/© 2015 Publi´ e par Elsevier Masson SAS.
Pour citer cet article : Marcellin L, Chantry AA. Allaitement maternel (partie IV) : usages des médicaments, diététique et addictions — recommandations pour la pratique clinique. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2015.09.030
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L. Marcellin, A.A. Chantry de l’allaitement en cas d’analgésie locorégionale ou générale. La majorité des traitements antibiotiques ne justifient pas d’interrompre l’allaitement (accord professionnel). Les anxiolytiques de la classe des antihistaminiques H1 sédatifs tels que l’hydroxyzine ne doivent pas être prescrits en cas d’allaitement maternel (accord professionnel). Aucun examen d’imagerie (hors médecine nucléaire) ne justifie d’interrompre l’allaitement (accord professionnel). La consommation de tabac est déconseillée mais elle ne constitue pas une contre-indication à l’allaitement maternel (accord professionnel). Il est recommandé d’éviter la consommation de boissons alcoolisées (accord professionnel). En cas de consommation modérée et ponctuelle d’alcool, il est recommandé de respecter un délai minimum de 2 heures avant la mise au sein (accord professionnel). La prise de cocaïne contre-indique l’allaitement maternel (accord professionnel), et l’allaitement maternel est déconseillé en cas de prise de cannabis (accord professionnel). Conclusion. — Rares sont les traitements médicamenteux qui ne sont pas compatibles avec l’allaitement qui peut être poursuivi dans la majorité des cas. © 2015 Publi´ e par Elsevier Masson SAS.
KEYWORDS Breast-feeding; Medication; Therapeutics use; Dietetic; Drugs
Summary Objective. — To describe the practical aspects of the use of the most commonly prescribed drugs during the postpartum period, the dietetic measures and the management of breast-feeding in case of addictive behaviors. Methods. — Review of the literature between 1972 and May 2015 from the databases Medline, Google Scholar, Cochrane Library, and international recommendations of learned societies. Results. — The precaution to stop breast-feeding when drugs are necessary is not justified in many situations (professional consensus). Aspirin at antiaggregant dose is allowed during breast-feeding while high doses are not recommended; NSAIDs with short half-life can be used (professional consensus). Precautions are needed in cases of use of morphonics (professional consensus). There is no justification to delay the initiation of breast-feeding in case of locoregional or general analgesia or for caesarean section. Antibiotic treatment does not justify discontinuing breast-feeding (professional consensus). Anxiolytics of the class of antihistaminic sedating H1 such as hydroxyzine (Atarax® ) should not be prescribed in case of breast-feeding (professional consensus). Imaging does not justify to stop breast-feeding (professional consensus). Tobacco consumption is discouraged but is not a contraindication to breast-feed (professional consensus). It is recommended to avoid the consumption of alcohol (professional consensus). In case of occasional and moderate consumption of alcohol, delaying breast-feeding for a minimum of two hours is recommended (professional consensus). Cocaine consumption is a contraindication of breast-feeding (professional agreement), and breast-feeding is not recommended in case of cannabis use (professional consensus). Conclusion. — Few drug treatments are not compatible with breast-feeding that can be continued in most of the cases. © 2015 Published by Elsevier Masson SAS.
Introduction Les femmes qui allaitent peuvent nécessiter la prise de médicaments dans le cadre du post-partum immédiat, pour des pathologies intercurrentes ou chroniques. La prise de médicament pendant l’allaitement maternel est une situation fréquente qui peut être responsable soit d’une mauvaise observance du traitement soit d’une interruption précoce de l’allaitement. Par ailleurs, de nombreuses questions se posent sur les mesures diététiques qu’il convient ou non de mettre en œuvre chez la mère pour améliorer l’allaitement et prévenir les carences nutritionnelles de l’enfant. La question de l’allaitement maternel en cas de conduites addictives (tabac, alcools et drogues illicites) peut se poser. L’objectif de ce travail est de décrire en cas d’allaitement maternel les aspects pratiques de l’utilisation
des médicaments les plus couramment utilisés dans la période du post-partum, les mesures diététiques et la conduite à tenir en cas de conduite addictive.
Matériel et méthodes Une recherche bibliographique sur les articles scientifiques publiés portant sur l’allaitement a été menée à partir de mots clés dans les banques de données Medline, Embase, Google Scholar et de la Cochrane Library et a permis de réaliser une revue de la littérature sur l’usage des médicaments, les mesures diététiques et les addictions au cours de l’allaitement maternel. Cette revue de la littérature a permis d’identifier les recommandations pour la pratique clinique, les conférences de consensus, les articles, le cas cliniques, et les revues de littérature et
Pour citer cet article : Marcellin L, Chantry AA. Allaitement maternel (partie IV) : usages des médicaments, diététique et addictions — recommandations pour la pratique clinique. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2015.09.030
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Allaitement maternel : usage des médicaments, diététique et addictions méta-analyses. Elle a été généralement complétée par une recherche d’essais cliniques en langue franc ¸aise ou anglaise, sur un ou plusieurs aspects du thème demandé. Les mots clés sélectionnés pour cette recherche étaient les suivants : breastfeeding, breastfeed, breast-feeding, breast-feed, breast-fed, human milk lactation, dietetic diet, drugs peripartum, antibiotics, therapeutic, antalgic, NSAID, codein, tramadol, morphine, anaesthesiology, sulprostone, tranexamid acid, antihypertensive, propranolol, labetalol, nicardipin, nifedipin, methyldopa, captopril enalpril, low molecular weight heparin, warfarin, acenocoumarol, zolpidem, zopiclone, benzodiazepine, diazepam, serotonin reuptake inhibitor, antiepileptic, metformin, glyburide, glizipine, imaging, iodine, gadolinium, tabacco, alcool, cannabis, THC, cocain. Seuls les articles disponibles dont les textes étaient rédigés en langue anglaise ou franc ¸aise ont été retenus. Les recommandations des sociétés savantes nationales et internationales ont été consultées : Haute Autorité de santé (HAS), American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG), Royal College of Obstetricians and Gynecologists (RCOG), Society of Obstetricians and Gynecologists of Canada (SOGC), Royal Australian and New Zealand College of Obstetricians and Gynaecologists (Ranzcog), National Institut for Health and Care Excellence (NICE) et Organisation mondiale de la santé (OMS). Toutes les références online référencées par un site Internet ont été consultées et vérifiées en juillet 2015. Ces recommandations pour la pratique clinique sur l’allaitement ont été élaborées par un groupe de travail, au terme d’une analyse de la littérature scientifique et de l’avis des professionnels. Le texte a été soumis à un groupe de lecture avant d’être finalisé.
Diététique et allaitement maternel Le lait humain est un fluide dynamique contenant des nutriments et des facteurs bioactifs nécessaires au bon développement du nourrisson. Les composantes nutritionnelles du lait humain proviennent de trois sources : de la synthèse par les lactocytes, d’origine alimentaire et des réserves maternelles. La composition en macronutriment du lait maternel est relativement conservée et ne semble varier que modérément en fonction du terme d’accouchement et de la durée de l’allaitement (NP3). Des données suggèrent que l’alimentation maternelle peut avoir un impact sur la teneur du lait pour certains acides gras et vitamines. Les données des études qui ont évalué les relations entre la nutrition maternelle et la composition du lait maternel ne sont pas homogènes. L’alimentation maternelle pourrait impacter le profil lipidique du lait maternel sans qu’il existe de donnée justifiant un régime particulier en dehors de conduites alimentaires standard (grade C). Si la nutrition néonatale est un facteur environnemental modifiable susceptible d’affecter le développement du nourrisson, il n’existe pas de preuves solides pour soutenir un lien direct entre la nutrition maternelle, la composition en éléments nutritifs du lait humain, et le développement de l’enfant (NP3).
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Médicaments maternels et allaitement Principes généraux de la prescription médicamenteuse chez la femme qui allaite Les femmes qui allaitent peuvent nécessiter la prise de traitement médicamenteux soit de fac ¸on transitoire soit de fac ¸on chronique. Environ 90 % des femmes prennent au moins un médicament durant la première semaine du post-partum. Les femmes qui nécessitent un traitement médicamenteux dans la période du post-partum sont plus sujettes à une mauvaise observance de leur traitement ou à un arrêt précoce de l’allaitement en raison des craintes d’effets néfastes du traitement sur leurs enfants. L’interruption de l’allaitement en cas de prise médicamenteuse maternelle n’est généralement pas fondée sur des preuves scientifiques formelles, soit parce que les données de l’excrétion du médicament dans le lait ne sont pas disponibles, soit parce qu’elles ne relèvent que des données issues de l’expérimentation animale. L’analyse du risque de l’exposition d’un enfant à un médicament excrété dans le lait maternel doit prendre en compte deux notions essentielles : la quantité du médicament excrété dans le lait et le risque de survenue d’effets indésirables. La précaution d’interrompre l’allaitement maternel en cas de prise médicamenteuse n’est pas justifiée dans de nombreuses situations. La décision de poursuivre ou non l’allaitement en cas de prise médicamenteuse par la mère doit être évaluée au cas par cas dans une analyse individualisée de la situation et tenir compte de l’indication du traitement maternel, l’impact potentiel du traitement sur la production de lait, la quantité de composé chimique excrété dans le lait, la quantité de lait ingéré, et les effets secondaires potentiels du traitement sur le nourrisson. Le terme de naissance, l’âge du nourrisson et les propriétés chimiques du médicament, la demi-vie sont des données essentielles.
Sélection de catégories de médicament L’ensemble des données qui suivent est résumé dans le Tableau 1. Analgésie et antalgie du post-partum Parmi les antalgiques de palier 1, le paracétamol est l’antalgique de première intention en cours d’allaitement (grade B). La prise ponctuelle d’aspirine ou de fac ¸on répétée à dose antiagrégante n’est pas contre-indiquée en cours d’allaitement (grade B). Une prise répétée à dose antalgique ou anti-inflammatoire d’aspirine est contre-indiquée (grade B). Les AINS ayant une demi-vie courte peuvent être utilisés pendant la période de l’allaitement (grade B). Le néfopam (Acupan® ) peut être utilisé dans les 48 premières heures du post-partum (accord professionnel). Parmi des antalgiques de palier 2, l’utilisation de tramadol est possible en cours d’allaitement (accord professionnel), et doit être préférée à l’utilisation de codéine et d’oxycodone en raison de cas rapportés de complications néonatales graves (grade C). La prescription doit être ponctuelle afin d’éviter les accumulation des métabolites de ces traitements dans le lait (accord professionnel).
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Antalgique Paracétamol
Précaution d’emplois
Effets secondaires rapportés
Faible
4%
Possible
Aucune
Aspégic®
Variable
Varie en fonction de la dose maternelle (< 1500 mg/) 2 à 14 %
<1%
Prise maternelle au moment de la tétée (demi-vie du médicament = l’intervalle entre deux tétées)
Aucun événement particulier rapporté
Acupan®
Très faible Demi-vie courte, sans métabolites actifs, concentration est < 1 g/L dans le lait Faible
CI aux doses antalgiques et antiinflammatoires Aucune réserve de l’utilisation à dose antiagrégante Possible
Un cas d’un nourrisson de 2 mois qui a développé une éruption cutanée Thrombocytopénie Syndrome de Reye Acidose métabolique
<1%
Dans les 24 à 48 heures qui suivent l’accouchement
Faible
7%
Aucun événement particulier rapporté (faible effectif) Décès d’un nouveau-né à 13 jours de vie Somnolence ou léthargie Aucun événement particulier rapporté
Passage lait maternel
Doliprane® Dafalgan® Efferaglan®
0,7 à 1,3
Ibuprofène
Néfopam
Codéine
% dose maternelle ingérée
Possible
Jusqu’à 20 % (pour 60 mg × 4/j)
Oxycodone Tramadol
Morphine
Contramal® Topalgic®
3%
Non recommandée
2,24 %
Non recommandée Possible
2%
Possible
Dans les 48 à 96 heures qui suivent l’accouchement Dans les 24 à 72 heures qui suivent l’accouchement
L. Marcellin, A.A. Chantry
Utilisation
Ratio lait/ plasma
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Acide acétyle salicylique
Quantité ingérée via le lait (% dose pédiatrique)
Nom commercial
Modele +
DCI
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Tableau 1 Usage des médicaments et allaitement maternel. Drug use and breast-feeding.
Hémorragie post-partum Sulprostone
Antibiotique Pénicilline ± acide clavulanique Céphalosporine
Ratio lait/ plasma
Passage lait maternel
% dose maternelle ingérée
Quantité ingérée via le lait (% dose pédiatrique)
Nalador®
Exacyl®
Faible
0,1 %
Demi-vie courte et faible biodisponibilité orale
Augmentin® Ceftiraxone®
Érythromycine
0,03 à 0,06 > 0,5
Très faible
Utilisation
Précaution d’emplois
Effets secondaires rapportés
Possible
Attendre 2 heures après la fin de la perfusion avant de débuter l’allaitement Suspendre l’allaitement pendant 4 heures après une administration IV
Pas de donnée sur les enfants allaités mais aucun événement particulier rapporté Aucun événement particulier rapporté (faible effectif)
Possible
Aucune
Rares cas d’éruption ou diarrhée transitoire
Possible
Aucune
Possible
Très faible
2%
Possible
Aucune
1à 2% 3%
Possible Possible Possible
Aucune Aucune Aucune Aucune
Clarithromycine Azithromycine Ciprofloxacine
Ciflox®
Très faible Très faible Très faible
Ofloxacine
Oflocet®
Très faible
3%
Possible
Faible mais demi-vie d’élimination plasmatique longue (14—15 heures), risque d’accumulation Faible
4%
Non recommandée
6%
Non recommandée
Péfloxacine
Clindamycine
Possible en cas de dose unique peropératoire
Éruptions cutanées, diarrhées, perte d’appétit, somnolence Aucun événement particulier rapporté Aucun événement particulier rapporté Aucun événement particulier rapporté
1 cas de colite pseudomembraneuse intestinale Clostrium difficile
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Acide tranéxamique
Nom commercial
Modele +
DCI
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(Suite)
Allaitement maternel : usage des médicaments, diététique et addictions
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Tableau 1
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DCI
Nom commercial
Cotrimoxazole
Bactrim®
Nitrofurantoïne
Furandantine®
Métronidazole
Antiémétique Dompéridone
Passage lait maternel
Faible 0,11 et 0,44
Flagyl®
0,9
Important (passage systémique faible par voie vaginale) Faible
Métoclopramide
Primpéran®
Faible
Ondansetron
Zophren®
Faible
Avlocardyl® Trandate®
Nifédipine
Adalate®
Nicardipine Alpha-méthyldopa
Loxen® Aldomet®
Captopril
Lopril®
0,19 à 0,34
Utilisation
Précaution d’emplois
Effets secondaires rapportés
2 % sulfamethoxazole 6% triméthorpime 7%
Possible avec précaution
À éviter en cas d’ictère néonatal, de prématurité ou risque de déficit en G6PD Enfant est à risque de déficit en G6PD Sauf en cas de prématurité ou d’insuffisance rénale du nourrisson Traitement court per os ou IV (7 à 10 jours)/ Sans restriction par voie vaginale
Un cas d’anémie hémolytique sévère chez un enfant ayant un déficit en G6PD Aucun événement particulier rapporté Aucun événement particulier rapporté
32 %
Possible
Aucune
Possible
Aucune
Aucun événement particulier rapporté Aucun événement particulier rapporté
Non recommandée
Risque cardiaque
34 %
< 0,1 %
Possible avec précaution Possible
Possible avec précaution
Faible
<1%
Possible
Aucune
Faible
<1%
Possible
Aucune
Faible
< 0,001 %
<5%
Possible
Aucune
Faible Faible
0,015 à 0,004 % 0,02 %
Possible Possible
Aucune Aucune
Faible
0,14 %
Possible
Sauf en cas de prématurité ou d’insuffisance rénale du nourrisson
Aucun événement particulier rapporté Aucun événement particulier rapporté Aucun événement particulier rapporté
Aucun événement particulier rapporté
L. Marcellin, A.A. Chantry
Labétalol
0,33 et 1,65 0,8 et 2,6
Quantité ingérée via le lait (% dose pédiatrique)
2%
Motilium®
Antihypertenseur Propranolol
% dose maternelle ingérée
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Aminosides (gentamycine)
Ratio lait/ plasma
Modele +
(Suite)
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Tableau 1
Nom commercial
Énalapril
Ratio lait/ plasma
Passage lait maternel
% dose maternelle ingérée
0 à 0,043
Faible
0,16 %
Anticoagulant Héparine non fractionnée
Nulle
Lovenox® Innohep® Previscan®
Warfarine
Coumadine®
Acénocoumarol
Sintrom®
Psychotropes Zolpidem Zopiclone
0,025 à 0,224
Faible Élevé Très faible
Stilnox® Imovane®
0,13 0,51
Diazépam
Valium
0,2
Oxazépam
Seresta®
0,10
Hydroxyzine
Atarax®
Très faible
Faible
<1% 1,2 %
1%
Utilisation
Précaution d’emplois
Effets secondaires rapportés
Possible
Sauf en cas de prématurité ou d’insuffisance rénale du nourrisson
Aucun événement particulier rapporté
Possible à dose préventive et curative Possible
Aucune
Aucun événement particulier rapporté
Aucune
Aucun événement particulier rapporté
Non recommandée Possible
Aucune
Possible
Aucune
Aucun événement particulier rapporté Test de coagulation normaux chez les enfant allaités Aucun événement particulier rapporté
Possible Possible
Prendre le traitement juste après la dernière tétée du soir Aucune
Non recommandée
Demi-vie plasmatique plus courte avec une liposolubilité plus faible que les autres molécules Aucune
Possible Non recommandée
Avec effets neurologiques (sédation, excitation), cardiovasculaires (malaise, bradycardie, cyanose), et gastro-intestinaux
Aucun événement Aucun événement
Aucun événement particulier rapporté Médicament le plus fréquemment impliqué dans des réactions indésirables au cours de l’allaitement
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Héparine de bas poids moléculaire Fluindione
Quantité ingérée via le lait (% dose pédiatrique)
Modele +
DCI
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(Suite)
Allaitement maternel : usage des médicaments, diététique et addictions
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Tableau 1
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DCI
Précaution d’emplois
Effets secondaires rapportés
±1%
Possible
Aucune
Faible
0,5 à 2 %
Possible
Aucune
Un cas de léthargie et un cas d’irratabilité du nouveau-né décrit 1 cas de myoclonie bénigne du sommeil
Faible
1à 4% 1 à 10 %
Possible Possible
Aucune Aucune
Aucune
Ratio lait/ plasma
Passage lait maternel
% dose maternelle ingérée
Paroxétine
Deroxat®
0,056 à 1,3
Faible
Sertraline
Zoloft®
0,42 à 4,81
Antiépiléptique Gabepentine Phenytoïne
Neurontin® Di-Hydan® Dilantin®
Quantité ingérée via le lait (% dose pédiatrique)
Acide valproïque Lamotrigine
Dépakine® Lamictal®
Élevé
1à 2% 100 %
Possible Non recommandée
Lévétiracétam
Keppra®
Élevé
7 à 22 %
Non recommandée
Topiramate
Topamax® Topimax®
Élevé
Oxcarbazépine
Trileptal® Apydan® Tegretol®
Élevé
Carbamazépine
Sabril® Sabrilex®
19 % 20 à 60 %
Non recommandée
Non recommandée Non recommandée
Non recommandée
Aucun événement Aucun événement particulier rapporté (sauf en association avec phénobarbital) Aucun événement Somnolence, une hépatotoxicité et une toxicité cutanée Une hypotonie et des difficultés d’alimentation Un épisode de diarrhée, spontanément réversible
Atteinte hépatique transitoire (augmentation des gammaGT et transaminase) Absence de donnée publiée
L. Marcellin, A.A. Chantry
Vigabatrin
10 à 20 %
ARTICLE IN PRESS
Utilisation
Nom commercial
Modele +
(Suite)
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Tableau 1
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Allaitement maternel : usage des médicaments, diététique et addictions Parmi les antalgiques de palier 3, le traitement par morphine en cas d’allaitement maternel est possible dans les 24 à 72 heures qui suivent l’accouchement. Au-delà de cette période, en raison du manque de donnée disponible et du risque théorique d’accumulation dans le lait et donc de surdosage, il est préférable de suspendre l’allaitement et de le reprendre 4 heures après la dernière prise de morphine (accord professionnel). Analgésie perpartum Il n’est pas recommandé de différer de début de l’allaitement en cas d’anesthésie péridurale, de rachianesthésie ou d’anesthésie générale perpartale (grade C). Traitements de l’hémorragie du post-partum Après une hémorragie du post-partum sévère, il semble raisonnable de débuter l’allaitement 2 heures après la fin d’un traitement par sulprostone (accord professionnel). Il n’existe pas d’argument scientifique suffisant pour recommander de différer l’allaitement en cas de traitement maternel par acide tranéxamique en cas d’hémorragie du post-partum (accord professionnel). Le recours à l’embolisation ne contre-indique ou ne nécessite pas de différer l’allaitement (accord professionnel). Antibiotiques Les bêtalactamines incluant les pénicillines et les céphalosporines ne sont pas contre-indiquées pendant l’allaitement (grade B). Les macrolides ne sont pas contre-indiqués pendant l’allaitement (grade B). Les traitements par l’ofloxacine et la ciprofloxacine ne sont pas contre-indiqués pendant l’allaitement (grade C). Le recours à la pefloxacine devrait être évité en cas d’allaitement (accord professionnel). Un traitement par clindamycine devrait être évité en cas d’allaitement maternel en raison du potentiel risque induit de colite néonatale (accord professionnel). Cependant, en cas d’indication maternelle, il n’existe pas d’argument scientifique suffisant pour recommander d’interrompre l’allaitement (accord professionnel). Il n’existe pas d’argument scientifique suffisant pour recommander d’interrompre l’allaitement en cas de traitement maternel par cotrimoxazole (trimethoprim/sulfamethoxazole) (accord professionnel). Il n’existe pas d’argument scientifique suffisant pour recommander d’interrompre l’allaitement en cas de traitement maternel par nitrofurantoïne, sauf si l’enfant est à risque de déficit en G6PD (accord professionnel). Il n’existe pas d’argument scientifique suffisant pour recommander d’interrompre l’allaitement en cas de traitement maternel par aminosides (accord professionnel). Il n’existe pas d’argument scientifique suffisant pour recommander d’interrompre l’allaitement en cas de traitement maternel par métronidazole (accord professionnel). Antiémétiques La dompéridone (Motilium® ) ou le métoclopramide (Primpéran® ) en cours d’allaitement sont possibles dans
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le traitement des nausées et vomissements maternel (accord professionnel). Par précaution, l’utilisation de l’ondansetron Zophren® n’est pas recommandée au cours de l’allaitement maternel (accord professionnel). Antihypertenseurs Il n’existe pas d’argument scientifique suffisant pour recommander de ne pas initier ou d’interrompre l’allaitement en cas de traitement maternel par antihypertenseurs tels que des ß-bloquants (propanolol ou atenolol), inhibiteurs calciques (nifédipine ou nicardipine) alpha-methyldopa ou IEC (captopril et enalapril) (accord professionnel). Aucune mesure de surveillance cardiaque du nourrisson n’est justifiée (accord professionnel). Anticoagulant Le traitement par héparine n’est pas contre-indiqué pendant l’allaitement (grade C). En cas de traitement par antivitamine K, la warfarine et l’acénocoumarol peuvent être utilisés en cours d’allaitement (grade C). Psychotropes Les traitements hypnotiques par zolpidem (Stilnox® ) et le zopiclone (Imovane® ) ne sont pas contre-indiqués pendant l’allaitement. Il n’existe pas d’argument scientifique suffisant pour interrompre l’allaitement en cas de traitement par ces deux médicaments. Il est recommandé de prendre le traitement juste après la dernière tétée du soir (accord professionnel). Les traitements anxiolytiques par benzodiazépines doivent être évités au cours de l’allaitement maternel (grade C). L’oxazepam peut être proposé pour un traitement limité en durée et en dose quotidienne, justifiant une surveillance clinique du nourrisson telle que l’apparition de signes de sédation (sommeil prolongé, diminution de la succion, mauvaise prise de poids) (accord professionnel). Les anxiolytiques de la classe des antihistaminiques H1 sédatifs tels que l’hydroxyzine (Atarax® ) ne doivent pas être prescrits en cas d’allaitement maternel (accord professionnel). Les traitements antidépresseurs de la famille des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine tels que la paroxétine ou la sertraline peuvent être prescrits pendant l’allaitement maternel (grade C). Ces traitements sont plus appropriés que les benzodiazepines dans le traitement des troubles anxieux au cours de l’allaitement (accord professionnel). Les femmes atteintes d’épilepsie ne doivent pas interrompre leur traitement en cas d’allaitement maternel (grade B). Certaines molécules telles que la gabepentine (Neurontin® ), la phenytoïne (Di-Hydan® Dilantin® ) ou l’acide valproïque (Dépakine® ) peuvent être utilisées sans conséquences pour le nourrisson. Produit de contraste imagerie Au total, il n’est pas recommandé de modifier ou d’interrompre l’allaitement en cas d’administration de produit de contraste iodé ou de gadolinium au cours d’un examen d’imagerie ou d’embolisation utérine en cas d’hémorragie.
Pour citer cet article : Marcellin L, Chantry AA. Allaitement maternel (partie IV) : usages des médicaments, diététique et addictions — recommandations pour la pratique clinique. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2015.09.030
Modele + JGYN-1291; No. of Pages 10
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Conduites addictives (tabac, alcool, drogues) La consommation de tabac doit-elle être une contre-indication à l’allaitement maternel ? La nicotine et la cotinine passent dans le lait maternel dans des quantités significatives. Bien qu’il soit recommandé de déconseiller la consommation de tabac aux femmes qui allaitent, celle-ci ne constitue pas une contre-indication à l’allaitement maternel (accord professionnel). Il est recommandé d’encourager les femmes à utiliser des substituts nicotiniques, en plus du soutien de professionnels de santé spécialisés (accord professionnel). Si le sevrage tabagique complet n’est pas possible pendant l’AM, il est recommandé de respecter un délai d’au moins 2 heures avant la mise au sein suivante (accord professionnel).
La consommation de boissons alcoolisées doit-elle être une contre-indication à l’allaitement maternel ? La consommation d’alcool serait associée à une moindre production de lait (NP4) et à une augmentation d’arrêt précoce de l’allaitement maternel (NP3). Pour ses effets néfastes sur l’enfant et dans l’objectif d’allonger la durée de l’allaitement maternel, il est recommandé d’éviter la consommation de boissons alcoolisées pendant l’allaitement maternel (accord professionnel). En cas de consommation modérée et ponctuelle d’alcool, il est recommandé de respecter un délai minimum de 2 heures avant la mise au sein (accord professionnel). Au total, une importante
L. Marcellin, A.A. Chantry consommation de bière sans alcool (1,5 L ou plus) serait associée à des seuils détectables d’éthanol (donc d’alcool) dans le lait maternel (NP4). Devant le manque de preuve suffisante, le principe de précaution s’applique et il est recommandé d’éviter, ou au mieux de limiter, la consommation de bière sans alcool pendant l’allaitement maternel (accord professionnel).
La consommation de drogues doit-elle être une contre-indication à l’allaitement maternel ? Les données pharmacologiques et les études portant sur la relation entre consommation illicite de drogues et allaitement maternel sont peu nombreuses et de niveau de preuves faibles. Cependant, compte tenu des effets néfastes de la cocaïne sur la santé des enfants, il est recommandé de contre-indiquer l’allaitement maternel en cas de consommation de cocaïne (accord professionnel). En cas de consommation de cannabis, il est recommandé de déconseiller l’allaitement maternel (accord professionnel).
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Annexe A. Matériel complémentaire Le matériel complémentaire accompagnant la version en ligne de cet article est disponible sur http://www. sciencedirect.com et doi:10.1016/j.jgyn.2015.09.030.
Pour citer cet article : Marcellin L, Chantry AA. Allaitement maternel (partie IV) : usages des médicaments, diététique et addictions — recommandations pour la pratique clinique. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2015.09.030