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d’intérêt dans des populations aussi hétérogènes en terme d’agents étiologiques. doi:10.1016/j.revmed.2011.03.040 CO 023
Expansion de lymphocytes B de la zone marginale clonaux et autoréactifs dans le sang périphérique des patients avec lymphoprolifération associée au virus de l’hépatite C B. Terrier a , P.C. Wilson b , F. Joly c , P. Benech d , M. Rosenzwajg e , P. Ghillani-Dalbin f , W. Carpentier g , D. Klatzmann e , P. Cacoub h , D. Saadoun i a Médecine interne, hôpital Pitié Salpétrière, Paris, France b Committee On Immunology, University Of Chicago, Chicago, États-Unis c Prediguard, Prediguard, Marseilles, France d Prediguard, Prediguard, Marseille, France e Cnrs Umr7211, hôpital Pitié-Salpétrière, Paris, France f Immunochimie, hôpital Pitié-Salpétrière, Paris, France g Plateforme génomique P3S, université Paris 6, Paris, France h Service de médecine interne, hôpital de la Pitié, Paris, France i Médecine interne, groupe Pitié Salpétrière, Paris, France Introduction.– L’homéostasie lymphocytaire B (LyB) est perturbée au cours de l’infection chronique par le virus de l’hépatite C (VHC), à l’origine de la survenue de manifestations auto-immunes [cryoglobulinémie mixte (MC) et vascularite cryoglobulinémique (VasCryo)] et de lymphomes B non-Hogkinien (LNH-B). Cependant, les mécanismes par lesquels le VHC conduit à la survenue de lymphoprolifération B sont controversés. Patients et Méthodes.– Trente-huit patients présentant une VasCryo-VHC [H/F 18/20, âge moyen 59 ans (24–88)], 35 patients une infection chronique par le VHC sans VasCryo [H/F 21/14, âge moyen 57 ans (34–81)], avant traitement, et 20 sujets sains ont été analysés. L’étude des sous-populations lymphocytaires B a été réalisée par cytométrie en flux, et l’étude du répertoire des immunoglobulines par single-cell PCR sur cellules triées. Résultats.– Les patients avec VasCryo-VHC avaient une expansion des LyB de la zone marginale IgM+ CD27+ dans le sang périphérique, comparativement aux patients VHC sans MC et aux sujets sains (32,9 vs. 14,9 vs. 14,2 % ; p < 0,0001). En moyenne, 65 % de ces LyB IgM+ CD27+ n’exprimaient peu ou pas le marqueur CD21, habituellement fortement exprimé par ces LyB. Ainsi, les LyB IgM+ CD27+ CD21-/low étaient significativement augmentés dans le sang des patients avec VasCryo-VHC, comparativement aux patients VHC sans MC et aux sujets sains (24,3 vs. 5,4 vs. 1,8 % ; p < 0,0001). La diminution de l’expression du marqueur CD21 sur les LyB de la zone marginale était progressivement acquise au cours de l’infection par le VHC, parallèlement à l’évolution vers la monoclonalité. Le taux des LyB IgM+ CD27+ CD21-/low était corrélé à l’activité de la maladie, les patients en rémission ayant un taux de LyB IgM+ CD27+ CD21-/low comparable à celui des sujets sains. Ces LyB IgM+ CD27+ CD21-/low avaient un phénotype de cellules pré-activées (expression accrue de CD86, HLA-DR et CD95, et expression diminuée de BAFF-R), et étaient enrichis en cellules en cycle (expression augmentée du marqueur de prolifération Ki67). L’étude de l’expression membranaire de la chaîne légère Kappa et de la région variable des chaînes lourdes d’immunoglobulines VH1-69 en cytométrie en flux montrait une expression monotypique Kappa et une expression prédominante de VH1-69 par la population de LyB IgM+ CD27+ CD21-/low . L’étude du répertoire des immunoglobulines par single-cell PCR sur cellules triées confirmait le caractère clonal de cette population et l’expression prédominante des régions variables des chaînes lourdes d’immunoglobulines VH1-69 et VH4-34, connues pour être autoréactives.
Conclusion.– Au cours de l’infection chronique par le VHC, les patients avec lymphoprolifération B ont un nombre élevé de LyB de la zone marginale CD21-/low clonaux et autoréactifs dans leur sang périphérique. La caractérisation précise de cette population devrait permettre une meilleure compréhension des manifestations autoimmunes et des lymphoproliférations B viro-induites. doi:10.1016/j.revmed.2011.03.041 CO 024
Anergie fonctionnelle des lymphocytes B clonaux et autoréactifs au cours des lymphoproliférations induites par le virus de l’hépatite C B. Terrier a , P.C. Wilson b , F. Joly c , P. Benech c , M. Rosenzwajg d , P. Ghillani-Dalbin e , W. Carpentier f , D. Klatzmann d , P. Cacoub g , D. Saadoun h a Médecine interne, hôpital Pitié Salpétrière, Paris, France b University Of Chicago, Committee On Immunology, Chicago, États-Unis c Prediguard, Prediguard, Marseille, France d Cnrs Umr7211, hôpital Pitié-Salpétrière, Paris, France e Immunochimie, hôpital Pitié-Salpétrière, Paris, France f Plateforme génomique P3S, université Paris 6, Paris, France g Service de médecine interne, hôpital de la Pitié, Paris, France h Médecine interne, hôpital Pitié-Salpétrière, Paris, France Introduction.– Au cours de l’infection chronique par le virus de l’hépatite C (VHC), les patients avec manifestations auto-immunes et/ou lymphoproliférations B [cryoglobulinémie mixte (MC) et vascularite cryoglobulinémique (VasCryo)] ont dans leur sang périphérique un nombre élevé de lymphocytes B (LyB) de la zone marginale clonaux et autoréactifs, particuliers par la faible expression du marqueur CD21 (LyB IgM+ CD27+ CD21-/low ). La caractérisation fonctionnelle et moléculaire de ces LyB n’est pas connue. Patients et Méthodes.– Les LyB issus du sang périphérique de patients présentant une VasCryo-VHC ont été purifiés, et des études de l’activation, du flux calcique, de la prolifération et de l’apoptose de ces cellules avec différentes conditions de stimulation ont été réalisées. Le profil d’expression génique des LyB clonaux et autoréactifs a été déterminé par analyse du transcriptome sur puce Illumina* . Résultats.– Comparativement aux LyB de la zone marginale CD21+ « conventionnels » issus du même patient, les LyB IgM+ CD27+ CD21-/low ont une diminution de l’influx calcique, un défaut d’expression des marqueurs d’activation (notamment le CD25, le CD69 et le CD40), et un défaut de prolifération en réponse à une stimulation du récepteur du LyB (BCR) par un anticorps anti-IgM et/ou du CD40 ligand. Ces LyB IgM+ CD27+ CD21-/low ont également la particularité de mourir plus rapidement par apoptose. Cela suggère que ces LyB clonaux et autoréactifs sont contrôlés par un mécanisme d’anergie fonctionnelle, au lieu d’être éliminés du sang périphérique. En revanche, ces LyB IgM+ CD27+ CD21-/low répondent de fac¸on quasi-normale à une stimulation du Toll-like receptor 9 (TLR9) par le CpG, indépendante du BCR et de sa voie de signalisation. L’étude du transcriptome chez trois patients avec VasCryoVHC, comparant le profil d’expression génique des LyB IgM+ CD27+ CD21-/low clonaux et autoréactifs et des LyB de la zone marginale « conventionnels », a montré la surexpression de gènes impliqués dans l’induction d’une anergie, avec notamment le rôle majeur du facteur de transcription EGR2 et de Cbl-b, tandis que des gènes impliqués dans le cycle cellulaire et l’activation étaient sous-exprimés. Conclusion.– Au cours des manifestations autoimmunes et/ou des lymphoproliférations induites par le VHC, les LyB clonaux et autoréactifs sont contrôlés par un mécanisme d’anergie fonctionnelle, au lieu d’être éliminés du sang périphérique des patients. La stimulation antigénique chronique par le VHC par la voie des TLR pourrait créer un environnement favorable à la rupture
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de tolérance et à l’activation de ces LyB clonaux et autoréactifs, conduisant à la survenue des manifestations autoimmunes et des lymphoproliférations. Ces données permettent de mieux comprendre certains mécanismes de rupture de tolérance au cours des maladies auto-immunes associées à une activation des LyB. doi:10.1016/j.revmed.2011.03.042 CO 025
Ichtyosarcotoxisme par ciguatera à l’île de la Réunion de 2000 à 2010. À propos de 230 cas P. Sève a , A. Tremblay b , H. Rousset b , J. Turquet b Service de médecine interne, hôtel Dieu, Lyon, France b Arvam, Arvam, Saint Denis, Réunion
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Introduction.– L’ichtyosarcotoxisme est une toxi-infection alimentaire collective due à la consommation de poissons [1]. Sa forme la plus fréquente est la ciguatera due à l’ingestion de toxines des microalgues du genre Gambierdiscus présentes dans les poissons exotiques vivants dans les barrières de corail. Cette pathologie est rencontrée dans les départements ou territoires d’outre-mer des Caraïbes, du Pacifique Sud et de l’Océan Indien. La dernière étude décrivant l’épidémiologie et la présentation clinique de l’ichtyosarcotoxisme à la Réunion a été réalisée en 1995–1996. Les objectifs de ce travail étaient : (1) d’actualiser les données épidémiologiques d’ichtyosarcotoxisme sur les dix dernières années ; (2) d’apprécier les signes cliniques de la ciguatera. Matériels et Méthodes.– Étude rétrospective des observations d’ichtyosarcotoxisme collectées par l’Agence pour la Recherche et la VAlorisation Marines (ARVAM) de janvier 2000 à 2010. La recherche a été complétée par les cas de toxi-infections alimentaires collectives enregistrées par la DRASS durant la même période. Les patients affectés par une toxi-infection de type ciguatera ont été secondairement contactés par téléphone et interrogés à partir du questionnaire standardisé proposé par l’ARVAM. Résultats.– Deux cent trente malades correspondant à 58 dossiers ont été collectés. 150 cas de toxi-infection ciguatérique (63,8 %) sont rapportés parmi lesquels 95 observations ont pu être analysées. Le taux d’incidence annuel des ichtyosarcotoxismes est estimé à 0,30/10 000 habitants pour la période étudiée. L’incidence calculée à partir de trois études réalisées de 1986 à 1996 étaient de 0,8/10 000 et la ciguatera représentait 80,2 % de la totalité des ichtyosarcotoxismes. Les signes cliniques dans les 95 infections par ciguatera observées à une fréquence supérieure à 50 % sont : les paresthésies des extrémités (75,8 %), prurit (61,1 %), asthénie (61 %), myalgies (54,7 %), dysesthésies superficielles (54,7 %), paresthésies buccales et/ou péribuccales (53,7 %), dysesthésies de type inversion de la sensibilité chaud-froid (52,6 %) et nausées (51,6 %). Cette symptomatologie mélangeant à la fois des manifestations neurologiques (particulièrement retrouvées dans le Pacifique) et digestives (dominantes aux Caraïbes) suggère une originalité clinique de l’infection à la Réunion. Un seul patient a été hospitalisé pour un choc hypovolémique. L’évolution a été favorable dans tous les cas avec une résolution médiane des symptômes en trois semaines. Conclusion.– L’ichtyosarcotoxisme est une pathologie endémique des zones tropicales et subtropicales affectant le Pacifique, les Caraïbes et l’Océan Indien fréquemment observées dans certains DOM-TOM. Notre étude montre une baisse relative de l’incidence de l’ichtyosarcotoxisme et de la ciguatera à la Réunion possiblement liée à une meilleure prévention et suggère un phénotype propre du syndrome ciguatérique. Des observations ont été récemment rapportées, en France, d’ichyosarcotoxisme suite à la consommation de poissons tropicaux importés ou ingérés lors d’un séjour à l’étranger [1]. Ces données et l’apparition de microalgues du genre Gambierdiscus en Méditerranée invitent à sensibiliser les cliniciens de la métropole sur l’existence de cette pathologie.
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Référence Dickey R, et al. Toxicon 2010;56:123–36. doi:10.1016/j.revmed.2011.03.043 CO 026
Comparaison épidémiologique et clinico-biologique de 377 cas de fièvre hémorragique avec syndrome rénal (FHSR) issus de la zone épidémique et de la zone endémique A.S. Batalla a , C. Penalba b , K. Ainine c , D. Line d , A. Servettaz e , C. Strady a , R. Jaussaud f a Médecine interne, maladies infectieuses, immunologie clinique, CHU de Reims, Reims, France b Service de médecine A, hôpital Corvisart, Charleville-Mezieres, France c Service de médecine interne et maladies infectieuses, CH de Laon, Laon, France d Service de maladies infectieuses, CH de Soissons, Soissons, France e Médecine Interne, maladies infectieuses, immunologie clinique, Chru de Reims, Reims, France f Service de médecine interne, maladies infectieuses, immunologie clinique, CHU de Reims, Reims3, France Introduction.– En France, les FHSR à virus Puumala (genre hantavirus) sont localisées dans le quart nord-est. Il s’agit d’une forme modérée de la maladie, également connue sous le nom de nephropathia epidemica, caractérisée par un syndrome fébrile aigu, des céphalées, des douleurs abdominales, une atteinte rénale temporaire (avec protéinurie et augmentation de la créatinine). L’existence d’un trouble visuel (myopie transitoire) est un signe pathognomonique de la maladie. Sur le plan biologique présence d’une thrombopénie, parfois sévère, sans signes hémorragiques majeurs associés. La présentation clinique de cette pathologie, mal connue en dehors des régions concernées, peut orienter à tort vers des diagnostics différentiels (leptospirose, urgence chirurgicale abdominale. . .). La connaissance de cette maladie est donc nécessaire pour éviter les errances diagnostiques. L’objectif de ce travail était la comparaison épidémiologique, et clinico-biologique des cas d’infection survenus dans le foyer épidémique Ardennais (zone 1), le foyer intermédiaire des crêtes pré-Ardennaises (zone 2), et le foyer endémique (Marne et sud-ouest de l’Aisne : zone 3) entre 1997 et 2009. Patients et Méthodes.– Les 377 patients inclus présentaient des signes cliniques évocateurs de la maladie et des critères biologiques (présence d’IgM et d’IgG, soit une séroconversion IgG) confirmés par le Centre National de référence des fièvres hémorragiques virales. La zone 1 comptabilise 214 cas (57 %), la zone 2 : 59 cas (16 %) et la zone 3 : 104 cas (27 %). Résultats.– Les années épidémiques représentent 70,5 % des cas et surviennent tous les deux ans. La moyenne annuelle globale est de 29 cas/an (médiane de 15 cas/an), 2005 a été l’année épidémique la plus importante (avec 108 cas recensés), 1997 est l’année non épidémique avec le nombre de cas le plus faible (7 cas). La répartition saisonnière varie selon les zones (36,4 % des cas en zone 1 surviennent au 2e trimestre, contre 32,7 % durant le 4e trimestre en zone 3). Entre les zones 1 et 3, les différences cliniques significatives sont les signes digestifs (p = 0,004) et l’hématurie (p = 0,003), qui sont plus importantes en zone 3. En zone 1 on retrouve plus d’arthro-myalgies (p = 0,0001) et d’anomalies pulmonaires radiographiques (p = 0,003) qu’en zone 3. Biologiquement, la valeur moyenne de créatinine maximale et l’atteinte cytolytique sont plus marquées en zone 3 qu’en zone 1 (respectivement p = 0,04 et p = 0,008 en ASAT, p = 0,0007 en ALAT). Discussion.– Une modification des cycles épidémiques est survenue depuis 1999 (actuellement tous les deux ans contre trois ans auparavant). Ces cycles suivent la dynamique des populations des campagnols roussâtres qui sont le réservoir de la maladie. Il existe