Ce qu’il faut avoir lu ©John Libbey Eurotext
Apport majeur de la biologie au pronostic des rhabdomyosarcomes alvéolaires
doi: 10.1684/bdc.2010.1209
L
es rhabdomyosarcomes (RMS) sont les sarcomes des parties molles les plus fréquents de l’enfant et sont divisés en deux sous types histologiques : les RMS alvéolaires (ARMS) et les RMS embryonnaires (ERMS). La différenciation entre ces deux sous-types se fait sur des critères histologiques correspondant principalement à la présence d’une architecture tumorale caractérisée par des alvéoles tapissées de cellules tumorales ayant tendance à desquamer dans les espaces alvéolaires. Le mauvais caractère pronostique des RMS de sous-type alvéolaire est connu depuis longtemps et a conduit les équipes nord-américaines et européennes à intensifier le traitement des enfants atteints de ce type de tumeur en administrant une radiothérapie locale systématiquement et une chimiothérapie de type « haut-risque » pour tous ces patients quels que soient leurs autres critères de risque. La découverte, en 1995, de translocations spécifiques des ARMS, t(2 ;13)(q35 ;q14) et t(1 ;13)(p36 ;14), qui associent les gènes de la famille PAX (3 et 7) à FOXO1 a permis d’avoir un outil moléculaire diagnostique supplémentaire. Ces transcrits, mis en évidence en RT-PCR, sont retrouvés chez 70 % des ARMS (ARMSp). Il existe donc environ 30 % des enfants dont le diagnostic de RMS de sous-type alvéolaire n’est sous-tendu que par ses spécificités histologiques. La question posée est donc de mieux définir cette sous-population de patients présentant un ARMS sans transcrit (ARMSn) afin de déterminer s’ils doivent bénéficier de traitements similaires aux autres, notamment avec intensification thérapeutique. De manière rétrospective, les auteurs ont donc comparé 3 populations de patients, les ERMS (77 patients), les ARMSn (39 patients) et les ARMSp (94 patients) [1]. Cette étude a permis
Bull Cancer vol. 97
• N° 12 • décembre 2010
de constater que les patients ayant un ARMSn sont statistiquement comparables à ceux ayant un ERMS en ce qui concerne la médiane d’âge au diagnostic, la répartition par sites pronostiques, l’extension initiale selon la classification SIOP et la taille tumorale. De même, la survie de ces deux populations est identique. Tous ces paramètres cliniques diffèrent de la population d’enfants avec un ARMSp. Les analyses des signatures d’expression des gènes, supervisées ou non, démontrent que ces sous-groupes sont mieux caractérisés par la présence ou non de la fusion PAX que par l’histologie. Ces analyses permettent de différencier les ARMSp des autres RMS, tandis que les ERMS sont en tout point identiques aux ARMSn. De même, les profils d’amplification en hybridation génomique comparative semblent identiques entre les ERMS et les ARMSn. Cette étude permet donc de confirmer que les ARMSn sont cliniquement et génétiquement indissociables des ERMS. Il n’y a en conséquence pas lieu d’intensifier le traitement pour ces enfants sur le seul critère histologique. La biologie moléculaire apporte donc des éléments beaucoup plus probants que l’histologie dans la discrimination pronostique de ces patients et doit être systématiquement faite au diagnostic pour guider la thérapeutique pour tout patient atteint de RMS. Le caractère rétrospectif de cette étude chez des patients pouvant ne pas avoir tous reçus les mêmes traitements doit néanmoins pondérer ces résultats.
Daniel Orbach Département de pédiatrie, Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris, France
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Références 1. Williamson D, Missiaglia E, de Reynies A, Pierron G, Thuille B, Palenzuela G, et al. Fusion gene-negative alveolar rhabdomyosarcoma is clinically and molecularly indistinguishable from embryonal rhabdomyosarcoma. J Clin Oncol 2010 ; 28 : 2151-8.
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