Après Vancouver, la tentation de Venise

Après Vancouver, la tentation de Venise

Éditorial Kinesither Rev 2007;(68-69):1 Après Vancouver, la tentation de Venise E n reprenant les éditoriaux des mois précédents, vous avez compri...

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Éditorial

Kinesither Rev 2007;(68-69):1

Après Vancouver, la tentation de Venise

E

n reprenant les éditoriaux des mois précédents, vous avez compris que nous avions des ambitions pour notre revue et pour notre profession. Après le congrès mondial de la Kinésithérapie, nous pouvons nous dire que la Kinésithérapie se porte bien à travers le monde. Douze pays africains ont des études reconnues au niveau universitaire, des kinésithérapeutes obtiennent des diplômes de professeurs en kinésithérapie, des spécialistes apparaissent dans différents domaines et des auteurs kinésithérapeutes écrivent dans des journaux prestigieux et reconnus au niveau international. L’examen clinique, les classifications des pathologies sous un angle kiné et le rôle de la kinésithérapie dans la Santé Publique sont des domaines en plein développement. Cela montre que les kinésithérapeutes prennent du recul par rapport à leur métier, pour le faire progresser et l’adapter aux besoins actuels et futurs de la profession. Un symposium m’a marqué, il touchait un de mes domaines d’enseignement : « le syndrome fémoro-patellaire ». Trois experts étaient présents (un Américain, une Australienne et une Suédoise) sous l’invitation d’un confrère belge. Ce dernier annonça avec une certaine émotion : « je suis heureux de recevoir trois experts mondiaux de cette pathologie et de les réunir à cette table. Ils ont publié à eux trois plus de 100 articles sur le sujet et publié dans des revues relues par leurs pairs ». De mon côté, je ne connaissais aucun de ces 3 référents et j’avais lu peut-être 3 articles écrits par eux… Et vous, connaissez-vous leurs noms ? Lors de la présentation de mon poster, j’ai rencontré « Liaqat », un pakistanais qui était dans la même allée que moi. Il a obtenu son diplôme au Pakistan, puis est parti à Boston pour poursuivre sa formation. Il a obtenu son doctorat en kinésithérapie et s’est installé en privé dans le New Jersey où il a ouvert son cabinet (sa clinic). Il est payé autour de 100 dollars la consultation (30 à 45 minutes) et possède entre autre, un appareil isocinétique, etc. Il a conclu : « vous, les Français, vous n’avez pas une vision réaliste du monde, vous devez parler anglais et sortir de chez vous ! ».

À mon retour en France, j’étais encore dans l’excitation d’avoir côtoyé 4 000 consœurs et confrères. Pendant ces 5 jours, j’avais essayé de transmettre mes sensations en envoyant des petits reportages vidéo sur notre blog pour montrer l’ambiance du congrès (http://revuekine.hautetfort.com/wcpt/). J’attendais « l’impact ». Les premiers kinésithérapeutes français que j’ai rencontrés m’ont dit : « ce sont des anglo-saxons, ils ne pratiquent pas comme nous », « nous sommes de vrais praticiens, car on touche nos patients », « nous ne devons pas nous spécialiser », « les études c’est compliqué à réformer » , « c’était intéressant le congrès ? », « Pierre, tu ne peux rien faire bouger en France, c’est le combat contre des moulins à vent », « le niveau du diplôme d’État s’est amélioré de manière très importante, et le travail écrit est de grande qualité, nous changeons ». Le dernier m’a dit : « Pierre, tu vas bientôt être au bord de la tentation de Venise ». Je ne savais pas comment interpréter ce dernier conseil. Car là aussi je ne savais pas trop ce que c’était… En cherchant sur Internet, j’ai trouvé 4 définitions : – retraite loin des hommes et de leurs tracas pour vivre comme un ermite, tout simplement ; – recul momentané afin de réfléchir sur le passé et en tirer des conséquences pour l’avenir ; – changer de vie tout bonnement, avec des orientations différentes, aussi bien familialement que professionnellement ; – se lancer enfin dans un projet qui hante l’esprit depuis longtemps, qui automatiquement va changer la vie. Mais peut-être qu’il n’y a pas que moi, de touché par ce syndrome ? Et vous ? Et la kinésithérapie française ? Pour moi, actuellement, c’est la quatrième définition : faire évoluer notre formation et nos connaissances, et j’essaierai de vous la faire partager… Pierre Trudelle Rédacteur en chef de Kinésithérapie, la revue [email protected] Réagissez sur le blog: http://revuekine.hautetfort.com/ Réponse concernant les 3 intervenants : « Christopher Powers, Kay Crossley, Suzanne Werner ».