La Revue de médecine interne 27 (2006) 813–827 http://france.elsevier.com/direct/REVMED/
Article original
Aspergilloses au cours de maladies systémiques traitées par corticoïdes et/ou immunosuppresseurs : analyse de neuf cas et revue de la littérature Aspergillosis in systemic diseases treated with steroids and/or immunosuppressive drugs: report of 9 cases and literature review K. Stankovica,*, P. Sèvea, A. Hotb, N. Magyc, I. Durieud, C. Broussollea a
Service de médecine interne, Hôtel-Dieu, 1, place de l’Hôpital, 69288 Lyon cedex 02, France b Service de médecine interne, hôpital Édouard-Herriot, 69437 Lyon cedex 03, France c Service de médecine interne et immunologie clinique, CHU Jean-Minjoz, 25030 Besançon cedex, France d Service de médecine interne, centre hospitalier Lyon-Sud, 69495 Pierre-Bénite, France Reçu le 10 mars 2006 ; accepté le 12 juillet 2006 Disponible sur internet le 24 août 2006
Résumé Propos et méthodes. – Étude rétrospective multicentrique d’aspergilloses au cours de maladies systémiques (MS) traitées par corticoïdes et/ou immunosuppresseurs et revue de la littérature. Résultats. – Neuf patients ont été inclus ; 62,8 ans en moyenne ; maladie de Horton (trois cas), lupus érythémateux disséminé (deux), polymyosite (un), polyangéite microscopique (un), purpura thrombopénique idiopathique (un), polyarthrite rhumatoïde (un). L’aspergillose était survenue 28 mois après le début du traitement de la MS : corticoïdes dans tous les cas, en moyenne 50,8 mg/j ; cyclophosphamide (deux cas) ; méthotrexate (un) ; immunoglobulines intraveineuses puis dapsone (un), leflunomide (un). Les aspergilloses étaient invasives ou pulmonaires chroniques, de localisation pulmonaire (quatre cas) ou cérébrale (un) ou pulmonaire et cérébrale (deux cas). La lymphopénie était marquée, en moyenne 472 lymphocytes/mm3. Le délai au diagnostic était de 20,75 jours dans les formes invasives et de 18,5 mois dans les formes pulmonaires chroniques, obtenu par culture dans sept cas (LBA : quatre, biopsie cérébrale : trois) et à l’examen direct du LBA dans deux cas. La sérologie était positive dans quatre cas. Les traitements reçus étaient : voriconazole (quatre cas), itraconazole (deux), amphotéricine B (un), association caspofungine et voriconazole (un), traitement séquencé par voriconazole et itraconazole (un patient). Six patients ont guéri ; trois patients sont décédés rapidement après le diagnostic. Cinquante-quatre cas publiés dans la littérature sont analysés. Conclusion. – Les signes révélateurs des aspergilloses sont aspécifiques et torpides chez les patients traités par corticoïdes et/ou immunosuppresseurs pour une MS. L’évolution reste sévère mais un traitement spécifique précoce peut permettre une guérison complète. © 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract This is a multicentric retrospective study of aspergillosis in patients treated by corticosteroids and/or immunosuppressive drugs for systemic diseases and a review of the literature. Nine patients, 5 men and 4 women, mean age of 62.8 years old were included among which Horton’s diseases (3 cases), systemic lupus erythematosus (2), polymyositis (1), microscopic polyangiitis (1), idiopathic thrombocytopenic purpura (1), rheumatoid polyarthritis (1). Aspergillosis occurred in average 28.4 month after the diagnosis of systemic disease, and 28 months after the beginning of its treatment: corticosteroids in all cases, at a dose of 50.8 mg/day (equivalent prednisone) in average, cyclophosphamide (2 cases), methotrexate (1), intravenous immunoglobulins (1), leflunomide (1). All cases were invasive or chronic pulmonary aspergillosis located in the lungs (6 cases), or in the brain (3). Revealing symptoms were mild and non specific. Lymphopenia was severe in most cases, in average 472 lymphocytes/mm3 and 283 CD4+/mm3. The diagnosis was confirmed 20.75 days after the first symptoms in invasive aspergillosis, and 18.5 months in the chronic pulmonary cases, by cultures in 7 cases (broncho-alveolar lavage: 4; cerebral biopsy: 3), and direct microscopy
* Auteur
correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (K. Stankovic).
0248-8663/$ - see front matter © 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.revmed.2006.07.007
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examination of broncho-alveolar lavage in 2 cases. Specific serology was positive in 4 cases. Patients were treated by voriconazole (4 cases), itraconazole (2), amphotericin B (1), association of caspofungin and voriconazole (1), successive voriconazole and itraconazole (1). Six patients recovered from aspergillosis with 10.8 months of following time, 3 patients died a few days after confirmation of the diagnosis. Fifty-four cases of the literature are analysed. © 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Aspergilloses ; Maladies systémiques ; Corticoïdes ; Immunosuppresseurs Keywords: Aspergillosis; Systemic disesases; Steroids; Immunosuppressive drugs
1. Introduction L’aspergillose est une infection opportuniste grave chez des patients immunodéprimés. Elle est bien connue en oncologie et en hématologie maligne où les tableaux cliniques sont souvent rapidement révélateurs [1]. Elle a été décrite chez des patients atteints du syndrome d’immunodéficience acquise (sida) et après transplantation d’organe. L’aspergillose peut également se greffer sur des lésions pulmonaires chroniques, bronchopneumopathie obstructive sévère, où elle est favorisée par une corticothérapie inhalée ou systémique [2], mucoviscidose, ou sur des lésions granulomateuses de sarcoïdose, ou sur des cavités séquellaires d’une tuberculose [3]. Elle se développe sur d’autres terrains immunocompromis, diabète, alcoolisme chronique, insuffisance hépatocellulaire ou rénale chronique [4]. Enfin, des cas d’aspergillose ont été décrits chez des patients atteints de pathologies systémiques traitées par corticoïdes et/ou immunosuppresseurs au long cours. Dans cette situation, l’aspergillose se développe le plus souvent de façon torpide avec des signes cliniques aspécifiques et frustes, expliquant des délais diagnostiques parfois prolongés et un retard thérapeutique. À travers neuf observations et une revue de la littérature, l’objectif de ce travail est de décrire les caractéristiques cliniques, biologiques, radiologiques, et l’évolution des aspergilloses survenant sur ce terrain. 2. Patients et méthode 2.1. Patients Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique réalisée dans les services de médecine interne de la région Centre-Est avec la collaboration du laboratoire de mycologie centralisant les recherches d’Aspergillus dans cette région. La première observation a été recueillie en 1989, et les dernières données du suivi des patients en janvier 2006. Les critères d’inclusion étaient les suivants : patients suivis pour une pathologie systémique, recevant ou ayant reçu une corticothérapie et/ou un autre traitement immunosuppresseur. Le diagnostic d’aspergillose était retenu lorsqu’il y avait une concordance entre les éléments cliniques et radiologiques et une documentation mycologique par une culture sur milieu de Sabouraud ou un examen direct. Une sérologie par immunofluorescence indirecte, électrosynérèse et immunoélectrophorèse (arc spécifique) avec recherche des antigènes aspergillaires en technique Elisa, avait également été réalisée pour sept des neuf patients de la série.
Les patients ayant une pathologie systémique ou des lésions favorisant une greffe aspergillaire (par exemple lésions granulomateuses pulmonaires de sarcoïdose, pathologie pulmonaire chronique, etc.) étaient exclus. Les données suivantes étaient recueillies : ● âge au diagnostic d’aspergillose ; ● durée de la pathologie systémique, traitement et durée de celui-ci ; ● pathologies associées ; ● éléments cliniques, et radiologiques ayant orienté le diagnostic d’aspergillose ; ● données mycologiques, sérologiques, immunologiques et histologiques ayant confirmé le diagnostic d’aspergillose ; ● délai diagnostique ; ● localisation de l’aspergillose ; ● traitement ; ● infections associées ; ● évolution. La définition des aspergilloses a été faite selon la classification de Denning [5]. 2.2. Revue la littérature Elle a été effectuée à partir de la base de données Medline (PubMed, National Library of Medicine, Bethesda, MD) analysée de 1966 à 2005 et articles référencés remontant jusqu’à 1956. Cette recherche a été complétée par une revue des abstracts des congrès de la Société française de médecine interne (SNFMI) et des Journées nationales d’infectiologie des dernières années. Certaines données n’étaient pas précisées dans les articles (notées par NS dans les tableaux), en particulier les durées et posologies des traitements antifongiques. La classification des aspergilloses des différents cas a été reprise telle qu’elle était présentée dans les articles. En effet, les données de la description des cas étaient souvent insuffisantes pour redéfinir les types d’aspergillose selon la classification de Denning. 3. Résultats 3.1. Caractéristiques générales des patients (Tableaux 1 et 2) Neuf patients suivis entre 1989 et 2006 ont été inclus dans l’étude : cinq hommes et quatre femmes, d’âge moyen 62,8 ans
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Tableau 1 Antécédents, infections concomitantes et traitements associés des neuf patients de la série personnelle Patient 1
Âge/sexe 63 M
Antécédents HTA, dépression, migraines Pneumothorax — talcage — première aspergillose invasive dans les suites immédiates (13 ans avant) VHB guérie, VHC chronique, cirrhose + cryoglobuline type II–Interféron + ribavirine, fracture os propres du nez et dents Hémochromatose, ulcère duodénal et péritonite opérés, dénutrition, phlébite et embolie pulmonaire
2
69 M
3
66 M
4
78 F
Fracture poignet, cataracte, HTA, Biermer, diabète, panaris doigt, neuropathie sensitivomotrice, perforation de diverticule sigmoïdien
5 6 7
60 F 52 F 22 M
8
75 M
Hépatite B guérie Dépression, AVP (coma), cancer du sein opéré, 3FCS Hémophilie A (FVIII 3 %), synovectomie coude et genou G, hépatite C chronique active cirrhose + cryoglobuline, diabète, HTA, hypothyroïdie, hématome cavum Asthme, cholécystectomie, sigmoïdite, adénocarcinome prostatique
Infections concomitantes–traitements associés Enterobacter cloacae dans LBA–C3G
0 Colite à CMV, septicémie et arthrite épaule à Staphylococcus aureus Ganciclovir puis valganciclovir, teicoplanine–fosfomycine puis acide fucidique + synergistine Candida albicans, Streptococcus α-hémolytique + Enterococcus faecalis + HSV1 (LBA), puis Escherichia coli (sang + urines) C3G + quinolone puis tazocilline + amikacine 0 PénicillineA + quinolone + aciclovir Imipénème, GM–CSF
Sigmoïdite Tazocilline puis pénicilline A + acide clavulanique puis C3G + fosfomycine + métronidazole 9 81 F DDB, dépression, canal carpien, HTA, cholécystectomie, Pseudomonas aeruginosa (LBA) puis Klebsiella pneumoniae appendicectomie, ostéoporose, fracture col fémur, hygroma coude (urines) infecté à Staphylococcus aureus, thrombose murale crosse aortique, C3G puis ticarcilline + acide clavulanique puis gastrite atrophique, myélodysplasie ceftazidime + quinolone HTA : hypertension artérielle ; VHB et VHC : virus de l’hépatite B et C ; AVP : accident de la voie publique ; FVIII : facteur VIII ; DDB : dilatation des bronches ; C3G : céphalosporine de troisième génération ; CMV : cytomégalovirus ; HSV1 : herpes simplex virus 1 ; LBA : lavage bronchoalvéolaire ; GM–CSF : granulocyte-macrophage-colony stimulating factor. Tableau 2 Caractéristiques des maladies systémiques (MS) et de leurs traitements dans les neuf cas de la série personnelle Patient
Maladie systémique
Durée d'évolution de la MS
Corticothérapie (dose équivalent prednisone)
Immunosuppresseur associé
1 2
Horton PTI
2 mois 11 mois
20 mg/j 40 mg/j
3 4 5
Horton Horton LED
7 mois 5 mois 10 ans
40 mg/j 60 mg/j Dose dégressive de 90 à 10 mg/j
0 IgIV, embolisation splénique, disulone 0 0 Cyclophosphamide per os (3 ans) puis antipaludéens de synthèse
6 7
LED Polymyosite post-IFN
3 mois 8 mois
Bolus (500 mg/j) puis 200 mg/j 80 mg/j
8
Polyangéite microscopique (ANCA+) PR
4 mois
Prednisone 1 mg/kg par jour
8 ans
10 mg/j
9
Interféron (2 mois) + ribavirine, méthotrexate (15 mg/j), IgIV Cyclophosphamide bolus IV/mois
Durée de traitement de la MS lors de la survenue de l'aspergillose 2 mois 11 mois 3 mois 5 mois 10 ans 3 mois 8 mois 4 mois
Méthotrexate per os (8 ans) puis 8 ans leflunomide PTI : purpura thrombopénique idiopathique ; LED : lupus érythémateux disséminé ; ANCA : anticorps anticytoplasme des polynucléaires neutrophiles ; PR : polyarthrite rhumatoïde ; IgIV : immunoglobulines intraveineuses.
(22–81 ans) au moment du diagnostic d’aspergillose. Les pathologies systémiques étaient les suivantes : ● polyarthrite rhumatoïde (un cas) ; ● polyangéite microscopique anticorps anticytoplasme des polynucléaires neutrophiles+ (un cas) ; ● polymyosite postinterféron (un cas) ; ● lupus érythémateux disséminé (LED) [deux cas] ; ● maladie de Horton (trois cas) ; ● purpura thrombopénique immunologique idiopathique (un cas).
La pathologie systémique avait été diagnostiquée en moyenne 28,4 mois (deux mois à dix ans) et son traitement avait débuté en moyenne 28 mois avant la survenue de l’aspergillose. Tous les patients recevaient une corticothérapie par voie générale, à la dose moyenne de 50,8 mg d’équivalent prednisone/jour. Un autre traitement immunosuppresseur était associé chez cinq patients : immunoglobulines intraveineuses (IV) puis dapsone (un patient), cyclophosphamide (oral un patient, bolus IV mensuels un patient), méthotrexate per os (un patient), leflunomide (un patient). Tous ces patients avaient de nombreux antécédents et des comorbidités parfois sévères.
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La plupart d’entre eux avaient également une infection aiguë concomitante à l’aspergillose nécessitant un traitement spécifique : infections bactériennes (Enterobacter cloacae, Staphylococcus aureus Meti-R, Streptocoque β-hémolytique, Enterococcus faecalis, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Klebsiella pneumoniae), virale (cytomégalovirus, herpès simplex virus de type 1) ou fongique (Candida albicans). Biologiquement, la lymphopénie était marquée avec en moyenne 472 lymphocytes/mm3 ; la numération des CD4 n’a été effectuée que chez trois patients et était en moyenne à 283 CD4/mm3. Une neutropénie n’était retrouvée que chez une patiente présentant un lupus érythémateux disséminé avec des polynucléaires neutrophiles oscillant entre 510 et 1500/mm3 et un nadir au moment de la première poussée lupique révélatrice de la maladie systémique ayant duré 10 à 15 jours (cas no 6). 3.2. Caractéristiques des formes d’aspergillose (Tableaux 3 et 4) L’aspergillose était pulmonaire chronique dans trois cas, invasive subaiguë dans quatre cas et invasive aiguë dans deux cas. Sa localisation était pulmonaire dans six cas, cérébrale dans un cas, et double, pulmonaire et cérébrale dans deux cas. Les signes cliniques étaient le plus souvent frustes et peu spécifiques : altération modérée de l’état général ; toux et dyspnée d’installation très progressive dans les formes pulmonaires, sans aucun cas d’hémoptysie ; céphalées peu intenses puis crises convulsives généralisées et coma dans un cas, signes de localisation d’apparition secondaire (amblyopie et paralysie de la troisième paire crânienne gauche, amaurose transitoire et hémiplégie droite) dans un second cas de forme cérébrale.
Les anomalies biologiques n’étaient pas spécifiques et n’orientaient pas le diagnostic ni la gravité de l’aspergillose : présence d’un syndrome inflammatoire (CRP = 143 mg/l en moyenne), augmentation des lactates deshydrogénases (à moins de trois fois la normale), cytolyse hépatique et cholestase anictérique, hypo- ou hypergammaglobulinémie selon les observations. Une ponction lombaire réalisée chez un patient révélait une hyperprotidorachie (8 g/l) avec une cellularité panachée (600/mm3). Radiologiquement, les lésions pulmonaires se caractérisaient par leur évolutivité dans le temps, leur type interstitiel diffus micronodulaire avec parfois des atélectasies et un épanchement pleural, épaississement pleural (Fig. 1). À l’étage cérébral, les lésions étaient multiples et diffuses avec un centre nécrotique et un halo périphérique œdémateux (Fig. 2). Le diagnostic d’aspergillose était fondé sur la conjonction d’arguments cliniques (terrain immunodéprimé, signes respiratoires d’installation fruste ou cérébrale suivant la localisation), radiologiques (infiltrats interstitiels évolutifs dans le temps avec bilatéralisation pour les formes pulmonaires, abcès cérébraux pour les formes cérébrales) et mycologiques avec mise en évidence de filaments à l’examen direct du liquide d’aspiration bronchique dans deux cas ou culture positive d’Aspergillus dans le LBA dans quatre cas ou dans les biopsies cérébrales dans les trois cas avec localisation cérébrale. La sérologie, effectuée chez six patients, était positive dans quatre cas, dont deux des patients qui avaient une culture positive dans le LBA, à des titres très variables (160 à 1280) avec présence d’arcs spécifiques dans deux cas. L’antigène circulant aspergillaire était retrouvé à très faible taux chez un seul des cinq patients chez lesquels cette recherche avait été réalisée, permettant ainsi de retenir le diagnostic d’aspergillose chez ce
Tableau 3 Caractéristiques de l’aspergillose dans les neuf cas de la série personnelle Patient 1 2 3 4
Classification aspergillose Aspergillose pulmonaire chronique Aspergillose invasive subaiguë Aspergillose invasive subaiguë Invasive aiguë
Localisation aspergillose Poumons
Tableau clinicoradiologique
Anomalies biologiques
Pneumopathie interstitielle bilatérale
Cerveau
Céphalées, paralysie III, abcès préhypophysaire
Lymphopénie (300/mm3), élévation des LDH (817 UI/l), IgM lambda monoclonale Lymphopénie (1000/mm3)
Poumons
Pneumopathie nodulaire bilatérale
Poumons
Pneumopathie micronodulaire bilatérale avec lésions excavées puis défaillance multiviscérale Fièvre, pleuropneumopathie alvéolointerstitielle bilatérale évolutive, détresse respiratoire Pneumopathie interstitielle bilatérale au cours d'une poussée lupique Céphalées, convulsions, coma, abcès cérébraux et cérébelleux multiples, pleuropneumopathie bilatérale alvéolaire, splénomégalie Fièvre, céphalées, écoulement mucopurulent nasal, pneumopathie interstitielle, hémiplégie sur abcès frontal puis AVC massif
5
Aspergillose pulmonaire chronique
Poumons
6
Aspergillose invasive subaiguë Aspergillose invasive subaiguë
Poumons
7
Poumons, cerveau
8
Invasive
Poumons, cerveau
9
Aspergillose pulmonaire chronique
Poumons
Fièvre, pleuropneumopathie interstitielle bilatérale, lésions excavées du lobe supérieur droit AVC : accident de la voie publique ; LDH : lactates deshydrogénases ; PL : ponction lombaire.
Lymphopénie (300/mm3), syndrome inflammatoire Lymphopénie (890/mm3, CD4/CD8 < 1), syndrome inflammatoire Pancytopénie, lymphopénie (460/mm3), élévation des LDH Lymphopénie (CD4 = 141/mm3), cytolyse hépatique PL = hyperprotidorachie Lymphopénie (410/mm3 dont CD4 = 168/mm3), syndrome inflammatoire PL = 600GB/mm3 panaché, hyperprotidorachie (8 g/l), stérile Thrombopénie, lymphopénie (500/mm3), hypogammaglobulinémie, élevation des LDH (1000 UI/l)
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Tableau 4 Méthodes diagnostiques, traitements et évolution de l’aspergillose chez les neuf patients de la série personnelle Patient
Méthode diagnostique
Souche
Traitement aspergillose
Évolution
Aspergillus fumigatus
Délai diagnostique NS
1
Culture LBA, sérologie positive
Première épisode : lobectomie droite + itraconazole pendant 3 mois Deuxième épisode 13 ans après : voriconazole (7 mois) puis itraconazole en continu
Biopsie cérébrale
Aspergillus spp
1 mois
3
Examen direct du LBA, sérologie négative
Aspergillus spp
15 jours
4
Culture LBA, sérologie positive LBA stérile, sérologie positive dont 4 arcs spécifiques Examen direct et culture LBA Ag circulant faiblement positif Culture biopsie cérébrale, Sérologie positive
Aspergillus fumigatus
NS
Aspergillus spp
3 ans
Voriconazole (2 mois) puis itraconazole puis voriconazole (200 mg/j), 1 mois puis itraconazole (400 mg/j) en continu Voriconazole (200 mg/j), 4 mois puis 100 mg/j) jusqu'à la fin de la corticothérapie (18 mois) Itraconazole (400 mg/j) pendant 2 mois puis fungizone IV (35 mg/j) Itraconazole (200 mg/j) pendant 1 an
Progression lente sur 13 ans, franche aggravation sous corticothérapie malgré la diminution des doses de celle-ci, et traitements antifongiques Détresse respiratoire, hospitalisation en réanimation Guérison (1 an de recul)
2
Aspergillus fumigatus
Plusieurs semaines
Voriconazole (200 mg/j) pendant 8 mois
Guérison (1 an de recul)
Aspergillus fumigatus
10 jours
Caspofungine IV (70 mg/j) seul pendant 7 jours puis associé au voriconazole (200 mg/j) pendant 10 jours puis adjonction d'amphotéricine B liposomale Amphotéricine B Voriconazole pendant 3 mois
Guérison (au sixième mois de traitement)
5
6
7
8 9
Culture biopsie cérébrale Aspergillus fumigatus 15 jours Culture LBA, sérologie Aspergillus fumigatus 1 mois négative LBA : lavage bronchoalvéolaire ; Ag : antigène ; NS : non spécifié.
patient qui avait par ailleurs une culture de LBA positive. L’espèce aspergillaire a été déterminée dans six cas, il s’agissait d’un Aspergillus fumigatus, non précisé dans les trois autres cas. Pour le patient 9, le diagnostic a été retenu sur l’association d’arguments cliniques, radiologiques, la culture du LBA positive et l’amélioration sous traitement spécifique par voriconazole. Le délai diagnostique était de 20,75 jours dans les formes invasives et de 18,5 mois (un mois à trois ans) dans les formes chroniques. Le délai diagnostique d’aspergillose de trois ans chez la patiente 5 est expliqué par le fait que l’évolution fibrosante rétractile avait été longtemps attribuée au lupus érythémateux disséminé devant la négativité des prélèvements mycologiques ; ce n’est que lorsque la sérologie a été retrouvée positive avec présence des arcs spécifiques que le diagnostic a été confirmé et que le traitement a été commencé. Les traitements étaient les suivants : voriconazole chez quatre patients pendant 3,4 mois en moyenne, itraconazole chez deux patients pendant 6,6 mois, amphotéricine B chez un patient, association caspofungine + voriconazole chez un patient, traitement séquencé par voriconazole puis itraconazole puis voriconazole puis itraconazole chez un patient. Les effets secondaires étaient : photosensibilisation après voriconazole dans deux cas, pancytopénie après ce même traitement dans un autre cas (expliquant le séquençage avec l’itraconazole),
Guérison (1 an de recul)
Décès Décès
Décès en quatre jours Guérison (1 an de recul)
douleurs osseuses et thoraciques sous amphotéricine B dans un cas. Un patient avait bénéficié d’un traitement chirurgical suivi d’itraconazole pour un premier épisode d’aspergillose invasive 13 ans auparavant. Dans tous les cas, la corticothérapie a été diminuée rapidement au moment du diagnostic d’aspergillose et dans un cas, arrêt du traitement par méthotrexate, parallèlement à l’introduction du traitement antifongique. Il n’y a cependant pas de corrélation entre la diminution de l’immunosuppression et l’amélioration du pronostic lié à l’infection mais plutôt à la précocité du diagnostic et de l’instauration du traitement antifongique. L’évolution était favorable avec guérison de l’aspergillose chez six patients qui avaient reçu un traitement par voriconazole pendant 4,8 mois en moyenne avec une rémission maintenue après 10,8 mois de suivi en moyenne. Une reprise évolutive s’était produite 13 ans après un premier épisode d’aspergillose traité par lobectomie suivie d’itraconazole, et n’avait pas répondu après sept mois de voriconazole. Trois patients sont décédés : dans deux cas, il s’agissait de formes pulmonaires chroniques évolutives malgré dix mois de traitement par itraconazole et diminution de la corticothérapie à une dose inférieure ou égale à 20 mg/j d’équivalent prédnisone ; le troisième patient est décédé d’un accident vasculaire cérébral massif du tronc quatre jours après l’instauration d’un traitement par amphotéricine B.
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Fig. 1. Aspergillose pulmonaire (cas 5). a : radiographie simple de face ; b : coupe de TDM thoracique. Présence de foyers d’alvéolite, bronchectasies, épaississement des sommets, épanchement pleural avec un aspect festonné de la plèvre.
3.3. Revue de la littérature La revue de la littérature a permis de réunir 54 observations d’aspergilloses survenues chez des patients ayant une ou plusieurs pathologies(s) systémique(s) traitée(s) par corticothérapie et/ou immunosuppresseurs [9,10,12, 15–50]. Certaines informations de la grille de recueil de données manquent pour quelques observations. Il y avait 15 hommes et 22 femmes, le sexe n’étant pas précisé dans 17 cas. Les patients présentaient de nombreux antécédents et infections concomitantes à l’aspergillose (Tableau 5). L’âge moyen au moment du diagnostic d’aspergillose était de 35,3 ans. Les pathologies sous-jacentes, parfois associées entre elles, étaient les suivantes : ● ● ● ● ●
LED (38 cas) ; anémie hémolytique auto-immune (quatre cas) ; syndrome des antiphospholipides (quatre cas) ; polyarthrite rhumatoïde (un cas) ; purpura thrombopénique immunologique idiopathique (quatre cas) ;
Fig. 2. Aspergillose cérébrale (cas 7). a : TDM cérébrale ; b : IRM cérébrale, séquence T1 avec gadolinium : coupe sagittale. Six des 12 lésions diffuses bilatérales (ici : frontales et occipitales) au centre nécrotique entourées d’un halo périphérique œdémateux.
● dermatomyosite et polymyosite (deux cas) ; ● sclérose en plaques (un cas) ; ● vascularite systémique (trois cas) dont deux cas de maladie de Wegener ; ● maladie de Horton (trois cas). La pathologie systémique avait été diagnostiquée en moyenne 48 mois avant la survenue de l’aspergillose, et un traitement corticoïdes et/ou immunosuppresseur avait été instauré depuis 21,5 mois. Tous les patients avaient reçu un traitement par corticoïdes, parfois en bolus puis au long cours, expliquant la dose moyenne élevée de 120,5 mg/j au moment de la survenue de l’infection aspergillaire. Les autres traitements immunosuppresseurs étaient : ● cyclophosphamide (13 patients) ; ● azathioprine (cinq patients) ; ● méthotrexate (un patient) ;
Tableau 5 Revue de 54 cas de la littérature : antécédents et comorbidités, infections concomitantes et leurs traitements ; caractéristiques des maladies systémiques et leurs traitements ; caractéristiques cliniques, radiologiques et biologiques, méthodes diagnostiques, traitements et évolution de l’aspergillose Âge/
[15]
31 F
[16]
23 F
[17]
53 M
[18]
19 F
[19]
52 M
[20]
[21]
Antécédents
Infections concomitantes– traitements associés
Maladie systémique
Durée d'évolution de la MS
Klebsiella pneumoniae et Candida albicans (LBA) Neisseria sicca et Candida albicans (sang et LBA)
AIHA
2 mois
LED + syndrome antiphospholipides
Pneumocystis carinii triméthoprime/ sulfaméthoxazole
Corticothérapie (dose équivalent prednisone) 160 mg/j
Immunosuppresseur associé
Durée du traitement de la MS
Classification aspergillose
Localisation aspergillose
Tableau clinicoradiologique
Anomalies biochimiques
Méthode diagnostique
Souche
Délai diagnostique
Traitement aspergillose
Évolution
IgIV
5 jours
Invasive
Poumons, cerveau, pancréas
AVC hémorragique frontal gauche
Cytolyse hépatique, insuffisance rénale
Autopsie
Aspergillus spp
Postmortem
0
Décès
5 mois
Bolus IV (1 g/j)
CycPh en bolus IV, plasmaphérèses
5 jours
Invasive
Arbre trachéobronchique
Détresse respiratoire sur pneumopathie, état de choc
Cytolyse hépatique, insuffisance rénale, CIVD
Aspergillus fumigatus
5 jours
Fluconazole puis ampho B
Décès
PR
12 ans
50 mg/j
0
12 ans
Invasive
Larynx
Fièvre, dysphonie, hépatosplénomégalie
Aspergillus flavus
21 jours
LED
8 ans
Bolus puis 20 mg/j
CycPh en bolus puis étanercept
NS
Invasive
Poumons, cerveau, thyroïde, valves cardiaques
Culture de biopsie cérébrale
Aspergillus fumigatus
7 jours
Diabète corticoinduit
NS
PTI
2 mois
30 mg/j
0
2 mois
Invasive
Poumons, cerveau
Fièvre, céphalées, convulsions sur abcès cérébraux, pneumopathie interstitielle Fièvre, hémoptysie– pneumopathie interstitielle nodulaire, convulsions sur abcès cérébraux
Ampho B (1 mg/kg par jour) puis Ambisome puis itraconazole, filgrastim Ampho B + 5fluorocytosine
Guérison
NS
Pancytopénie dont lymphopénie (500/mm3) et neutropénie (200/mm3), cytolyse hépatique PL : hémorragie méningée
Culture LBA + biopsie bronchique Culture de biopsie de corde vocale
PL : hémorragie méningée, hypoglycorachie, hyperprotidémie (0,55g/l)
Culture LBA
Aspergillus fumigatus
10 jours
Guérison (12 mois de recul)
46 F
Diabète corticoinduit
NS
Dermatomyosite
40 mg/j
Méthotrexate
NS
Invasive
Poumons
Fièvre, pneumopathie nodulaire bilatérale
Lymphopénie (266/mm3)
Aspergillus fumigatus
6 jours
58 M
Hypothyroïdie, abcès diverticulaire opéré, phlébite et embolie pulmonaire postchirurgicales, hypertrophie bénigne de la prostate
Péritonite
PTI + AIHA + anticardiolipides
Bolus puis 20 mg/j
IgIV, splénectomie, danazol, vincristine, dapsone, ciclosporine A, polychimiothérapie (CycPh + vinblastine + prednimustine), fludarabine, CycPh IV, azathioprine
4 ans 2 mois
Invasive
Poumons, duodénum
Gastrite et duodénite hémorragiques
NS
Culture crachats + biopsie bronchique Autopsie
Fluconazole puis amphoB (1,5 mg/kg jour) + Itraconazole (400 mg/j) puis ambisome (5 mg/kg par jour) + itraconazole (800 mg/j) 2 mois, puis itraconazole seul (400 mg/j) Ampho B
Aspergillus spp
Postmortem
Sexe
Fleuriste
3 ans
0
Décès
Guérison (15 mois de recul)
Décès
K. Stankovic et al. / La Revue de médecine interne 27 (2006) 813–827
Références
(suite) 819
Sexe
53 M
33 F
49 M
80 F
16 M
23 F
25 M
39 F
36 F
32 M
Références
[22]
[23]
[24]
[25]
[26]
[26]
[26]
[27]
[9]
[9]
Âge/
Valvulopathie aortique, épilepsie généralisée
Épilepsie partielle
HTA, insuffisance rénale
BPCO, HTA, iléite terminale opérée, péritonite
Urétérohydronéphrose sur fibrose rétropéritonéale après méthysergide (sondes JJ)
Antécédents
Tableau 5 (suite)
1 mois
LED
LED + syndrome antiphospholipides
NS
Streptococcus viridans (sang)
NS
9 ans
Bolus (1 g/j)
7 ans
LED
LED + syndrome antiphospholipides
Bolus
10 ans
LED
NS
Pseudomonas aeruginosa (sang), Candida et Acinetobacter (abcès pulmonaire), colite à CMV NS
1 an
LED
Staphylococcus aureus (sang), Candida tropicalis (crachats)
Bolus puis 60 mg/j 10 mg/j
NS
NS
90mg/j
2 mois
PTI
NS
Bolus
Corticothérapie (dose équivalent prednisone) 40 mg/j
Candidose buccale, Acinetobacter calcoaceticus (crachats)
NS
NS
5,5 ans
Durée d'évolution de la MS
PTI
SEP
Horton
Maladie systémique
Septicémie à Staphylocoque
NS
BK (LBA)–Traitement anti-BK
Infections concomitantes– traitements associés
CycPh per os
CycPh per os
0
0
0
CycPh
Splénectomie
0
0
0
Immunosuppresseur associé
10 jours
2 ans
15 jours
1 mois
NS
4 jours
2 mois
NS
6 mois
6 mois
Durée du traitement de la MS
Invasive
Invasive
Invasive
Invasive
Localisée
Invasive
Invasive
NS
Invasive
Localisée
Classification aspergillose
Poumons, thyroïde, cœur, ganglions, vaisseaux, testicules
Poumons
Poumons, cerveau, thyroïde, myocarde, tractus digestif, foie, rate, reins
Poumons, thyroïde, myocarde, reins
Transplant rénal
Poumons, plèvre, cerveau, moelle épinière, thyroïde, myocarde, endocarde, tractus digestif, reins, vaisseaux
Poumons, plèvre, péritoine, estomac, myocarde
Rachis
Poumons, rachis
Prostate
Localisation aspergillose
Hémoptysies– pneumopathie interstitielle bilatérale Fièvre, hémoptysies– pneumopathie lobaire, neuropahtie périphérique
Nécroses cutanées, détresse respiratoire sur pneumonie abcédée, coma, état de choc Détresse respiratoire sur pleuropneumopathie interstitielle bilatérale
Fièvre, pleuropneumopathie interstitielle bilatérale avec abcès pulmonaire, pneumothorax et détresse respiratoire, IDM et défaillance multiviscérale Fièvre, adénopathies et hépatosplénomégalie, convulsions et paraparésie sur spondylodiscite D7, détresse respiratoire– pneumopathie alvéolaire diffuse Anurie, épanchements pleuraux
Spondylodiscite L1
Fièvre, fracture– tassements L4, spondylodiscite L4– L5, abcès épidural
AEG, prostatisme, hémoptysies– pneumopathie alvéolointerstitielle bilatérale
Tableau clinicoradiologique
Culture LBA Culture de crachats
Insuffisance rénale
Culture LBA, autopsie
15 jours
10 jours Aspergillus fumigatus
Fluconazole (400 mg/j) puis ambisome (50 mg/j) + 5fluorocytosine Ampho B + itraconazole Ampho B
11 jours Aspergillus fumigatus
Aspergillus spp
0
Transplantectomie
Postmortem
NS
Aspergillus spp Biopsie du transplant rénal Autopsie
Laminesctomie, ampho B
Aspergillus spp
Postmortem
NS Aspergillus terreus et Aspergillus fumigatus
Aspergillus spp
Ampho B
NS
Aspergillus fumigatus
Ampho B (1 g au total) puis ketoconazole (800 mg/j) 1 an
Traitement aspergillose
Laminectomie + discectomie et drainage, itraconazole 6 mois AmphoB + 5fluorocytosine
3 mois
Délai diagnostique
4 mois
Aspergillus fumigatus
Aspergillus spp
Souche
Autopsie
Culture de biopsie vertébrale Culture de biopsie vertébrale Culture de crachats puis LBA
Examen direct de biospie de prostate, sérologie positive
Méthode diagnostique
NS
Lymphopénie (360/mm3) CD4/CD8 < 1, insuffisance rénale
Leucopénie, anémie, insuffisance rénale, CIVD–PL : normale
Leucopénie et thrombopénie, insuffisance rénale
Pancytopénie
Hyperleucocytose, insuffisance rénale et hépatique
NS
Syndrome inflammatoire
Syndrome inflammatoire, augmentation des taux de PSA
Anomalies biochimiques
Décès
Décès
Décès
Décès
(suite)
Guérison (10 ans de recul)
Décès
Décès
Décès
Guérison
Guérison (2 ans de recul)
Évolution
820 K. Stankovic et al. / La Revue de médecine interne 27 (2006) 813–827
Sexe
50 M
27 F
24 M
45 M
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
19 F
23 F
32 M
Références
[28]
[29]
[29]
[29]
[30]
[30]
[30]
[31]
[31]
[32]
[10]
[10]
[10]
[33]
[34]
[13]
Âge/
Phlébites et embolies pulmonaires à répétition
Antécédents
Tableau 5 (suite)
NS–Rifampicine + pyrazinamide
HSV (lèvre), Candida albicans (larynx et tube digestif), Staphylococcus aureus (crachats, sang), Pneumocystis carinii (LBA), Cryptococcus (sang)–Aciclovir + C1G + Pénicilline A puis aciclovir + gentalline + clindamycine + vancomycine + pentamidine NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
Candida, Histoplasma
NS
Candida
Pneumocystis carinii
Klebsiella, Pneumocystis carinii
Pseudomonas aeruginosa
NS
Infections concomitantes– traitements associés
LED, néphrite lupique
NS
Bolus puis 50 mg/j
5 ans
12 ans
3 ans
LED
NS 1 mg/kg par jour puis 30 mg/j
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
20 mg/j
Corticothérapie (dose équivalent prednisone) 100 mg/j + Hydrocortisone (500 mg/ j) Bolus puis 20 mg/j NS
LED, glomérulonéphrite stade IV
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
Durée d'évolution de la MS
LED
LED
LED
LED
LED
LED
LED
LED
LED
Vascularite systémique
LED
LED
LED
Maladie systémique
NS
12,5 ans
CycPh
Invasive
Invasive
1 an
0
Invasive Invasive
NS
Invasive
Invasive
Invasive
Invasive
Invasive
Invasive
Invasive
NS
Invasive
Invasive
Invasive
Invasive
Classification aspergillose
Antipaludéens de synthèse puis azathioprine puis CycPh IV
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
73 jours
40 jours
40 jours
4 mois
Durée du traitement de la MS
0
0
0
0
0
0
0
Azathioprine
CycPh per os puis azathioprine CycPh per os puis azathioprine puis échanges plasmatiques 0
Échanges plasmatiques
0
Immunosuppresseur associé
Méninges, rachis
Poumons, trachée, bronches, cerveau
Poumons, cerveau, thyroïde, myocarde, pancréas, péritoine
Poumons
Poumons
Poumons
Poumons
Poumons
Poumons, méninges, tractus gastrointestinal Tractus gastrointestinal Poumons
Poumons
Poumons
Poumons
Poumons
Poumons
Localisation aspergillose
Polynucléose ; PL : 1220GB/mm3 lymphocytaire, sang, hyperprotidorachie (0,69g/l), normoglycorachie
NS
Culture LCR et ponction vertébrale, sérologie positive
Insuffisance rénale, syndrome néphrotique, anémie, lymphopénie (120/mm3), hypogammaglobulinémie
Fièvre, hémoptysies– pneumopathie, confusion Fièvre, céphalées, syndrome méningé, paralysie VI
Autopsie Autopsie
NS
Autopsie
Autopsie
Autopsie
Autopsie
Autopsie
Culture LBA Culture LBA NS
Autopsie
Autopsie
Autopsie
Autopsie
Méthode diagnostique
Pneumopathie interstitielle bilatérale, convulsions sur abcès cérébraux
NS
NS
NS
NS
NS
Syndrome inflammatoire Insuffisance rénale, syndrome néphrotique NS
Insuffisance rénale
NS
Insuffisance rénale
Insuffisance rénale, syndrome néphrotique
Anomalies biochimiques
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
Fièvre, pneumopathie
Fièvre, pneumopathie
Fièvre, pneumopathie
Fièvre, pneumopathie lobaire
Tableau clinicoradiologique
NS
Ampho B + 5fluorocytosine
NS
4 mois Aspergillus fumigatus
NS Ampho B + 5fluorocytosine
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
0
0
0
NS
Traitement aspergillose
Postmortem
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
Postmortem
Postmortem
Postmortem
Postmortem
Délai diagnostique
Aspergillus spp
Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus fumigatus
Aspergillus fumigatus Aspergillus fumigatus Aspergillus fumigatus
Aspergillus spp
Souche
(suite)
Guérison
NS
Décès
Décès
Décès
Décès
Décès
Décès
Décès
NS
NS
NS
Décès
Décès
Décès
Décès
Évolution
K. Stankovic et al. / La Revue de médecine interne 27 (2006) 813–827 821
Sexe
20 F
32 F
39 F
NS
NS
NS
13 F
NS
NS
49 F
15 F
20 F
NS
14 M
Références
[35]
[36]
[37]
[38]
[38]
[38]
[39]
[40]
[40]
[41]
[42]
[43]
[44]
[45]
Âge/
Antécédents
Tableau 5 (suite)
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
Cocci Gram + (LCR)– Ampicilline (24 g/j) puis céfotaxime (12 g/ j)
Staphylococcus aureus, Candida
NS
Infections concomitantes– traitements associés
LED, néphrite lupique
LED
LED
LED
LED
LED
LED
LED
LED
LED
LED
LED
LED
LED
Maladie systémique
1 mois
9 mois
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
2 ans
NS
NS
Durée d'évolution de la MS
80 mg/2 j
NS
1,5 mg/ kg par jour
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
80 mg/j
Bolus puis dose NS
Corticothérapie (dose équivalent prednisone) 80 mg/j
0
0
NS 6 mois
Azathioprine
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
4 mois
12 ans
3 mois
Durée du traitement de la MS
0
0
0
0
0
0
0
0
CycPh per os
0
CycPh per os
Immunosuppresseur associé
Invasive
Invasive
Pulmonaire chronique
Invasive
Invasive
Invasive
Invasive
Localisée Localisée Invasive
Invasive
Invasive
Invasive
Invasive
Classification aspergillose
Cerveau, thyroïde
Poumons
Poumons, cerveau
Poumons, cerveau, thyroïde, foie, rate, reins, cœur, tractus digestif, œil Poumons, cerveau, cœur Poumons, cerveau, cœur Poumons, cœur
Cerveau, sinus
Poumons, cerveau
Poumons, méninges, reins
Localisation aspergillose
Troubles cognitifs sur abcès cérébraux frontaux, cavité pulmonaire gauche, nodule thyroïdien gauche
NS
Abcès cérébraux multiples Fièvre, pneumopathie interstitielle gauche
NS
NS
NS
NS
NS
NS
Fièvre, syndrome méningé–Horner– pyramidal gauche– paralysie faciale droite sur abcès cérébraux multiples avec infarcissements, HTIC et compression du tronc, épaississements sinus sphénoïdaux NS
NS
NS
Tableau clinicoradiologique
Aspergillus spp
Autopsie
NS Culture LBA et thyroïde
NS
Biospie bronchique
NS
Autopsie
Autopsie
Autopsie
Autopsie
Autopsie
Autopsie
Aspergillus spp Aspergillus spp
Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus fumigatus
Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp
Apergillus terreus
Autopsie
Autopsie
Aspergillus spp
Souche
Autopsie
Méthode diagnostique
NS
Pancytopénie, neutropénie (210/mm3)
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
Leucopénie (2500/mm3), insuffisance rénale, syndrome nephrotique Leucopénie (1000/mm3), insuffisance rénale (dialyse) Lymphopénie (1000/mm3) PL : 3750GB/mm3, 84 % PNN, hyperprotidorachie (1 g/l) hypoglycorachie
Anomalies biochimiques
Thyroïdectomie partielle, ampho B
5 mois
NS
NS Ampho B (0,5 mg/kg par jour) 2 jours puis itraconazole (400 mg/j) NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
0
NS
NS
Traitement aspergillose
2 semaines
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
Postmortem
NS
NS
Délai diagnostique
(suite)
Guérison
Décès
Guérison
Guérison
Décès
Décès
Décès
Décès
Décès
Décès
Décès
Décès
Décès
Décès
Évolution
822 K. Stankovic et al. / La Revue de médecine interne 27 (2006) 813–827
Tableau 5 (suite) Références
Âge/
[46]
Antécédents
Maladie systémique
Durée d'évolution de la MS
9F
NS
AIHA
NS
[47]
NS
NS
Horton
NS
[48]
NS
NS
Horton
NS
[49]
70 M
NS
Polymyosite
NS
[49]
63 F
NS
Wegener
NS
[50]
39 F
NS
LED + AIHA
NS
[50]
51 M
NS
Wegener (reins, sinus)
5 ans
Corticothérapie (dose équivalent prednisone) Bolus
1 mg/kg par jour NS Dose cumulée = 127 g Dose cumulée = 125,5g Bolus puis 1,5 mg/ kg par jour 1,5 mg/ kg par jour puis 10 mg/j
Immunosuppresseur associé
Durée du traitement de la MS
Classification aspergillose
Localisation aspergillose
Tableau clinicoradiologique
Anomalies biochimiques
Méthode diagnostique
Souche
Délai diagnostique
Traitement aspergillose
Évolution
IgIV, échanges plasmatiques, CycPh, mycophénolate mofétil 0
NS
Invasive
Poumons
Altération de l'état général, état de choc
Anémie, insuffisance hépatique et rénale
NS
Aspergillus spp
NS
NS
Décès
NS
Invasive
NS
NS
NS
Aspergillus spp Aspergillus spp Aspergillus spp
NS
NS
Décès
NS
NS
Décès
NS
NS
Décès
0
Invasive
Poumons
NS
NS
NS
NS
Invasive
Poumons
NS
Neutropénie (380/mm3)
Autopsie
Polychimiothérapie
NS
Invasive
Poumons
NS
Neutropénie (210/mm3)
Autopsie
Aspergillus spp
NS
NS
Décès
IgIV, splénectomie
4 mois
Invasive
Poumons, cerveau
Pneumopathie nodulaire, abcès cérébraux multiples
NS
Culture LBA, sérologie positive
Aspergillus fumigatus
NS
Guérison (24 mois de recul)
CycPh per os
2 mois
Invasive
Cerveau, sinus
Abcès cérébraux et ethmoïdaux
NS
Culture sinus, biopsie cérébrale
Aspergillus fumigatus
NS
Ambisome 3 mois puis voriconazole puis itraconazole 12 mois Itraconazole (400 mg/j) 7 mois puis chirurgie sinus + amphoB 33 j puis voriconazole 17 mois
Guérison (7 mois de recul)
AEG : altération de l’état général ; AIHI : anémie hémolytique auto-immune ; ampho B : amphotéricine B ; Ambisome : amphotéricine B ; AVC : accident vasculaire cérébral ; BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive ; CIVD : coagulation intravasculaire disséminée ; CMV : cytomégalovirus ; CycPh : cyclophosphamide ; C1G : céphalosporine de première génération ; HSV : herpès simplex virus ; HTA : hypertension artérielle ; HTIC : hypertension intracrânienne ; IDM : infarctus du myocarde ; Ig IV : immunoglobulines intraveineuses ; LBA : lavage bronchoalvéolaire ; LCR : liquide céphalorachidien ; LED : lupus érythémateux disséminé ; NS : non spécifié ; PL : ponction lombaire ; PR : polyarthrite rhumatoïde ; PSA : antigène spécifique de prostate, PTI : purpura thrombopénique idiopathique ; SEP : sclérose en plaques.
K. Stankovic et al. / La Revue de médecine interne 27 (2006) 813–827
Infections concomitantes– traitements associés
Sexe
823
824
● ● ● ● ●
K. Stankovic et al. / La Revue de médecine interne 27 (2006) 813–827
hydroxychloroquine (deux patients) ; étanercept (un patient) ; immunoglobulines IV (deux patients) ; plasmaphérèses (trois patients) ; splénectomie (trois patients) [Tableau 5].
L’aspergillose était invasive dans la grande majorité des cas (44 cas), localisée dans quatre cas (prostate, transplant rénal, non précisé dans deux cas), pulmonaire chronique dans un cas. Dans cinq cas, cette information était manquante. Les localisations étaient très diverses, bien documentées dans les cas autopsiques : ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ●
poumons (37 cas), cerveau (17 cas) ; cœur (myocarde ou endocarde valvulaire, 11 cas) ; thyroïde (huit cas) ; tractus gastro-intestinal et péritoine (sept cas) ; reins (cinq cas) ; larynx (trois cas) ; ganglions et rate (trois cas) ; sinus (deux cas) ; foie (deux cas) ; endothélium des petits vaisseaux (deux cas) ; rachis (deux cas) ; prostate (un cas) ; testicules (un cas) ; œil (un cas) [Tableau 5].
Les signes cliniques étaient souvent peu évocateurs et peu spécifiques, au moins au début. L’hémoptysie, classiquement décrite dans cette infection, n’était retrouvée que dans cinq cas (Tableau 5). L’hémogramme révélait une neutropénie à 200/mm3 dans un seul cas et une lymphopénie entre 120 et 1000 lymphocytes/mm3 dans dix cas. Les autres anomalies biologiques étaient en rapport avec la pathologie systémique : anémie et thrombopénie, cytolyse hépatique (trois cas) avec une insuffisance hépatocellulaire dans un cas, insuffisance rénale modérée à sévère dans 11 cas, coagulation intravasculaire disséminée dans deux cas. La ponction lombaire, réalisée dans trois cas d’aspergillose du système nerveux central, était normale dans le cas où l’aspergillose était de localisation uniquement cérébrale ; elle montrait la présence de sang, une hypoglycorachie et une hyperprotidorachie modérée (0,55 g/l) dans les deux cas d’aspergillose à localisation mixte pulmonaire et cérébrale (Tableau 5). Les anomalies radiologiques pulmonaires étaient, le plus souvent un syndrome interstitiel nodulaire diffus, parfois un épanchement pleural. Au niveau cérébral, les anomalies radiologiques étaient des images d’abcès multiples. En endoscopie bronchique, les lésions avaient un aspect de plaques blanchâtres « en pavés ». L’examen histologique décrivait des lésions inflammatoires avec, parfois, présence d’un granulome et de
cellules géantes multinucléées, des foyers de nécrose centrale, et parfois des filaments visibles à l’examen direct (Tableau 5). Le diagnostic d’aspergillose était posé après autopsie dans 27 cas, par culture du liquide de lavage bronchoalvéolaire dans 13 cas, par culture du LCR dans un cas, par culture de biopsie dans huit cas (cérébrale : deux cas ; vertébrale : deux cas ; corde vocale : un cas ; prostate : un cas ; transplant rénal : un cas ; thyroïde : un cas). La sérologie était positive dans trois cas. L’espèce était précisée dans 20 cas : A. fumigatus (17 cas), Aspergillus terreus (deux cas), Aspergillus flavus (un cas). En dehors des cas diagnostiqués par l’autopsie, le délai diagnostique était de 37,6 jours en moyenne (Tableau 5). Le traitement antifongique était très variable d’un patient à l’autre, composé d’une ou plusieurs molécules administrées simultanément ou successivement ou alternativement: amphotéricine B (15 cas) et ambisome (cinq cas), itraconazole (sept cas), 5-fluorocytosine (cinq cas), fluconazole (trois cas), voriconazole (deux cas), kétoconazole (un cas), chirurgie/drainage d’abcès (5 cas). Ces traitements étaient poursuivis en moyenne pendant 10,75 mois. De nombreuses autres infections étaient concomitantes de l’aspergillose: infections bactériennes (K. pneumoniae, Acinobacter calcoaceticus, P. aeruginosa, Neisseria sicca, S. aureus, Streptococcus viridans, tuberculose), virale (cytomégalovirus, herpès simplex virus), fongique (C. albicans et tropicalis, Pneumocystis carinii, Cryptococcus). Onze patients traités initialement par amphotéricine B avec un relais prolongé d’un à deux ans par itraconazole ou voriconazole ont guéri. Trente-trois patients (61 % des cas) sont décédés en moyenne 22 jours après le diagnostic d’aspergillose (Tableau 5). 4. Discussion L’aspergillus est un champignon ubiquitaire trouvé de façon habituelle dans la terre, l’eau, les végétaux et débris organiques en voie de dégradation, les moisissures aéroportées. Les spores peuvent être présentes dans les épices, les fleurs séchées, la paille. Parmi les 200 espèces identifiées, une vingtaine est pathogène pour l’homme. La plus fréquente est A. fumigatus à l’origine des aspergilloses bronchopulmonaires allergiques et aspergilloses invasives. L’A. flavus est plus souvent en cause dans les aspergilloses cutanées invasives primitives et infections endémiques sinusiennes. Les autres espèces rencontrées sont Aspergillus glaucus, niger qui est la plus souvent en cause dans les mycoses de l’oreille, terreus et nidulans. L’aspergillus peut être isolé dans l’oropharynx et le tractus gastro-intestinal de sujets sains [3]. L’aspergillose invasive survient sur des terrains immunodéprimés, en particulier lorsqu’il existe des anomalies des polynucléaires neutrophiles ou des macrophages [1]. Ainsi, elle est diagnostiquée en premier lieu en oncohématologie chez des patients neutropéniques après des polychimiothérapies lourdes. Dans l’étude de Lortholary et al., le taux moyen de polynucléaires neutrophiles au moment du diagnostic d’aspergillose était de 137/mm3, 42 % des patients ayant moins de 100 polynucléaires neutrophiles/mm3 [6]. Les autres terrains à risque
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sont les granulomatoses chroniques, le sida [1], les transplantations d’organes. Chez les patients atteints de pathologies systémiques, l’aspergillose est favorisée par une perturbation des fonctions macrophagiques et neutrophiliques induite par les traitements corticoïdes et/ou immunosuppresseurs et, dans les maladies auto-immunes, par la pathologie systémique elle-même. Les corticoïdes interférant avec les fonctions macrophagiques et neutrophiliques [7], une forte imprégnation de corticostéroïdes favorise la survenue d’une aspergillose que ce soit dans les syndromes de Cushing endogène [8] ou lors de corticothérapies prolongées. Le risque d’infection fongique augmente avec la dose et la durée de la corticothérapie [7]. Dans les maladies auto-immunes, le dysfonctionnement de la réponse cellulaire T nécessaire à la stimulation des granulocytes augmente le risque d’aspergillose [1]. Dans notre série, comme dans les observations de la littérature, l’aspergillose survient sur un terrain polypathologique avec de nombreuses comorbidités et infections concomitantes. On observe également que de nombreux cas d’aspergillose invasive de la revue de la littérature surviennent chez des patients ayant une insuffisance rénale [9,15,26–30,33,35,36]. Celle-ci pourrait traduire une sévérité de la maladie systémique et est en soit à l’origine de perturbation du système immunitaire, constituant ainsi un facteur de risque supplémentaire. L’âge plus jeune des cas de la littérature s’explique par le profil différent des pathologies sous-jacentes, un tiers des patients de notre série ayant une maladie de Horton et 70 % des patients de la littérature un LED. L’aspergillose est invasive ou pulmonaire chronique dans tous les cas de notre série et dans la grande majorité des cas de la littérature. La paucité des symptômes cliniques, leur manque de spécificité, leur évolution très lente expliquent les difficultés diagnostiques. De plus, lorsque la localisation est pulmonaire, en l’absence de signe infectieux patent et devant des prélèvements infectieux négatifs, l’hypothèse d’une localisation de la maladie systémique, notamment du LED, peut égarer le diagnostic [10]. Tous ces facteurs expliquent les délais diagnostiques très longs, allant jusqu’à trois ans. La localisation pulmonaire prédomine largement dans notre série et dans la littérature. À la différence des aspergilloses invasives des sarcoïdoses où l’infection se développe dans la quasi-totalité des cas à partir d’un aspergillome greffé sur une lésion granulomateuse [11], il n’est pas retrouvé d’aspergillome dans ce travail ; Cela est probablement lié au fait que les patients ayant une pathologie systémique ou des lésions favorisant une greffe aspergillaire ont été exclus. Si la culture d’Aspergillus peut être positive dans les expectorations de 15 % des sujets sains, elle est négative chez 70 % des sujets atteints d’aspergillose invasive, d’où la nécessité de procéder à un lavage bronchoalvéolaire, voire à une biopsie bronchique [9]. L’examen direct et la culture du liquide de lavage bronchoalvéolaire ont diagnostiqué six des neuf aspergilloses de notre série et 13 des 54 cas de la littérature. En fait, la conférence de consensus admet que la culture a une sensibilité faible pour le diagnostic d’aspergillose invasive, la présence d’asper-
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gillus pouvant être observée dans les sécrétions bronchiques de patients immunocompromis en dehors de toute complication infectieuse opportuniste et des contaminations environnementales pouvant être à l’origine de « faux positifs ». Le diagnostic repose donc sur un faisceau d’arguments clinicoradiologiques et sur des données histologiques (recherche d’invasion tissulaire aspergillaire et de granulomes), immunologiques (sérologie et recherche d’anticorps spécifiques) et de biologie moléculaire (technique de PCR) [12]. Les aspergilloses cérébrales se développent le plus souvent à partir d’infections sinusiennes ou orbitaires. Les céphalées sont les premiers symptômes, aspécifiques, la fièvre est souvent absente, et l’infection évolue à bas bruit jusqu’à un tableau aigu avec des signes de localisation traduisant la formation d’abcès ou d’hémorragies. En effet, l’Aspergillus envahit l’endothélium vasculaire entraînant la formation de thrombi et de nécrose hémorragique fragilisant la paroi des vaisseaux [13]. Le diagnostic nécessite donc la conjonction entre des éléments cliniques et radiologiques, et une culture fongique et/ou la présence de filaments à l’examen histologique des lésions [9]. La sérologie est un argument positif supplémentaire, mais elle est souvent négative, probablement du fait du dysfonctionnement de la réponse cellulaire T chez ces patients immunodéprimés. L’évolution est fatale dans plus de 50 % des cas de la littérature et dans un tiers des cas de notre série. La dose moyenne journalière de corticoïdes plus élevée dans les cas de la littérature a pu participer à une plus large diffusion de l’infection. Ce sont, cependant, avant tout les progrès des méthodes diagnostiques et des moyens thérapeutiques qui expliquent cette différence, la revue de la littérature étant remontée jusqu’en 1956 alors que les patients de notre série étaient suivis entre 1989 et 2006. Néanmoins, chez ce type de patients, l’aspergillose reste une infection sévère, le retard diagnostique aggravant encore le pronostic. En oncohématologie, un traitement préventif est discuté mais des études complémentaires sont nécessaires pour préciser les patients qui en bénéficieraient, les molécules et les doses préconisées [14]. Le traitement curatif de référence des formes invasives est désormais le voriconazole qui a montré une supériorité par rapport à l’amphotericine B et une meilleure tolérance, les échecs dus à l’amphotéricine B étant en partie liés à des interruptions de traitement suite à la survenue d’insuffisance rénale [51]. Des essais récents proposent également l’association de la caspofungine avec un azole ou de l’amphotéricine B dans des formes sévères en cas d’échec du traitement conventionnel, sous surveillance stricte de la fonction hépatique [52]. Le relais est pris soit par l’itraconazole, soit par le voriconazole. Le traitement chirurgical a peu d’indication dans ces formes invasives ; il est parfois proposé dans des localisations telles qu’endocardite, ostéomyélite et arthrite, atteinte oculaire. La durée du traitement n’est pas standardisée, poursuivie jusqu’à disparition des signes cliniques et radiologiques, négativation des prélèvements infectieux, et restauration
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des défenses immunitaires. Il est toujours prolongé un voire deux ans suivant les auteurs [1]. 5. Conclusion L’aspergillose est une infection grave peu fréquente chez les patients suivis en médecine interne pour une pathologie systémique traitée par corticoïdes et/ou immunosuppresseurs. La difficulté diagnostique est surtout liée à l’absence de spécificité des signes cliniques et radiologiques. Cette infection doit donc être systématiquement évoquée devant des tableaux de bronchopneumopathie traînante non résolutive sous antibiothérapie habituelle ou de céphalées chroniques inhabituelles, a fortiori s’il existe des signes de focalisation neurologique. L’aspergillose survient majoritairement chez des patients fragilisés par de lourds antécédents ou autres comorbidités ou co-infections. Le risque augmente avec la dose et la durée de la corticothérapie et des autres immunosuppresseurs, ainsi que la gravité de la pathologie systémique, notamment lorsqu’il existe une insuffisance rénale comme nous avons pu l’observer à travers les cas de la littérature et dans notre série. Un traitement antiaspergillaire entrepris suffisamment tôt et prolongé peut permettre une guérison complète. L’intérêt d’un traitement préventif chez des patients ciblés n’est pas encore validé. Références [1]
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