ADF 2007 – Conférences
en 1872 « sarcoma idiopathicum multiplex pigmentosum », puis « sarcoma multiplex hemorragicum ». La « maladie de Lyme » est devenue, du moins en Europe, la borreliose ; la « maladie de Gilchrist ou Chicago disease » la coccidioidomycose, la « blastomycose sud-américaine » la paracoccidioidomycose, la « blastomycose nord-américaine » tout simplement la blastomycose, les 2 maladies ayant été observées tant au nord qu’au sud, mais de plus hors des continents américains !
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Ann Dermatol Venereol 2007;134:1S23-1S29
Quant au « bouton d’Orient » il a désorienté plus d’un étudiant, surtout si, au Maghreb, on lui dit que le malade a « un clou de Biskra » alors qu’il a séjourné à Ouarzazate… et si au Turkestan on lui parle de « bouton d’Alep » (qui dans cette ville de Syrie ne durerait qu’un an !). En Guyane Française, il devient un « pian bois ». N’est-il pas plus simple de ne parler que de… leishmaniose ? Alors n’appelons plus « ulcère de Buruli » l’infection à Mycobacterium ulcerans E.
La lèpre : situation épidémiologique, avancée des connaissances, stratégie de lutte
DARIE H (1), FAYE O (2) (1) Réseau, Dermatrop. (2) CNAM, Bamako, Mali.
La lèpre est désormais une infection curable, mais dont les séquelles invalidantes ne peuvent être minimisées que par un traitement précoce. Si sa prévalence mondiale a considérablement baissé dans les dernières décennies, le nombre de nouveaux cas détectés n’a pas évolué dans les mêmes proportions en particulier sur les continents africains et américains. Sur le plan fondamental les avancées ont été nombreuses. Le séquençage récent du génome de Mycobacterium leprae a permis d’expliquer le comportement du bacille. La génétique humaine permet
de mieux cerner la susceptibilité à l’infection ainsi que le mode de réponse immunitaire de l’hôte. La biologie moléculaire laisse entrevoir la possibilité de développer des outils de diagnostic précoce, d’identification des résistances aux antibiotiques, de suivi thérapeutique, voire de vaccination. Cependant l’accès aux soins des populations concernées, la mise en œuvre d’une stratégie de lutte volontariste par des personnels qualifiés, et l’engagement des moyens financiers nécessaires à l’application de ces progrès sur le terrain, constituent l’enjeu de ces prochaines années.
PEAU, CHEVEUX, COSMÉTOLOGIE ET BEAUTÉ À TRAVERS LES CONTINENTS C12
Acné sur peau pigmentée
POLI F Service de Dermatologie, Hôpital Henri Mondor, Créteil.
L’acné sur peau pigmentée concerne les Africains et leurs descendants mais aussi tous les patients avec un phototype supérieur à IV. L’acné est fréquente chez les Africains, elle est le premier motif de consultation et représente 14 % des diagnostics. La question des hyperpigmentations est centrale. L’acné sur peau pigmentée est une acné principalement inflammatoire. L’importance de la réaction inflammatoire avec parfois un aspect histologique de granulome à corps étranger explique l’importance des séquelles pigmentaires. Ces pigmentations sont souvent le premier motif de consultation avant celui de l’acné. L’acné cosmétique et la dermite aux corticoïdes fréquente chez les utilisatrices de dépigmentants doivent être recherchées. Le traitement de l’acné sur peau pigmentée repose sur les mêmes médicaments que l’acné sur peau blanche. Parmi les traitements topiques, le peroxyde de benzoyle est particulièrement efficace sur la composante inflammatoire. Les rétinoïdes sont à la fois antiretentionnels, anti-inflammatoires et dépigmentants. Il faut privilégier ceux de deuxième génération, mieux tolérés.
Les tétracyclines sont indispensables en début de traitement, quelle que soit la gravité de l’acné, y compris dans les acnés en apparence purement retentionnelles. Elles évitent la poussée inflammatoire de début et améliorent rapidement la composante inflammatoire. Le choix de la tétracycline est important. La minocycline ne doit pas être prescrite chez le sujet africain ; des cas de syndrome d’hypersensibilité mortels ont été décrits, avec une particulière fréquence dans cette population. La doxycycline est efficace mais photosensibilisante. La lymécycline est bien tolérée. L’isotrétinoïne est indiquée pour les acnés nodulaires avec le respect des mêmes précautions d’emploi que chez tous les acnéiques. Le traitement dépigmentant est important. Il peut utiliser un dépigmentant à base d’hydroquinone. La photoprotection devrait être de règle mais chez les sujets à peau noire le photoprotecteur n’est pas utilisé. La prescription d’un cosmétique contenant un dépigmentant associé à un photoprotecteur le matin à la place de la crème hydratante est bien accueillie et mieux respectée.
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