S162
EPICLIN 2018 – 12e Conférence francophone d’épidémiologie clinique / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 66 (2018) S149–S170
P8.5
Appréciation de l’impact de la baisse des prix des médicaments par les patients et évaluation de l’accessibilité aux soins après cette baisse A. Cheikh a,∗ , M. Bentaher a , M. Benabbes a , M. Alami Chentoufi a , W. Zerhouni b , H. Mefetah c , R. Abouqal d , M. Bouatia a a Faculté de médecine et de pharmacie, université Mohammed V, Rabat, Maroc b École nationale de santé publique, Rabat, Maroc c Hôpital d’enfants, CHIS, Rabat, Maroc d Laboratoire de biostatistique, recherche clinique et épidémiologie, faculté de médecine et de pharmacie, université Mohammed V, Rabat, Maroc ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (A. Cheikh) Introduction Le prix des médicaments est un élément fondamental dans l’accessibilité des patients aux soins de santé. Au Maroc, le ministère de la Santé a entrepris une baisse des prix des médicaments qui a été appréciée différemment chez les patients. L’objectif de ce travail est d’étudier la perception des patients à la baisse des prix des médicaments entreprise par le ministère de la Santé en 2014 et d’évaluer l’impact de cette baisse sur l’accessibilité financière des patients aux soins. Méthodes Une enquête à l’aide d’un questionnaire a été réalisée chez 300 patients qui passaient dans plusieurs pharmacies en réalisant un entretien face à face. Les données ont été saisies et analysées avec le logiciel SPSS 13.0. Résultats Au total, 300 patients ont rempli le questionnaire proposé. Le ratio H/F est de 0,7 ; 60 % de la population avait une couverture médicale, 24 % de la population n’avait pas de revenu stable et 49 % avaient un revenu inférieur à 500 D par mois ; 39 % de la population ont été obligé de reculer les soins pour des problèmes financiers ; 72 % de la population de l’étude estiment que le prix des médicaments est anormalement élevé ; 67 % ont été informés de la baisse des prix et 49 % ont considéré que la baisse a permis d’améliorer l’accès aux soins ; 90 % de la population considèrent que le mode tiers payant est la meilleure solution pour améliorer l’accessibilité de la population aux médicaments. Le sentiment de la baisse des prix est différente en fonction de la couverture médicale (p = 0,018). Le recul des soins a été significatif en fonction du revenu de la population et de la couverture médicale (p < 0,001 respectivement). Conclusion La baisse des prix des médicaments représente une mission très complexe du ministère de la Santé car elle doit toucher aux équilibres macroéconomiques des acteurs potentiels du secteur du médicament. Pour les patients, la baisse des prix des médicaments n’a pas été trop significative et n’a pas d’impact en l’absence d’une couverture généralisée. Le recul de soins a été significatif en fonction du revenu et de la couverture médicale puisque les personnes à faible revenu et qui n’ont pas de couverture médicale ont fait reculer leurs soins plus que les personnes à revenu élevé. De l’étude ressort que le mode tiers payant généralisé permet une accessibilité optimale aux médicaments mieux que la baisse des prix. Mots clés Baisse ; Prix des médicaments ; Accessibilité financière Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
https://doi.org/10.1016/j.respe.2018.03.113
Session 9 – Exploitation de bases de données médico-administratives hospitalières P9.1
Comparaison en vie réelle de l’effet des inhibiteurs de tyrosine kinase de première et de deuxième ou troisième génération utilisés en première ligne de traitement chez des patients atteints de leucémie myéloïde chronique J. Canet a,∗ , S. Le Guyader-Peyrou a , S. Boulanger b , P. Cony-Makhoul c , M. Maynadié b , G. Etienne d , J.-M. Poncet e , X. Troussard e , S. Orazio a , A. Monnereau a a Registre des hémopathies de Gironde, institut Bergonié, Bordeaux, France b Registre des hémopathies malignes de Côte d’Or, faculté des sciences de santé de Dijon, Dijon, France c Centre de recherche clinique, centre hospitalier Annecy Genevois, Metz-Tessy, France d Service d’hématologie, institut Bergonié, Bordeaux, France e Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie (RRHMBN), CHU de Caen, Caen, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (J. Canet) Introduction La leucémie myéloïde chronique (LMC) est une hémopathie maligne qui, avant l’introduction du premier inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) l’imatinib en 2000, était constamment mortelle. Plusieurs essais cliniques ont comparé l’imatinib aux autres ITK en première ligne de traitement. Leurs résultats ont montré une supériorité du dasatinib et du nilotinib sur l’imatinib sur des critères biologiques. En revanche, il n’existe pas à l’heure actuelle d’étude basée sur des données populationnelles comparant l’efficacité des différents ITK utilisés en première ligne de traitement. Or, on peut se poser la question de la représentativité des populations incluses en essais clinique par rapport aux patients traités en population générale Retrouve-t-on des conclusions semblables à celles issues des essais cliniques, à savoir une meilleure réponse moléculaire des sujets malades traités par des ITK différents de l’imatinib à partir de données obtenues en vie réelle ? Objectifs Décrire en population générale les différentes caractéristiques des patients atteints de LMC selon qu’ils ont ou non été inclus dans un essai thérapeutique. Comparer en population générale l’effet de l’imatinib aux autres ITK en première ligne de traitements sur l’atteinte de la réponse moléculaire majeure (RMM). Décrire les raisons de passages à une deuxième ligne de traitement. Méthodes Schéma d’étude : cohorte rétrospective utilisant des données issues de trois registres de population ; population : patients atteints de LMC Ph+ diagnostiqués entre 2006 et 2013 dans trois régions franc¸aises couvertes par un registre spécialisé des hémopathies malignes (Gironde, Côte-d’Or et BasseNormandie). Les cas de LMC atypique ou de LMC « sans autre précision » ont été exclus ; analyse : tous les patients inclus dans la cohorte ont été analysés. Description des caractéristiques au diagnostic selon la participation à un essai clinique. Comparaison des traitements à l’aide d’analyse de risque compétitif entre l’atteinte de la RMM en première ligne de traitement et le passage à une deuxième ligne de traitement ou le décès. Résultats Au 30 juin 2016, 360 sujets ont été identifiés et 11 ont été exclus de l’analyse car non traités en première ligne par un ITK. Parmi les 349 sujets, 73 sont inclus dans essai cliniques (20,9 %). Les sujets inclus dans un essai clinique étaient plus jeunes (55,8 ans versus 63,1 ans) dans un meilleur état général et souffrant de moins de comorbidités. L’analyse de risque compétitif a montré après ajustement que les patients traités en première ligne de traitement par un ITK de 2e et 3e génération était plus à risque d’obtenir une réponse au traitement que les sujets traités par l’imatinib (RR : 1,59, IC95 % : [1,05 ; 2,40]) ; 60 % des sujets traités ont nécessité une deuxième ligne de traitement (63 % pour ceux traités par l’imatinib et 51 % pour les ITK de 2e et 3e génération). Les raisons du passage à une deuxième ligne de traitement étaient majoritairement liées à un échec du traitement pour les patients traités par un ITK de 1re génération (36 % des cas) ou à un effet toxique pour les patients traités par un ITK de 2e ou 3e génération (72 % des cas).
EPICLIN 2018 – 12e Conférence francophone d’épidémiologie clinique / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 66 (2018) S149–S170 Conclusion Divergence de caractéristiques entre sujets inclus et non inclus en essai clinique retrouvé ; meilleur taux de réponse au traitement de 2e et 3e génération par rapport à la 1re génération retrouvé, mais à nuancer par l’absence d’analyse sur la survie et par la nature observationnelle de l’étude. Mots clés Vie réelle ; Leucémie myéloïde chronique ; Inhibiteur de tyrosine kinase ; Registre ; Risque compétitif Déclaration de liens d’intérêts liens d’intérêts.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels
https://doi.org/10.1016/j.respe.2018.03.114 P9.2
Accessibilité financière aux traitements anticancéreux à Abidjan, 2015–2016 P. Acray-Zengbé a,∗ , B.C. Akani b , J. Coulibaly a , M. Memel Esme a , S. Dagnan N’Cho a , H. Die-Kakou a a Université Félix Houphouët Boigny Cocody, Abidjan, Côte d’Ivoire b Institut national d’hygiène publique, Abidjan, Côte d’Ivoire ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (P. Acray-Zengbé) Introduction En Côte d’Ivoire, la prévalence du cancer est estimée à 19,9 % pour le cancer du sein, 15,4 % pour le cancer du foie, 8,4 % pour le cancer du col de l’utérus et 9,3 % pour le cancer de la prostate (statistiques 2015). Malgré l’existence de traitements efficaces, leur coût élevé en limite l’accès aux patients. L’objectif de notre étude était d’évaluer l’accessibilité financière aux traitements anticancéreux et l’impact sur la survie des patients. Méthodes Il s’agissait d’une étude transversale à visée analytique réalisée du 16 novembre 2015 au 10 juillet 2016 dans les six principaux services publics et privés de prise en charge de cancers. Elle a porté sur un échantillon aléatoire de 320 patients atteints de cancer. Le test statistique de survie de Logrank a été utilisé au seuil de significativité de 5 %. L’analyse des données a été faite avec le logiciel Epi-info 2000. Résultats La majorité de nos patients (53,1 %) étaient des ouvriers, petits commerc¸ants, cultivateurs et sans-emploi avec un âge moyen de 53 ans. Les stades au diagnostic étaient tardifs III (40,8 %) et IV (30,3 %). Le cancer du sein était le plus fréquent (66 %) puis les cancers digestifs (10 %) ; 55 % des patients avaient un revenu mensuel de 150 000 FCFA (228,65 D ). Le coût direct du traitement à la charge du patient allait de 0 à 42 094 450 FCFA (64 168,37 D ) avec un coût moyen de 5 335 914 FCFA (8135 D ) ; 60,6 % des patients étaient incapables de supporter le coût de leur traitement, 50,3 % n’avaient pas de couverture sociale. Les probabilités de survie à un an étaient identiques (98 %) dans les deux groupes (traitement complet/incomplet) ; à 5 ans, une différence significative respectivement de 86 % et de 62,8 % (p = 0,0001) ; à 10 ans, une différence significative respectivement de 82,9 % et de 27,2 % (p = 0,0001). Conclusion L’accès des patients aux traitements anticancéreux est limité par des contraintes financières. Celles-ci ont un impact sur la survie des patients. Malgré les efforts réalisés pour rendre disponibles les médicaments, il serait opportun que l’Etat envisage une prise en charge socialisée du cancer. Mots clés Cancer ; Traitement ; Accessibilité financière ; Côte d’Ivoire Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
https://doi.org/10.1016/j.respe.2018.03.115
S163
P9.3
Apport du PMSI dans l’évaluation du cancer de l’ovaire avancé M. Trancart a,∗ , A. Lafuma a , I. Ray-Coquard b , R. Rouzier c , S. Baffert a a CEMKA, Bourg-La-Reine, France b Université Claude Bernard, centre Léon Bérard, Lyon, France c Institut Curie, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Trancart) Introduction Le cancer de l’ovaire est un cancer relativement peu fréquent qui se situe au 7e rang des cancers chez la femme en France en termes d’incidence. Son diagnostic est tardif (65 ans) et à un stade avancé dans 75 % des cas (FIGO III ou IV). Malgré l’existence de nouveaux traitements, le taux de guérison des cancers de l’ovaire n’a pas significativement évolué. Les rechutes restent fréquentes et synonymes d’entrée dans une forme chronique de la maladie. L’objectif de cette étude était de documenter la mortalité chez les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire avancé, et de la caractériser à différentes étapes de la maladie. Méthodes Les analyses ont été réalisées à partir des données 2009–2016 du PMSI. Les patientes présentant un cancer de l’ovaire incident ont été identifiées en plusieurs étapes : (1) identification des patientes hospitalisées pour un cancer de l’ovaire entre 2009 et 2016 et classification selon l’année du premier séjour identifié pour cancer de l’ovaire ; (2) restriction aux patientes avec un premier séjour entre 2010 et 2015 ; (3) restriction aux patientes majeures ; (4) chaînage des hospitalisations succédant au premier séjour et restriction aux patientes hospitalisées au moins trois fois pour cancer de l’ovaire ; (5) exclusion des patientes traitées par chimiothérapie avant le premier séjour ; (6) restriction aux patientes prises en charge par chirurgie et chimiothérapie. La reconstitution des lignes de chimiothérapie a été établie différemment dans deux groupes de patientes : (1) patientes non traitées par bévacizumab : constitution des séquences de chimiothérapie (un délai de deux mois entre deux chimiothérapies successives entraîne l’ouverture d’une nouvelle séquence) et correspondance entre les séquences et lignes de traitement par le biais d’algorithmes de classification ; (2) patientes traitées par bévacizumab : caractérisation des modalités d’utilisation de bévacizumab (1re ou 2e ligne) par le biais d’algorithmes de classification fondés sur le parcours thérapeutique précédant la première administration de bévacizumab et identification des rechutes qui suivent la ligne bévacizumab en chaînant les séances de chimiothérapie succédant à la dernière administration de bévacizumab et en considérant qu’un délai de deux mois entre deux chimiothérapies successives entraîne l’ouverture d’une nouvelle ligne. Résultats Près de 2900 patientes, présentant un cancer de l’ovaire avancé pris en charge par chimiothérapie, ont été identifiées chaque année. Une administration de bévacizumab a été identifiée chez 36 % des patientes incidentes de 2010 à 2015 (47 % en 2015). Chez ces patientes, l’âge moyen au diagnostic était estimé à 61,4 ans, avec une survie médiane de 5,0 ans à partir de ce diagnostic. Les patientes traitées par bévacizumab en première ligne avaient un mauvais pronostic avec une survie médiane au diagnostic de 4,4 ans. Chez les patientes non traitées par bévacizumab, l’âge moyen au diagnostic était estimé à 63,1 ans, avec une survie médiane de 5,3 ans à partir de ce diagnostic. La survie médiane était respectivement estimée à 28 et 16 mois en deuxième et troisième ligne. Conclusions Les données du PMSI permettent d’établir des résultats de mortalité robustes et cohérents avec la littérature. Ces résultats permettent notamment d’extrapoler la survie des patientes à différents stades de la maladie et de documenter les données de mortalité d’un modèle coût–efficacité. Mots clés Cancer ; PMSI ; Mortalité ; Base de données Déclaration de liens d’intérêts liens d’intérêts.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels
https://doi.org/10.1016/j.respe.2018.03.116