Douleurs, 2007, 8, Hors série 1 le comportement de l’infirmière complètent souvent l’effet pharmacodynamique de la prescription médicale. Il s’avère que l’efficacité antalgique maximale nécessite à la fois des compétences techniques mais également des qualités relationnelles. Mr C., tétraplégique s’est trouvé soulagé par la mise en place d’un rituel visà-vis de ses gouttes de Rivotril®. Deux gouttes à 16 heures ; pas avant ni après ! Ce rituel accepté et respecté par l’équipe a diminué son appréhension et donc ses douleurs neurologiques. Les médicaments ne sont pas la seule façon de soulager ces douleurs. L’infirmière doit veiller à éviter tous gestes potentialisateurs de douleur, au cours de sa prise en charge. Par exemple, chez un patient allodynique, nous serons attentives à solliciter le moins possible la zone concernée, en adaptant nos soins : La tension, les prélèvements sanguins sont effectués de préférence sur l’autre membre, la proposition d’un arceau est faite afin d’éviter le contact du drap. Grâce au calcul « bénéfice-risque », nous adaptons la fréquence de la toilette. L’infirmière et l’aide soignante exercent leurs soins avec une attention de tous les instants. Malgré toutes ces précautions complétées par un arsenal antalgique puissant, les douleurs neurologiques ne sont pas toujours soulagées en totalité. Notre rôle soignant consiste alors à aider les patients à vivre le mieux possible avec leurs douleurs. Nous avons un rôle d’écoute, de réassurance, fondamental. L’anxiété agit comme un rhéostat de la douleur, c’est pourquoi nous devons éviter au maximum ces situations, par une attitude thérapeutique empathique. Mais face à une douleur chronique, le risque d’épuisement de l’équipe soignante est conséquent. Les patients quant à eux peuvent perdre confiance en la médecine. La notion de « fatalité » est souvent associée aux douleurs neurologiques, ce qui altère à long terme la qualité du suivi de la douleur et la fréquence de son évaluation. Comment rester toujours aussi sensible au mal-être, à la souffrance et à la douleur des patients lorsque nous sommes impuissants et que nous avons épuisé toutes nos ressources ?
CS09 IMAGE DU CORPS ET INCIDENCES PSYCHIQUES V. Tassain Unité Douleur Soins Palliatifs, CHU, Bicêtre. Après un point clinique et théorique sur les notions de schéma corporel, d’image du corps et de membre fantôme, c’est au travers d’exemples de douleur centrale, d’amputation, de défiguration et de tétraplégie que nous tenterons d’éclairer l’impact intrasubjectif de l’éprouvé douloureux sur l’image du corps, les voies et modalités d’éventuels remaniements de celle-ci en contexte douloureux, pour enfin développer ce qui peut se jouer de cette image dans l’espace intersubjectif de la relation à l’autre, et notamment dans la relation soignant-soigné.
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