De la consultation d'anesthésie…

De la consultation d'anesthésie…

Ann Fr Anesth Rtanim 1999 ; 18 : 829-30 0 1999 Editions scientifiques et mtdicales Elsevier SAS. Tous droits rCservts editorial De la consultation...

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Ann Fr Anesth Rtanim 1999 ; 18 : 829-30 0 1999 Editions scientifiques et mtdicales

Elsevier

SAS. Tous droits rCservts

editorial

De la consultation

d’anesthksie...

H. Brim-d Dbpartement

d’anesthtfsie-rkanimation,

CHU CGte-de-Nacre, avenue de la Gte-de-Nacre,

Le 30 avril 1974, une circulaire du Ministere de la Sante Publique et de la SCcuritC Sociale relative a la securite des malades anesthesies incitait fortement les medecins anesthesistes-reanimateurs a pratiquer une consultation pour tout malade devant subir une anesthesie : >[ 11. Depuis cette date, circulaires, rapports divers et recommandations sont Venus regulierement rappeler l’importance de cette consultation. 11 s’agit en particulier et par ordre chronologique, des recommandations de la Sfar concernant la p&ode preanesthesique parues en septembre 1991 [2], de celles de 1’Andem de septembre 1992 concernant les examens complementaires prescrits dans le cadre de la consultation preanesthtsique [3], du rapport du Haut ComitC de Sante Publique sur la securite anesthesique [4]. Celui-ci insistait sur l’importance de la consultation preanesthesique, dont le but principal est de permettre l’evaluation de l’etat de Sante du futur opere pour reduire au maximum la morbidite et la mortalite pCriopCratoires. I1 faisait Cgalement &at d’une enquete realisee en octobre 1992 pres des futurs patients, qui revelait qu’a l’epoque l’anesthesie Ctait perCue comme l’element le plus dangereux du processus chirurgical et qu’elle suscitait encore une peur chez 43 % des personnes interrogees. En outre, apt-es un &at des lieux, realise avec le contours de la Sfar, le rapport deplorait les mauvaises conditions de realisation de la consultation et dCnon$ait les inconvenients que cela entrainait pour le patient, l’organisation du service et l’tconomie de la Sante. 11 faisait Cgalement &at des freins apportes au developpement de la consultation a distance : cot&, absence de programmation a distance des actes, mauvaise connais-

14033 Caen cedex, France

sance de I’anesthesie par le public, Cloignement geographique, avancement des frais de consultation et manque de temps disponible pour les medecins anesthesistes-reanimateurs. Enfin, I’absence de cadre reglementaire fort representait un obstacle majeur a la mise en place et au developpement de la consultation a distance de l’intervention et de la visite preanesthesique dans les heures qui la precedent. En fait, ce cadre reglementaire Ctait formalise l’annee suivante, dans le d&ret no 94 1050 du 5 decembre 1994 rendant la consultation d’anesthesie obligatoire pour toute intervention programmee [5]. Cinq ans apres le d&ret et 25 ans, soit un quart de siecle (!) apres la circulaire de 1974, notre revue propose a ses lecteurs deux travaux Cvaluant de facon prospective 1’intCrCt de la consultation d’anesthesie pour les patients, les medecins anesthesistesreanimateurs, l’organisation des programmes operatoires et l’economie de la Sante [6,7]. 11sCmanent de deux services d’anesthesie-reanimation de CHU et concement les consultations realisees pour des actes anesthesiques dans des specialit& chirurgicales tres differentes, allant de l’ophtalmologie a la chirurgie thoracique et cardiovasculaire en passant par 1’ORL et l’urologie. L’une est randomisee et repartit de faCon aleatoire les patients dans un groupe consultation ou dans un groupe visite preanesthesique seule. L’une et l’autre portent sur des nombres de patients t&s voisins, soit 273 et 296 patients respectivement. Les auteurs ont analyse les reponses a un questionnaire de satisfaction sur les conditions du deroulement de la consultation, son vecu et sur ce qu’elle leur a apporte en termes d’information, de mise en confiance et de reduction de leur anxiete, ainsi que sur son utilite. Ont aussi CtC analysees les causes de report d’intervention, leur nombre plus important en

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H. Bricard

l’absence de consultation, ainsi que leurs condquences en termes de duree d’hospitalisation. Une des deux etudes a recueilli I’avis des medecins anesthesistes-reanimateurs ayant pratique l’anesthesie sur la qualite de la consultation effect&e par leurs collegues et les renseignements contenus dans le dossier du patient au moment de l’anesthesie. Certes, on peut regretter que le taux de reponses aux questionnaires ne soit pas exhaustif (voisin de 45 %) et les biais methodologiques potentiels dont les auteurs sont parfaitement conscients. Cependant les resultats presentes sont tout a fait interessants en termes de satisfaction des patients, d’organisation des services et de durees d’hospitalisation. Les patients ayant beneficie d’une consultation ont vu leur anxiete et leur angoisse t&s diminuees et en sont ressortis rassures (74 % et 91 %). 11s se sont dits majoritairement (90 %) avoir CtC bien inform& et 82 % d’entre eux ont reconnu que la consultation avait ameliore leur sentiment de sCcuritC. Trirs interessants Cgalement sont les resultats concernant les contraintes representees par la consultation. Dans l’une et l’autre etude, respectivement 87 % et 93 % ont consider6 qu’elle Ctait utile, voire tout a fait utile. L’accueil a l’hopital et au secretariat de la consultation a Cte Cgalement jug6 t&s satisfaisant dans une des deux etudes. Un resultat un peu surprenant est que seulement 34 % des ,patients souhaitent etre anesthesies par le medecin ayant effect& la consultation, alors que respectivement 17 % y sont totalement et 37 % plutot indifferents ! Enfin, triste information, seulement 48 % des patients ayant accept6 de repondre se souvenaient du nom du medecin anesthesiste-reanimateur qui venait de les voir, alors que 85 % se souvenaient du nom du chirurgien... qui ne les opererait pas forcement... Enfin, les medecins anesthesistes-reanimateurs ont unanimement reconnu et apprecie la qualite du dossier qui leur Ctait transmis par leurs collegues apres la consultation. Au total, ces deux etudes qui s’inserent dans le cadre des demarches d’evaluation de la qualite des soins en anesthesie confirment 1’intCrCt indiscutable

de la consultation a distance de l’acte et de la visite preanesthesique dans les heures le precedant. Elles confirment Cgalement la faisabilite et la qualite de la consultation realisee par un medecin different de celui qui pratique l’anesthesie, a condition qu’un dossier bien tenu soit mis a disposition de ce dernier en temps utile [8]. Un autre inter& d’importance est apport6 par ces etudes : toutes deux infirment les arguments (avances) par les detracteurs de la consultation en termes de contraintes de deplacements supplementaires pour les patients, ces demiers &ant unanimes a reconnaitre son incontestable utilite. On ne peut que plaider pour que les moyens necessaires (locaux adapt&, accueil, secretariat) pour repondre a l’obligation qui est la notre, en matiere de consultation a distance, soient mis a la disposition des services d’anesthesie-reanimation qui en sont malheureusement encore plus ou moins depourvus. RtiFhENCES 1 Mini&e de la Sante Publique et de la SCcuritC Sociale. Circulaire no 394 du 30 avril 1974 relative a la securite des malades anesthesibs. 2 SociCtC francaise d’anesthesie et de reanimation. Recommandations concernant la p&ode preanesthesique. Septembre 1991. 3 Andem. Recommandations sur les examens preopkratoires. Septembre 1992. 4 Rapport du Haut Comite de la Sante Publique : <