Actualités pharmaceutiques hospitalières Ř n° 15 Ř Août 2008
thérapeutique
actualités 9
L
e syndrome hyperéosinophilique regroupe plusieurs types de désordres hétérogènes caractérisés par une éosinophilie sanguine et des atteintes de différents organes sans cause véritablement identifiable. Le traitement consiste à baisser le taux d’éosinophiles dans le sang et les tissus afin de prévenir les lésions des organes et les événements thromboemboliques. Excepté le variant myéloprolifératif du syndrome hyperéosinophilique pour lequel l’imatinib mésylate est considéré comme la meilleure thérapie, les traitements habituels sont basés sur l’administration systémique à long terme de corticostéroïdes.
Un anticorps monoclonal anti-interleukine Une étude internationale randomisée en double aveugle contre placebo a permis d’évaluer l’effi-
cacité et l’innocuité d’un anticorps monoclonal anti-interleukine 5 (le mépolizumab) chez les patients atteints du syndrome. Cet anticorps est une immunoglobuline G dirigée contre l’interleukine 5 qui a un rôle dans la maturation, la différentiation, la mobilisation et l’activation des éosinophiles. Ces patients sont traités par prednisone (20 à 60 mg par jour) afin de maintenir un taux d’éosinophilie sanguine inférieur à 1 000/μL. L’efficacité de cet anticorps monoclonal est mesurée par la diminution
de la dose de prednisone à moins de 10 mg par jour pendant ndant maines. plusieurs semaines.
Baisser les doses de corticoïdes Les résultats montrent l’intérêt de cet anticorps chez 84 % des patients traités. Un taux d’éosinophilie sanguine inférieure à 600/μL pendant plus de 8 semaines consécutives est en effet observé chez 95 % des
© BSIP/M.Ross
Nouveau traitement pour le syndrome hyperéosinophilique
patients p recevant re l’ant l’anticorps. Quelques effets seco secondaires ont été observés, ayant d’ailleurs entraîné un décès. O.M.
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Source Rothenberg M, Klion AD et al. Treatment of patients with the hypereosinophilic syndrome with mepolizumab. NEJM. 2008 ; 358 : 1215-28.
Des corticoïdes pour cotraiter les méningites ?
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es méningites bactériennes sont responsables d’un grand nombre de décès et sont très fréquentes dans les pays en voie de développement. Ainsi, leur incidence au Malawi est estimée à 50 pour 100 000 adultes, soit une incidence 10 fois supérieure à
Un traitement testé pour la progeria La progeria est une maladie très rare du vieillissement accéléré et très prématuré (1 naissance sur 4 à 8 millions ; 3 cas connus en France). Incurable jusqu’alors, un traitement devrait être testé sous réserve de l’autorisation des agences de santé. Cinq ans après l’identification du gène responsable, des chercheurs espagnols et français ont validé chez la souris un traitement pour ralentir l’évolution de la progeria. Il s’agit d’une combinaison de statines et d’amino-bisphosphonates. Cette maladie est due à l’accumulation dans les cellules d’une protéine tronquée (la progérine), dont la toxicité est liée à la présence d’un acide gras qui reste fixé à la progérine. La combinaison des deux molécules pourrait prévenir cette fixation et donc réduire sa toxicité. Chez la souris, les effets de la maladie (retard de croissance, perte de poids, perte de cheveux, fragilité osseuse) étaient diminués et l’espérance de vie augmentait significativement. www.inserm.fr
Source Varela I, Pereira S, Ugalde AP et al. Combined treatment with statins and aminobisphosphonates extends longevity in a mouse model of human premature aging. Nature Medicine, publication en ligne 29 juin 2008.
celle d’un pays en voie de développement. Dans ce pays, un grand nombre d’individus sont en réalité infectés par le VIH.
Chez des patients infectés par le VIH Streptococcus pneumoniae, la bactérie la plus fréquemment impliquée, est responsable d’un taux de mortalité de 65 % (versus 26 à 34 % dans les pays industrialisés). En Europe, l’adjonction de corticoïdes permet de diminuer la mortalité parmi les adultes (en particulier dans les méningites pneumococciques) et réduire la perte d’audition chez les enfants après une méningite à Haemophilus influenzae de type b. Jusqu’à présent, l’intérêt de l’adjonction de corticoïdes n’avait pas été testé dans les pays en voie de développement touchés par l’infection à VIH.
atteints de méningite bactérienne au Malawi. Parmi les 465 patients testés, 90 % étaient infectés par le VIH. La moitié d’entre eux a reçu un placebo et l’autre de la dexaméthasone associée à de la ceftriaxone par voie intraveineuse ou intramusculaire. Les résultats montrent qu’il n’existe pas de différence significative de mortalité et de morbidité entre le groupe de patients traités par corticostéroïdes et celui recevant un placebo. Le mode d’administration de la ceftriaxone (voie intraveineuse ou intramusculaire) n’entraîne pas non plus de différence particulière. Un traitement corticoïde adjuvant chez les adultes atteints de méningite bactérienne dans les pays à haute prévalence d’infection par le VIH ne semble donc pas nécessaire. O.M.
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Une absence de réponse
Source
Une étude randomisée en double aveugle contre placebo a donc été menée chez des adultes
Scarborough M, Gordon S. Corticosteroids for bacterial meningitis in adults in sub-Saharan Africa. NEJM. 2007 ; 357 : 2441-50.