Ce qu’on ne savait pas sur la formation des neurones Les neurones du cortex cérébral sont disposés en couches relativement concentriques, dont les plus externes assurent les tâches complexes, comme la mémoire ou l’organisation des informations. On pensait jusqu’ici que tous ces neurones dérivaient d’un progéniteur commun et que leur localisation cérébrale était ensuite fonction de leur différenciation. Une équipe californienne de La Jolla remet ce dogme en cause. Ces chercheurs ont en effet caractérisé sur la souris différentes lignées de précurseurs neuronaux possédant leur propre potentiel de différenciation. En utilisant le gène cux2, spécifiquement exprimé dans les neurones supérieurs de la couche moléculaire (la plus externe), ces neurobiologistes ont généré une souris transgénique Cux2-Cre permettant de suivre par fluorescence en temps réel l’expression et la loca-
cellules n’exprimant pas Cux se différencient en neurones migrant dans les couches plus centrales. Cette destinée ne paraît pas dépendre de la date de différenciation cellulaire, puisqu’il est possible d’induire, par l’expression de Cux 2, leur différenciation en neurones supérieurs tout au long du développement cérébral. Certaines pathologies psychiatriques, et L’amplification in vitro notamment la schizophrénie, sont associées à de mauvaises connexions entre des progéniteurs les neurones de la couche moléculaire. pourrait avoir La caractérisation de ces précurseurs spécifiques ouvre ainsi de nouvelles voies une application de recherche dans ces domaines encore thérapeutique très mal compris, tandis que leur amplification in vitro pourrait avoir à terme des Ces progéniteurs se différencient quasi applications thérapeutiques. exclusivement en cellules supérieures Franco SJ, Gil-Sanz C, Martinez-Garay I, de la couche moléculaire, tandis que les
lisation de ces cellules. L’analyse au microscope de ces souris transgéniques a mis en évidence au niveau de la glie radiaire, qui est le principal foyer des précurseurs neuronaux, des cellules souches exprimant la protéine Cux2 à des stades très précoces du développement embryonnaire.
et coll. Science 2012;337(6095):746-9.
Des miARN pour un lait hypoallergénique L’incidence de l’allergie aux protéines du lait de vache ne cesse d’augmenter. Cette allergie résulte essentiellement de l’importante quantité de β-lactoglobuline (BLG) présente dans ce lait, à la différence du lait maternel qui en est quasiment dépourvu. La BLG est en effet un allergène majeur et les professionnels de la petite enfance ont souvent rêvé d’un lait de vache appauvri en BLG, qui serait facile à produire et peu allergénique. Cet espoir pourrait devenir une réalité grâce à une vache, ou plus exactement une génisse nommée Daisy. Daisy est un pur produit transgénique, issu de la technologie d’un institut d’agronomie néo-zélandais. L’équipe de Goetz Laible a tout d’abord criblé une dizaine de micro-ARN (miARN) capables d’inhiber, seuls ou en association, l’expression de la BLG de façon à la fois efficace et spécifique. Au vu de la grande similarité entre les BLG d’origine ovine et bovine, les chercheurs ont directement visé un système efficace dans les deux espèces. Ils ont donc recherché dans les génomes bovins, ovins et humains des miARN ciblant
le gène de la BLG, en excluant bien sûr toutes les séquences ayant une trop forte homologie avec d’autres séquences non ciblées. Un couple de mi-ARN inhibant 98 % de l’expression des BLG ovines ou bovines a ainsi été sélectionné in vitro en culture
sur la vache, avec au final la naissance de Daisy, une génisse transgénique exprimant de façon constitutive les 2 miARN. Les chercheurs, impatients, n’ont pas attendu une lactation naturelle chez ce veau et ont induit de façon hormonale la production de lait chez l’animal. Le lait ainsi recueilli ne contient quasiment pas de BLG, et son profil protéique, riche en caséine, le fait s’approcher du lait maternel humain. Un travail qui valide Ce travail élégant valide donc l’élimination l’élimination ciblée moléculaire ciblée d’un allergène majeur du lait de vache au moyen de miARN. Une anode la β-lactoglobuline, malie congénitale a été néanmoins constaallergène majeur du lait tée chez Daisy, une absence de queue que de vache. les chercheurs ne s’expliquent pas. Cette particularité inattendue, qui est en cours d’investigation, va évidemment retarder la cellulaire, avant d’être évalué in vivo. Ce diffusion de ces techniques moléculaires duo de miARN a été exprimé dans les aux troupeaux de nos campagnes… glandes mammaires d’une souris transgénique exprimant une BLG ovine, inhibant cette fois 96 % de l’expression de la BLG Jabed A, Wagner S, McCracken J, et coll. dans le lait de l’animal modifié. Une expé- PNAS 2012 ;October 1,doi: 10.1073/ rimentation similaire a été ensuite réalisée pnas.1210057109. Revue Francophone des Laboratoires - Décembre 2012 - n°447 //
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