S182 VIIe Congrès international d’épidémiologie « Épidémiologie et santé publique » / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 64S (2016) S173–S213 La fac¸on dont ils se cumulent est pourtant rarement étudiée. L’objectif de cette étude était de décrire la distribution et le cumul d’expositions à ces facteurs, chez une population de femmes enceintes vivant en milieu urbain. Matériel et méthodes Les femmes résidant à Besanc¸on et ayant accouché d’une grossesse unique au Centre hospitalier universitaire entre 2005 et 2009 ont été incluses. Les données individuelles recueillies sont issues du dossier obstétrical : situation familiale, emploi, antécédents, tabagisme, statut pondéral, pathologies obstétricales. Les données socioéconomiques collectives (indice de déprivation) et environnementales (exposition au bruit et aux polluants atmosphériques) ont été recueillies à l’aide de l’adresse de la patiente. Le cumul de 16 facteurs retenus a été analysé au regard de deux critères : prématurité et petits poids de naissance. Résultats Sur 3715 femmes incluses, 34 % résidaient dans un des Îlots regroupés pour l’information statistique (Iris) appartenant à la catégorie socioéconomique la plus défavorisée ; plus de la moitié étaient exposées à un niveau moyen de bruit nocturne supérieur à 55 dB et 5 % à un niveau de dioxyde d’azote supérieur à 40 g/m3 pendant au moins un mois de la grossesse. Onze pour cents (11 %) des femmes ne présentaient aucun des facteurs retenus tandis que 10 % cumulaient au moins cinq facteurs. Les proportions de prématurité et de petits poids de naissance augmentaient significativement avec le nombre de facteurs de risque cumulés (p ≤ 10-3). Conclusion En associant des critères médicaux, comportementaux, socioéconomiques et environnementaux, cette étude du cumul de facteurs de risque illustre la nécessité d’adapter le suivi de grossesse des femmes enceintes les plus vulnérables et de développer des programmes de prévention ou d’éducation en santé à destination des populations à risque. Mots clés Vulnérabilité ; Grossesse ; Prématurité ; Petit poids de naissance ; Facteurs de risque ; Niveau socioéconomique Déclaration de liens d’intérêts de conflits d’intérêts.
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http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2016.06.028 B1-2
L’exposition au bruit des avions augmente-t-elle le risque d’hypertension des riverains des aéroports franc¸ais ? A.-S. Evrard a,b,c,∗ , M. Lefevre a,b,c , P. Champelovier d , J. Lambert d , B. Laumon e a Institut fran¸ cais des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux, (IFSTTAR), Département transport, santé et sécurité, UMRESTTE, Bron, France b Université de Lyon1, (Université de Lyon 1, UMRESTTE) - Université Claude Bernard - Lyon I, Lyon, France c Université de Lyon, Lyon, France d Institut fran¸ cais des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux, (IFSTTAR), Département aménagement, mobilités et environnement, Laboratoire transport et environnement (LTE), Bron, France e Institut fran¸ cais des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux, (IFSTTAR), Département transport, santé et sécurité, Bron, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (A.-S. Evrard) Introduction Une précédente recherche, hypertension et exposition au bruit à proximité des aéroports (HYENA) a mis en évidence un excès de risque d’hypertension lié à l’exposition au bruit des avions à proximité de six aéroports européens. L’objectif de notre étude est de rechercher l’existence d’une association entre cette exposition et le risque d’hypertension chez des riverains des aéroports franc¸ais. Méthodes Au total, 1244 riverains des aéroports de Paris-Charles de Gaulle, Toulouse-Blagnac et Lyon-Saint-Exupéry ont répondu à un questionnaire, administré par un enquêteur à leur domicile, décrivant leurs éventuels troubles de santé supposés en lien avec le bruit (perturbations du sommeil, pathologies cardiovasculaires, troubles anxio-dépressifs et gêne due au bruit des avions). L’enquêteur a également mesuré la pression artérielle systolique (PAS) et diastolique (PAD) des participants. Ceux-ci ont été classés comme hypertendus si
leur PAS dépassait 140 mm de mercure ou leur PAD 90 mm (valeurs limitées définies par l’Organisation mondiale de la santé) ou s’ils déclaraient avoir eu un diagnostic d’hypertension par un médecin et prendre un traitement antihypertenseur. L’exposition au bruit des avions au domicile des participants a été estimée à partir des cartes de bruit produites par les aéroports. Les facteurs de risque connus de l’hypertension ont été inclus dans les modèles de régression logistique comme facteurs de confusion. Résultats Une association positive significative a été observée pour une augmentation de l’exposition au bruit des avions pendant la nuit de 10 dBA chez les hommes (ORadj = 1,34, IC à 95 % = 1,00–1,97), mais pas chez les femmes (ORadj = 0,90, IC à 95 % = 0,66–1,22). Discussion Les résultats de la présente étude confirment ceux de la plupart des études antérieures qui suggèrent que l’exposition au bruit des avions pendant la nuit augmenterait le risque d’hypertension chez les hommes. Mots clés Hypertension ; Santé ; Avions ; Bruit Déclaration de liens d’intérêts de conflits d’intérêts.
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http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2016.06.029 B1-3
Déterminants de la prise de poids après diagnostic de cancer dans la cohorte prospective NutriNet-Santé (France) P. Fassier a,∗ , L. Zelek a , P. Bachmann b , M. Touillaud b , N. Druesne-Pecollo a , V. Partula a , S. Hercberg a,c , P. Galan a , P. Cohen d , H. Hoarau e , P. Latino-Martel a , M. Deschasaux a , M. Touvier a a Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN), Inserm UMR1153 Inra, Cnam, Université Paris V-Paris Descartes, Université Paris Diderot-Paris 7, Université Paris Nord-Paris XIII, Centre de recherche en épidémiologie et statistiques Sorbonne Paris Cité, France b Unité cancer, environnement et nutrition, Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard, Lyon, France c Département de santé publique, Hôpital Avicenne, Bobigny, France d DySola, EA 4701, Université de Rouen, France e Dysola, EA 4701, CHU de Bordeaux, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (P. Fassier) Introduction Alors que certains patients atteints de cancer ont tendance à perdre du poids, d’autres au contraire subissent une prise de poids, qui peut avoir un impact sur le pronostic, le risque de récidive ou de second cancer. L’objectif de cette étude prospective était d’étudier la variation de poids avant/après diagnostic de cancer et les facteurs sociodémographiques, économiques, de style de vie et cliniques associés à une prise de poids modérée-à-sévère. Méthode Le poids et la taille étaient collectés prospectivement chez 1051 sujets ayant eu un diagnostic de cancer validé depuis leur inclusion dans la cohorte NutriNet-Santé. Les IMC moyens avant/après diagnostic ont été comparés avec des tests de Student sur données appariées. Les caractéristiques associées à la prise de poids ont été investiguées par régression logistique. Résultats On observait une diminution du poids chez les hommes (-3,54 kg chez ceux qui perdaient du poids, p = 0,0002) et les cancers colorectaux (-3,94 kg, p = 0,001), une prise de poids était observée chez les cas de cancer du sein et de la peau (2,83 kg, p = 0,05 et 2,96 kg, p = 0,03 respectivement). Les femmes (OR = 1,99 [1,18–3,35]), les plus jeunes (OR = 1,78 [1,05–3,03]), ceux en surpoids avant diagnostic (OR = 1,53 [1,02–2,30]), avec un niveau d’étude plus faible (OR = 2,17 [1,07–4,37]) et ayant arrêté après diagnostic (OR = 4,60 [2,06–10,25]) avaient plus tendance à une prise de poids modérée-à-sévère. Ces résultats étaient similaires chez les cas de cancer du sein ; en outre une ménopause artificielle était associée à un risque accru de prise de poids (OR = 4,12 [1,76–9,67]). En revanche, les caractéristiques des tumeurs mammaires (récepteurs ER/PR, taille, traitements. . .) n’étaient pas associées à la prise de poids. Conclusion Cette large cohorte prospective fournit des résultats originaux sur les variations de poids entre avant et après un diagnostic de cancer, mettant en évidence différentes trajectoires pondérales. Les facteurs sociodémographiques, économiques semblent influencer la prise de poids, illustrant des inégalités de santé.
VIIe Congrès international d’épidémiologie « Épidémiologie et santé publique » / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 64S (2016) S173–S213 S183 Mots clés Économiques ; Facteurs sociodémographiques ; Cancer du sein ; Perte de poids ; Prise de poids Déclaration de liens d’intérêts de conflits d’intérêts.
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http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2016.06.030 B1-4
Effets médiateurs du tabac et des expositions professionnelles dans la relation diplôme–cancer du poumon G. Menvielle a,∗ , J.-E. Franck a , I. Stücker b , D. Luce c Équipe de recherche en épidémiologie sociale (ERES), Inserm U1136, Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique, Paris, France b Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), Inserm U1018, Villejuif, France c Inserm U1085, Institut de recherche en santé, environnement et travail (IRSET), Rennes, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (G. Menvielle) a
Introduction Le tabagisme n’explique que partiellement l’incidence élevée de cancer du poumon observé chez les hommes socialement défavorisés. Une partie de ces inégalités est potentiellement attribuable aux expositions professionnelles, mais leur contribution a été peu étudiée. Notre étude vise à quantifier les effets de médiation du tabagisme, des expositions professionnelles à l’amiante, à la silice et aux fumées de diesel dans la relation entre le diplôme et l’incidence du cancer du poumon chez les hommes. Méthodes Nous avons analysé les données de l’étude cas-témoins franc¸aise ICARE (1976 cas et 2648 témoins), qui inclut des informations sur la consommation tabagique vie entière et les expositions professionnelles à divers cancérigènes. Les effets de médiation ont été estimés par des modèles structuraux marginaux pondérés. Résultats Une forte association a été observée entre le diplôme et le risque de cancer du poumon. Comparativement aux hommes ayant un diplôme universitaire, l’effet indirect passant par le tabagisme différait selon le diplôme et était maximal chez les moins diplômés (niveau d’études primaire) (OR = 1,34 [1,15–1,30]). L’effet indirect des expositions professionnelles était important parmi les moins diplômés (OR = 1,22 [1,15–1,30] pour l’amiante et la silice) et les hommes ayant un CAP/BEP (OR = 1,18 [1,12–1,25]). La contribution du tabagisme aux différences sociales d’incidence du cancer du poumon variait de 22 % (10–34) pour les moins diplômés à 31 % (-3–84) pour ceux ayant le baccalauréat. La contribution des expositions professionnelles variait de 15 % (10–20) pour les hommes ayant le baccalauréat à 20 % (13–28) pour ceux ayant un CAP/BEP. Conclusion Nos résultats soulignent la contribution importante des expositions professionnelles aux inégalités sociales d’incidence du cancer du poumon chez les hommes en France. Pour réduire ces inégalités, des actions de prévention des expositions professionnelles aux cancérigènes sont donc nécessaires, en plus des mesures de lutte antitabac. Mots clés Cancer du poumon ; Incidence ; Inégalités sociales ; France ; Homme ; Tabagisme ; Exposition professionnelle Déclaration de liens d’intérêts de conflits d’intérêts.
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http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2016.06.031 B1-5
Infections génito-urinaires et survenue du cancer de la prostate : étude EPICAP M. Marous a,∗ , S. Cénée a , X. Rébillard b , B. Trétarre c , M. Sanchez a , F. Menegaux a a Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), Inserm, Université Paris-Sud, UVSQ, Université Paris-Saclay, Villejuif, France b Service d’urologie, Clinique Beau Soleil, Montpellier, France c Registre des tumeurs de l’Hérault, Montpellier, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Marous)
Introduction Des études épidémiologiques ont suggéré une augmentation du risque de cancer de la prostate (CaP) liée aux infections génito-urinaires (IGU). L’inflammation chronique pourrait expliquer ces associations. Nous avons étudié le rôle des IGU dans la survenue du CaP dans l’étude EPICAP (EPIdémiologie du CAncer de la Prostate). Matériel et méthodes EPICAP est une étude cas-témoins en population générale conduite dans le département de l’Hérault entre 2012 et 2014. Tous les hommes résidant dans ce département, âgés de moins de 75 ans, ayant un premier diagnostic de CaP étaient éligibles pour l’étude. Les témoins ont été appariés aux cas par fréquence (tranches d’âge de 5 ans). Au total, 819 CaP incidents et 879 témoins ont été inclus. Un entretien individuel à l’aide d’un questionnaire standardisé a permis de collecter des informations relatives aux facteurs de risques reconnus ou suspectés de CaP, ainsi que sur les antécédents d’IGU (prostatite, urétrite, orchi-épididymite et pyélonéphrite aiguë). Les odds ratios (OR) et leur intervalle de confiance à 95 % (IC) ont été estimés à l’aide d’une régression logistique non conditionnelle multivariée. Résultats Globalement, 139 (18 %) cas et 98 (12 %) témoins ont déclaré au moins une IGU (OR = 1,63, IC95 %, 1,22–2,17). Le risque de CaP augmentait avec le nombre d’IGU : OR = 1,56, IC95 %, 1,15–2,13 pour une IGU et OR = 2,47, IC95 %, 1,05–5,82 pour deux ou plus. Un antécédent de prostatite et de pyélonéphrite aiguë étaient significativement associés au CaP (OR = 1,53, IC95 %, 1,07–2,17 et OR = 2,62, IC95 %, 1,27–5,42, respectivement) contrairement aux urétrites et orchi-épididymites (OR = 1,20, IC95 %, 0,65–2,22, OR = 1,53, IC95 %, 0,87–2,69, respectivement). Conclusion Nos résultats suggèrent que les IGU, en particulier la prostatite et la pyélonéphrite aiguë, pourraient jouer un rôle dans la survenue du CaP. La relation dose–réponse observée renforce l’hypothèse d’un rôle de l’inflammation chronique dans la carcinogenèse prostatique. Mots clés Cancer de la prostate ; Infections génito urinaires ; Inflammation ; Environnement Déclaration de liens d’intérêts de conflits d’intérêts.
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http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2016.06.032
Session B2 – Handicap, accident B2-1
Estimation nationale du nombre de blessés graves de la route, 2006–2014, France
E. Amoros ∗ , L. Pascal , J.-L. Martin , B. Laumon Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance transport travail environnement, (UMRESTTE), FSTTAR UMR-T 9405, IFSTTAR-TS2, Université Claude Bernard - Lyon I (UCBL), Bron, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (E. Amoros) Introduction La Commission européenne demande à ses états membres d’estimer le nombre de blessés graves de la route, au sens de l’AIS (« Abbreviated Injury Scale »), score international de gravité traumatologique. Le PMSI ne peut pas être utilisé car la cause externe (tel l’accident de la route) n’est renseignée qu’à 20 %. Les BAAC (données nationales des forces de l’ordre) sont non exhaustifs et biaisés. Aucune des deux bases ne code l’AIS. Reste le registre des victimes d’accidents de la route du Rhône. Objectif À partir de ce registre et des BAAC, il s’agit de fournir une estimation du nombre de blessés de la route en France selon leur niveau de gravité AIS. Méthode Le rapprochement des deux bases permet, par capture-recapture, d’estimer des coefficients de correction des BAAC (régression logit multinomiale selon les facteurs de biais de sélection). Sur les blessés communs aux deux sources est estimé un modèle de prédiction de l’AIS selon les caractéristiques de l’accident et du blessé. Résultats L’ensemble des blessés de la route est estimé à environ 300 000 en 2012, et les blessés graves à 30 000. Les blessés graves en deux-roues motorisé sont plus nombreux que les automobilistes, alors qu’ils ne représentent que 2 %