Devenir du sein controlatéral après reconstruction mammaire pour carcinome

Devenir du sein controlatéral après reconstruction mammaire pour carcinome

Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 40 (2012) 88–92 Article original Devenir du sein controlate´ral apre`s reconstruction mammaire pour carcinome...

228KB Sizes 1 Downloads 179 Views

Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 40 (2012) 88–92

Article original

Devenir du sein controlate´ral apre`s reconstruction mammaire pour carcinome Contralateral breast outcome after breast reconstruction for carcinoma A.G. Horo *, O. Acker, E´. Roussel, H. Marret, G. Body Service de gyne´cologie Olympe de Gouges, hoˆpital Bretonneau, CHRU de Tours, 2, boulevard Tonnelle´, 37044 Tours, France

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Historique de l’article : Rec¸u le 4 septembre 2010 Accepte´ le 12 septembre 2010 Disponible sur Internet le 17 novembre 2011

Objectif. – La prise en charge du cancer du sein devant eˆtre suivie d’une surveillance ulte´rieure du sein controlate´ral, particulie`rement dans le contexte de la reconstruction mammaire ou` celui-ci est souvent l’objet d’une chirurgie de syme´trisation, nous avons voulu de´terminer l’incidence du cancer du sein controlate´ral apre`s une reconstruction mammaire au cours de la surveillance ulte´rieure. Patientes et me´thodes. – E´tude de cohorte re´trospective mene´e au centre hospitalier re´gional universitaire de Tours. Elle a concerne´ 273 reconstructions mammaires et l’incidence cumule´e de survenue d’un cancer se´quentiel a e´te´ e´value´e. Re´sultats. – Pour un suivi moyen de 6,6 anne´es, la pre´valence e´tait de 1,8 % avec un taux d’incidence de 4,6 % personnes-anne´es. Discussion et conclusion. – La probabilite´ de la localisation au sein controlate´ral apre`s une reconstruction mammaire est e´leve´e. Le diagnostic d’une re´cidive ne doit pas eˆtre retarde´ par les remaniements cicatriciels des plasties mammaires. ß 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

Mots cle´s : Cancer du sein Re´cidives controlate´rales Reconstruction mammaire

A B S T R A C T

Keywords: Breast cancer Contralateral cancer Breast reconstruction

Objectif. – Since the treatment of breast cancer must be followed by a rigorous surveillance of the contralateral breast, especially in breast reconstruction context, we sought to determine contralateral breast cancer frequency after breast reconstruction during the ulterior surveillance. Patients and methods. – Retrospective cohort survey of 273 breast reconstructions led at Tours regional and university hospital. Cumulative incidence of sequential contralateral breast cancer has been evaluated. Results. – For 6.6 follow-up, the prevalence was 1.8% and cumulated incidence at 4.6% person/years. Discussion and conclusion. – The probability of localization to contralateral breast after a primitive tumor of the breast is raised. The diagnosis of a sequential cancer must not be delayed by mammaplasty scars overhauls. ß 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction La mise en place des programmes de de´pistage du cancer du sein s’est accompagne´e d’une augmentation constante de l’incidence de cette pathologie en France. Le nombre de cas traite´s chaque anne´e est passe´ de 35 000 a` 42 000 en moins de 10 ans. Par ailleurs, la structuration de la prise en charge sous l’impulsion de la Haute Autorite´ de sante´, avec mise en place au niveau local de re´unions pluridisciplinaires, ainsi que les progre`s

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A.G. Horo). 1297-9589/$ – see front matter ß 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.gyobfe.2011.08.009

the´rapeutiques, ont permis progressivement d’enregistrer une ame´lioration du taux de gue´rison du cancer du sein. Paralle`lement a` ces avance´es, se sont tre`s le´gitimement manifeste´es de nouvelles exigences des patientes, tout particulie`rement dans le domaine de la qualite´ de vie. La chirurgie, dont la place est essentielle dans la prise en charge du cancer du sein, a re´pondu a` cette attente par la mise en place de techniques d’oncoplastie [1]. Ainsi, pour les tumeurs diagnostique´es pre´cocement, la mise en route d’un traitement conservateur, associe´ chaque fois que ne´cessaire aux techniques de chirurgie plastique, permet d’obtenir de bons re´sultats esthe´tiques. Cependant, un certain nombre de tumeurs, correspondant soit a` des carcinomes canalaires extensifs, soit a` des cancers invasifs

A.G. Horo et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 40 (2012) 88–92

localement avance´s (environ 30 %), ne´cessitent un traitement radical comportant une mammectomie [2]. Dans ces situations, la chirurgie reconstructrice imme´diate ou diffe´re´e permet de re´duire les se´quelles psychologiques et les modifications de l’image corporelle qui accompagnent cette intervention [1]. Meˆme si le moment de la reconstruction reste encore matie`re a` discussion, ses be´ne´fices sont largement reconnus [3]. L’observation des femmes demandeuses d’une reconstruction mammaire montre qu’il s’agit d’une population particulie`re [4] ; elles ont un aˆge moyen infe´rieur a` celui de la population des femmes qui ont eu un traitement conservateur ou une mammectomie sans reconstruction. Le suivi ulte´rieur de ces femmes est long et, hormis la recherche de me´tastases et des se´quelles des traitements adjuvants, se pose le proble`me du risque de survenue d’un cancer sur le sein controlate´ral. Ce proble`me de surveillance est d’autant plus important qu’il s’inscrit le plus souvent dans un cadre particulier. En effet, pour obtenir un re´sultat esthe´tique satisfaisant, le sein controlate´ral est souvent l’objet d’une chirurgie plastique de syme´trisation rendant ainsi plus de´licate sa surveillance. L’objectif de cette e´tude est d’appre´cier le devenir du sein controlate´ral sur le plan carcinologique apre`s reconstruction mammaire. Les objectifs spe´cifiques sont de de´terminer la fre´quence du cancer du sein controlate´ral et de de´crire les caracte´ristiques histologiques des cancers du sein oppose´.

89

L’examen clinique du sein reconstruit a consiste´ en un examen du plan cutane´ et des cicatrices, la palpation du sein et des aires ganglionnaires associe´e a` un examen syste´matique du sein oppose´ selon la meˆme me´thode. La mammographie comportait deux incidences : face et oblique externe et des cliche´s centre´s–agrandis en cas d’anomalie. L’e´chographie a servi de comple´ment a` la mammographie pour les seins denses et pour caracte´riser les anomalies a` la mammographie ou pour la surveillance du sein reconstruit par lambeau musculo-cutane´. 2.5. Crite`res de jugement Nous avons conside´re´ comme cancer du sein controlate´ral tous les carcinomes infiltrants et les carcinomes intracanalaires diagnostique´s apre`s analyse histologique sur biopsies ou pie`ce ope´ratoire. 2.6. Analyse statistique

2. Patientes et me´thodes

Le taux d’incidence cumule´ a e´te´ calcule´ a` partir du temps de participation de chaque patiente a` l’e´tude. La date d’origine correspondait a` la date de la reconstruction mammaire et celle des dernie`res nouvelles e´tait en rapport avec la visite de surveillance la plus re´cente. La date de point ou date de la fin de la surveillance a e´te´ fixe´e au 31 juillet 2006. Les donne´es ont e´te´ saisies et analyse´es graˆce au logiciel EPI INFO version 3.3.2 du CDC d’Atlanta.

2.1. Me´thodologie

3. Re´sultats

Il s’agit d’une e´tude de cohorte re´trospective qui a eu lieu au sein du service de gyne´cologie du centre Olympe de Gouges de l’hoˆpital Bretonneau du centre hospitalier re´gional et universitaire (CHRU) de Tours. L’e´tude s’est de´roule´e pendant la pe´riode allant du 1er janvier 1996 au 31 juillet 2006.

Les caracte´ristiques des patientes sont re´sume´es dans le Tableau 1. Les patientes avaient un cancer canalaire infiltrant dans 57 % des cas contre 8,7 % de cancers lobulaires et 33,6 % de carcinomes canalaires in situ. Cent quatre-vingt-deux (66,7 %) patientes avaient rec¸u un traitement adjuvant. Les caracte´ristiques des tumeurs primitives notamment le stade TNM, le statut SBR et HER2 ne sont pas disponibles. On note que 89 (32,6 %) des cancers avaient une expression des re´cepteurs hormonaux. Dans la population particulie`re des 145 femmes qui ont eu une mammoplastie, 143,4 g en moyenne de tissu glandulaire ont e´te´ re´se´que´. L’histologie pre´sente des anomalies dans 30 cas (54,5 %), dont 18,2 % comportant des le´sions frontie`res (ne´oplasie intralobulaire (10,4 %), hyperplasie canalaire avec atypie (5,1 %). Aucun carcinome infiltrant ou in situ n’a e´te´ de´tecte´. Les femmes e´taient e´ligibles a` la reconstruction mammaire 2 ans en moyenne apre`s la fin des traitements adjuvants. La reconstruction par lambeau du grand dorsal e´tait la me´thode la plus utilise´e (49,1 %). Les re´sultats sont e´value´s avec un suivi moyen apre`s la tumeur primitive de 6,6  4,5 ans et post-reconstruction mammaire de 4,3  3 ans. Nous n’avons pas observe´ de re´cidives parie´tales homolate´rales ni de me´tastases dans le suivi.

2.2. Crite`res d’inclusion Nous avons inclus dans l’e´tude toutes les femmes qui ont eu une reconstruction mammaire pour cancer in situ ou invasif du sein, quelle que soit la technique utilise´e (prothe`se simple, lambeau du grand dorsal avec ou sans prothe`se, lambeau des grands droits abdominaux : TRAM). Ainsi, sur les 289 reconstructions mammaires collige´es pendant la pe´riode d’e´tude, 273 ont e´te´ retenues pour l’analyse. Parmi celles-ci, 145 femmes avaient be´ne´ficie´ d’une plastie de syme´trisation (mastopexie ou mammoplastie) du sein restant. 2.3. Crite`res d’exclusion Ont e´te´ exclues de l’e´tude les patientes :  chez qui avait e´te´ re´alise´ un lambeau de recouvrement ou de couverture pour un cancer localement avance´, sans objectif de reconstruire le sein : 5 cas ;  qui avaient eu un cancer bilate´ral : 6 cas ;  qui avaient un ante´ce´dent de cancer du sein controlate´ral : 5 cas. Au total 16 dossiers n’ont pas e´te´ pris en compte.

3.1. Fre´quence du cancer du sein controlate´ral 3.1.1. Taux de pre´valence Nous avons de´couvert 5 cancers pour 273 reconstructions mammaires, soit un taux de pre´valence de 1,8 %.

2.4. Me´thode de surveillance du sein controlate´ral Elle a consiste´ en la re´alisation d’une mammographie annuelle et d’un examen clinique tous les 6 mois pendant la dure´e de l’e´tude.

3.1.2. Taux d’incidence Pour un temps de participation de 1085,5 personnes-anne´es, on obtient un taux d’incidence cumule´ de 4,6 pour 1000 personnesanne´es.

90

A.G. Horo et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 40 (2012) 88–92

Tableau 1 Re´sume´ des caracte´ristiques e´pide´miologiques, cliniques, histologiques et des traitements des femmes. Aˆge moyen (ans)

Tableau 2 Caracte´ristiques e´pide´miologique, clinique et histologique des femmes avec un cancer du sein controlate´ral.

53,8  9,1

Aˆge moyen

55  0,95 ans

122 (44,7 %) 151 (55,3 %)

Type histologique des tumeurs secondaires Carcinome canalaire infiltrant Carcinome intracanalaire

4 cas 1 cas

Caracte´ristiques histologiques de la tumeur primitive Carcinomes canalaires infiltrants (dont une maladie de Paget) 156 (57 %) Carcinomes lobulaires infiltrants 24 (8,7 %) Carcinome mucineux 2 (0,7 %) Carcinomes canalaires in situ 92 (33,6 %)

Traitements initiaux Radiothe´rapie Chimiothe´rapie Hormonothe´rapie Pas de traitement adjuvant

3 3 1 2

Traitements adjuvants (tumeur primitive) Radiothe´rapie Chimiothe´rapie Hormonothe´rapie

167 (61,2 %) 135 (49,5 %) 89 (32,6 %)

Cancer controlate´ral et plastie mammaire E´valuation histologique (mammoplastie)

Techniques de reconstruction mammaire Prothe`se simple Lambeau grand dorsal TRAM

92 (33,7 %) 134 (49,1 %) 47 (17,2 %)

Localisation du cancer primitif Sein gauche Sein droit

Suivi Le recul moyen apre`s le traitement de la tumeur primitive (ans) Le suivi moyen post-reconstruction mammaire (ans)

6,6  4,5

cas cas cas cas

2 cas d’hyperplasie canalaire atypique

De´lai de de´couverte du cancer controlate´ral Recul par rapport au traitement de la tumeur primitive Recul par rapport a` la reconstruction mammaire

4,3  3,9 ans

Mode de diagnostic du cancer controlate´ral La clinique Mammographie

1 cas 4 cas

6,3  3,2 ans

4,3  3

Les caracte´ristiques e´pide´miologique et clinique des 5 cancers observe´s – carcinome intracanalaire (1 cas) et carcinome infiltrant (4 cas) – sont indique´es dans le Tableau 2. Concernant l’histologie de ces 5 tumeurs secondaires : 2 avaient eu une tumeur identique (carcinome canalaire invasif) et 3 e´taient diffe´rentes. Parmi ces dernie`res, deux carcinomes intracanalaires ont re´cidive´ en carcinome canalaire invasif et un carcinome intracanalaire en carcinome canalaire invasif. 4. Discussion La population de patientes be´ne´ficiant d’une reconstruction mammaire est une population jeune dont le risque de cancer controlate´ral reste important mesure´ a` 4,6 pour 1000 personnesanne´es. Ces tumeurs secondaires apparaissent dans les 6 premie`res anne´es du suivi et la mammographie de controˆle permet le diagnostic dans 80 % des cas... Les travaux sur le cancer du sein controlate´ral sont disparates et posent souvent des proble`mes de me´thodologie et de comparabilite´. On observe une diversite´ dans la de´finition des cas. Pour certains auteurs, les cancers bilate´raux ou synchrones sont ceux diagnostique´s a` la mammographie, confirme´s histologiquement et traite´s simultane´ment que la tumeur primitive [5]. Les cancers se´quentiels ou me´tachrones e´tant les cancers controlate´raux survenus 3, ou 6, ou 12 mois apre`s le traitement de la tumeur primitive du sein [6–8]. Pour d’autres auteurs, la de´finition est fonction du type histologique de la tumeur primitive et secondaire [9,10]. Enfin, on observe une variabilite´ des populations d’e´tude et de la dure´e de suivi [6,11]. Malgre´ ces biais me´thodologiques, tous les travaux sont unanimes sur le fait que de´velopper un cancer sur un sein augmente le risque de pre´senter un cancer dans le sein oppose´. Ce risque est important dans les 5 premie`res anne´es qui suivent le traitement initial [11]. Les cinq cancers controlate´raux de notre se´rie ont e´te´ de´couverts dans un de´lai moyen de 6,3  3,2 ans. Le risque de survenue du cancer controlate´ral est e´value´ entre 0,5–1 % par an durant toute la vie de la patiente atteinte de cancer du sein [11] ; cependant il demeure infe´rieur au taux de re´cidive et de me´tastase estime´ a` 2,5–4,3 % par an [12].

Nous avons re´sume´ dans le Tableau 3 les re´sultats des cancers controlate´raux de´piste´s lors du suivi des femmes. La plupart des donne´es sur les cancers controlate´raux provient d’e´tudes nationales ou des registres de cancers. Ces e´tudes concernent des milliers de cancers e´value´s sur une pe´riode de 5 a` 20 ans en moyenne. Notre e´tude porte sur une se´rie hospitalie`re tre`s se´lectionne´e a` partir des femmes qui ont eu une reconstruction mammaire. Il faut cependant noter que tre`s peu d’auteurs se sont inte´resse´s a` la surveillance du sein controlate´ral apre`s reconstruction mammaire. Il n’en demeure pas moins que le taux d’incidence du cancer controlate´ral dans notre se´rie (4,6 pour 1000 personnesanne´es) reste infe´rieur a` celui retrouve´ dans la litte´rature (Tableau 3). Notre se´rie est particulie`re et la de´finition des cas est diffe´rente d’un auteur a` un autre [13]. En effet, notre se´rie concerne une population jeune pre´sentant des tumeurs avance´es ou extensives d’ou` la large utilisation de la chimiothe´rapie. De plus, les cancers bilate´raux ont e´te´ exclus, ce qui re´duit en conse´quence le nombre de cancers incidents. Nous n’avons pas retrouve´ d’autres e´tudes comparables a` la noˆtre pour une analyse plus objective. Cependant, hormis les caracte´ristiques de la tumeur primitive et l’aˆge des femmes qui optent pour une chirurgie reconstructrice, il n’existe pas de facteurs spe´cifiques pouvant expliquer des variations de l’incidence des cancers controlate´raux dans ce contexte. Une e´tude comparant cette population a` une se´rie de re´fe´rence permettrait de re´pondre de fac¸on pre´cise a` la question. L’on observe que les taux de pre´valence sont nettement plus e´leve´s (12 a` 34,4 %) lorsqu’on associe les le´sions occultes de´tecte´es par des biopsies a` l’aveugle ou sur des pie`ces de mammectomies [14,15]. On constate tout de meˆme que la fre´quence du cancer controlate´ral reste dans les limites des 10 % de cancers occultes retrouve´s sur les pie`ces de mammectomies effectue´es pour des tumeurs be´nignes [16]. De plus, les bases de donne´es de pathologies donnent des taux de cancers controlate´raux asymptomatiques de 21 % a` pre`s de 68 % chez les patientes avec une histoire familiale de cancer du sein [15,16]. La fre´quence e´leve´e de cancers controlate´raux invasifs et in situ des donne´es de pie`ces de mammectomie par rapport au nombre de´tecte´ a` l’examen clinique sugge`re que certains restent latents (voire re´gressent ?) et ne s’expriment pas du fait de l’espe´rance de vie trop courte de la patiente [14]. La surveillance du sein controlate´ral pre´sente des difficulte´s parce qu’aucun essai randomise´ n’a e´te´ re´alise´ jusqu’ici sur les

A.G. Horo et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 40 (2012) 88–92

91

Tableau 3 Re´sume´ des protocoles et des re´sultats des e´tudes sur les cancers du sein controlate´ral. Se´rie cliniques

Protocoles

n

Suivi moyen

Incidence (1000 personnes-anne´es)

Swain Sandra [9]

Exclusion carcinomes non invasifs

5513

53,7 mois [2,8–123,7]

0,33 [0,17–0,37]

Kollias J. [5]

Exclusion des cancers bilate´raux

3211

108 [1–252]

6,45 [2–8]

Gajalakshmi CK [8]

Cancers se´quentiels  12 mois uniquement

3492

7,4 ans

2,3

Claus BE [13]

Cancers synchrones et se´quentiels > 6 mois Uniquement le´sions in situ

4198

23 ans

Carcinome lobulaire in situ : 0,43 [0,36–0,5] Carcinome intracanalaire : 1,19 [0,95–1,43]

Xiang Gao [6]

Cancers se´quentiels >3 mois

5679

23 ans

0,42

Notre se´rie

Exclusion des cancers bilate´raux

6,6 anne´es [2–4]

4,6 %

273

moyens de surveillance optimum, la pre´vention et les strate´gies the´rapeutiques. En revanche, des e´tudes randomise´es mene´es sur l’inte´reˆt de la surveillance intensive (examen clinique, mammographie, marqueurs tumoraux, scintigraphie) par rapport a` la surveillance de routine (examen clinique, mammographie) apre`s une tumeur primitive du sein n’ont pas montre´ un impact sur le taux de mortalite´ a` 5 ans et sur les re´cidives [13]. Concernant la mammographie, pilier du de´pistage du cancer du sein controlate´ral, le risque de de´velopper un cancer non de´celable varie de 4 a` 24 % [17]. De plus, l’influence de la surveillance par la mammographie sur la re´duction de la mortalite´ lors de la surveillance du sein oppose´ reste a` prouver selon la litte´rature [18]. En outre, pour de nombreux autres, le be´ne´fice de la mammographie dans la surveillance du sein controlate´ral chez la femme jeune est controverse´ (sensibilite´ et spe´cificite´ basse et risque de cancers radioinduits). Dans notre se´rie, la mammographie a permis de de´tecter 80 % des cancers controlate´raux. Dans le contexte des reconstructions mammaires avec des plasties, les se´quelles glandulaires de la chirurgie sur le sein controlate´ral, la pre´sence d’une prothe`se dans le plan re´troglandulaire ou re´tropectoral, diminuent la fiabilite´ de la mammographie et rendent plus difficile la surveillance carcinologique de ces malades. Il n’en demeure pas moins que cette surveillance pre´conise les meˆmes e´tapes que la surveillance habituelle. Quelle peut donc eˆtre la place de l’IRM ? La valeur pre´dictive positive des biopsies induites par l’IRM varie de 49 % a` 80 % dans la litte´rature, ce qui fait mettre les cliniciens en garde sur les risques de demande accrue de mammectomie prophylactique apre`s la mise en e´vidence de le´sions a` l’IRM, d’autant plus que la spe´cificite´ de cet examen reste faible et que l’impact du diagnostic de ces cancers controlate´raux sur la survie reste mal connu [19]. Face a` cette absence de moyens ade´quats de surveillance, des auteurs ont propose´ des biopsies a` l’aveugle du sein controlate´ral au moment du traitement de la tumeur primitive. Il s’agissait de biopsies de la re´gion pe´riare´olaire ou du meˆme quadrant que la tumeur primitive [14]. Ils ont constate´ une augmentation du taux de de´tection de tumeurs occultes mais sans impact sur la survie globale. Les biopsies ne´gatives posaient le proble`me de leur signification, tandis que celles positives avec des le´sions in situ posaient la question de l’inte´reˆt the´rapeutique. Par ailleurs, il n’existe aucune donne´e sur la pratique de biopsies sans orientation clinique ou a` la mammographie. Certainement que dans un avenir proche, les progre`s techniques (nume´risation, radiographie a` positon) permettront peut-eˆtre de surveiller de fac¸on correcte ces femmes. La chimiopre´vention est une option qui a montre´ un impact sur la re´duction des cancers du sein controlate´ral. Le tamoxife`ne comme traitement adjuvant du cancer du sein est connu avec pre´cision depuis la premie`re me´ta-analyse de Peto en 1992. Cette e´tude a e´te´ re´actualise´e en 1998 [20]. La re´duction du taux des cancers dans le sein controlate´ral a e´te´ constate´e de 13 % apre`s

un an de tamoxife`ne, a` 47 % apre`s 5 ans de tamoxife`ne. En effet, l’essai du NSABP-P1 [20] a confirme´ la re´duction du risque de cancer invasif par le tamoxife`ne (49 % avec un recul de 69 mois) pour les tumeurs a` re´cepteurs positifs. Cependant, les effets de´le´te`res du tamoxife`ne ont e´te´ retrouve´s : le taux de cancer de l’endome`tre est multiplie´ par 2,53 avec une e´le´vation des accidents thromboemboliques. Par ailleurs, le tamoxife`ne a e´te´ compare´ aux inhibiteurs de l’aromatase. Les re´sultats de l’e´tude ATAC apre`s une pe´riode de suivi d’environ 9 ans (c’est-a`-dire environ 4 ans apre`s l’arreˆt du traitement) ont e´te´ publie´s [21]. Ils confirment que l’anastrozole reste plus efficace que le tamoxife`ne en termes de survie sans re´cidive, de de´lai jusqu’a` la re´cidive, de de´lai jusqu’a` des me´tastases a` distance et de risque de cancer dans l’autre sein. Le taux de re´cidive chez les patientes traite´es par le tamoxife`ne e´tait de 16,4 % apre`s 5 ans et de 29,9 % apre`s 9 ans, et chez les patientes traite´es par l’anastrozole de 13,9 % apre`s 5 ans et 25,8 % apre`s 9 ans. 5. Conclusion La probabilite´ de la localisation au sein controlate´ral apre`s une tumeur primitive du sein est 2 a` 6 fois plus e´leve´e par rapport a` la population ge´ne´rale des femmes. Les facteurs de risque identifie´s selon la litte´rature sont les ante´ce´dents familiaux surtout de premier degre´, le type histologique de la tumeur primitive (carcinome lobulaire), alors que les effets de la radiothe´rapie sont discute´s. La surveillance demeure difficile notamment apre`s une plastie mammaire mais elle doit eˆtre rigoureuse et re´gulie`re en utilisant l’IRM au besoin. L’hormonothe´rapie semble diminuer le risque de cancer controlate´ral de 30 a` 50 %. Dans tous les cas, devant les difficulte´s de surveillance dans la population de femmes jeunes avec une he´re´dite´ familiale, certains auteurs optent pour la mammectomie controlate´rale prophylactique. De´claration d’inte´reˆts Les auteurs n’ont pas transmis de de´claration de conflits d’inte´reˆts. Re´fe´rences [1] Al-Ghazal SK, Fallowfield L, Blamey RW. Comparison of psychological aspects and patient satisfaction following breast conserving surgery, simple mastectomy and breast reconstruction. Eur J Cancer 2000;36:1938–43. [2] Cutuli B, Cottu P, Guastalla JP, Mechin H, Costa A, Jourdan R. A French national survey on infiltrating breast cancer: analysis of clinico-pathological features and treatement modalities in 1159 patients. Breast Cancer Res Treat 2006;95: 55–64. [3] Ananian P, Protie`re C, Tallet A, Arnaud S, Julian-Reynier C, Houvenaeghel G. Breast reconstruction after mastectomy for breast cancer: which reconstructive surgical procedure should be retained? Ann Chir 2004;129(4):192–202. [4] Keith DJ, Walker MB, Walker LG. Women who wish breast reconstruction: characteristics, fears, and hopes. Plast Reconstr Surg 2003;111:1051–9.

92

A.G. Horo et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 40 (2012) 88–92

[5] Kollias J, Ellis IO, Elston CW. Clinical and histological predictors of contralateral breast cancer Blamey. Eur J Surg Oncol 1999;25:584–9. [6] Xiang G, Fisher GS, Emami B. Risk of second primary cancer in the contralateral breast in women treated for early-stage breast cancer: a population-based study. Int J Radiation Oncology Biol Phys 2003;56:1038–45. [7] De La Rochefordiere A, Asselain B, Scholl S. Simultaneous bilateral breast carcinomas: a retrospective review of 149 cases. Int J Radiat Oncol 1994;30:35–41. [8] Gajalakshmi CK, Shantaa V, Hakamab M. Factors for contralateral breast cancer in Chennai (Madras), India Chittukadu K. Int J Epidemiol 1998;27:743–50. [9] Swain SM, Wilson JW, Mamounas EP, Bryant J, Wickerham DL, Fisher B, et al. Estrogen receptor status of primary breast cancer is predictive of estrogen receptor status of contralateral breast cancer. J Natl Cancer Inst 2004;96:516–23. [10] Wa CV, DeVries S, Chen YY, Waldman FM, Hwang ES. Clinical application of array-based comparative genomic hybridization to define the relationship between multiple synchronous tumors. Mod Pathol 2005;18:591–7. [11] Chen Y, Thompson W, Semenciw R, Mao Y. Epidemiology of contralateral breast cancer. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 1999;8:855–61. [12] Saphner T, Tormey DC, Gray R. Annual hazard rates of recurrence for breast cancer after primary therapy. J Clin Oncol 1996;14:2738–46. [13] Claus BE, Stowe M, Carter D, Holford T. The risk of a contralateral breast cancer among women diagnosed with ductal and lobular breast carcinoma in situ: data from the Connecticut Tumor Registry. Breast 2003;12:451–6.

[14] Pressman PI. Selective biopsy of the opposite breast. Cancer 1986;57:577–80. [15] Staren ED, Robinson DA, Wit TR, Economou SG. Synchronous, bilateral mastectomy. J Surg Oncol 1995;59:75–9. [16] Barton Jr FE. Breast cancer, subcutaneous mastectomy, breast reconstruction. Ann Plast Surg 1986;3:1–23. [17] Del Turco MR, Palli D, Cariddi A, Ciatto S, Pacini P, Distante V. for the National Research Council Project on breast cancer follow-up. Intensive diagnostic follow-up after treatment of primary breast cancer. A randomized trial. J Am Med Assoc 1994;271:1593–7. [18] Nettter E, Roussel-Andry E, Jacquet R, Cannard L, Debelle L. Multifocalite´, multicentricite´ et bilate´ralite´ du cancer du sein : quelle imagerie ? La lettre du se´nologue 2006;32:11–5. [19] Mellink WAM, Holland R, Hendricks JH, Peeters PH, Rutgers EJ, Daal WA. The contribution of routine follow-up mammography to an early detection of asynchronous contralateral breast cancer. Cancer 1991;67:1844–8. [20] Fisher B, et al. Tamoxifen for the prevention of breast cancer: report of the National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project P-1 Study. J Natl Cancer Inst 1998;90:1371–88. [21] Cuzick J, Sestak I, Baum M, Buzdar A, Howell A, Dowsett M, et al. Effect of anastrozole and tamoxifen as adjuvant treatment for early-stage breast cancer: 10-year analysis of the ATAC trial. Lancet Oncol 2010;11(12):1135–41 [Epub 2010 Nov 17].