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86e réunion annuelle de la Société franc ¸aise de chirurgie orthopédique et traumatologique
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L’arthrose fémoropatellaire isolée D.-H. Dejour Lyon Ortho Clinic, 8, avenue Ben-Gourion, 69009 Lyon, France Mots clés : Arthrose fémoropatellaire isolée ; Prothèse fémoropatellaire ; Dysplasie de trochlée L’arthrose affecte moins le compartiment fémoropatellaire que le compartiment fémorotibial. Comme l’arthrose fémorotibiale, elle atteint de fac ¸on prédominante la population féminine (72 %) et elle est plus souvent bilatérale, 51 % des patients ayant des symptômes au niveau du genou controlatéral. L’âge moyen au moment des premiers symptômes est de 46 ans. L’évolution radiologique est lente et les manifestations cliniques souvent tardives et cycliques. Le délai moyen pour passer du stade I d’Iwano au stade IV est de 18 ans. Quatre étiologies ont été identifiées : — l’arthrose primitive (49 %) : le patient n’a pas d’antécédent orthopédique au niveau du genou et surtout n’a pas eu de luxation patellaire ; — l’arthrose sur instabilité (33 %) : le patient a des antécédents confirmés de luxation patellaire ; — l’arthrose post-traumatique : le patient a des antécédents de fracture patellaire (9 %) ; — la chondrocalcinose (atteinte rhumatismale) (9 %). Le principal facteur prédisposant est la présence d’une dysplasie de l’articulation fémoropatellaire. Soixante-dix-huit pour cent des patients ont une dysplasie trochléenne avec un signe du croisement et beaucoup ont une dysplasie trochléenne de type B ou D. Le traitement doit prendre en compte l’évolution très lente de cette arthrose particulière, l’étiologie doit être déterminée, car l’histoire naturelle en dépend, avec une évolution plus lente vers la globalisation de l’arthrose dans les arthroses avec antécédent(s) de luxation. La prise en charge médicale doit être la première étape. La chirurgie non prothétique (patellectomie verticale externe, ostéotomies de la tubérosité tibiale antérieure) est une bonne option à un stade précoce. À un stade plus avancé, les interventions prothétiques partielles ou totales procurent fréquemment de bons résultats. La dysplasie fémoropatellaire doit être analysée avec attention pour planifier un remplacement partiel, afin d’éviter les fréquentes complications fémoropatellaires. La sélection du patient est primordiale. La technique chirurgicale doit s’adapter à l’importance de la dysplasie fémoropatellaire et de l’usure osseuse. doi:10.1016/j.rcot.2011.08.009
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Malformations congénitales du rachis chez l’enfant et l’adolescent G. Bollini Service de chirurgie orthopédique pédiatrique, hôpital Timone Enfants, AP—HM UMR, Institut des sciences du mouvement, université de la Méditerranée, CNRS 2164, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 05, France Mots clés : Rachis ; Malformations ; Enfants Les malformations congénitales du rachis recouvrent des malformations uniques ou multiples des vertèbres qui peuvent être isolées, associées à d’autres malformations, en particulier rénales, cardiaques ou médullaires, ou enfin être partie constituante d’un syndrome. Des progrès considérables en génétique moléculaire permettent de mieux comprendre les mécanismes qui régissent la formation, le développement et la segmentation de la colonne vertébrale. Ceci a conduit à proposer des classifications qui, au-delà des classifications descriptives traditionnelles, s’appuient sur la mise en évidence des dysfonctionnements de « l’horloge moléculaire » qui régule la
formation vertébrale, expliquant les malformations sporadiques ou congénitales du rachis. Le cadre clinique des malformations congénitales du rachis s’est élargi, incluant les malformations costales associées, qu’elles soient isolées, régionales ou générales, avec une attention toute particulière portée à leur retentissement sur la fonction respiratoire, en particulier dans les dysostoses spondylocostale et spondylothoracique. L’histoire naturelle de ces malformations vertébrocostales doit donc s’intéresser non seulement à l’évolution angulaire des déformations, mais aussi au devenir respiratoire de ces patients et à leur qualité de vie à l’âge adulte. C’est en se référant à cette histoire naturelle que l’évaluation des thérapeutiques proposées pourra se faire. Ceci concerne particulièrement le groupe des patients de moins de sept ans présentant une malformation congénitale évolutive vertébrale ou costovertébrale. Pour eux, de nouvelles techniques chirurgicales ont été développées ces dix dernières années, dont le but est de contrôler les déformations évolutives tout en préservant la croissance (fusionless pour les Anglo-Saxons). L’évaluation de ces techniques est en cours, chacune d’entre elles présentant des complications qui lui sont spécifiques. Des controverses existent portant sur les quantités de croissance que ces techniques autorisent et sur leur retentissement sur la fonction respiratoire. doi:10.1016/j.rcot.2011.08.010 10
Pieds creux, du nouveau-né à l’adolescent P. Wicart Hôpital Necker—Enfants-malades, AP—HP, université Paris-Descartes, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris, France Mots clés : Pied creux ; Maladie de Charcot-Marie-Tooth ; Neurologie ; Morphotypes Le creux, caractérisé par une augmentation de la concavité plantaire sagittale du pied, correspond à différentes conditions. Le pied creux ou cambré peut être une variante de la normale encore appelée « morphotype », observé chez des sujets exempts de toute affection. Le creux peut aussi être une composante des déformations d’un pied pathologique. S’il en est la déformation principale, il convient de distinguer le pied creux direct du pied creux varus. Le pied creux direct est caractérisé par une déformation uniquement sagittale, antérieure, postérieure ou mixte. Son étiologie est variée, souvent neurologique dans le pied creux postérieur. Le pied creux varus est une déformation tridimensionnelle avec vrillage du bloc calcanéopédieux : pronation de l’avant-pied et supination de l’arrière-pied. Une telle déformation est secondaire à une parésie des muscles intrinsèques du pied, s’intégrant le plus souvent dans une maladie de Charcot-Marie-Tooth. L’aggravation inéluctable pendant l’enfance peut être enrayée par un traitement orthopédique (appareillage dévrillant). Une chirurgie extra-articulaire est indiquée en cas d’insuffisance du traitement orthopédique. Les transferts musculaires n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. Une triple arthrodèse (sous-talienne, talonaviculaire et calcanéocuboïdienne) précipite la dégradation arthrosique des articulations adjacentes à moyen terme et doit par conséquent être évitée. doi:10.1016/j.rcot.2011.08.011 11
Diagnostic et traitement de la luxation congénitale de la hanche avant la marche S. Guillard-Charles Service de chirurgie infantile, hôpital d’enfants, 7, quai Moncousu, 44093 Nantes, France Mots clés : Luxation congénitale de la hanche ; Diagnostic ; Traitement ; Avant la marche
Résumés des conférences d’enseignement Malgré le dépistage clinique et échographique recommandé par la conférence de consensus de 1991, le diagnostic de luxation congénitale de hanche est encore tardif. L’auteur propose d’analyser les points fondamentaux du dépistage : — la qualité de l’examen clinique, la valeur des signes d’appel, la signification des facteurs de risque et leur interprétation seront étudiés. L’examen clinique doit être fait à la naissance, puis répété tous les mois jusqu’à l’âge de la marche, chaque fois que l’enfant est vu par son médecin ; — après une étude comparative des techniques échographiques morphologique et dynamique et du dépistage échographique systématique ou sélectif, l’auteur proposera le recours au dépistage échographique sélectif. Les instabilités transitoires et les immaturités acétabulaires qui se normalisent spontanément ne doivent plus être traitées. Aussi l’échographie est-elle indiquée entre 1 mois et 6 semaines en cas de facteurs de risque ou de hanche suspecte à l’examen clinique. La radiographie de bassin chez le nourrisson n’est justifiée qu’en cas d’anomalie à l’examen clinique. Le traitement est décidé dès le diagnostic fait, en fonction de la gravité de la luxation, de l’âge et des conditions sociofamiliales de l’enfant. À la naissance, seule la hanche luxée réductible est traitée par un appareillage d’abduction. Le traitement de la luxation irréductible est reporté à quelques mois. À 6 semaines, les instabilités persistantes ou les hanches anormales à l’échographie sont traitées par culotte d’abduction. Les luxations réductibles du nourrisson sont traitées par harnais de Pavlik. Les hanches luxées irréductibles quel que soit l’âge nécessitent le plus souvent un traitement par traction selon la méthode de Somerville-Petit. Le traitement chirurgical est exceptionnel avant l’âge de la marche. L’auteur conclut sur l’importance de l’enseignement de la sémiologie clinique et sur l’utilité d’une nouvelle campagne nationale de dépistage. doi:10.1016/j.rcot.2011.08.012 12
Fractures de l’extrémité proximale et de la diaphyse du fémur de l’enfant S. Bourelle Service de chirurgie pédiatrique, American Memorial Hospital, CHU de Reims, 47, rue Cognacq-Jay, 51092 Reims cedex, France Mots clés : Fractures du fémur ; Fracture du col du fémur ; Enfant Les fractures de l’extrémité proximale du fémur, essentiellement les fractures du col du fémur, sont rares, représentant moins de 1 % de toute la traumatologie pédiatrique. Dans la plupart des cas, elles sont la conséquence d’un traumatisme à haute énergie. La classification de Delbet modifée par Touzet permet de décrire précisément chaque type de fracture, d’en déduire la prise en charge idéale selon l’âge de l’enfant et de donner un pronostic sur l’évolution ultérieure. La plupart de ces fractures vont nécessiter une ostéosynthèse à foyer fermé. Elles consolident entre 12 et 16 semaines. Les complications sont dominées par la nécrose de la tête fémorale survenant surtout dans les types I et II chez les plus grands enfants. Les fractures de la diaphyse fémorale représentent la cause la plus fréquente d’hospitalisation en traumatologie pédiatrique. Elles concernent surtout le garc ¸on et sont isolées la plupart du temps. Chez le petit enfant de moins de 4 ans, il faut toujours avoir l’arrière-pensée d’une possible maltraitance, surtout quand l’enfant n’a pas encore acquis la marche. La prise en charge actuelle consiste pour les moins de six ans à réaliser un traitement orthopédique. Les publications sont en faveur du plâtre pelvipédieux immédiat, qui présente l’avantage principal de réduire le coût de prise en charge en réduisant la durée d’hospitalisation, en donnant les mêmes résultats à long terme que la traction suivie d’une immobilisation pelvi-pédieuse. Pour les enfants de six à 12 ans, la
S245 meilleure prise en charge est l’ECMES si la technique est parfaitement respectée. Dans les fractures les plus instables, il faudra veiller à quelques artifices techniques pour éviter les complications. Pour les enfants au-delà de 12 ans, il est recommandé de les prendre en charge comme les adultes, le mieux par clou centromédullaire, en évitant la fossette piriforme comme point d’entrée en raison du risque d’ostéonécrose. À tout âge, les complications, après fracture diaphysaire du fémur, sont rares et les séquelles sont exceptionnelles. doi:10.1016/j.rcot.2011.08.013 13
Stéréoradiographie basse dose EOS : de la recherche à la routine clinique W. Skalli Laboratoire de biomécanique arts et métiers ParisTech, 151, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France Mots clés : Radiographie basse dose ; 3D ; Modélisation personnalisée L’analyse quantitative 3D précise des structures ostéo-articulaires est nécessaire pour le diagnostic, la planification d’un traitement et l’évaluation de son effet. Le système EOS permet de réaliser simultanément deux images radiographiques orthogonales (en général, face et profil) en position debout, de la tête aux pieds, à très faible dose d’irradiation, puis d’obtenir par modélisation une reconstruction 3D d’éléments du squelette. La dose est réduite d’un facteur 6 à 9 par rapport à des radiographies conventionnelles, grâce à des collimations multiples et à l’utilisation de détecteurs gazeux à micropistes. La reconstruction 3D s’appuie sur la méthode PSSM (Parametric and Subject-Specific Models) qui nécessite une conceptualisation préalable de la géométrie, facilitant ensuite le calcul automatisé d’indices cliniques. L’évaluation des modèles porte sur la forme (écart moyen de l’ordre du millimètre par rapport au scanner) et sur les paramètres cliniques (incertitude de 5 à 6◦ pour les torsions fémorale et tibiale). Un protocole d’acquisition est recommandé pour faciliter les études multicentriques. L’intérêt de la quantification 3D et de l’analyse dans le plan horizontal est illustré pour le rachis scoliotique. Un pattern très spécifique aux scolioses évolutives a été identifié, conduisant au calcul automatisé d’un indice de sévérité susceptible d’être discriminant dès le premier examen. Les recherches en cours concernent aussi l’examen fonctionnel tridimensionnel pour l’analyse des conflits cinématiques, la constitution progressive de bases de données, et le développement de modèles biomécaniques personnalisés visant à prédire l’effet de traitements et à apporter une aide au planning chirurgical. Les recherches visent aussi à la mise en œuvre d’acquisitions en double énergie pour accéder à la densité minérale osseuse et construire des modèles d’estimation de la résistance osseuse et de prédiction du risque de fracture. Ainsi, cette nouvelle modalité d’imagerie est à même de révolutionner les analyses et les pratiques, conduisant à un diagnostic plus précoce, mieux ciblé et probablement à des innovations de rupture dans la prise en charge thérapeutique. doi:10.1016/j.rcot.2011.08.014 14
Stimulation de la consolidation osseuse (adulte et enfant) : BMP, courant électrique, ultrasons F. Dubrana Service d’orthopédie et traumatologie, CHU Cavale-Blanche, boulevard Tanguy-Prigent, 29200 Brest, France Mots clés : Consolidation ; Pseudarthrose ; BMP ; Champ électromagnétique pulsé ; Ultrasons