Édouard Corabœuf et le 1er enregistrement du potentiel d’action cardiaque

Édouard Corabœuf et le 1er enregistrement du potentiel d’action cardiaque

par Jean-Jacques Monsuez Édouard Corabœuf et le 1er enregistrement du potentiel d'action cardiaque Les tracés obtenus lors de l'introduction d'une m...

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par Jean-Jacques Monsuez

Édouard Corabœuf et le 1er enregistrement

du potentiel d'action cardiaque Les tracés obtenus lors de l'introduction d'une microélectrode dans une fibre cardiaque sont présentés à la Société de biologie le 8 octobre 1949. e premier enregistrementdu potentiel d'action cardiaque, réalisé à I'aide d'une microélectrode introduite dans unefibre de Purkinje du chien, est présentéà la séance du 8octobre 1949 de la Société de biologie, par Édouard Coraboeuf et Silvio Weidmann. La séance, présidée par M. Caullery, comporte 13 autres communications (dont 2 de Léon Binet), toutes rapportées dans les « comptes-rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales ». E. Coraboeuf et S. Weidmann se sont connus à Cambridge, dans le laboratoire de A. L. Hodgkin et A. F. Huxley, qui viennent de montrer que I'introduction de la pointe d'une rnicroélectrode (< 0,5 p) dans une fibre musculaire périphérique ne crée pas de court-circuit et permet d'enregistrer le potentiel intracellullaire.A. L. Hodgkin suggère aux deux chercheurs d'appliquer la méthode au muscle cardiaque. E. Coraboeuf a, à ce moment, 23 ans (sa thèse sera soutenue en 1952, à Paris). L'importance du résultat obtenu doit être remarquée non seulement chez un homme aussi jeune, mais certainement aussi en fonction du contexte de l'époque. La recherche n'y connaît pas les cadres et l'organisation actuels. Aussi, l'implication du jeune chercheur, presque encore étudiant, dans un laboratoire à l'étranger, son choix, témoignent déjà d'un esprit d'avant-garde, d'une modernité qui le suivront d'ailleurs toute sa vie. 38

Dans la présentation synthétique, précise du compte-rendu que rédige E. Coraboeuf, Potentiel de repos e t potentiels d'action d u muscle cardiaque, mesurés à I'aide d'électrodes internes (CR des séances de la Société de biologie 1949;143:1329-31), on retrouve la même organisation de pensée, familière de plusieurs générations d'étudiants qu'il formera par la suite. Les valeurs trouvées pour le potentiel de repos s'échelonnent entre 60 et 82 mVavec une moyenne de 71 mV (1 1 mesures) [fig. 11 et sont bien supérieures à celles obtenues sur le muscle cardiaque avec des électrodes externes. Nous ne prétendonspas qu'elles représentent le véritable potentiel de repos, car nous n'avons pas encore exclu les effets de shunt possibles :a) par la perforation de la membrane due à la microélectrode e t b) par le voisinage (à 1-2 cm) des surfaces de section. Les potentiels de jonction ont probablement un effet négligeable sur les valeurs ci-dessus, les microélectrodes étant remplies de KCI 3 M. Le sommet du potentiel d'action atteint approximativement le niveau d u potentiel zéro. Après quelques heures d'expériences, l'amplitude du potentiel d'action tend à diminuer par rapport à celle dupotentiel de reposet la phase ascendante se fait moins abrupte. IIn'a pas été possiblejusqu'à présent d'observer d'« overshoots B du potentiel d'action au-dessus du potentielzéro plus important que celui[de la figure 11 ».

/ AMCpratique / no 151 / septembre 2006

FIG. 1 :Tracé du 8 octobi-

.,.,

il0 mV

par graduation ;a = O mV).

FIG. 2 :Tracé du 22 octobre 1949 (idem).

Quinze jours plus tard, E. Coraboeuf et S. Weidmann présentent à la séance du 22 octobre, des résultats complémentaires (fig. 2), établissant I'inversion du potentiel d'action (a overshoot n) : De nouvelles expériences ont permis de mettre en évidence, de façon constante, l'existence d'a overshoots >> à décours rapide, atteignant une valeur maximum de 40 mV. Les valeurs des potentiels de repos se situent couramment dans les dernières expériences entre 75 et 80 mK Ces nouveaux résultats ont été obtenus à partir de préparationsqui étaient vraisemblablement dans u n état physiologique plus satisfaisantque les premières. » L'interprétation ultérieure, expliquant le K mauvais état » de la préparation, sera la déplétion en calcium liée au a chauffage excessifau Bunsen B. W