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Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 33S (2014) A174–A179
3 Thérapeutiques cliniques et expérimentales des infections, EA 3826, Nantes, France ∗ Auteur correspondant.
Introduction Les lymphocytes Natural Killers (NKs) jouent un rôle majeur dans les mécanismes de défense antivirale, antitumorale et dans le rejet de greffe. L’objectif de notre étude était d’étudier, in vitro, le rôle des cellules NKs dans la défense anti-Pseudomonas de l’hôte. Matériel et méthodes Nous avons étudié les interactions in vitro de la lignée humaine NK.92 et de la souche de Pseudomonas PAO1 (souche clinique). Une souche de Staphylocoque aureus sensible à la méticilline (SAMS) a servi de contrôle positif. Les cellules et les bactéries étaient incubées au ratio 1:1 dans du milieu culture type RPMI PG FCS 10 % pour une durée de 24 heures. Les dosages cytokiniques étaient réalisés par ELISA et confirmés par marquage intracellulaire (FACS). Nous avons également étudié la dégranulation spontanée et la dégranulation provoquée en présence de cellules présentatrices de l’antigène (CPAs) en mesurant l’expression membranaire de CD107a (FACS). Des courbes de croissance bactérienne ont été réalisées par un appareil de mesure de densités optiques. Résultats En présence de bactéries et en l’absence d’IL-12 (cytokine produite par les CPAs et activant les NKs), la cellule NK est incapable d’activer les 2 grandes fonction effectrices : production d’INF-g et dégranulation. L’ajout d’IL-12 permet à la NK, d’une part, de synthétiser de l’INF-g et d’autre part de mettre en œuvre sa fonction de dégranulation. L’analyse des courbes de croissances bactériennes révèle que la réponse NK semble efficace sur le contrôle de l’infection à SAMS mais inefficace voire délétère sur le contrôle de l’infection à PAO1. Par ailleurs, l’IL-12 libérée par les CPAs et l’INF-g sécrété par la NK semblent avoir un effet positif sur la croissance bactérienne indépendamment de la présence de cellules NKs dans le milieu (Fig. 1). Discussion Si l’IL-12 est indispensable à la cellule NK pour acquérir un phénotype activé, il semble que cette cytokine puisse également favoriser la croissance bactérienne. L’identification de récepteurs bactériens à l’IL-12 et leur inhibition pourraient constituer une nouvelle approche thérapeutique.
Fig. 1 Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.295 R266
Effets de l’environnement alvéolaire sur la polarisation des macrophages au cours du SDRA : conséquences sur la réparation alvéolaire A. Gibelin 1,2,∗ , G. Voiriot 3 , S. Peltier 1 , V. Besnard 1 , J. Laschet 4 , A. Nicoletti 4 , E. Farrokhi 1 , B. Crestani 1 , M. Dehoux 1 , C. Quesnel 1,2
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Inserm U1152, Faculté Xavier Bichat Réanimation médico-chirurgicale, Hôpital Tenon 3 Réanimation médicale, Hôpital Bichat 4 Inserm U698, Faculté Xavier Bichat, PARIS, France ∗ Auteur correspondant. 2
Introduction Les fonctions des macrophages dépendent de leur phénotype qui fluctue entre un état pro-inflammatoire (M1) ou anti-inflammatoire (M2a et M2c) après polarisation induite par l’environnement tissulaire. Les macrophages ont été impliqués dans la réparation tissulaire et le remodelage. Cependant, la participation des macrophages dans la réparation alvéolaire reste peu connue chez l’homme en particulier au cours du SDRA. Nos objectifs étaient in vitro : – d’étudier l’effet de l’environnement alvéolaire de patients avec ou sans critères de SDRA sur la polarisation de macrophages; – d’évaluer les conséquences de cette polarisation sur la réparation épithéliale alvéolaire. Matériel et méthodes Étude prospective bicentrique non interventionnelle ayant obtenu l’avis favorable du Comité d’évaluation de l’éthique des projets de recherche biomédicale (CEERB) du GHU Nord (no 12-087). Des monocytes humains issus de témoins sains ont été cultivés et différenciés in vitro en macrophages en présence de rhGM-CSF et de rhM-CSF pendant 3 jours. Les macrophages étaient ensuite polarisés après 3 jours supplémentaires de culture en présence soit de cytokines induisant les phénotypes : M1 (rhIFN␥), M2a (rh-IL-4) et M2c (rh-IL-10), soit de Liquide Broncho Alvéolaire (LBA) (25 % vol/vol) issus de patients à la phase précoce de SDRA (n = 12), de témoins ventilés (TV, n = 10) ou de témoins non ventilés (TNV, n = 4). La caractérisation de la polarisation des macrophages a été réalisée par qPCR à l’aide des marqueurs CD80 (M1), CD200R (M2a) et CD163 (M2c). L’effet des surnageants de macrophages (SM) sur la réparation épithéliale a été déterminé dans un modèle de plaie épithéliale calibrée (insert) utilisant une monocouche de cellules pulmonaires A549. L’implication de l’IL-1 dans cet effet a été spécifiquement évaluée à l’aide d’un anticorps monoclonal anti IL-1. Résultats Le LBA de patients en SDRA favorisait la polarisation M1, alors que le LBA de TV induisait une polarisation M2c. Le LBA des TNV n’avait pas d’effet spécifique sur la polarisation. Les SM recueillis après polarisation M1 par rh-IFN␥ ou par le LBA de SDRA augmentaient la vitesse de fermeture de la plaie, respectivement de 39 % (p = 0,01) et 36 % (p < 0,001) par rapport à la condition basale. Au contraire les SM recueillis après polarisation M2c induite par rh IL-10 ou LBA de TV ne la modulaient pas. L’anticorps anti IL-1 diminuait de 44 % (p = 0,004) la fermeture induite par les SM recueillis après polarisation M1 via le LBA de patients en SDRA (n = 7). Discussion L’environnement alvéolaire au cours du SDRA induit une polarisation des macrophages vers un profil M1. Nous montrons pour la première fois chez l’homme que la polarisation M1 influence la réparation alvéolaire en induisant la migration épithéliale, à l’inverse de la polarisation M2c. L’IL-1 sécrétée par les macrophages M1 est un médiateur important impliqué dans cet effet, mais d’autres médiateurs sont susceptibles d’être impliqués et restent à déterminer. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Pour en savoir plus Nat Rev Immunol 2011;11:723–737. Am J Physiol Lung Cell Mol Physiol 2000;279:1184–1190 http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.296