English pour kinésithérapeute ou français for physiotherapist

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Kinesither Rev 2014;14(154):1 Éditorial English pour kinésithérapeute ou français for physiotherapist English for "kinésithérapeute'' or French for ...

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Kinesither Rev 2014;14(154):1

Éditorial

English pour kinésithérapeute ou français for physiotherapist English for "kinésithérapeute'' or French for physiotherapist

I

l fut un temps où le français était la langue de la diplomatie. Les nuances de cette langue permettaient alors de mettre du son sur ce qui avait du sens. Échanger avec autrui ce que l'on pense, ressent, ou conceptualise nécessite que le mot utilisé ait la même signification pour celui qui parle et celui qui entend. Il ne s'agit là que de simples règles de communication. Trouver le qualificatif qui permet de nuancer la pensée, nécessite une langue riche. Encore faut-il que chacun en connaisse le sens évitant ainsi les incompréhensions par contre-sens. Le Dictionnaire de l'Académie Française fut commencé au 17e siècle. Dans sa sixième édition de 1835 [1], le préfacier se réjouissait que cette langue française fut la même et donc intelligible par tous même si certaines évolutions étaient nécessaires. Même si en ce temps « Notre idiome, poussé en tous sens par les modes étrangères, le travail des savants, la libre confusion des dialectes populaires, était tantôt italianisé, tantôt latinisé, et tantôt gasconnait ». Notre langue évolue et s'enrichit de mots nouveaux qualifiant les découvertes. Les mots de la science vivent la même aventure. Si les savants d'il y a plus de 3 siècles participèrent à l'évolution de la langue, les choses se poursuivent au 21e siècle. La langue française qui fut la langue de « l'esprit des lois » de Montesquieu, de la diplomatie est désormais remplacée par l'anglais. Cette dernière est aussi langue de la science. La majorité des publications sont en langue anglaise et il est un poncif de dire que pour que vos travaux soient lus, il les faut en anglais. Lorsque la revue de la littérature se fait pour une analyse scientifique, la bibliographie est à 99 % en anglais. Un article en anglais cela fait bien, c'est forcément sérieux. Si c'est publié en anglais, on pourrait croire que c'est évidemment scientifique. . . Sauf que, il y a « la version » et « le thème ». Les aller retours ne se font pas forcément sans erreurs. Ces erreurs sont présentes chez tous, y compris à la Haute Autorité de santé (HAS). Le service d'évaluation de la (HAS) a produit en 2010 un document sur les dispositifs de compression médicale à usage individuel [2] concernant leur utilisation en pathologies vasculaires. Se basant sur la bibliographie anglo-saxonne où dans la langue anglaise, seul le terme « compression » existe alors que celui de « contention » n'a pas de traduction vasculaire, la HAS précise : le terme de compression est utilisé dans ce rapport en tant qu'appellation générale pour désigner tantôt la compression par textile élastique, tantôt la compression par un textile inélastique (ou contention) (p. 12 et 34). Cette utilisation homonymique de deux termes totalement opposés, conduit forcément à des contre-sens. Pour simple illustration les justaucorps des gymnastes sont en tissu élastique (compression) alors que les camisoles de force sont en toile non élastique (contention). On imagine facilement ce qui serait advenu de leurs emplois si les tissus avaient été inversés : la contention remplaçant la compression et inversement. Sans vulgariser à outrance cette comparaison, cette distinction est similaire à celle de l'usage du sucre et du sel en cuisine dont les inversions seraient plus que hasardeuses. Le kinésithérapeute français a l'énorme avantage de la distinction du sens de ces deux mots dont dépendent toutes les indications, les contre-indications, les adaptations nuancées des bandages qu'il met en place. Cette différence fondamentale a échappé aux théoriciens de la pratique alors que les kinésithérapeutes qui mettent en place des bandages, sont des praticiens de la théorie. Les recommandations ne restent valides qu'un temps, elles seront à remanier. Il sera nécessaire et légitime que les kinésithérapeutes soient intégrés dans les groupes de travail qui concernent la pratique de leur profession.

Références [1] Institut de France. Dictionnaire de l'Académie française, 6e ed. Paris: Firmin Didot; 1835. [2] HAS. Dispositifs de compression médicale à usage individuel concernant leur utilisation en pathologies vasculaires. Révision de la liste des produits et prestations remboursables. Service évaluation des Dispositifs; 2010.

Jean-Claude Ferrandez Institut Sainte-Catherine, 250, chemin de Baigne-Pieds, 84918 Avignon cedex 9, France Adresse e-mail : [email protected]

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2014.08.001 © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. 1