Arch Pe¢diatr 1997;4:947-951 © El~vier, Paris
M~moire original
l~pidEmiologie de l'Enur~sie chez les enfants et Ins adolescents de 5 h 16 a n s ~ O u a g a d o u g o u ( B u r k i n a Faso) A Ou6draogo ~, M Kere ~, TL Ou6draogo :, F Jesu 3" t Service de psychiatrie, CHN Yalgado Ougdraogo, 03 BP 7022. Ouagadougott 03; Zdirection de la mddecine prgventive, ministate de la Santg, Ouagadougou, BurMna Faso ; 3p~dopsychiatre, d6partement ~ Enfants et families en situations difficiles *, Centre International de l'enfance et de la famille, carrefour de Longchamp, 75016 Paris, France
(Requ le 24 novembre 1995; accept~ le 9 juin 1997)
Rq~uln~ L'~nur~sie est un sympt6rne fr&luent aux cons&tuences psychosociales i ~ t e s en milieu african. Afin d'aider Ins pouvoirs publics ~ planifier des actions de surveiltex~c¢et d'intcrvention sanitaire mieux cibl6e, nous avons menk |a pr~nte ~tude prospective au niveau d'un quarrier de la ville de Ouagadougou. L'objectif de cette ~tude ~tait de d~crire et d'analyser le profil des enfants et des adolescents ~nu~tiqtw.s de 5 ~ 16 arts, ainsi que les attitudes des parents Al'~gard du trouble. Polmlatlon et m~t/uu/cs.- Une enqu~te transve~ale ~ passage unique a ~ r ~ i s ~ a u p ~ de 1575 cnf~ts et adolescents ,~g~s de 5 ~t 16 ans et issus de 645 m~nages choisis par firage au sort ah~toire. Les donn~es sociod~mogmphiquc.set rmRlicalcsont ~t6 rccueillies aupr~s d'un nft~omiant~ pmlir d'un questionnaire ~rit. R~s,_,l~__s. - Le taux de prevalence 6tait de 12,95 % au sein de notre population. Dam 78,9 % des cas, il s'agissait d'~nun~sie primaire. Ce trouble n'6tait pus trait~ clans 50,5 % des ~ Los 6nut, sins .~mmdeires ~taient plus volontiers trait~es que Ins primaires. Duns 873 % des cas, c~ traitcmcm ~tait exclusiven~nt de type traditionnel ; 3,4 % des enfants ~nur~tiques ~taient soumis ~t des restrictions essentiellement de type alimentaire. Les parents recouraient au,~ punitions de renfant duns 27 % des cat,. Con~lmions. - Les caract~ristiques sociod~mographiques de not~ &hantillon sont analogues aux d o n n ~ de la litt~raiare. Toutefois. nous avons soulign~ comme particularil~s de notre ~ d e , I'attitude des parents qui recourent rarement au traitement moderne et leurs habitudes &lucmives i ~ vis-~t-visdu trouble. blous recommandons done quc I'ignorancc des parents ettou leur scepticisme quant aux possibilit~s th~rapeutiques modemes du trouble soient, entre autres, des facteuts sp6eifiques ~ prendre en compte duns la prevention secondaire de I'~nur~sie.
~nur~sie I enfant / adolescence/ Burkina Faso Summary - Epidemiology of enuresis among children and teenagers,5- to 16.~¢ars old, in Ouagadoug~ (Burkina Faso). Background. - Enuresis is a frequent manifestation with ir~portardp~'chological and social consequences in Africa. In order to help the public authorities to plan monitoring actions and better targeted health interventions, we carried out this prospective study" in one district of Ouagadougou. The aim of this study was to describe and analyze enuretic children and teenagers" profile from 5- to 16-years old, and their parents 'attitude toward the disorder. Population and methods. - A cross-sectional study was conducted among 1,575 children and teenagers of this age group. Those children and teenagers were chosen from a random sample of 645 households. Sociodemographic and medical data were obtained from respondents by using a written questionnaire. Results. - The rate of young people affected was 12.95%. Among them, 78.9% had primary enuresis; 50.5% of them were not treate~£ Those with seconda O"enuresis ,'ere more eaaily treated than those with privmty stage.
* Correspondances et tirds ~ part: F Jesu, m~me adresse.
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A Ouedraogo et al 87.3% were traditionally treated and 3.4% of enuretic children were essentially submitted to fluid restrictions. In about 27% of the cases, children were punished by their parents. Conclusion. - Sociodemographic characteristics of our sample were similar to those in the literature. However, the parents in our study rarely used modern treatment and had inappropriate attitudes toward the disorder. We recommend that the most important factors to be taken into account in the secondary prevention of enuresis are the parents" ignorance and/or their scepticism toward the modern therapeutic possibilities.
mar, As I child I adolescence/ Burkina Faso
L'enuresie est un s y m p t e m e frequent, qui affecte pros de 5 ~ 18 %, voire 40 % des enfants scion les auteurs et en fonction de la tranche d':~ge considdtee [1-3]. Parmi les n o m b r e u s e s definitions proposdes, c e l l e de l ' A s s o c i a t i o n a m d r i c a i n e de psyc h i a t r i e ( A P A ) d a n s le D S M - I I I - R [4] s e m b l e c e r n e r le m i e u x le c o n t o u r d u t r o u b l e . L ' A P A definit l'dnur~sie c o m m e dtant ,~ une miction involontaire ou d~liberde, repetee, diurne ou nocturne, au lit ou darts les vetements, pass6 l'~ge de l'acquisition de la propretd ~.. Cette definition, qui elim i n e les c a u s e s s o m a t i q u e s , r e s t e q u e l q u e p e u arbitraire: on ne peut parler d'dnur~sie que q u a n d cette miction survient au moins deux lois par mois chez les enfants ~ges de 5 ~ 6 arts et uric fois par mois chez les enfants plus fig~s. Conduite pathologique plus ou moins bien toldrde par les parents, sa perennit6 peut j o u e r sur la relation m~re-enfant et, partant, sur le d e v e l o p p e m e n t p s y c h o l o g i q u e de l'enfant. Darts le c o n t e x t e c u l t u r e l d e n o t r e 6tude, les faits d ' o b s e r v a t i o n c o u r a n t e n o u s a u t o r i s e n t ~t a v a n c e r que l ' a p p r e n t i s s a g e de la propret6 et du contr61e sphinct6fien est peu rigide. II n ' e m p e c h e que cette conduite pathologique pose, entre autres, deux ordres de probl~mes qui m6ritent d'6tre soulign6s: - le rejet social r6sultant de cette anomalie est plus t e n a c e : si l'dnurdsie de l ' e n f a n t est relativement bien tol6rde, celle de l ' a d o l e s c e n t ou de l ' a d u l t e l ' e s t m o i n s . E n e f f e t la f e m m e d n u r 6 t i q u e est consid6r6e c o m m e susceptible de porter malheur gt son dpoux en cas de miction sur le lit conjugal ; l ' d n u r e s i e de l ' e n f a n t , c o m m e b i e n d ' a u t r e s s y m p t 6 m e s , est c o n s i d e r d e dans le m i l i e u traditionnel c o m m e inaccessible au traitement par la m e d e c i n e moderne. Par consequent elle fair rarem e n t l ' o b j e t de d e m a n d e de prise en c h a r g e en dehors de la c o e x i s t e n c e d ' u n trouble mental ou organique. Les demandes de soins exprimees au niveau des formations sanitaires sent done loin de refldter la realitd du trouble. En l'dtat actuel, nous ne disposons pas de connaissance suffisante sur ia prevalence du trouble, la fa~on dont d i e est per~ue et les d 6 m a r c h e s des f a m i l i e s f a c e / i ce trouble. C ' e s t -
pour mieux cerner tous ces param~tres, et afin de p r o d u i r ,~ des dldments fiables de s u r v e i l l a n c e et d'inter~, ~:, i o n sanitaire mieux ciblee, que la presente ~ t u ~ a 6t6 initiee. L ' o b j e c t i f d e n o t r e travail 6tait de d d c r i r e et d ' a n a l y s e r le profil des enfants et des adolescents dnuretiques de 5 ~ 16 arts, ainsi que les attitudes de leurs parents/~ l ' e g a r d du trouble. MATI~RIEL ET M~THODES Cette dtude r~trospective a eu pour cadre le secteur 23 de la viUe de Ouagadougou, quarrier dent la population dtait estimde ~ 41 874 habitants au 31 ddcembre 1994. C'est un secteur peripherique de la ville oi~ s¢ c6toient des modes de vie urbains et traditionnels et dent le nombre de rnenages peut etre estim~ ~ 6 450 environ. Nous aeons realis6 une enquate transversale ~t passage unique pour identifier un 6chantillon de cas d'~nur~sie dans la population choisie. Cette enqu~te, effectude par les 61~ves infirmiers psychiatriques de l'l~ole nationale de Sant6 publiquv, s'est deroulee du 10 15 juillet 1995. Nous aeons retenu de mener l'enquete aupr~s d'un 6chantillon de 10 % des m~nages du secteur, soit un total de 645 mdnages choisis par tirage au sort al~atoire. L'enquet¢ a concern6 1575 enfants et adolescents ages de 5 ~ 16 ans et appartenant ~ ces mdnages choisis. Pour chaque m~nage ayant accept6 librement et de mani~re dclairde de participer, un seul rdpondant, soit la m~re, soit lc p~re ou toute autre pcrsonne habilit~e, a dtd interrog6 pour recueillir les renseignements utiles /~ notre enqu~te. Ainsi. dans 134 cas (67.7 %). le r~pondant a ~t~ la m~:re et dans 54 cas (26,5 %) le p~re. Dans le reste des cas, un autre membre de la famille a foumi les renseignements. L'identification des cas d'dnurdsie s'est faite/l travers un entretien semi-structur~ avee le r~pondant. Cet entretien a concern6 tous les 645 m6nagcs et portait sur la taille de la famille, les connaissances du repondant par rapport/t I'dnuresie et l'existence 6ventuelle de cas d'enuresie duns la famille. Nous aeons considdrd comme cas d'~nuresie tout enfant repondant aux crit/~res de ddfinition d'enur~sie fonctionnelle du DSM-III-R. En ce qui concerne la distinction entre l'dnuresie primaire et 1'enuau
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l~pidEmiologie de 1'6nurb.sie ~ Ouagadot,gou
rEsie secondaire, nous avons pris en compte la definition de Averous [5]: ~ On parle d'EnurEsie ,~rimaire lorsque le trouble 6volue sans la moindre pEriode de sEcheresse. I'opposE, l'EnurEsie secondaire se dElanit par I'existence d'une pEriode de contrEle mictionnel et de sEcheresse de quelques mois ,,. Pour les cas d'EnurEsie, ont Et6 inclus darts l'Etude les enfantg figEs de 5 /i 16 arts au moment de l'enqu~.te et r6pondant aux erit~res de definition de l'EnurEsie, et rEsidant de fag:on permanente darts le secteur. Nous avons exelu de l'Etude les enfants prEsentant une mietion involontaire eoexistant avec une a.I~%ction organique d'Evolution chronique, et dont la post~-riorit6 ~t la miction n'a pu ~tre Etablie par les parents. Pour les cas d'EnurEsie, !a collecte des donnEes s'est fare par un questionnaire 6erit pr6alablement testE et rernpli par les enq~,'~teurs. Ce questionnaire anonyme et garantissant la confidentialitE ne concernait que tes seuls cas d'EnurEsie darts le menage, et il explorait trois catEgories de variables: - les variables sociodEmographiques : qualit6 du rEpondant, profession des parents, l'fige de l'enfant EnurEtique, son sexe, son rang dans la fratrie, sa seolarisation ; - les variables d'ordre medical: le type d'EnurEsie, ses caractEristiques eliniques, los antEcEdents d'EnurEsie dans la famille; - et l'attitude des parents/~ l'Egard du trouble: recours/t des soins, ~gles d'hygi/me de vie imposEes [i l'enfam. l_,¢s donnEes recueillies ont ErE codEes, saisies et analysEes sur miero-ordinateur Equip6 d'un logiciel statistique Epi lnfo version 5. I. Pour ehaque variable, les frEquences absolues at relatives ont Et6 d~terminEes. Puis des tris croisEs/i deux variables avee les tests de ~ et de Fisher ont permis d'analyser les liaisons entre les variables (risque d'erreur ~ = 5 %). RI~ULTATS
Caract6ristiques gEnErales Au terme de notre enqu~:te, 204 cas d'EnurEsie ont 6t6 i d e n t i f i e s , soit un t a u x d e p r e v a l e n c e d e 12,95 % au sein de ia population-cible. Les patents de nos sujets dtaient en majorit6 des cultivateurs (41,3 %) exerfant leur activit6 darts les proches banlieues de la ville pour le pEre et des f e m m e s au foyer (80,4 %) pour la mere. C a r a c t E r i s t i q u e s s o c i o d E m o g r a p h i q u e s des cas Les cas d'Enur~sie que nous a v o n s identifies se composaient de 53,4 % de garqons et de 46,6 % de fille. Le sex-ratio ( ! , 0 7 ) n ' e s t pas significativement different de l'unitE.
Tableau i. REpartitiondu type d'Enut~sie selon le sexe. Primaire Nbre %
FEminin Masculin Total
74 87 161
77,9 79,8 78,9
Secondaire Nbre %
21 22 43
22, i 20,1 21,1
Total Nbre %
95 109 204
46,6 533 100
11 n'y a ,,"~s de difference significative entre les deux sexes. Z2 = 0,11 ; p = 0,73.
Tableau II. Fr6quence des mictions. Nbr¢ de cas
Pourcentage
Tousles jours 4 ~ 6 fois par semaiae
26 27
12,8 13.2
1 h 3 lois par semaine
70
34,3
Plus de I lois par semaino
81
39.7
L'fige m o y e n 6tait de 8 + 3 arts. I I n e diff'ere pas selon le sexe (7,9 + 3,1 arts ehez les filles contre 8 + 2,8 arts chez les garcons). Les tranches d'fige Ies plus concernEes ont 6t6 les 5 - 6 arts (42,2 %) e! les 6-7 ans (22 %). Le plus faible Ixaar.entage (4,9 %) a 6t6 observe pour la tranche d':~ge 15--16 ans. Par rapport au rang clans la fratrie issue de m~me rr~re ou fratrie uterine, 28,4 % des cas occupaient le p r e m i e r r a n g , 2 4 , 5 % le d e u x i ~ m e r a n g et 21,6 % le troisiEme rang. D e s c r i p t i o n d e I'Enuri.~tie L'Enur~sie primaire a 6t~ not~'e chez 161 enfants (78,9 %) et l'Enur~sie secondaire chez 43 ( 2 1 , 1 % ) . La r~partition du type d'Enur~sie selon le sexe est indiquEe dans le tableau I. Selon l'fige, l'6nurEsie primaire 6tait importante entre 5 et 7 arts (70,2 % des cas) puis dEcroissait rapidement. S e u l e m e n t 3,7 % des cas d'Enur~sie primaire ~taient dans la tranche d'fige c o m p r i s e entre I4 et 16 arts, L'Enur~sie secondaire n'apparaissait prafiquement q u ' h partir de 7 aus. La plus faible proportion d'Enur~sies secondaires (4,7 %) 6tait notEe dans la tranche d'fige c o m p r i s e entre 5 et 7 ans, alors que la plus importante proportion (34,9 %) se simait entre 11 et 13 arts. Des antEcEdents d'~nur~sie dans l ' e n f a n c e des parents ont Et6 notes dans 7,6 % des cas alors que, clans la fratrie, ces antEcEdents ont Et6 retrouvEs dans 34,8 % des cas. La frEquence des m i c t i o n s 6tait trEs v a r i a b l e d ' u n c a s h I'autre. Le detail est present6 dans le tableau il.
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A Ouedraogo et al
Attitudes des parents Parmi les cas identifi6s, 49,5 % ont fait I'objet d'un traitement dont la nature 6tait variable. Dans la majorit~ des cas, (87,3 %), ce traitement a 6t6 effectu6 exclusivement aupres des <
dire que l ' e n u r ~ s i e peut e n t r a l n e r des consequences psychosociales importantes, qut plaident en faveur de la n~cessit~ d'une prise en charge appropri~e. La qualit~ des enqu~teurs et l'information prealable donn~e sur l'int~r~t de l'cnqu~te nous ont semble constituer des atouts pour une meilleure fiabilit6 de certains resultats obtenus. Par ailleurs, le fait que le r~pondant ait ~t~ la m~re dans la majorit~ des cas (65,7 %) a ~te une garantie supplementaire quant h la v6racit~ des r6sultats: les m&es sont souvent au courant, plus que route autre personne, des probl~mes de leurs enfants en g~neral, et de leurs probl~mes de sant6 en particulier. Du point de "cue quantitatif, nos donn~es s'inscrivent darts la fourchette de prevalence g6n6ralement retrouv~e. Les donn~es de la litterature font apparaitre beaucoup de variations sur la fr~quence de I'enuresie fonctionnelle. Ces variations s'expliquent peut-~tre pax Iv fair que les differents auteurs n'ont pas utilis6 les m~mes techniques de collecte et qu'ils se sont int~ress~s ~t des tranches d'fige diff6rentes. Mattsson [6] avait retrouv~ un taux de prevalence de 14,9 % au sein d ' u n e population d'61~ves su~dois fig~e de 7 ~ 15 arts. Bloom et al [3] avaient pour leur part relev~ 18 % de cas d'enuresies nocturnes parmi des enfants am~ricains de 3 ~t 12 ans. Quant ~t Collet et al [8], ils avaient retrouve, en France, 49 % d ' e n u ~ s i e entre 3 et 4 arts, 4 % entre 7 et 8 ans et 1 % entre 11 et 12 ans. Nos chiffres en fonction des tranches d'~ge sont nettement plus ~lev~s que ceux de Collet et all [8] en France. Mais rappelons une fois de plus que les crit~res de d~finition utilises sont souvent differents d'un auteur/t l'autre. La frequence des mictions chez nos ~nur6tiques (tableau II) est plus 61ev~e que celle rapport~e par Hellstrem et al [9] chez des enfants su~dois. Ces auteurs avaient not~ 3 , 1 % des filles et 2,9 % des garcons qui urinalent chaque semaine. Comme autre point d'interet de nos r~sultats, nous pouvons mentionner les circonstances de couchage des enfants. Nous a e o n s relev~ une faible proportion des cas oh I'enfant dormait seul (5 %). Dans la majorit6 des cas, l'enfant partageait la couchette avec ses fr~res ou ses s0eurs (61,4 %), voire avec ses parents (36,4 %). Cette promiscuit~ est generalement retrouvee dans la population generale en milieu traditionnel africain. Le fait que l'6nur~sie primaire soit rarement trait~e est significatif de la tolerance du milieu ~t l'egard du sympt6me. En fait, l'6nuresie ne devient un probl~me pour les parents qu'au moment de la preadolescence. De m~me, nous pouvons avancer l'hypoth~se que I'existence d'ant~c~dents d'~nure-
i~pid6miologiede 1'6nur/:sic "~Ouagadougou sic dans la fratrie, voire chez les ascendams, semble rassurer les parents q u a n t / t la r6solution spontan6e du trouble, Nous rejoignons ainsi le point de r u e de Mattsson [6]. Du reste, cette possibilit6 de gu6rison
spontan6e de l'6nur6sie primaire est mentionn6e
dans la litt6rature [2, 7]. Les attitudes des parents vis-/~-vis de l'6nur6sie sont le reflet du niveau de d 6 v e i o p p e m e n t socio$conomique: quelques enfants auraient abandonn6 l'6cole/~ cause du sympt6me, d'autres sont l'objet de punitions diverses, et plus de la moiti6 (50,5 %) des 6nur6tiques ne sont pas soign6s pour diverses raisons. Ces quelques fairs, conjugu6s avec l ' a m -
pleur de l'$nur6sie, sugg/~rent en pr6alable des
actions d'information et de sensibilisation des families pour les amener vers les sU'uctures de soins m o d e m e s et un¢ formation ad6quate des professionnels de ces structures pour 6valuer, d6dramatiser et traiter ce type de probl~me, notamment en associant l'enfant/~ son traitement. D ' a u t r e s types d'6tudes c o m p l 6 m e n t a i r e s d e v r o n t c e r t a i n e m e n t aider/~ mieux orienter ces actions, qui pourraient 6tee, entre autres, une c a m p a g n e de persuasion dans les 6coles, dans les foyers et dans les dispensaires sur le fait que l'6nur6sie n ' e s t pas un trouble au-dessus des ressources th6rapeutiques m o d e m e s . Ce qui devrait permettre non seulement de d~pister Ies 6ventuels troubles o r g a n i q u e s o u p s y c h o l o g i q u e s associ6s,
mais encore de minimiser ies conshtuences m6dic0psychologiques/~ long terme de l'6nur6sie.
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REMERCIEMENTS
Nous tenons h remercier les enquEteurs, M Bonkoungou, R Compaor6, A Hountoundji, S l.,ouguet el B Yarn~ogo pour ieur contribution, ainsi que les autorit6s administratires et sanitaires de la commune de Signoghin pour leur collaboration.
m~FI~n~NCV.S I Sengler J, Minaire P. I~pid6miotogieet cons(:quencespsychosociales de l'incomine~e urinaire. Rev Peat 1995;45: 281-5 2 Cochat P. L'6nur6sie et les troubles mictionnels communs de l'enfance. P~diatrie 198~,44:523-30 3 Bloom DA, Seeley WW, Ritchey NIL McGuire El. Toilet habits and continence in children: an opportunity sampling in search of normal parameters. J Uro11993; 249: !087-90 4 Association arn6ricain¢ ¢I¢ psychiatric. DSM-llI-R. Manuel diagnostique et statistiqu¢ des troubles mentau.r, (Traduc.
5 6 7 8 9
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N o u v e l l e s scientifiques br~ves •
Follicle-stimulating horm o n e : in6galit6 des sexes
d e v a n t les m u t a t i o n s du r6eepteur... Le contrOle des fonctions ovariennes et testicu2aires e.st sous 2a dependance de la LH et de la FSH, hormones glycoprot6iques synth6ds6es par les rr~mes cellulesde I'ant~pophyse. Les cellules de Sertoli du testicule et |es cellules de la granulosa de l'ovaire pr~sentent des r6cepteurs de membranes/t la FSH. Deux articles r6eents ~montrent I'asym6trie de r6ponse h des mutations des organes-cib2es. Le premier porte surun mod~:le murin de traasgen~se didg~ [2]. Chez la souris
femelle, 2a suppression de 2"expression de la sous-unit6/] sp~cifique de la FSH conduit/i une inf6condit6 par l'arff:t de la maturation fo21iculaire avec I'apparition du stade antraL En revanche, darts ce module, los raffles FSH deficients sont fertiles, m6me si leurs testicules soar de pedts volumes. L'extension de ces donn6es animales /~l'tuamme n'cst cependam pas dbecte : des mutations du g/~ne du r~epteur/i la FSH ont ~t6 rapport6es dans des forints de r6gression ovarienne avec 61dvation importante des taux de FSH plasmatique [2], et une mutation homozygote du g~ne r6cepleur h la FSH r~cemment rapport~e dans le sexe masculin [3] est associ6¢/t une insuffisance de la spermatogen~se.
! Kumar TJ, Wang Y. Lu N, Matzak MM. Follicle stimulating hormone is required for ovarian follicle maturation but not male ferlility. Nature Genet 1997;15:201-4
2 Aittomaki K. Mutation in the folliclestimulaling hormonereceptor gene cauls hereditary hypergonado~pic ovarian failure. Cell 1995;82:959-68 3 Tapanainen JS, Aiuomaki K, Min J, Vaskivuo 1', HuhtanienmiIT, Men homoz~gous for an inactivatingmutationof the fol2icle-stimulating hormone (FSH) receptor genc present variable suppression of spermazogenesis and fertility. Nature Oenet 1997;15:205-6 B L¢ Hcup H6pital d'Enfants, Nancy