pratique |virologie
Epidémiologie des encéphalites infectieuses en France en 2007 Les encéphalites infectieuses dont la cause est rarement identifiée sont des affections rares mais graves dues à des agents viraux et bactériens très variés.
U
ne étude prospective multicentrique descriptive a été menée en France métropolitaine, en 2007, pour identifier le diagnostic étiologique des encéphalites infectieuses.
| Mycobacterium tuberculosis.
diagnostic étiologique était établi, le diagnostic le plus fréquent était celui d’encéphalite à VZV (3), à mycoplasme (2) et à entérovirus (2). Aucune co-infection n’a été identifiée. Un seul diagnostic d’encéphalite à virus West Nile a été établi chez
© DR
Deux cent cinquante-trois patients dont deux cent quarante résidaient dans 60 départements français (figure 1) ont été inclus par 105 services cliniques hospitaliers. Le sexe ration H/F était égal à 1,6. L’âge médian des 227 adultes (> 15 ans) était de 58 ans et celui des 26 enfants était de 5 ans. Aucune saisonnalité n’a été notée dans la survenue et le signalement des cas. Une étiologie a pu être identifiée pour 131 encéphalites (52 %) dont 90 (69 %) étaient virales, 40 (31 %) étaient bactériennes et 1 (0,7 %) était fongique (tableau I). Chez les 12 enfants pour lesquels un
© BSIP / KWANGSHIN KIM
Résultats de l’étude
un ressortissant d’un pays endémique ayant subi une greffe rénale et un diagnostic de tularémie a été fait chez un chasseur. La durée d’hospitalisation a varié de 2 à 284 jours et un séjour en réanimation a été nécessaire pour 118 patients (43 %). Vingt-six patients sont décédés au cours de leur hospitalisation. Douze d’entre eux avaient rapporté des comorbidités significatives au moment de l’encéphalite (cancer, insuffisance cardiaque congestive, troubles psychiatriques, hépatites, transplantation récente). Les létalités les plus élevées ont été retrouvées pour Listeria monocytogenes (46 %) et Mycobacterium tuberculosis (30 %). 145 patients ont gardé des séquelles après leur hospitalisation (troubles mnésiques, incohérence, signes neurologiques focalisés, atteinte d’une ou plusieurs paires crâniennes, signes cérébelleux).
| Morphologie de Listeria monocytogenes, bactérie responsable de méningite cérébrospinale. Nombre de cas 1 2-3 4-5
Discussion
6 7 - 10 11 - 13 14 - 18
0
105
210
420 Kilomètres
| Figure 1. Distribution géographique des lieux de résidence des patients atteints d’encéphalite. France, 2007 (n = 240).
20
OptionBio | vendredi 29 juin 2012 | n° 475
L’étude réalisée en 2007 a permis d’améliorer significativement les connaissances sur l’étiologie des encéphalites infectieuses en France en identifiant une cause pour 52 % des patients (contre 20 % dans les seules données précédemment disponibles). La prédominance des virus HSV et VZV était un résultat attendu au vu de la littérature alors que la fréquence des encéphalites d’origine bactérienne était peu prévisible. M. tuberculosis et L. monocytogenes étaient retrouvées avec une fréquence élevée et des bactéries rarement à l’origine d’atteinte du système nerveux central telles que Francisella, Legionella et Rickettsia coronii ont été mises en évidence.
virologie
| pratique
Tableau I. Diagnostic étiologique des patients atteints d’encéphalites en France, 2007. Imputabilité
Tous 131 (%)
Adultes 119
Enfants 12
Confirmée %
Probable %
Herpes simplex virus
55 (42)
54
1
100
0
0
Varicella zoster virus
20 (15)
17
3
80
0
20
M. tuberculosis
20 (15)
20
0
65
15
20
L. monocytogenes
13 (10)
13
0
84
8
8
Cytomégalovirus
3 (2,3)
2
1
67
0
33
Agent infectieux
Possible %
Virus Epstein-Barr
3 (2,3)
2
1
33
67
0
Virus de l’encéphalite à tiques
3 (2,3)
3
0
0
33
67
Entérovirus
2 (1,5)
0
2
0
100
0
Virus Toscana
2 (1,5)
2
0
50
50
0
B. burgdorferii
2 (1,5)
1
1
50
50
0
M. pneumoniae
2 (1,5)
0
2
0
100
0
R. coronii
1 (0,7)
1
0
0
100
0
F. tularensis
1 (0,7)
1
0
0
100
0
L. pneumophila
1 (0,7)
1
0
0
100
0
Influenza A
1 (0,7)
0
1
0
100
0
Virus West Nile
1 (0,7)
1
0
0
100
0
C. neoformans
1 (0,7)
1
0
0
100
0
OptionBio | vendredi 29 juin 2012 | n° 475
En conclusion Les données épidémiologiques issues de cette étude confirment la place prépondérante du virus HSV dont le traitement spécifique doit être mis en œuvre avant même la confirmation biologique du diagnostic. La possibilité d’une infection à Listeria ou M. tuberculosis doit également être envisagée face à une encéphalite en raison de leur fréquence, de leur létalité élevée et de l’existence de traitements spécifiques. | Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
CHANTAL BERTHOLOM Professeur de microbiologie Ecole nationale de physique-chimie-biologie – Paris
[email protected]
Source D’après un article du BEH 16-17 du 24 avril 2012 Alexandra Mailles, Véronique Vaillant, Jean-Paul Stahl.
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